Saint-Aubrin et son
quartier
L'église de Saint-Pierre
de Montbrison
(paroisse où fut fondée l'école Saint-Aubrin)
Modèle
pour les cours
de dessin
des grandes classes
(archives de l'école)
Les vacances
Changeons, pour ces deux mois,
de livres et de maîtres.
Que l'encre et le papier
se reposent un peu.
Loin de ces sombres murs,
sous les pins et les hêtres,
Etudions ensemble
à l'école de Dieu.
Victor de Laprade
Vacances et liberté
(gravures du XIXe
siècle)
Dessin naïf en l'honneur
des P'tits fifres
dans le Bulletin paroissial
de Saint-Pierre
(au fond, la salle Saint-Pierre)
Les P'tits Fifres
photographiés
dans la cour de Saint-Aubrin.
Leur quartier général
était situé dans la salle
Saint-Pierre, salle des oeuvres
de la paroisse Saint-Pierre.
Textes en ligne
:
Les débuts des P'tits fifres
montbrisonnais
Mystères de Noël,
spectacle donné
dans la salle Saint-Pierre
voir aussi la
page :
P'tits
fifres
Croix qui surmonte
la porte
de Saint-Aubrin,
rue du Collège
(dessin d'Alain Sarry)
Le cinématographe
(dictionnaire Larousse 1909)
Un reposoir sur
les marches
du palais de justice
lors de la fête-Dieu
(gravure du XIXe siècle)
Les frères
enseignent
l'histoire sainte
(page de la Petite Bible illustrée
à l'usage de la jeunesse,
ouvrage
recommandé
par S.S. le pape Léon XIII)
Modèle pour
les cours de dessin
des grandes classes
(archives de l'école)
Le docteur Jean
Vial,
maire de Montbrison
au moment de l'Occupation
En ligne :
Le docteur
Jean Vial,
ancien maire de Montbrison
(notice nécrologique)
Le corps enseignant
de Saint-Aubrin en 1945-1946 :
Debout : M. Marius Rigaud,
Frère Contois,
Frère. Courtial,
Frère Gustave Desfond,
M. Jean-Louis Aubert,
Assises : Mlle Meunier,
Mlle Dufour,
Mme Aubert.
Deux anciens maîtres
de Saint-Aubrin :
Jean-Louis
Aubert
(1909- 1996)
notice nécrologique
Maurice
Desfonds
(1909-2000)
notice nécrologique
Maurice Desfonds
directeur de Saint-Aubrin
de 1956 à 1973
|
|
|
|
(dessin d'Etienne Desfonds)
Saint-Aubrin
une
école, une histoire
(1819-1996)
L'école,
tournée vers l'avenir reste fière de son passé.
Enracinée sur sa colline, au centre de la vieille ville, depuis
plus de cent soixante ans, elle accueille, génération
après génération, les enfants montbrisonnais.
On ne peut franchir la porte d'entrée sans se souvenir du dévouement
inlassable des frères des écoles chrétiennes qui
y enseignèrent pendant, cent vingt-cinq ans, de l'illustre société
des P'tits fifres montbrisonnais, de l'immense travail d'éducation
qui s'est accompli dans ces lieux auprès de la jeunesse.
Cette tâche se poursuit aujourd'hui [1996] dans l'esprit
de saint Jean-Baptiste de la Salle...
L'école gratuite du quartier
du château
En 1809, existe déjà, à l'emplacement actuel de
l'école Saint-Aubrin, un immeuble communal noté au cadastre
sous le nom d'école
gratuite.
C'est un curé de Saint-Pierre, l'abbé Jean-Joseph
Barou qui, entre 1819 et 1823, installe à Montbrison les
frères des écoles chrétiennes dont l'Institut
est depuis peu reconstitué .
En 1823, une généreuse paroissienne de Saint-Pierre, la
veuve Salle, née Jeanne-Marie de la Mure achète, sur la
colline, une maison avec ses dépendances à M. Camille
de Meaux pour la somme de 4.000 F. Ce tènement est voisin de
l'école gratuite.
Le 14 janvier 1824, elle en fait don à la ville de Montbrison
à la condition que la municipalité y entretienne des frères
de la Doctrine chrétienne (ou leurs successeurs) chargé
d'instruire à perpétuité
les enfants des artisans et des pauvres et de donner à la jeunesse
une instruction catholique.
L'école ainsi créée prend le nom du saint patron
de la ville, l'évêque Aubrin.
Première école communale
de garçons
Elle va être pendant 67 ans, de 1824 à 1891, l'école
communale de garçons de Montbrison. Vers 1840, cinq frères
ont la charge de 420 enfants mais l'école a une annexe, avec
deux classes, dans les bâtiments de l'actuelle mairie.
En 1847, le conseil municipal approuve l'agrandissement de l'école
Saint-Aubrin, opération qui doit coûter 10 500 F. Un corps
de bâtiment en pierres apparentes est construit sur une terrasse
soutenue par un très haut mur de soutènement.
Les frères, instituteurs communaux, sont payés par la
ville (660 F par an pour chaque maître, en 1866) et les classes
sont gratuites. La communauté a d'ailleurs de fréquentes
contestations avec la municipalité pour des questions matérielles.
Vers 1890 est édifiée la petite chapelle de style néo-gothique
qui fait saillie sur la rue de la Providence.
"Il faudrait des tables munies d'ardoises encastrées dans le bois"
Quelques extraits des procès-verbaux des délibérations
du conseil municipal de Montbrison (année 1875) donnent un aperçu
de la situation matérielle de l'école. En novembre 1875,
l'inspecteur demande que dans la petite classe qui reçoit 85
élèves et qui n'a que des bancs, on installe des tables
munies d'ardoises encastrées dans le bois pour qu'on puisse donner
aux enfants les premières leçons d'écriture.
