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Saint-Aubrin et son quartier

 

L'église de Saint-Pierre
de Montbrison
(paroisse où fut fondée l'école Saint-Aubrin)

 

 

Modèle pour les cours
de dessin
des grandes classes
(archives de l'école)

Les vacances

Changeons, pour ces deux mois,
de livres et de maîtres.

Que l'encre et le papier
se reposent un peu.

Loin de ces sombres murs,
sous les pins et les hêtres,

Etudions ensemble
à l'école de Dieu.

Victor de Laprade

Vacances et liberté

(gravures du XIXe siècle)

Dessin naïf en l'honneur
des P'tits fifres
dans le Bulletin paroissial
de Saint-Pierre
(au fond, la salle Saint-Pierre)

Les P'tits Fifres photographiés
dans la cour de Saint-Aubrin.
Leur quartier général
était situé dans la salle
Saint-Pierre, salle des oeuvres
de la paroisse Saint-Pierre.

Textes en ligne :

Les débuts des P'tits fifres
montbrisonnais


Mystères de Noël,
spectacle donné
dans la salle Saint-Pierre

voir aussi la page :


P'tits fifres

Croix qui surmonte la porte
de Saint-Aubrin,
rue du Collège
(dessin d'Alain Sarry)

Le cinématographe
(dictionnaire Larousse 1909)

Un reposoir sur les marches
du palais de justice
lors de la fête-Dieu
(gravure du XIXe siècle)

Les frères enseignent
l'histoire sainte
(page de la Petite Bible illustrée
à l'usage de la jeunesse
,
ouvrage recommandé
par S.S. le pape Léon XIII)

 

Modèle pour les cours de dessin
des grandes classes
(archives de l'école)

Le docteur Jean Vial,
maire de Montbrison
au moment de l'Occupation

En ligne :

Le docteur Jean Vial,
ancien maire de Montbrison
(notice nécrologique)

Le corps enseignant
de Saint-Aubrin en 1945-1946 :
Debout : M. Marius Rigaud,
Frère Contois,
Frère. Courtial,
Frère Gustave Desfond,
M. Jean-Louis Aubert,
Assises : Mlle Meunier,
Mlle Dufour,
Mme Aubert.

Deux anciens maîtres
de Saint-Aubrin :

Jean-Louis Aubert
(1909- 1996)
notice nécrologique

Maurice Desfonds
(1909-2000)
notice nécrologique

Maurice Desfonds
directeur de Saint-Aubrin
de 1956 à 1973

La vieille montée du Collège

Autres pages concernant
l'école Saint-Aubrin :


Lire, écrire...
à Saint-Aubrin

l'école Saint-Joseph
de la rue des Arches :


ÉL'école
Saint-Joseph

les frères
des écoles chrétiennes :


L'herbier
de Frère Victor


Frère Philippe


Les frères
des écoles chrétiennes
dans la Loire

le quartier :


Saint-Pierre


Rue
Saint-Aubrin

Pour en savoir plus

En ligne :

Frère Philippe
né à Apinac
, supérieur général
des Frères des écoles chrétiennes.

Jean-Joseph Barou
(1772-1855)
de Chalmazel, vicaire général
du diocèse de Lyon

Pour en savoir plus
sur l'enseignement
à Montbrison
au XIXe siècle :


Ferme-école
de Champdieu

L'ecole normale
de Montbrison


L'école supérieure
de Montbrison

En ligne :

L'enseignement dans le Montbrisonnais
au 19e siècle

A propos d'un manuel scolaire
du 19e siècle :
La lecture sans maître

Jean-Baptiste Massillon
et le collège des Oratoriens de Montbrison

Les journaux lus
par les Frères de Montbrison

à la fin du 19e siècle

L'asile de l'hôtel d'Allard,
première école maternelle
de Montbrison (1855)

(dessin de Vincent Durand)

L'enseignement
autrefois :


Règlement écoles
de la loire 1852


Verrières
et son petit séminaire


Départ du séminaire
de Verrières


Jean-Baptiste
Massillon au collège
de Montbrison

Entre l'école et la salle Saint-Pierre

La petite cour, tout près de la tour
de la Barrière et du dôme
du palais de justice

La cloche brisée du 11 novembre 1918

La chapelle devenue la bibliothèque

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 


(dessin d'Etienne Desfonds)

Saint-Aubrin

une école, une histoire

(1819-1996)

L'école, tournée vers l'avenir reste fière de son passé. Enracinée sur sa colline, au centre de la vieille ville, depuis plus de cent soixante ans, elle accueille, génération après génération, les enfants montbrisonnais.

On ne peut franchir la porte d'entrée sans se souvenir du dévouement inlassable des frères des écoles chrétiennes qui y enseignèrent pendant, cent vingt-cinq ans, de l'illustre société des P'tits fifres montbrisonnais, de l'immense travail d'éducation qui s'est accompli dans ces lieux auprès de la jeunesse.
Cette tâche se poursuit aujourd'hui
[1996] dans l'esprit de saint Jean-Baptiste de la Salle...

L'école gratuite du quartier du château


En 1809, existe déjà, à l'emplacement actuel de l'école Saint-Aubrin, un immeuble communal noté au cadastre sous le nom d'école gratuite.

C'est un curé de Saint-Pierre, l'abbé Jean-Joseph Barou qui, entre 1819 et 1823, installe à Montbrison les frères des écoles chrétiennes dont l'Institut est depuis peu reconstitué .

En 1823, une généreuse paroissienne de Saint-Pierre, la veuve Salle, née Jeanne-Marie de la Mure achète, sur la colline, une maison avec ses dépendances à M. Camille de Meaux pour la somme de 4.000 F. Ce tènement est voisin de l'école gratuite.

Le 14 janvier 1824, elle en fait don à la ville de Montbrison à la condition que la municipalité y entretienne des frères de la Doctrine chrétienne (ou leurs successeurs) chargé d'instruire à perpétuité les enfants des artisans et des pauvres et de donner à la jeunesse une instruction catholique.

