La
loge au bord du canal
[Elle
a été définitivement rasée au début
du mois de février 2011]
A
Vaure, près du passage à niveau, sur une langue
de terrain entre le canal
et la voie ferrée meurt doucement un petit édifice.
Ce n'est pas une cabane de jardin ordinaire mais une élégante
maisonnette en brique rose. Cachée dans un bosquet, elle
est mangée de broussailles.
Il y a plus de dix ans sa démolition était annoncée.
Elle est toujours là !
Ni portes ni fenêtres, le toit crevé, pourtant son
charme est indéfinissable.
Elle a été belle, et même orgueilleuse, cette
logette.
Le toit à quatre pans couverts d'ardoise portait de fines
lucarnes.
Il était surmonté d'épis impérieux.
Une génoise et les encadrements de brique claire
affirment une construction soignée. Le style du grand siècle
!
On dirait une petite sur des demeures de la place des Vosges
qui se serait perdue
à la campagne. Ou une loge à l'entrée du
parc d'un château.
Elle
a eu des volets et des rideaux fins. Probablement fit-elle office
de minuscule résidence secondaire ? Car l'unique pièce
laisse juste assez de place
pour une table, une chaise et un lit. Et qui était le propriétaire
?
Sans doute portait-il un canotier et une canne à pommeau
plutôt qu'un chapeau de paille et de gros sabots ?
Quel emplacement curieux ! D'un côté le chemin de
fer,
de l'autre l'eau tranquille du canal. Peut-être était-ce
un poète ami du progrès ?
Elle
a été belle...
(cliché d'avril 1994)
la
maisonnette aux yeux vides
(cliché
du 19 octobre 2009)
dans
les fourrés
sans
portes ni fenêtres
à
tous les vents
le
toit crevé
Entre
la voie ferrée
et
le canal...
*
* *
Pour se souvenir
cette belle aquarelle :
(Aquarelle de Maryse Cortial, mars 2016)