La commission municipale est favorable à cette proposition. Il
serait regrettable de persister à laisser sur des bancs une centaine
d'élèves à ronger leurs livres, à perdre
un temps précieux et à ne pouvoir profiter que tardivement
des leçons d'écriture qu'ils pourraient recevoir plus
tôt. Le nombre des élèves augmente tous les jours,
et l'instituteur communal ne possédant pas de mobilier suffisant,
est obligé d'attendre que des vides se fassent dans les classes
supérieures
Cela coûterait 150 F, Les édiles
hésitent devant la dépense.
Il faudrait établir, pour les professeurs, des cabinets d'aisance
dans l'intérieur du bâtiment. La municipalité répond
qu'en effet ce serait une construction convenable, malgré cela
elle n'est pas indispensable car depuis fort longtemps cet état
de chose existe .
Ces observations révèlent une grande pauvreté matérielle.
Les frères régentent un bien modeste domaine : une bâtisse
de pierres grises, une vigne, un jardin et une courette avec sa citerne
pour recueillir l'eau de pluie. L'école fait corps avec son quartier,
le quartier du château composé de maisonnettes de pisé
et de jardinets groupés le long des ruelles qui conduisent au
Calvaire.
Pour pauvre qu'elle soit l'école des frères n'en domine
pas moins la ville. Sa terrasse surplombe le porche de l'église
Saint-Pierre et l'hôtel de Meaux. Le regard peut aller aisément
jusqu'au clocher de Notre-Dame qui semble tout près. On ne va
pas à Saint-Aubrin, on y monte.
Ecole paroissiale
En 1891, au moment de la laïcisation des écoles congréganistes,
Saint-Aubrin devient une école paroissiale. La commune doit en
effet abandonner les locaux aux frères en vertu d'une clause
de l'acte de donation de 1824. Il faut construire ailleurs une école
communale de garçons.
En 1906 arrive la difficile période de la séparation des Églises et de l'État. Elle est franchie sans trop de problèmes
et, dès 1907, le bulletin paroissial peut rassurer les parents
: les poursuites engagées contre les religieux pour fausse sécularisation
sont abandonnées et un non-lieu a été prononcé
.
Après une brève fermeture des classes au cours de l'année
scolaire 1907-1908, les frères reprennent paisiblement leur mission.
Les difficultés semblent même avoir donné un regain
de vitalité à l'établissement.
Un frère rassemble des collections de petits mammifères,
d'oiseaux, d'insectes pour constituer un musée destiné
à illustrer les leçons d'histoire naturelle. Tous les
anciens élèves se souviennent des vitrines de ce fameux
musée, au premier étage du bâtiment principal. Aujourd'hui
le musée est devenu une salle de classe.
Une classe de
l'école en 1902 :
le frère montre du doigt un appareil scientifique (la machine
électrique de Ramsden) et des animaux naturalisés (un
renard et un rapace).
Son geste évoque un enseignement tourné
vers le progrès et l'étude de la nature !
Au temps ou certificat libre
Chaque année, dans les classes de Saint-Aubrin, la direction
diocésaine de l'enseignement catholique organise, courant juin,
le certificat pour les élèves des écoles libres
du Montbrisonnais.
Le bulletin paroissial nous indique les noms des lauréats montbrisonnais
pour la session de 1907 :
Pour le premier degré : Francisque Chassain,
Jean-Baptiste Chauve, Félix Cognasse, Jean Courdouan, Claude
Duché, Vital Favier, Joannès Favier, Clément Fréry,
Célestin Grange, Sébastien Malécot, Marius Machon,
Joseph Maisse, Noël Soleil, Antonia Gauchez, Marcelle Ribon.
Pour le deuxième degré : Maurice Besson, Constantin Bayle,
Antoine Champin, Marius Desout, Marius Grange, Pierre Gourd, Jean-Marie
Salleron, Marie Charret, Alexandrine Drevet, Marie-Antoinette Emard,
Marcelle Goby, Jeanne Massacrier, Marie Sijallon.
Il y avait eu, cette année-là, pour le premier degré
: 72 candidats et 62 reçus, pour le second degré : 24
candidats et 22 reçus.
Le chroniqueur paroissial commente ainsi le palmarès : Les
résultats obtenus sont excellents et dénotent chez les
élèves un travail soutenu. Les problèmes d'arithmétique
ont été très compris, surtout par les jeunes garçons
; et plusieurs du 2e degré ont déjà des aperçus
très sûrs en géométrie et en algèbre.
Par contre les jeunes filles paraissent plus fortes en style ; plusieurs
compositions étaient véritablement bien. La couture a
eu également de bonnes notes...
A la fin de juillet, une solennelle distribution des prix achève
l'année scolaire. Pour des questions de préséance,
elle est présidée alternativement par les curés
de Saint-Pierre et de Notre-Dame, car Saint-Aubrin dépend des
deux paroisses de la ville. Parents et enfants y assistent. C'est l'occasion
de prononcer de beaux discours en forme d'exhortation et de remercier
tous ceux qui contribuent à la vie matérielle de l'école.
Le bulletin paroissial nous apporte un écho de la cérémonie
de 1907 :
Le lundi 29 juillet a eu lieu la distribution des prix aux élèves
de l'école libre de Saint-Aubrin, dans la salle des fêtes
du Petit séminaire de Montbrison. Programme très varié
et fort bien exécuté de débits, monologues, dialogues,
chants, duos, chur, etc.
Au cours de la séance, M. l'abbé Simon, curé de
Saint-Pierre a adressé à tous, parents et élèves
les meilleurs conseils.
Le prix d'honneur a été mérité par l'élève
Joseph Lyonnet. C'est l'élève Gabriel Séon qui
a obtenu le plus grand nombre de prix.
En dernier lieu, ont été distribués près
d'une trentaine de diplômes, magnifiquement encadrés, des
divers certificats : primaire, supérieur et d'agriculture, obtenus
pendant le cours de l'année ...