L'école ainsi créée prend le nom du saint patron de la ville, l'évêque Aubrin.

Première école communale de garçons

Elle va être pendant 67 ans, de 1824 à 1891, l'école communale de garçons de Montbrison. Vers 1840, cinq frères ont la charge de 420 enfants mais l'école a une annexe, avec deux classes, dans les bâtiments de l'actuelle mairie.

En 1847, le conseil municipal approuve l'agrandissement de l'école Saint-Aubrin, opération qui doit coûter 10 500 F. Un corps de bâtiment en pierres apparentes est construit sur une terrasse soutenue par un très haut mur de soutènement.
Les frères, instituteurs communaux, sont payés par la ville (660 F par an pour chaque maître, en 1866) et les classes sont gratuites. La communauté a d'ailleurs de fréquentes contestations avec la municipalité pour des questions matérielles.

Vers 1890 est édifiée la petite chapelle de style néo-gothique qui fait saillie sur la rue de la Providence.

"Il faudrait des tables munies d'ardoises encastrées dans le bois"

Quelques extraits des procès-verbaux des délibérations du conseil municipal de Montbrison (année 1875) donnent un aperçu de la situation matérielle de l'école. En novembre 1875, l'inspecteur demande que dans la petite classe qui reçoit 85 élèves et qui n'a que des bancs, on installe des tables munies d'ardoises encastrées dans le bois pour qu'on puisse donner aux enfants les premières leçons d'écriture.

La commission municipale est favorable à cette proposition. Il serait regrettable de persister à laisser sur des bancs une centaine d'élèves à ronger leurs livres, à perdre un temps précieux et à ne pouvoir profiter que tardivement des leçons d'écriture qu'ils pourraient recevoir plus tôt. Le nombre des élèves augmente tous les jours, et l'instituteur communal ne possédant pas de mobilier suffisant, est obligé d'attendre que des vides se fassent dans les classes supérieures… Cela coûterait 150 F, Les édiles hésitent devant la dépense.

Il faudrait établir, pour les professeurs, des cabinets d'aisance dans l'intérieur du bâtiment. La municipalité répond qu'en effet ce serait une construction convenable, malgré cela elle n'est pas indispensable car depuis fort longtemps cet état de chose existe .

Ces observations révèlent une grande pauvreté matérielle. Les frères régentent un bien modeste domaine : une bâtisse de pierres grises, une vigne, un jardin et une courette avec sa citerne pour recueillir l'eau de pluie. L'école fait corps avec son quartier, le quartier du château composé de maisonnettes de pisé et de jardinets groupés le long des ruelles qui conduisent au Calvaire.

Pour pauvre qu'elle soit l'école des frères n'en domine pas moins la ville. Sa terrasse surplombe le porche de l'église Saint-Pierre et l'hôtel de Meaux. Le regard peut aller aisément jusqu'au clocher de Notre-Dame qui semble tout près. On ne va pas à Saint-Aubrin, on y monte.

Ecole paroissiale


En 1891, au moment de la laïcisation des écoles congréganistes, Saint-Aubrin devient une école paroissiale. La commune doit en effet abandonner les locaux aux frères en vertu d'une clause de l'acte de donation de 1824. Il faut construire ailleurs une école communale de garçons.

En 1906 arrive la difficile période de la séparation des Églises et de l'État. Elle est franchie sans trop de problèmes et, dès 1907, le bulletin paroissial peut rassurer les parents : les poursuites engagées contre les religieux pour fausse sécularisation sont abandonnées et un non-lieu a été prononcé .

Après une brève fermeture des classes au cours de l'année scolaire 1907-1908, les frères reprennent paisiblement leur mission. Les difficultés semblent même avoir donné un regain de vitalité à l'établissement.

Un frère rassemble des collections de petits mammifères, d'oiseaux, d'insectes pour constituer un musée destiné à illustrer les leçons d'histoire naturelle. Tous les anciens élèves se souviennent des vitrines de ce fameux musée, au premier étage du bâtiment principal. Aujourd'hui le musée est devenu une salle de classe.

Une classe de l'école en 1902 :
le frère montre du doigt un appareil scientifique (la machine électrique de Ramsden) et des animaux naturalisés (un renard et un rapace).
Son geste évoque un enseignement tourné vers le progrès et l'étude de la nature !


Au temps ou certificat libre

Chaque année, dans les classes de Saint-Aubrin, la direction diocésaine de l'enseignement catholique organise, courant juin, le certificat pour les élèves des écoles libres du Montbrisonnais.

Le bulletin paroissial nous indique les noms des lauréats montbrisonnais pour la session de 1907 :

Pour le premier degré : Francisque Chassain, Jean-Baptiste Chauve, Félix Cognasse, Jean Courdouan, Claude Duché, Vital Favier, Joannès Favier, Clément Fréry, Célestin Grange, Sébastien Malécot, Marius Machon, Joseph Maisse, Noël Soleil, Antonia Gauchez, Marcelle Ribon.
Pour le deuxième degré : Maurice Besson, Constantin Bayle, Antoine Champin, Marius Desout, Marius Grange, Pierre Gourd, Jean-Marie Salleron, Marie Charret, Alexandrine Drevet, Marie-Antoinette Emard, Marcelle Goby, Jeanne Massacrier, Marie Sijallon.


Il y avait eu, cette année-là, pour le premier degré : 72 candidats et 62 reçus, pour le second degré : 24 candidats et 22 reçus.

Le chroniqueur paroissial commente ainsi le palmarès : Les résultats obtenus sont excellents et dénotent chez les élèves un travail soutenu. Les problèmes d'arithmétique ont été très compris, surtout par les jeunes garçons ; et plusieurs du 2e degré ont déjà des aperçus très sûrs en géométrie et en algèbre. Par contre les jeunes filles paraissent plus fortes en style ; plusieurs compositions étaient véritablement bien. La couture a eu également de bonnes notes...

