Un petit
troupeau poussé par un brave vieux armé d'un bâton
Les
vaches
L'étable odorante et chaude a été remplacée
par un vaste hangar. Une usine à lait.
Les ouvrières sont des vaches sans cornes et toutes semblables.
Marquées à l'oreille d'un rectangle de plastique,
elles ne sont qu'un numéro.
Perdus leurs beaux noms ? Souvent rien moins que titres de noblesse
:
Duchesse, Marquise,
et même Princesse.
Ou appellations familières et tendres :
Mignonne, Blonde,
Coquette, Blanchette,
Noisette, Fleurette,
Pâquerette
En patois l'aspect de la robe intervient souvent.
Lo Forizo était tachetée
de noir et de rouge.
Lo Luneto portait des lunettes,
lo Calardo une sorte de chapeau.
Il y avait aussi lo Ribando
ou lo Bardelè
Elles étaient toutes différentes, chacune avec son
caractère.
Celle-ci sortait toujours la première de l'étable
et prenait la tête du cortège,
celle-là traînassait mollement en queue.
La fermière appréciait la douce qui donnait bien
son lait.
Telle autre, pourtant vindicative, tirait courageusement
le tombereau plein de fumier.
Faisons-les défiler pour le plaisir. D'abord la rustique
ferrandaise,
celle de chez nous, presque oubliée. Puis la commune montbéliarde,
la mignonne tarine, la fière
Salers, la douce Aubrac,
la lourde charolaise,
la paisible normande
Il passe encore quelquefois dans le hameau un petit troupeau
poussé par un brave vieux armé d'un bâton.
Scène de plus en plus rare. Dommage.
La ferrandaise
presque oubliée en Forez et les autres...