Pour finir, Mme de la Bâtie, une généreuse paroissienne
offre des livrets de Caisse d'Epargne de 10 à
15 F aux élèves primés.
A la mémoire du frère Odérise
Quelques jours auparavant, le 24 juillet 1907, à huit heures,
maîtres, élèves et anciens élèves
s'étaient réunis dans la collégiale Notre-Dame-d'Espérance.
Un service de requiem y était célébré pour
le repos de l'âme de M. Clavel, directeur d'école libre
à Roanne.
C'est lui qui, sous le nom de frère Odérise, dirigeait
l'école Saint-Aubrin au moment où les lois contre les
congrégations furent appliquées.
La rentrée de 1907 a lieu le mardi 1er octobre. A cette occasion
Louis Rony, président du comité des écoles libres,
annonce diverses transformations à Saint-Aubrin : une partie
du potager des religieux est sacrifiée :
Nous sommes heureux de pouvoir offrir cette
année aux enfants de l'école Saint-Aubrin une cour agrandie
de moitié , une grande salle de récréation pour
les jours de pluie, et diverses améliorations de moindre importance
qui leur donneront plus d'air, plus de soleil et plus de facilités
pour prendre leurs ébats...
Fondation des P'tits
fifres montbrisonnais
Cette même année 1907, un jeune vicaire de Saint-Pierre,
l'abbé Seignol, fonde la société des P'tits fifres
monthrisonnais, groupement qui va connaître un grand développement
et avoir une réelle influence sur la jeunesse montbrisonnaise,
pendant près d'un demi-siècle.
L'Eglise de France vit alors la période difficile de la Séparation.
Au vif anticléricalisme d'une partie de la classe politique et
de la presse répond la mobilisation des catholiques.
L'abbé Seignol, né à Saint-Priest-la-Prugne en
1870, arrive à Montbrison en 1898. Pendant plusieurs années
il est chargé de la section des moyens du patronage inter-paroissial
Saint-Louis-de-Gonzague. Ce contact avec les jeunes l'enchante. Au printemps
de 1907 il dote les plus petits de fifres et les adolescents de tambours
et de clairons. A tous il donne un uniforme et un drapeau - c'est dans
le ton de l'époque, nous sommes au début du siècle
- et transforme une bande de gosses du "patro" en une troupe
martiale au service d'un idéal : "Pour Dieu pour la France"
.
Naturellement parmi la centaine de p'tits fifres , se retrouvent beaucoup
d'élèves et d'anciens de Saint-Aubrin.
La salle Saint-Pierre
Les petits fifres installent leur quartier général dans
la salle Saint-Pierre, voisine de l'école. Il s'agit d'une vaste
salle d'uvres. En projet depuis le début du siècle,
elle vient d'être achevée. La salle de spectacle peut servir
aussi de gymnase. Elle dispose d'une vraie scène et d'une tribune
dominée par une grande statue de la Vierge.
Cet immeuble a été construit sur l'emplacement d'une vieille
demeure ayant appartenue jadis aux Carton des Estivaux, aux de la Plagne
et en dernier lieu à M. de Montrouge. La bénédiction
de la nouvelle salle d'uvres a lieu le dimanche 29 mars 1908.
Sous la grande salle se trouve un autre local pouvant servir de salle
de projection et donnant sur une courette. Aujourd'hui cette longue
pièce partagée en deux est transformée en salles
de classes.
Quant au théâtre, désaffecté depuis une trentaine
d'années, il est partagé en trois parties. Une moitié
sert pour le rangement du matériel, tables, chaises, skis et
chaussures. Deux grandes salles, aménagées grâce
au travail d'équipes de parents bénévoles, viennent
d'entrer en service. L'une est polyvalente, l'autre abrite l'équipement
informatique destiné aux écoles catholiques du Montbrisonnais.
1908 : "confiance et fidélité"
Le 29 juillet 1908, pour la première fois, la distribution des
prix a eu lieu dans la grande salle du patronage, le tout nouveau théâtre.
Le chanoine Berthelot, curé de Notre-Dame, préside la
cérémonie.
Evoquant les difficultés surmontées au moment de la Séparation,
il conclut avec un optimisme inébranlable : Dévouement
et générosité d'une part, confiance et fidélité
de l'autre, c'est là le gage de nombreuses et prospères
années de notre chère école de Saint-Aubrin.
En 1909, l'école Saint-Aubrin a sept classes. Elle est dirigée
par M. Julien Ravix, directeur, assisté de MM. Auguste Menard,
Louis Menard, Claude Bayle, J. Fournier, Eugène Beauffet, et
J.-P. Vray. En 1910, MM. Fournier et Vray s'en vont et sont remplacés
par les frères Dumontail et Touchebuf.
Au même moment, une autre école paroissiale de garçons,
l'externat Saint-Joseph, fonctionne rue des Arches avec deux classes
Première séance de cinématographe
Evénement en 1910 : on annonce la première séance
de cinéma, dans le cadre du patronage du dimanche. Elle aura
lieu, dans la salle des uvres de la rue du Collège, évidemment.
Jusque là les abbés se contentaient de la lanterne magique.
La séance commencera exactement à 4 h 1/2, heure du clocher
de Notre-Dame. Cette heure une fois passée les portes seront
fermées
Il en coûte 1 F pour voir les merveilles
du cinématographe et on attend la grande foule.
En effet, la salle est bondée. La séance dure deux heures.
Elle comprend un petit film sur le pèlerinage à Lourdes
puis une "partie amusante" avec "le généreux
dévouement du médecin de campagne", "La punition
méritée de deux petits vauriens", "les débuts
malheureux d'un chauffeur", "les multiples farces de Toto"...