A la fin de juillet, une solennelle distribution des prix achève l'année scolaire. Pour des questions de préséance, elle est présidée alternativement par les curés de Saint-Pierre et de Notre-Dame, car Saint-Aubrin dépend des deux paroisses de la ville. Parents et enfants y assistent. C'est l'occasion de prononcer de beaux discours en forme d'exhortation et de remercier tous ceux qui contribuent à la vie matérielle de l'école. Le bulletin paroissial nous apporte un écho de la cérémonie de 1907 :

Le lundi 29 juillet a eu lieu la distribution des prix aux élèves de l'école libre de Saint-Aubrin, dans la salle des fêtes du Petit séminaire de Montbrison. Programme très varié et fort bien exécuté de débits, monologues, dialogues, chants, duos, chœur, etc.

Au cours de la séance, M. l'abbé Simon, curé de Saint-Pierre a adressé à tous, parents et élèves les meilleurs conseils.
Le prix d'honneur a été mérité par l'élève Joseph Lyonnet. C'est l'élève Gabriel Séon qui a obtenu le plus grand nombre de prix.

En dernier lieu, ont été distribués près d'une trentaine de diplômes, magnifiquement encadrés, des divers certificats : primaire, supérieur et d'agriculture, obtenus pendant le cours de l'année ...

Pour finir, Mme de la Bâtie, une généreuse paroissienne offre des livrets de Caisse d'Epargne de 10 à 15 F aux élèves primés.

A la mémoire du frère Odérise

Quelques jours auparavant, le 24 juillet 1907, à huit heures, maîtres, élèves et anciens élèves s'étaient réunis dans la collégiale Notre-Dame-d'Espérance. Un service de requiem y était célébré pour le repos de l'âme de M. Clavel, directeur d'école libre à Roanne.

C'est lui qui, sous le nom de frère Odérise, dirigeait l'école Saint-Aubrin au moment où les lois contre les congrégations furent appliquées.

La rentrée de 1907 a lieu le mardi 1er octobre. A cette occasion Louis Rony, président du comité des écoles libres, annonce diverses transformations à Saint-Aubrin : une partie du potager des religieux est sacrifiée :
Nous sommes heureux de pouvoir offrir cette année aux enfants de l'école Saint-Aubrin une cour agrandie de moitié , une grande salle de récréation pour les jours de pluie, et diverses améliorations de moindre importance qui leur donneront plus d'air, plus de soleil et plus de facilités pour prendre leurs ébats...

Fondation des P'tits fifres montbrisonnais

Cette même année 1907, un jeune vicaire de Saint-Pierre, l'abbé Seignol, fonde la société des P'tits fifres monthrisonnais, groupement qui va connaître un grand développement et avoir une réelle influence sur la jeunesse montbrisonnaise, pendant près d'un demi-siècle.

L'Eglise de France vit alors la période difficile de la Séparation. Au vif anticléricalisme d'une partie de la classe politique et de la presse répond la mobilisation des catholiques.

L'abbé Seignol, né à Saint-Priest-la-Prugne en 1870, arrive à Montbrison en 1898. Pendant plusieurs années il est chargé de la section des moyens du patronage inter-paroissial Saint-Louis-de-Gonzague. Ce contact avec les jeunes l'enchante. Au printemps de 1907 il dote les plus petits de fifres et les adolescents de tambours et de clairons. A tous il donne un uniforme et un drapeau - c'est dans le ton de l'époque, nous sommes au début du siècle - et transforme une bande de gosses du "patro" en une troupe martiale au service d'un idéal : "Pour Dieu pour la France" .

Naturellement parmi la centaine de p'tits fifres , se retrouvent beaucoup d'élèves et d'anciens de Saint-Aubrin.


La salle Saint-Pierre

Les petits fifres installent leur quartier général dans la salle Saint-Pierre, voisine de l'école. Il s'agit d'une vaste salle d'œuvres. En projet depuis le début du siècle, elle vient d'être achevée. La salle de spectacle peut servir aussi de gymnase. Elle dispose d'une vraie scène et d'une tribune dominée par une grande statue de la Vierge.

Cet immeuble a été construit sur l'emplacement d'une vieille demeure ayant appartenue jadis aux Carton des Estivaux, aux de la Plagne et en dernier lieu à M. de Montrouge. La bénédiction de la nouvelle salle d'œuvres a lieu le dimanche 29 mars 1908.

Sous la grande salle se trouve un autre local pouvant servir de salle de projection et donnant sur une courette. Aujourd'hui cette longue pièce partagée en deux est transformée en salles de classes.

Quant au théâtre, désaffecté depuis une trentaine d'années, il est partagé en trois parties. Une moitié sert pour le rangement du matériel, tables, chaises, skis et chaussures. Deux grandes salles, aménagées grâce au travail d'équipes de parents bénévoles, viennent d'entrer en service. L'une est polyvalente, l'autre abrite l'équipement informatique destiné aux écoles catholiques du Montbrisonnais.

1908 : "confiance et fidélité"

Le 29 juillet 1908, pour la première fois, la distribution des prix a eu lieu dans la grande salle du patronage, le tout nouveau théâtre. Le chanoine Berthelot, curé de Notre-Dame, préside la cérémonie.

Evoquant les difficultés surmontées au moment de la Séparation, il conclut avec un optimisme inébranlable : Dévouement et générosité d'une part, confiance et fidélité de l'autre, c'est là le gage de nombreuses et prospères années de notre chère école de Saint-Aubrin.

En 1909, l'école Saint-Aubrin a sept classes. Elle est dirigée par M. Julien Ravix, directeur, assisté de MM. Auguste Menard, Louis Menard, Claude Bayle, J. Fournier, Eugène Beauffet, et J.-P. Vray. En 1910, MM. Fournier et Vray s'en vont et sont remplacés par les frères Dumontail et Touchebœuf.

