Coup de coeur

pays et patrimoine


5 mai 2009

 



Les "ânes" de Montbrison

 

Blason des villages foréziens

un drôle de bestiaire

 

Bien qu'un peu oublié, il n'y a rien de plus pittoresque - et poétique - que le blason populaire des villages foréziens. Il s'agit des sobriquets que portent collectivement
les habitants d'une localité.


On se souvient des Chats de Feurs, des Cochons de Boën et des Anes de Montbrison.
Au siècle dernier, Louis-Pierre Gras a relevé de nombreux exemples de ces totems,
lui qui classait les Foréziens en deux grandes tribus : les Gavots ou habitants
de la montagne et les Ventres-jaunes, natifs de la plaine.

Bada-gorges et Traîne-galoches

Tous n'ont pas été oubliés. Ils connaissent même un certain retour en faveur.
Et l'on voit des groupes de marcheurs s'intituler les Belettes (Sainte-Agathe-en-Donzy) ou les Bada-gorges c'est-à-dire les badauds un peu niais (Saint-Georges-Haute-Ville).
Et les habitants d'Ecotay se désignent encore fièrement comme les Coqs
(lou Jé, en patois).


Les Rossignols de Sail-sous-Couzan, les Alouettes de Saint-Jodard et les Ecureuils
de Lérigneux ont quelque chose de gracieux et de léger. Les Boucs (lou Brequïn)
de Verrières, les Cochons (lou Caillon) de Bard, les Mires (les ânesses) d'Essertines,
les Chiens de Moingt, les Rats de Lézigneux flairent le rustique. Et certains surnoms
sont franchement moqueurs tels les Traîne-galoches de Roche - ça rime bien -
ou les Simples (lou Chïmple, les fous) de Saint-Georges-en-Couzan. Il ne faut pas
le prendre mal, c'est ainsi.

D'ailleurs nul ne connaît vraiment leur origine. On ne peut faire que des suppositions. Traits de caractère ou plutôt situation géographique ? C'est probablement le cas
pour les Grenouilles de Savigneux et Saint-Sulpice où foisonnent les étangs.
Et tous les Ventres-jaunes (Bouthéon, Chambéon...) semblent rappeler les fièvres
qui désolaient la Plaine au 19e siècle ou encore la culture des courges...

"Messieurs, parlez l'un après l'autre"

Les Montbrisonnais sont qualifiés d'Anes depuis plusieurs siècles. Il le devrait à la visite de François 1er à Montbrison en 1536.

Louis-Pierre Gras rapportent plusieurs explications : on aurait fait présent au roi
d'une ânesse toute blanche ou encore le bailli de Forez s'emberlificotant
dans un discours de bienvenue trop long un âne l'aurait coupé de son braiment
et "le roi François, gaillard et bon apôtre" leur aurait dit :
"Messieurs, parlez l'un après l'autre."

Autres suppositions : les foires renommées qui se tenaient dans la ville où l'on vendait beaucoup d'ânes ou encore - paraît-il - le caractère doux et patient des Montbrisonnais. Retenons vite cette dernière hypothèse.
"J'aime l'âne si doux marchant le long des houx" dit le poète.

Joseph Barou          



Les grenouilles de Savigneux

Pour en savoir plus :

- Robert Bouiller, "Le Forez, les traditions du département de la Loire".
- Louis-Pierre Gras, "Le dictionnaire du patois forézien".