A mesure que se déroulaient les vues, sous la direction habile
de M. l'Abbé Pâtissier, M. l'Abbé Planchet en donnait
une courte et claire explication.
Le chroniqueur du bulletin paroissial est enthousiasmé : Il mérite
vraiment bien son nom de "Merveilleux" le Cinématographe,
dernière création de la maison Pathé, de Paris,
dont Mme de la Bâtie vient de doter l'uvre du patronage
du dimanche... On se croyait à Lourdes.
"Juste récompense de l'application soutenue des élèves"
L'année scolaire 1909-1910 s'achève par une riche moisson
de diplômes et de prix. D'abord le certificat libre dont voici
les résultats pour Saint-Aubrin :
Certificat primaire : 16 reçus sur 17 : Isidore
Laurent, Claudius Chauve, Louis Gros, André Ribon, Jean Juban,
Gabriel Favard, Jean Fréry, Paul Michel, Marcel Gorand, Alexis
Goure, Antoine Chalayer, Joseph Delage, Jean Demariaux, Laurent Joannet,
J.-B. Chamarel, Pierre Laurent.
Certificat supérieur : Claude Dupin, Jean Arthaud.
Quatre élèves (sur quatre) obtiennent le diplôme
agricole, tous avec mention : Pierre Juban,
mention très bien, Jean-Baptiste Chauve, mention bien, Benoît
Bouchet, mention bien, Jean Courdouan, mention bien.
Six élèves obtiennent le certificat agricole du 1er degré,
dont cinq avec mention : Jean Thinet, très
bien, Jean Juban, bien, Emile Montet, bien, Marius Devin, Jean-Marie
Dupin, bien, Pierre Laurent.
Mme de la Bâtie, MM. de la Plagne, de Vazelhes et Louis Rony offrent
les livrets de caisses d'épargne et le chanoine Berthelot complimente
maîtres et élèves et donne les meilleurs conseils
pour le temps des vacances aux enfants et aux parents.
Le bulletin paroissial publie aussi les noms des élèves
"les plus méritants" :
Cours supérieur : Claudius Chauve, B.
Bouchet, Jean Courdouan, Pierre Juban, P. Montet, M. Devin, M. Jounin,
E. Montet, L. Bernard.
Première classe : L. Gros, J. Delage,
C. Chauve, A. Ribon, J. Fréry, J. Demariaux, P. Michel, J.-P.
Plasse, I. Laurent J.-M. Garand, M. Croze, M. Chaland, J. Massecrier,
A. Michon, A. Héritier.
Deuxième classe : Jean Pupier, J. Morin,
V. Montet, G. Taillandier, J. Coiffet, T. Beaudoux, R. Viallard, Th.
Prioux.
Troisième classe : P. Avignant, J. -M.
Delacellery, L. Duchez, J. Giraud, J.-M. Néel, M. Mellet, N.
Chossy.
Quatrième classe : J. Garand, J. Palmier,
M. Poyet, Cl. Guillot, Ph. Morin, A. Fortunier.
Cinquième classe : H. Thinet, A. Bordet,
J. Devin, Cl. Piron, P. Essertel.
Les prix de catéchisme ont été offerts par le chanoine
Berthelot à : B. Bouchet, J. Delage, Th.
Prioux, M. Beaudoux, J. Palmier et H. Thinet.
Quand Monsieur Sary prenait son violon
En 1922 l'école compte quatre classes avec les frères
Auguste Menard, Louis Menard, Touchebuf et Sary, le rez-de-chaussée
du bâtiment principal est occupé par les classes. Il y
a encore dans la vie de l'école beaucoup de l'austérité
du siècle précédent. On se chauffe, parcimonieusement
au coke. Les grands élèves s'occupent de faire du petit
bois dans le bûcher. C'est actuellement le local où se
trouve la chaudière du chauffage central. Quand les cinq platanes
de la cour sont élagués les branches coupées sont soigneusement
débitées pour faire du petit bois.
Les leçons de gymnastique dans la cour ou sous le préau
sont rarissimes. Les manuels sont anciens et très fatigués.
Pourtant les élèves ne perdent pas un instant. Tout est
consacré aux devoirs et aux leçons. On écrit beaucoup,
avec pleins et déliés, à l'encre et à la
plume, bien entendu. Mais quelquefois, en forme de récompense
sans doute, Monsieur Sary tire son violon de l'étui .
Une dragée ou une image
Mensuellement le chanoine Romagny, archiprêtre de Notre-Dame,
monte à l'école pour la lecture des notes. Il gourmande
les paresseux puis ouvre une grande boîte à cigares et
offre rituellement à ceux qui ont eu un billet d'honneur, au
choix, une dragée ou une image.
Les frères enseignent l'histoire sainte mais laissent au clergé
le soin du catéchisme. Chaque enfant le suit dans l'église
de sa paroisse respective. La fête-Dieu donne l'occasion de sortir
les multiples bannières qui sont portées par les plus
grands pour la procession solennelle. Pour Saint-Pierre, la baronne
de Vazelhes est la grande ordonnatrice de la cérémonie.
Il y a messe des enfants chaque jeudi à 8 h, à Notre-Dame
et à Saint-Pierre. Chaque premier vendredi du mois, à
seize heures, les classes descendent, quasi processionnellement, à
Notre-Dame pour l'adoration du Saint-Sacrement : les garçons
de Saint-Aubrin occupent la droite de la nef et les élèves
des dames de Saint- Charles la gauche. Le retour à l'école
se fait en rangs et en silence...
Le tour à bois à pédale
Les deux ateliers de l'ancien bâtiment sont encore utilisés
pour le travail manuel. Pour ces cours, les frères font appel
à des professionnels. M. Pierre Savatier, quincaillier de la
rue Tupinerie mais menuisier de métier, s'occupe du travail du
bois. Les apprentis disposent de quelques outils et d'un pittoresque
tour à bois qui fonctionne grâce à une pédale
comme une machine à coudre.