Au même moment, une autre école paroissiale de garçons, l'externat Saint-Joseph, fonctionne rue des Arches avec deux classes

Première séance de cinématographe

Evénement en 1910 : on annonce la première séance de cinéma, dans le cadre du patronage du dimanche. Elle aura lieu, dans la salle des œuvres de la rue du Collège, évidemment. Jusque là les abbés se contentaient de la lanterne magique.

La séance commencera exactement à 4 h 1/2, heure du clocher de Notre-Dame. Cette heure une fois passée les portes seront fermées… Il en coûte 1 F pour voir les merveilles du cinématographe et on attend la grande foule.
En effet, la salle est bondée. La séance dure deux heures. Elle comprend un petit film sur le pèlerinage à Lourdes puis une "partie amusante" avec "le généreux dévouement du médecin de campagne", "La punition méritée de deux petits vauriens", "les débuts malheureux d'un chauffeur", "les multiples farces de Toto"... A mesure que se déroulaient les vues, sous la direction habile de M. l'Abbé Pâtissier, M. l'Abbé Planchet en donnait une courte et claire explication.
Le chroniqueur du bulletin paroissial est enthousiasmé : Il mérite vraiment bien son nom de "Merveilleux" le Cinématographe, dernière création de la maison Pathé, de Paris, dont Mme de la Bâtie vient de doter l'œuvre du patronage du dimanche... On se croyait à Lourdes.

"Juste récompense de l'application soutenue des élèves"

L'année scolaire 1909-1910 s'achève par une riche moisson de diplômes et de prix. D'abord le certificat libre dont voici les résultats pour Saint-Aubrin :

Certificat primaire : 16 reçus sur 17 : Isidore Laurent, Claudius Chauve, Louis Gros, André Ribon, Jean Juban, Gabriel Favard, Jean Fréry, Paul Michel, Marcel Gorand, Alexis Goure, Antoine Chalayer, Joseph Delage, Jean Demariaux, Laurent Joannet, J.-B. Chamarel, Pierre Laurent.

Certificat supérieur : Claude Dupin, Jean Arthaud.

Quatre élèves (sur quatre) obtiennent le diplôme agricole, tous avec mention : Pierre Juban, mention très bien, Jean-Baptiste Chauve, mention bien, Benoît Bouchet, mention bien, Jean Courdouan, mention bien.

Six élèves obtiennent le certificat agricole du 1er degré, dont cinq avec mention : Jean Thinet, très bien, Jean Juban, bien, Emile Montet, bien, Marius Devin, Jean-Marie Dupin, bien, Pierre Laurent.

Mme de la Bâtie, MM. de la Plagne, de Vazelhes et Louis Rony offrent les livrets de caisses d'épargne et le chanoine Berthelot complimente maîtres et élèves et donne les meilleurs conseils pour le temps des vacances aux enfants et aux parents.

Le bulletin paroissial publie aussi les noms des élèves "les plus méritants" :

Cours supérieur : Claudius Chauve, B. Bouchet, Jean Courdouan, Pierre Juban, P. Montet, M. Devin, M. Jounin, E. Montet, L. Bernard.

Première classe : L. Gros, J. Delage, C. Chauve, A. Ribon, J. Fréry, J. Demariaux, P. Michel, J.-P. Plasse, I. Laurent J.-M. Garand, M. Croze, M. Chaland, J. Massecrier, A. Michon, A. Héritier.

Deuxième classe : Jean Pupier, J. Morin, V. Montet, G. Taillandier, J. Coiffet, T. Beaudoux, R. Viallard, Th. Prioux.

Troisième classe : P. Avignant, J. -M. Delacellery, L. Duchez, J. Giraud, J.-M. Néel, M. Mellet, N. Chossy.

Quatrième classe : J. Garand, J. Palmier, M. Poyet, Cl. Guillot, Ph. Morin, A. Fortunier.

Cinquième classe : H. Thinet, A. Bordet, J. Devin, Cl. Piron, P. Essertel.

Les prix de catéchisme ont été offerts par le chanoine Berthelot à : B. Bouchet, J. Delage, Th. Prioux, M. Beaudoux, J. Palmier et H. Thinet.

Quand Monsieur Sary prenait son violon

En 1922 l'école compte quatre classes avec les frères Auguste Menard, Louis Menard, Touchebœuf et Sary, le rez-de-chaussée du bâtiment principal est occupé par les classes. Il y a encore dans la vie de l'école beaucoup de l'austérité du siècle précédent. On se chauffe, parcimonieusement au coke. Les grands élèves s'occupent de faire du petit bois dans le bûcher. C'est actuellement le local où se trouve la chaudière du chauffage central. Quand les cinq platanes de la cour sont élagués les branches coupées sont soigneusement débitées pour faire du petit bois.

Les leçons de gymnastique dans la cour ou sous le préau sont rarissimes. Les manuels sont anciens et très fatigués. Pourtant les élèves ne perdent pas un instant. Tout est consacré aux devoirs et aux leçons. On écrit beaucoup, avec pleins et déliés, à l'encre et à la plume, bien entendu. Mais quelquefois, en forme de récompense sans doute, Monsieur Sary tire son violon de l'étui .

Une dragée ou une image


Mensuellement le chanoine Romagny, archiprêtre de Notre-Dame, monte à l'école pour la lecture des notes. Il gourmande les paresseux puis ouvre une grande boîte à cigares et offre rituellement à ceux qui ont eu un billet d'honneur, au choix, une dragée ou une image.

Les frères enseignent l'histoire sainte mais laissent au clergé le soin du catéchisme. Chaque enfant le suit dans l'église de sa paroisse respective. La fête-Dieu donne l'occasion de sortir les multiples bannières qui sont portées par les plus grands pour la procession solennelle. Pour Saint-Pierre, la baronne de Vazelhes est la grande ordonnatrice de la cérémonie.

