Coup de coeur

pays et patrimoine


16 février 2009

 

 

Une poule sur un mur


Elle ne picore plus du pain dur.
Quatre poules et un coq qui grattent en toute liberté dans le hameau :
scène de plus en plus rare !
Spectacle précieux aussi que celui de la mère-poule tout affairée
auprès de ses "pillots". La bonne "clousse" n'est plus d'actualité.
Qui sait encore à quoi servait la mue, la vieille corbeille retournée
à laquelle le patois forézien donne le joli nom de "jabiole" ?
Les poussins naissent sous de vastes hangars à la lumière de l'électricité.
Encore des petits bonheurs perdus !

Plus de coq sur le tas de fumier.
D'abord il n'y a plus de fumier, et le nouveau campagnard,
celui qui vient de la ville, supporte mal parfois le chant matinal.

Un ver par-ci, une limace par-là, un brin d'herbe et un grain égaré.
Tout un joli repas qui donnait les plus beaux œufs.
Les œufs ? Fini le petit œuf palôt de la poulette.
Finis, le blanc, le crème, le brunâtre, selon la personnalité de la poule.
Celui de la Grise, de la Rousse, de la Noire
Les cousines de la poule sur un mur n'ont plus peur du renard.
Mais elles survivent maintenant - par milliers - dans des usines
à fabriquer les œufs, tous blancs, calibrés, parfaits… Trop.

La poule rousse n'est plus que dans la comptine.

Joseph Barou

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