M. Blache, ajusteur aux établissements Chavanne régente
l'atelier "fer" qu'un industriel monthrisonnais, M. Brunot,
a généreusement doté d'une enclume .
A cette même époque M. Maurice Hazard, technicien aux usines
Chavanne, dirige un cours du soir consacré à la technologie
de l'ajustage dans les locaux de Saint-Aubrin. Ses élèves
sont des anciens de l'école ou des autres établissements
de la ville.
Pour illustrer ses leçons de physique et de chimie, M. Sary,
qui a la charge de la première classe, emmène ses élèves
au "musée" de l'école et met en uvre cornues
et éprouvettes, la machine à faire le vide et même,
quelquefois, celle qui produit de l'électricité... Ces
démonstrations sont très prisées et le frère
recommence son cours pour les demoiselles de l'externat Notre-Dame qui
viennent épisodiquement au "cabinet de physique" de
Saint-Aubrin conduites par leurs maîtresses .
Le figuier qui ombrage la petite cour au pied de la chapelle voit des
petits entrer et des grands s'en aller. Les saisons et les années
passent.
L'Amicale des anciens
Cette association très vivante joue depuis longtemps un rôle
important dans la vie de l'école. Elle a, elle aussi, une longue
histoire. C'est le 6 août 1906 que se constitue une "Association
des familles des écoles libres de la paroisse Saint-Pierre de
Montbrison" sous la présidence de M. Louis Rony.
Les statuts sont modifiés plusieurs fois, notamment en 1935 sous
la présidence de M. Léon Austruy et en 1943 sous celle
de M. Maurice Hazard. Elle prend alors le nom "d'association des
familles de l'école libre de Saint-Aubrin".
Après la guerre, "l'Association amicale des anciens élèves
des frères et amis des écoles libres" modifie à
nouveau ses statuts avec M. Paul Dupayrat comme président. Ensuite
elle est dirigée successivement par M. Pierre Faure puis par
M. Fernand Poty . Aujourd'hui [1986] "I'Amicale des anciens de
Saint-Aubrin" que dirige Pierre Chambon compte plus de six cents
cotisants. Très active, elle constitue un lien indispensable
entre les générations qui se succèdent et un puissant
soutien, tant financier que moral, pour l'école.
L'école est réquisitionnée
En 1939-1940, il y a 133 élèves sous la direction du frère
Pauze. En 1940, c'est le frère Bourgin qui devient directeur.
L'afflux de familles réfugiées gonflent les affectifs.
Il y a alors sept classes et c'est la guerre et l'Occupation.
Le docteur Vial, maire de Montbrison, doit loger l'occupant qui arrive
en décembre 1942. L'institution Victor-de-Laprade est menacée
par la réquisition mais c'est un petit séminaire et, de plus, elle abrite des pensionnaires alors on sacrifie Saint-Aubrin.
Du jour au lendemain, il faut complètement vider les salles de
classe. Tout ce qui a un peu de valeur est serré en hâte
dans la chapelle. Une unité de la Wehrmacht s'installe dans les
lieux. Le premier étage sert de dortoir. La salle Saint-Pierre
de réfectoire, l'ancien bâtiment d'entrepôt. Un
grand lavabo de campagne est installé dans la cour pour les ablutions
des soldats. Les troupiers brûlent, une à une, les chaises
du théâtre pour se chauffer...
Quant aux frères et aux instituteurs laïcs qui habitent
l'école ils doivent se réfugier au deuxième étage,
dans les combles et, pour rentrer chez eux tendre leur laissez-passer
à la sentinelle allemande qui garde la porte de l'école.
Après quelques semaines, ils trouvent asile chez M. de Meaux.
Parmi les jeunes soldats se trouvent de nombreux Polonais incorporés,
contre leur gré, dans l'armée allemande. Ils jouent l'Ave
Maria sur leurs harmonicas, font des collectes pour faire dire des messes
pour leurs familles et offrent, discrètement des cigarettes aux
religieux...
Départ des frères des Ecoles
Chrétiennes
Le départ des Allemands se fait très rapidement. En quelques
heures tout est déménagé. La paille des matelas
est brûlée au pied des platanes de la cour et l'école
se retrouve vide. Les différentes classes qui avaient été
dispersées aux quatre coins de la ville, au cinéma Rex,
à l'externat Notre-Darne, dans les couloirs de l'institution
Victor-de-Laprade
rentrent au bercail.
En 1944 le frère Marcel Courtial est directeur. Il sera le dernier
frère-directeur de l'école. En 1945-1946, il y a cinq
classes et 173 élèves avec comme instituteurs : frère
Courtial, frère Desfonds, M. Jean-Louis Aubert, Mlle Josette
Meunier et Mlle Vaillant.
En 1947, le 16 mai, la fête de saint Jean-Baptiste de la Salle
est une dernière fois célébrée par les religieux.
Le grand portrait du fondateur de l'Institut est accroché au
mur extérieur, dans la petite cour, au-dessus de la porte du
passage. Tous les élèves réunis chantent :
Honneur à toi, glorieux de la Salle,
Apôtre des enfants et gardien de leur foi,
Vainqueur de l'ignorance
A l'âme si fatale, honneur à toi !
La journée se poursuit par une promenade pour
toutes les classes. En août 1947, les frères des écoles
chrétiennes quittent Saint-Aubrin après cent vingt-cinq
années de présence. Un long chapitre de l'histoire de
l'école s'achève.
Après le départ des frères
Après le départ des religieux le premier directeur est
M. Pierre Marie Decombe qui dirige l'école de 1947 à 1952.
Pierre Pépier lui succède pour quatre années (1952
à 1956) jusqu'à l'arrivée, de M. Maurice Desfonds,
qui auparavant, était directeur de l'école privée
de Sury-Ie-Comtal.