Il y a messe des enfants chaque jeudi à 8 h, à Notre-Dame et à Saint-Pierre. Chaque premier vendredi du mois, à seize heures, les classes descendent, quasi processionnellement, à Notre-Dame pour l'adoration du Saint-Sacrement : les garçons de Saint-Aubrin occupent la droite de la nef et les élèves des dames de Saint- Charles la gauche. Le retour à l'école se fait en rangs et en silence...

Le tour à bois à pédale

Les deux ateliers de l'ancien bâtiment sont encore utilisés pour le travail manuel. Pour ces cours, les frères font appel à des professionnels. M. Pierre Savatier, quincaillier de la rue Tupinerie mais menuisier de métier, s'occupe du travail du bois. Les apprentis disposent de quelques outils et d'un pittoresque tour à bois qui fonctionne grâce à une pédale comme une machine à coudre.

M. Blache, ajusteur aux établissements Chavanne régente l'atelier "fer" qu'un industriel monthrisonnais, M. Brunot, a généreusement doté d'une enclume .

A cette même époque M. Maurice Hazard, technicien aux usines Chavanne, dirige un cours du soir consacré à la technologie de l'ajustage dans les locaux de Saint-Aubrin. Ses élèves sont des anciens de l'école ou des autres établissements de la ville.

Pour illustrer ses leçons de physique et de chimie, M. Sary, qui a la charge de la première classe, emmène ses élèves au "musée" de l'école et met en œuvre cornues et éprouvettes, la machine à faire le vide et même, quelquefois, celle qui produit de l'électricité... Ces démonstrations sont très prisées et le frère recommence son cours pour les demoiselles de l'externat Notre-Dame qui viennent épisodiquement au "cabinet de physique" de Saint-Aubrin conduites par leurs maîtresses .

Le figuier qui ombrage la petite cour au pied de la chapelle voit des petits entrer et des grands s'en aller. Les saisons et les années passent.

L'Amicale des anciens


Cette association très vivante joue depuis longtemps un rôle important dans la vie de l'école. Elle a, elle aussi, une longue histoire. C'est le 6 août 1906 que se constitue une "Association des familles des écoles libres de la paroisse Saint-Pierre de Montbrison" sous la présidence de M. Louis Rony.

Les statuts sont modifiés plusieurs fois, notamment en 1935 sous la présidence de M. Léon Austruy et en 1943 sous celle de M. Maurice Hazard. Elle prend alors le nom "d'association des familles de l'école libre de Saint-Aubrin".
Après la guerre, "l'Association amicale des anciens élèves des frères et amis des écoles libres" modifie à nouveau ses statuts avec M. Paul Dupayrat comme président. Ensuite elle est dirigée successivement par M. Pierre Faure puis par M. Fernand Poty . Aujourd'hui [1986] "I'Amicale des anciens de Saint-Aubrin" que dirige Pierre Chambon compte plus de six cents cotisants. Très active, elle constitue un lien indispensable entre les générations qui se succèdent et un puissant soutien, tant financier que moral, pour l'école.

L'école est réquisitionnée


En 1939-1940, il y a 133 élèves sous la direction du frère Pauze. En 1940, c'est le frère Bourgin qui devient directeur. L'afflux de familles réfugiées gonflent les affectifs. Il y a alors sept classes et c'est la guerre et l'Occupation.
Le docteur Vial, maire de Montbrison, doit loger l'occupant qui arrive en décembre 1942. L'institution Victor-de-Laprade est menacée par la réquisition mais c'est un petit séminaire et, de plus, elle abrite des pensionnaires alors on sacrifie Saint-Aubrin.

Du jour au lendemain, il faut complètement vider les salles de classe. Tout ce qui a un peu de valeur est serré en hâte dans la chapelle. Une unité de la Wehrmacht s'installe dans les lieux. Le premier étage sert de dortoir. La salle Saint-Pierre de réfectoire, l'ancien bâtiment d'entrepôt. Un grand lavabo de campagne est installé dans la cour pour les ablutions des soldats. Les troupiers brûlent, une à une, les chaises du théâtre pour se chauffer...

Quant aux frères et aux instituteurs laïcs qui habitent l'école ils doivent se réfugier au deuxième étage, dans les combles et, pour rentrer chez eux tendre leur laissez-passer à la sentinelle allemande qui garde la porte de l'école. Après quelques semaines, ils trouvent asile chez M. de Meaux.

Parmi les jeunes soldats se trouvent de nombreux Polonais incorporés, contre leur gré, dans l'armée allemande. Ils jouent l'Ave Maria sur leurs harmonicas, font des collectes pour faire dire des messes pour leurs familles et offrent, discrètement des cigarettes aux religieux...

Départ des frères des Ecoles Chrétiennes

Le départ des Allemands se fait très rapidement. En quelques heures tout est déménagé. La paille des matelas est brûlée au pied des platanes de la cour et l'école se retrouve vide. Les différentes classes qui avaient été dispersées aux quatre coins de la ville, au cinéma Rex, à l'externat Notre-Darne, dans les couloirs de l'institution Victor-de-Laprade… rentrent au bercail.

En 1944 le frère Marcel Courtial est directeur. Il sera le dernier frère-directeur de l'école. En 1945-1946, il y a cinq classes et 173 élèves avec comme instituteurs : frère Courtial, frère Desfonds, M. Jean-Louis Aubert, Mlle Josette Meunier et Mlle Vaillant.

En 1947, le 16 mai, la fête de saint Jean-Baptiste de la Salle est une dernière fois célébrée par les religieux. Le grand portrait du fondateur de l'Institut est accroché au mur extérieur, dans la petite cour, au-dessus de la porte du passage. Tous les élèves réunis chantent :

Honneur à toi, glorieux de la Salle,
Apôtre des enfants et gardien de leur foi,
Vainqueur de l'ignorance
A l'âme si fatale, honneur à toi !

