
Une
poule sur un mur
Elle ne picore plus du pain dur.
Quatre poules et un coq qui grattent en toute liberté dans
le hameau :
scène de plus en plus rare !
Spectacle précieux aussi que celui de la mère-poule
tout affairée
auprès de ses "pillots".
La bonne "clousse" n'est
plus d'actualité.
Qui sait encore à quoi servait la mue, la vieille corbeille
retournée
à laquelle le patois forézien donne le joli nom
de "jabiole"
?
Les poussins naissent sous de vastes hangars à la lumière
de l'électricité.
Encore des petits bonheurs perdus !
Plus de coq sur le tas de fumier.
D'abord il n'y a plus de fumier, et le nouveau campagnard,
celui qui vient de la ville, supporte mal parfois le chant matinal.
Un ver par-ci, une limace par-là, un brin d'herbe et un
grain égaré.
Tout un joli repas qui donnait les plus beaux ufs.
Les ufs ? Fini le petit uf palôt de la poulette.
Finis, le blanc, le crème, le brunâtre, selon la
personnalité de la poule.
Celui de la Grise, de la Rousse,
de la Noire
Les cousines de la poule sur un mur n'ont plus peur du renard.
Mais elles survivent maintenant - par milliers - dans des usines
à fabriquer les ufs, tous blancs, calibrés,
parfaits
Trop.
La poule rousse n'est plus que dans
la comptine.
Joseph
Barou