La bonne marche de l'établissement et la poussée démographique
font que les effectifs se gonflent considérablement. De 4 classes
en 1952, Saint-Aubrin passe à 6 classes en 1962, 7 en 1963, 8
en 1970, 9 en 1974, 10 en 1979. Depuis cette date le nombre des élèves
oscille entre 250 et 300 avec dix postes
En ce qui concerne la gestion matérielle c'est M. Girin qui
assume jusqu'en 1957 une situation difficile car l'école est
très pauvre. En 1957 M. Thiollier lui succède, remplacé
lui-même en 1959 par M. Francisque Ferret. C'est sous la responsabilité
de ce dernier que les écoles catholiques de Montbrison passant
des contrats avec l'État (1960) et connaissent un développement
sans précédent. En 1986, après vingt-cinq années
d'un travail désintéressé et efficace, M. Ferret
laisse la place comme président de l'organisme de gestion à
M. Georges Faucher.
Chronique des dernières années [jusqu'en 1986]
Les années passent apportant leur lot de soucis et de satisfactions.
Voici quelques moments marquants de l'histoire vingt dernières
années.
1973 : André Guillot devient directeur.
1974 : Départ à la retraite de M. Desfonds, après
une longue et fructueuse direction de 17 années. Départ
à la retraite de M. Aubert qui était à l'école
depuis 1942.
1978 : mise en place du premier conseil d'établissement. Cette
structure de concertation regroupe tous ceux qui sont intéressés
par la marche de l'école : parents élus, enseignants,
gestionnaires, A.P.E.L. et Amicale des anciens.
1979 : Saint-Aubrin devient une école mixte (en 1994, les filles
représentent pratiquement la moitié de l'effectif). Cette
même année, premières sorties de ski de fond.
1980 : l'Association de parents et l'Amicale des anciens dotent l'école
du matériel nécessaire pour le ski de fond. En collaboration
avec le collège Victor-de-Laprade commence l'initiation à
l'anglais pour les élèves de CM2. Un projet éducatif
global est élaboré et publié. Il insiste sur la
participation des parents et l'épanouissement complet de l'enfant.
1982 : premier séjour en classes de mer pour les élèves
de CE1. Première journées "portes ouvertes"
avec exposition de travaux d'élèves.
1984 : début de l'informatique à l'école
1985 : l'école remporte la coupe de la meilleure équipe
de natation des écoles de la ville.
1986 : réfection de la salle Saint-Pierre, en partie grâce
au concours de parents bénévoles. Développement
de l'informatique. L'école dispose de dix ordinateurs. Un nanoréseau
pour le service de toutes les écoles catholiques du Montbrisonnais
est installée dans la salle des P'tits fifres.
1989 : ouverture de la bibliothèque de l'école.
1990 : Mme Christiane Terrasson prend la direction de l'établissement.
1991 : ouverture d'une 12e classe.
1992 : rénovation complète de l'ancienne chapelle et de
l'ancienne bibliothèque des frères.
1993 : ouverture du 13e classe (354 élèves).
Ecole d'hier, école de demain
Aujourd'hui, au cur de la cité, la vieille école
se tourne franchement vers l'avenir. Avec une pédagogie et des
outils renouvelés, elle continue de former des générations
d'écoliers en s'appuyant sur des valeurs de toujours : le travail
bien fait, la probité, la générosité...
En cela elle souhaite rester digne des disciples de Jean-Baptiste de
la Salle qui ont, pendant si longtemps fait son histoire.
J. B.
Ces notes d'histoire locale reprennent
pour une bonne part une série d'articles publiés par l'Essor
du Forez en février, mars et avril 1986 sous le titre
: Saint-Aubrin : une école, un quartier
.
Emblème de l'Institut
des frères des écoles chrétiennes
*
* *
La
grande cour vue des greniers de l'école
*
* *
C'était
la
plus vieille école de
Montbrison
Saint-Aubrin
rue du Collège
1819-2007
4
juillet 2007 : derniers jeux d'enfants sous les gros platanes de Saint-Aubrin.
16 h 30 : ultime sortie. L'école ferme ses portes. Une longue
histoire s'achève. Près de deux siècles de lecture,
d'écriture et de calcul pour tout un peuple d'enfants. Retour
dans les vieux murs où des générations de Montbrisonnais
ont appris à lire.
L'école gratuite
du quartier du Château
En 1809, existe déjà, à la place de Saint-Aubrin,
"une maison d'école gratuite". C'était
sans doute avant la Révolution l'une des "petites écoles".
Il est sûr, en tout cas, que l'école du quartier du château
est fondée avant 1819. Le curé de Saint-Pierre y installe
alors les Frères des écoles chrétiennes.
Une paroissienne de Saint-Pierre, Jeanne-Marie de la Mure, veuve Salle,
achète pour 4 000 F à M. de Meaux une maison voisine de
l'école gratuite. Le 14 janvier 1824, elle en fait don à
la ville de Montbrison. A une condition cependant : elle devra, à
perpétuité, servir aux Frères des écoles
chrétiennes - ou leurs successeurs - qui seront chargés
"d'instruire les enfants des artisans et des pauvres et de donner
à la jeunesse une instruction catholique".
L'école prend le nom de l'évêque Aubrin, saint patron
de la ville. Il y avait justement tout près, dans le château,
une chapelle sous ce vocable, détruite après la Révolution.
Première école
communale de garçons
Saint-Aubrin est pendant 67 ans, de 1824 à 1891, l'école
communale de garçons de la ville. Vers 1840, cinq frères
ont la charge de 420 enfants. L'école a une annexe, avec 2 classes,
dans les bâtiments de la mairie.
En 1847, le conseil municipal approuve l'agrandissement de l'école,
opération qui coûte 10 500 F. Un corps de bâtiment
en pierre est construit sur une terrasse soutenue par le très
haut mur qui domine la petite rue du Collège. C'est seulement
vers 1890 qu'est édifiée la petite chapelle de style néo-gothique
de la rue de la Providence.