La journée se poursuit par une promenade pour toutes les classes. En août 1947, les frères des écoles chrétiennes quittent Saint-Aubrin après cent vingt-cinq années de présence. Un long chapitre de l'histoire de l'école s'achève.

Après le départ des frères

Après le départ des religieux le premier directeur est M. Pierre Marie Decombe qui dirige l'école de 1947 à 1952. Pierre Pépier lui succède pour quatre années (1952 à 1956) jusqu'à l'arrivée, de M. Maurice Desfonds, qui auparavant, était directeur de l'école privée de Sury-Ie-Comtal.

La bonne marche de l'établissement et la poussée démographique font que les effectifs se gonflent considérablement. De 4 classes en 1952, Saint-Aubrin passe à 6 classes en 1962, 7 en 1963, 8 en 1970, 9 en 1974, 10 en 1979. Depuis cette date le nombre des élèves oscille entre 250 et 300 avec dix postes

En ce qui concerne la gestion matérielle c'est M. Girin qui assume jusqu'en 1957 une situation difficile car l'école est très pauvre. En 1957 M. Thiollier lui succède, remplacé lui-même en 1959 par M. Francisque Ferret. C'est sous la responsabilité de ce dernier que les écoles catholiques de Montbrison passant des contrats avec l'État (1960) et connaissent un développement sans précédent. En 1986, après vingt-cinq années d'un travail désintéressé et efficace, M. Ferret laisse la place comme président de l'organisme de gestion à M. Georges Faucher.

Chronique des dernières années [jusqu'en 1986]

Les années passent apportant leur lot de soucis et de satisfactions. Voici quelques moments marquants de l'histoire vingt dernières années.

1973 : André Guillot devient directeur.
1974 : Départ à la retraite de M. Desfonds, après une longue et fructueuse direction de 17 années. Départ à la retraite de M. Aubert qui était à l'école depuis 1942.
1978 : mise en place du premier conseil d'établissement. Cette structure de concertation regroupe tous ceux qui sont intéressés par la marche de l'école : parents élus, enseignants, gestionnaires, A.P.E.L. et Amicale des anciens.
1979 : Saint-Aubrin devient une école mixte (en 1994, les filles représentent pratiquement la moitié de l'effectif). Cette même année, premières sorties de ski de fond.
1980 : l'Association de parents et l'Amicale des anciens dotent l'école du matériel nécessaire pour le ski de fond. En collaboration avec le collège Victor-de-Laprade commence l'initiation à l'anglais pour les élèves de CM2. Un projet éducatif global est élaboré et publié. Il insiste sur la participation des parents et l'épanouissement complet de l'enfant.
1982 : premier séjour en classes de mer pour les élèves de CE1. Première journées "portes ouvertes" avec exposition de travaux d'élèves.
1984 : début de l'informatique à l'école
1985 : l'école remporte la coupe de la meilleure équipe de natation des écoles de la ville.
1986 : réfection de la salle Saint-Pierre, en partie grâce au concours de parents bénévoles. Développement de l'informatique. L'école dispose de dix ordinateurs. Un nanoréseau pour le service de toutes les écoles catholiques du Montbrisonnais est installée dans la salle des P'tits fifres.
1989 : ouverture de la bibliothèque de l'école.
1990 : Mme Christiane Terrasson prend la direction de l'établissement.
1991 : ouverture d'une 12e classe.
1992 : rénovation complète de l'ancienne chapelle et de l'ancienne bibliothèque des frères.
1993 : ouverture du 13e classe (354 élèves).

Ecole d'hier, école de demain


Aujourd'hui, au cœur de la cité, la vieille école se tourne franchement vers l'avenir. Avec une pédagogie et des outils renouvelés, elle continue de former des générations d'écoliers en s'appuyant sur des valeurs de toujours : le travail bien fait, la probité, la générosité... En cela elle souhaite rester digne des disciples de Jean-Baptiste de la Salle qui ont, pendant si longtemps fait son histoire.

J. B.

Ces notes d'histoire locale reprennent pour une bonne part une série d'articles publiés par l'Essor du Forez en février, mars et avril 1986 sous le titre : Saint-Aubrin : une école, un quartier

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Emblème de l'Institut
des frères des écoles chrétiennes

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La grande cour vue des greniers de l'école

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C'était la plus vieille école de Montbrison

Saint-Aubrin
rue du Collège

1819-2007

4 juillet 2007 : derniers jeux d'enfants sous les gros platanes de Saint-Aubrin. 16 h 30 : ultime sortie. L'école ferme ses portes. Une longue histoire s'achève. Près de deux siècles de lecture, d'écriture et de calcul pour tout un peuple d'enfants. Retour dans les vieux murs où des générations de Montbrisonnais ont appris à lire.

L'école gratuite du quartier du Château

En 1809, existe déjà, à la place de Saint-Aubrin, "une maison d'école gratuite". C'était sans doute avant la Révolution l'une des "petites écoles". Il est sûr, en tout cas, que l'école du quartier du château est fondée avant 1819. Le curé de Saint-Pierre y installe alors les Frères des écoles chrétiennes.

Une paroissienne de Saint-Pierre, Jeanne-Marie de la Mure, veuve Salle, achète pour 4 000 F à M. de Meaux une maison voisine de l'école gratuite. Le 14 janvier 1824, elle en fait don à la ville de Montbrison. A une condition cependant : elle devra, à perpétuité, servir aux Frères des écoles chrétiennes - ou leurs successeurs - qui seront chargés "d'instruire les enfants des artisans et des pauvres et de donner à la jeunesse une instruction catholique".

L'école prend le nom de l'évêque Aubrin, saint patron de la ville. Il y avait justement tout près, dans le château, une chapelle sous ce vocable, détruite après la Révolution.

