Les
volets
Jadis,
dans la montagne, peu de maisons avaient des volets.
Il faut dire qu'elles étaient bien exposées,
le dos à la bise et le visage au soleil.
Pourtant les volets racontent l'histoire de la maison et de ses
habitants.
Le jour, la nuit. Ouverts, fermés ou, compromis, entrebâillés
pour tamiser la lumière ou mieux observer.
Où sont les gens ? Présents ou en voyage, malades
ou actifs.
Les volets sont les paupières de la maison.
Ils disent la personnalité du maître : son souci
de se protéger, ses goûts.
S'il est simple ou fier, soigneux ou négligent, jeune ou
âgé.
Passons
sur les volets en P.V.C. En fer, ils sont commodes mais raides.
Ils se replient sur eux-mêmes, rouillent et grincent.
C'est un vieux cousinage avec les girouettes.
Admirons ceux de bois, les plus émouvants,
surtout s'ils ont été fatigués par les saisons.
Sur mesure, en plein accord avec le logis,
il les faut sans prétention, aussi simples que possible.
Admettons, parfois, une fantaisie de bon aloi :
le petit décor découpé en haut.
Juste de quoi avoir, la nuit, dans la chambre close, une lueur
qui dit que la lune s'est levée.
Un trèfle, un sapin, un cur
Une sorte de signature, celle du menuisier.
Un peu poète.
Joseph
Barou
(la
Gazette, "chronique Pays, patois et petit patrimoine",
20 février 2009)
un vieux cousinage avec les girouettes...
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Album
(clichés J.Barou, C. Barou)