L'école possède un cours supérieur d'un bon niveau.
Géométrie et dessin s'allient à des activités,
très concrètes, comme l'arpentage. Un peu d'architecture,
du dessin d'art et industriel, des notions de comptabilité
Cependant ces activités ne concernent qu'un petit nombre d'élèves,
la plupart en restent au syllabaire et au catéchisme.
Les Frères, instituteurs de la Ville
Les frères sont payés par la Ville : 660 F par an pour
chaque maître, en 1866. Les classes sont gratuites. Mais les fournitures
scolaires -"les classiques" - restent à la charge des
familles
La situation matérielle de l'école frise d'indigence.
En 1875, la petite classe a 85 élèves. Elle n'est meublée
que de bancs. L'inspecteur demande qu'on y installe "des tables
munies d'ardoises encastrées dans le bois, pour qu'on puisse
donner aux enfants les premières leçons d'écriture".
Mais la dépense fait hésiter la municipalité
Les frères régentent donc un modeste domaine : une bâtisse
de pierre grise, une petite vigne, un jardin et une courette avec sa
citerne pour recueillir l'eau de pluie. L'école fait corps avec
son quartier, celui du château, un des plus pauvres de la ville
formé de maisonnettes de pisé et de jardinets le long
des ruelles qui conduisent au Calvaire.
Pour être pauvre l'école des Frères n'en domine
pas moins la cité. Sa terrasse surplombe le chur de l'ancienne
église Saint-Pierre et l'hôtel de Meaux. De là,
le regard peut aller aisément jusqu'au clocher de Notre-Dame
qui semble tout près. On ne va pas à Saint-Aubrin, on
y monte.
Saint-Aubrin, école
paroissiale
En 1891, à la laïcisation des écoles congréganistes,
Saint-Aubrin devient école paroissiale. La commune abandonne
les lieux aux frères en vertu de l'acte de donation de 1824.
La ville construit ailleurs une école communale de garçons.
Ce sera l'école Chavassieux.
Après une brève fermeture au cours de l'année scolaire
1907-1908, les frères reprennent paisiblement leur travail d'éducation.
Les difficultés passées semblent même donner un
regain de vitalité à l'école.
Un religieux rassemble des collections de petits mammifères naturalisés,
d'oiseaux, d'insectes afin de constituer un "musée"
pour illustrer les leçons d'histoire naturelle. Un frère
se passionne pour la botanique. Un autre s'intéresse à
l'apiculture. Le potager, soigneusement cultivé, permet quelques
travaux pratiques d'agriculture. Une petite forge et un atelier de menuiserie
sont installés dans le bâtiment le plus ancien de la rue
du Collège. Les apprentis disposent de quelques outils et d'un
pittoresque tour à bois à pédale. Cet outil digne
d'un musée a, par la suite, été remis à
l'école Sainte-Barbe, l'actuel lycée technique stéphanois,
ainsi que l'outillage le moins vétuste.
Le temps des P'tits Fifres
En 1907, un vicaire de Saint-Pierre, l'abbé Seignol, fonde la
société des "P'tits Fifres Montbrisonnais".
Cette formation connaît une grande faveur. Les P'tits Fifres font
de la musique, de la gymnastique, du tir, de l'escrime, de l'athlétisme,
de la boxe
Les P'tits Fifres sont à l'origine de plusieurs
sociétés sportives encore bien vivantes aujourd'hui telles
que le Football Club Montbrisonnais et le Basket Club Montbrisonnais
Les P'tits fifres installent leur quartier général dans
la salle Saint-Pierre, voisine de l'école. Il s'agit d'une vaste
salle d'uvres . En projet depuis le début du siècle,
elle vient d'être achevée. La salle de spectacle peut servir
de gymnase. Elle dispose d'une vraie scène et d'une tribune.
Dans le domaine culturel, les représentations théâtrales
données par les Fifres se multiplient. Elles aboutissent, dès
1911, à la mise en scène des fameux "Mystères
de Noël", succession de tableaux inspirés de l'Evangile
avec churs et musique. Ils ont un grand succès.
11 novembre 1918, l'Armistice. Enfin s'achève la grande Guerre
! Toutes les cloches et clochettes que compte Montbrison tintent longuement.
Les grands écoliers de Saint-Aubrin sonnent tant et plus, jusqu'à
ce que la cloche de la petite cour se casse
Quand Monsieur Sary prenait
son violon
En 1922 l'école compte seulement quatre classes
avec comme titulaires les frères Ménard (Auguste et Louis),
Touchebuf et Sary. Elle semble s'être rétractée
sur elle-même. Seul, le rez-de-chaussée du bâtiment
principal est occupé par les classes. Il y a encore dans la vie
quotidienne toute l'austérité du siècle précédent.
On se chauffe - assez mal - au coke. La livraison s'effectue dans la
rue de la Providence, seul accès possible avec un véhicule.
Le charbon descend par un gros conduit dans un édicule bâti
au fond de la petite cour. Il y a autant de poussière que de
charbon. Les poêles, pourtant dits à feu continu, s'étouffent
facilement. Les grands élèves occupent leur récréation
à faire du petit bois dans le bûcher. Quand les cinq platanes
de la grande cour sont élagués on débite soigneusement
les branches coupées. Le chauffage central ne sera installé
que beaucoup plus tard, dans les années soixante. Alors la chaudière
viendra tout naturellement prendre sa place dans l'ancien "bûcher".
La gymnastique se pratique dans la cour ou sous le préau. Les
manuels scolaires sont anciens et très fatigués. Pourtant
les élèves ne perdent pas un instant. Tout est consacré
aux devoirs et aux leçons. On écrit beaucoup, avec pleins
et déliés, à l'encre violette et à la plume,
la fameuse Sergent-major. Mais, quelquefois, s'il est satisfait, M.