Première école communale de garçons

Saint-Aubrin est pendant 67 ans, de 1824 à 1891, l'école communale de garçons de la ville. Vers 1840, cinq frères ont la charge de 420 enfants. L'école a une annexe, avec 2 classes, dans les bâtiments de la mairie.

En 1847, le conseil municipal approuve l'agrandissement de l'école, opération qui coûte 10 500 F. Un corps de bâtiment en pierre est construit sur une terrasse soutenue par le très haut mur qui domine la petite rue du Collège. C'est seulement vers 1890 qu'est édifiée la petite chapelle de style néo-gothique de la rue de la Providence.

L'école possède un cours supérieur d'un bon niveau. Géométrie et dessin s'allient à des activités, très concrètes, comme l'arpentage. Un peu d'architecture, du dessin d'art et industriel, des notions de comptabilité… Cependant ces activités ne concernent qu'un petit nombre d'élèves, la plupart en restent au syllabaire et au catéchisme.

Les Frères, instituteurs de la Ville

Les frères sont payés par la Ville : 660 F par an pour chaque maître, en 1866. Les classes sont gratuites. Mais les fournitures scolaires -"les classiques" - restent à la charge des familles
La situation matérielle de l'école frise d'indigence. En 1875, la petite classe a 85 élèves. Elle n'est meublée que de bancs. L'inspecteur demande qu'on y installe "des tables munies d'ardoises encastrées dans le bois, pour qu'on puisse donner aux enfants les premières leçons d'écriture". Mais la dépense fait hésiter la municipalité…

Les frères régentent donc un modeste domaine : une bâtisse de pierre grise, une petite vigne, un jardin et une courette avec sa citerne pour recueillir l'eau de pluie. L'école fait corps avec son quartier, celui du château, un des plus pauvres de la ville formé de maisonnettes de pisé et de jardinets le long des ruelles qui conduisent au Calvaire.

Pour être pauvre l'école des Frères n'en domine pas moins la cité. Sa terrasse surplombe le chœur de l'ancienne église Saint-Pierre et l'hôtel de Meaux. De là, le regard peut aller aisément jusqu'au clocher de Notre-Dame qui semble tout près. On ne va pas à Saint-Aubrin, on y monte.

Saint-Aubrin, école paroissiale

En 1891, à la laïcisation des écoles congréganistes, Saint-Aubrin devient école paroissiale. La commune abandonne les lieux aux frères en vertu de l'acte de donation de 1824. La ville construit ailleurs une école communale de garçons. Ce sera l'école Chavassieux.

Après une brève fermeture au cours de l'année scolaire 1907-1908, les frères reprennent paisiblement leur travail d'éducation. Les difficultés passées semblent même donner un regain de vitalité à l'école.

Un religieux rassemble des collections de petits mammifères naturalisés, d'oiseaux, d'insectes afin de constituer un "musée" pour illustrer les leçons d'histoire naturelle. Un frère se passionne pour la botanique. Un autre s'intéresse à l'apiculture. Le potager, soigneusement cultivé, permet quelques travaux pratiques d'agriculture. Une petite forge et un atelier de menuiserie sont installés dans le bâtiment le plus ancien de la rue du Collège. Les apprentis disposent de quelques outils et d'un pittoresque tour à bois à pédale. Cet outil digne d'un musée a, par la suite, été remis à l'école Sainte-Barbe, l'actuel lycée technique stéphanois, ainsi que l'outillage le moins vétuste.

Le temps des P'tits Fifres

En 1907, un vicaire de Saint-Pierre, l'abbé Seignol, fonde la société des "P'tits Fifres Montbrisonnais". Cette formation connaît une grande faveur. Les P'tits Fifres font de la musique, de la gymnastique, du tir, de l'escrime, de l'athlétisme, de la boxe… Les P'tits Fifres sont à l'origine de plusieurs sociétés sportives encore bien vivantes aujourd'hui telles que le Football Club Montbrisonnais et le Basket Club Montbrisonnais…

Les P'tits fifres installent leur quartier général dans la salle Saint-Pierre, voisine de l'école. Il s'agit d'une vaste salle d'œuvres . En projet depuis le début du siècle, elle vient d'être achevée. La salle de spectacle peut servir de gymnase. Elle dispose d'une vraie scène et d'une tribune.

Dans le domaine culturel, les représentations théâtrales données par les Fifres se multiplient. Elles aboutissent, dès 1911, à la mise en scène des fameux "Mystères de Noël", succession de tableaux inspirés de l'Evangile avec chœurs et musique. Ils ont un grand succès.

11 novembre 1918, l'Armistice. Enfin s'achève la grande Guerre ! Toutes les cloches et clochettes que compte Montbrison tintent longuement. Les grands écoliers de Saint-Aubrin sonnent tant et plus, jusqu'à ce que la cloche de la petite cour se casse…

Quand Monsieur Sary prenait son violon

En 1922 l'école compte seulement quatre classes avec comme titulaires les frères Ménard (Auguste et Louis), Touchebœuf et Sary. Elle semble s'être rétractée sur elle-même. Seul, le rez-de-chaussée du bâtiment principal est occupé par les classes. Il y a encore dans la vie quotidienne toute l'austérité du siècle précédent.

On se chauffe - assez mal - au coke. La livraison s'effectue dans la rue de la Providence, seul accès possible avec un véhicule. Le charbon descend par un gros conduit dans un édicule bâti au fond de la petite cour. Il y a autant de poussière que de charbon. Les poêles, pourtant dits à feu continu, s'étouffent facilement. Les grands élèves occupent leur récréation à faire du petit bois dans le bûcher. Quand les cinq platanes de la grande cour sont élagués on débite soigneusement les branches coupées. Le chauffage central ne sera installé que beaucoup plus tard, dans les années soixante. Alors la chaudière viendra tout naturellement prendre sa place dans l'ancien "bûcher".

