
Four à
pain dans un hameau du haut Forez
Pitié
pour le four à pain
Dans
les montagnes du Soir, il fait encore le charme
de quelques maisons de campagne.
Sous son toit de tuiles rondes, son dos arrondi sort de la vieille
maison.
Le modeste édifice est beau comme un petit chevet roman.
Celui d'une simple chapelle.
Dans le logis, sa gueule noire s'ouvre sous le lourd manteau
de la cheminée. Jadis il était près de la
maie, le pétrin rustique
et de la boîte à sel rangée à l'abri
de l'humidité.
Le four lui-même, sous la voûte basse, était
le lieu sacré dont parle le poète :
Et voici que le feu créateur et
divin
Illumine le four où va naître le pain (1).
Sous ce chœur est le cendrier, une sorte de crypte qui recueillait
le "z'éfloure",
la cendre de bois précieuse pour la "buya",
la grande lessive de jadis.
Aujourd'hui plus une flamme ne l'éclaire.
Le four se contente de faire mémoire. Et c'est déjà
bien.
Il rappelle le moissonneur qui travaillait au volant.
La bonne vieille glanant le champ moissonné
pour donner du grain à ses poules. Le blé battu
à "l'écoussou"
et le temps des grosses tourtes signées à la pointe
du couteau…
Le four se lézarde. Les tuiles moussues ont glissé.
Il gêne un peu pour garer le quatre-quatre. Est-il condamné
?
Ce serait bien triste.
Joseph
Barou