Sary, comme récompense, prend son violon...
L'école est réquisitionnée
En 1939-1940 il y a 133 élèves sous la direction du frère
Pauze. En 1940, c'est le frère Bourgin qui devient directeur.
Les effectifs gonflent avec l'afflux de familles de réfugiés.
Il y a alors 7 classes. C'est la guerre et l'occupation.
Le docteur Jean Vial, maire de Montbrison, doit loger l'occupant. L'école
est réquisitionnée. Les classes sont vidées. Tout
ce qui a un peu de valeur est serré en hâte dans la chapelle.
Une unité de la Wehrmacht s'installe dans les lieux. Le premier
étage sert de dortoir, la salle Saint-Pierre de réfectoire,
l'ancien bâtiment d'entrepôt. Un lavabo de campagne est
installé dans la cour pour les ablutions des soldats. Ils brûlent
une à une les chaises du théâtre pour se chauffer...
Quant aux frères et aux instituteurs laïcs qui habitaient
l'école, ils doivent se réfugier au deuxième étage,
dans les combles. Et, pour rentrer chez eux, tendre leur laissez-passer
à la sentinelle qui garde la porte de l'école. Après
quelques semaines, ils trouvent asile dans la maison de M. de Meaux.
C'est l'époque où la vie des classes est émaillée
d'alertes. Quand la sirène avertit d'un risque de bombardement,
maîtres et élèves quittent au plus vite la ville
pour aller en direction de Curtieux ou d'Ecotay.
Le départ des Allemands se fait très vite. En quelques
heures tout est déménagé. La paille qui servait
de literie est brûlée au pied des platanes de la cour.
Les classes avaient été dispersées aux quatre coins
de la ville : au cinéma paroissial Rex, à l'externat Notre-Dame,
à Montchenu, dans les couloirs de l'institution Victor-de-Laprade...
Elles rentrent au bercail.
En 1944, le frère Marcel Courtial est directeur. C'est le dernier
frère directeur de Saint-Aubrin. En 1945-1946, il y a cinq classes
et 173 élèves avec comme enseignants : frère Courtial,
frère Desfonds, M. Jean-Louis Aubert, Mlle Josette Meunier et
Mlle Vaillant.
Après le départ des Frères
En 1947, le 15 mai, la fête de Jean-Baptiste de la Salle est une
dernière fois célébrée par les religieux.
Le portrait du fondateur de l'Institut est accroché à
l'extérieur de l'école, dans la petite cour. Tous les
élèves réunis chantent :
Honneur à toi,
glorieux de la Salle,
Apôtre des enfants et gardien de leur foi,
Vainqueur de l'ignorance
à l'âme si fatale,
Honneur à toi !
Pendant le reste de la journée,
il y a promenade pour toutes les classes.
En août 1947, les frères des écoles chrétiennes
quittent Saint-Aubrin, après cent vingt-cinq années de
présence. Seul reste le souvenir du bon travail accompli. Un
long chapitre de l'histoire de l'école s'achève.
Après le départ des religieux le premier directeur est
Pierre-Marie Décombe. Il dirige l'école de 1947 à
1952. Pierre Pépier lui succède, de 1952 à 1956,
jusqu'à l'arrivée de Maurice Desfonds, qui
venait de l'école privée de Sury-le-Comtal.
Depuis 1960 l'école se réapproprie peu à peu ses
locaux. Le bâtiment ancien, longtemps inutilisé, est réhabilité.
La salle Saint-Pierre est à nouveau utilisée. La bonne
marche de l'école et la démographie font que le nombre
d'élèves augmente fortement. De 4 classes en 1952, Saint-Aubrin
passe à 13 en 1994. Entre temps, en 1979, elle est devenue mixte.
En juillet 2007 : dernier départ en vacances. Suite à
une réorganisation générale de l'enseignement catholique
à Montbrison, l'école Saint-Aubrin fusionne avec l'école
Saint-Exupéry. Le nouvel établissement nommé Saint-Charles
s'installe rue Puy-de-la-Bâtie en septembre 2007.
Tout n'est pas fini pourtant pour la vénérable
maison de la rue du Collège. Elle reste un lieu consacré
à la pédagogie. Rénovée, elle doit accueillir
dès la rentrée 2008 le lycée d'enseignement professionnel
Saint-Paul-Saint-Aubrin. Une nouvelle histoire commence.
Joseph Barou
[La
Gazette de la plaine, 2007]
La grande cour
provisoirement
désertée...
entrée côté palais de justice
*
* *
2018, onze ans plus tard,
l'ancienne école Saint-Aubrin devient lycée
Saint-Paul-Forez...
Le 5 avril 2019 inauguration du nouveau site
du lycée Saint-Paul-Forez
*
* *
Distribution
des prix à Saint-Aubrin
août 1902
juillet 1905
juillet 1909
Rentrée de 1944-1945
La Liberté du 30 septembre 1944
1956
Cliché Marguerite-Fournier, archives de la Diana (document scanné par R. Landon)
Un groupe d'élèves de l'école Saint-Aubrin rassemblés dans la salle Saint-Pierre
au-dessous de la tribune ; parmi eux deux religieuses (1956).
Cliché Marguerite-Fournier, archives de la Diana (document scanné par R. Landon)
Madame Rival avec les élèves du C.P. de l'école Saint-Aubrin dans la salle Saint-Pierre
pour un arbre de Noël (1958).
Cliché Marguerite-Fournier, archives de la Diana (document scanné par R. Landon)
Salle Saint-Pierre, école Saint-Aubrin
arbre de Noël (1959).
Autres
pages :
gestion
du site :
Joseph Barou
questions,
remarques
ou suggestions
s'adresser :
|
|
7 décembre 2016
|
|
|