La gymnastique se pratique dans la cour ou sous le préau. Les manuels scolaires sont anciens et très fatigués. Pourtant les élèves ne perdent pas un instant. Tout est consacré aux devoirs et aux leçons. On écrit beaucoup, avec pleins et déliés, à l'encre violette et à la plume, la fameuse Sergent-major. Mais, quelquefois, s'il est satisfait, M. Sary, comme récompense, prend son violon...

L'école est réquisitionnée

En 1939-1940 il y a 133 élèves sous la direction du frère Pauze. En 1940, c'est le frère Bourgin qui devient directeur. Les effectifs gonflent avec l'afflux de familles de réfugiés. Il y a alors 7 classes. C'est la guerre et l'occupation.

Le docteur Jean Vial, maire de Montbrison, doit loger l'occupant. L'école est réquisitionnée. Les classes sont vidées. Tout ce qui a un peu de valeur est serré en hâte dans la chapelle. Une unité de la Wehrmacht s'installe dans les lieux. Le premier étage sert de dortoir, la salle Saint-Pierre de réfectoire, l'ancien bâtiment d'entrepôt. Un lavabo de campagne est installé dans la cour pour les ablutions des soldats. Ils brûlent une à une les chaises du théâtre pour se chauffer...

Quant aux frères et aux instituteurs laïcs qui habitaient l'école, ils doivent se réfugier au deuxième étage, dans les combles. Et, pour rentrer chez eux, tendre leur laissez-passer à la sentinelle qui garde la porte de l'école. Après quelques semaines, ils trouvent asile dans la maison de M. de Meaux.

C'est l'époque où la vie des classes est émaillée d'alertes. Quand la sirène avertit d'un risque de bombardement, maîtres et élèves quittent au plus vite la ville pour aller en direction de Curtieux ou d'Ecotay.

Le départ des Allemands se fait très vite. En quelques heures tout est déménagé. La paille qui servait de literie est brûlée au pied des platanes de la cour. Les classes avaient été dispersées aux quatre coins de la ville : au cinéma paroissial Rex, à l'externat Notre-Dame, à Montchenu, dans les couloirs de l'institution Victor-de-Laprade... Elles rentrent au bercail.

En 1944, le frère Marcel Courtial est directeur. C'est le dernier frère directeur de Saint-Aubrin. En 1945-1946, il y a cinq classes et 173 élèves avec comme enseignants : frère Courtial, frère Desfonds, M. Jean-Louis Aubert, Mlle Josette Meunier et Mlle Vaillant.

Après le départ des Frères

En 1947, le 15 mai, la fête de Jean-Baptiste de la Salle est une dernière fois célébrée par les religieux. Le portrait du fondateur de l'Institut est accroché à l'extérieur de l'école, dans la petite cour. Tous les élèves réunis chantent :

Honneur à toi, glorieux de la Salle,
Apôtre des enfants et gardien de leur foi,
Vainqueur de l'ignoran
ce à l'âme si fatale,
Honneur à toi !

Pendant le reste de la journée, il y a promenade pour toutes les classes.

En août 1947, les frères des écoles chrétiennes quittent Saint-Aubrin, après cent vingt-cinq années de présence. Seul reste le souvenir du bon travail accompli. Un long chapitre de l'histoire de l'école s'achève.

Après le départ des religieux le premier directeur est Pierre-Marie Décombe. Il dirige l'école de 1947 à 1952. Pierre Pépier lui succède, de 1952 à 1956, jusqu'à l'arrivée de Maurice Desfonds, qui venait de l'école privée de Sury-le-Comtal.

Depuis 1960 l'école se réapproprie peu à peu ses locaux. Le bâtiment ancien, longtemps inutilisé, est réhabilité. La salle Saint-Pierre est à nouveau utilisée. La bonne marche de l'école et la démographie font que le nombre d'élèves augmente fortement. De 4 classes en 1952, Saint-Aubrin passe à 13 en 1994. Entre temps, en 1979, elle est devenue mixte.

En juillet 2007 : dernier départ en vacances. Suite à une réorganisation générale de l'enseignement catholique à Montbrison, l'école Saint-Aubrin fusionne avec l'école Saint-Exupéry. Le nouvel établissement nommé Saint-Charles s'installe rue Puy-de-la-Bâtie en septembre 2007.


Tout n'est pas fini pourtant pour la vénérable maison de la rue du Collège. Elle reste un lieu consacré à la pédagogie. Rénovée, elle doit accueillir dès la rentrée 2008 le lycée d'enseignement professionnel Saint-Paul-Saint-Aubrin. Une nouvelle histoire commence.

Joseph Barou

[La Gazette de la plaine, 2007]

La grande cour

provisoirement désertée...



entrée côté palais de justice

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2018, onze ans plus tard,

l'ancienne école Saint-Aubrin devient lycée Saint-Paul-Forez...


Le 5 avril 2019 inauguration du nouveau site

du lycée Saint-Paul-Forez

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Distribution des prix à Saint-Aubrin

août 1902


juillet 1905

juillet 1909

 

Rentrée de 1944-1945

La Liberté du 30 septembre 1944



1956

Cliché Marguerite-Fournier, archives de la Diana (document scanné par R. Landon)

Un groupe d'élèves de l'école Saint-Aubrin rassemblés dans la salle Saint-Pierre
au-dessous de la tribune ; parmi eux deux religieuses (1956).


Cliché Marguerite-Fournier, archives de la Diana (document scanné par R. Landon)

Madame Rival avec les élèves du C.P. de l'école Saint-Aubrin dans la salle Saint-Pierre
pour un arbre de Noël (1958).



Cliché Marguerite-Fournier, archives de la Diana (document scanné par R. Landon)

Salle Saint-Pierre, école Saint-Aubrin
arbre de Noël (1959).

 

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7 décembre 2016