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Emblème de l'Institut
des Frères des Ecoles Chrétiennes

 

Saint-Aubrin

l'école des Frères

19, rue du Collège

 

Tarif des effets classiques

(liste de fournitures scolaires)

 



Le dessin à l'honneur

 

Enseignement religieux
très présent

La bibliothèque
de l'école Saint-Aubrin
Les volumes reliés
sont marqués
"Frères de Montbrison"

 

Pour Saint-Aubrin
et l'enseignement
à Montbrison
voir aussi

les pages spéciales :


Ecole saint-Aubrin


Ecole-Saint-Joseph
Montbrison


L'herbier
de frère Victor


Hommage
au docteur Rey


Frère Philippe


Jean-Baptiste
Massillon


Règlement écoles
de la loire 1852

Quelques articles
en ligne :

L'enseignement
dans le Montbrisonnais

au 19e siècle
(format pdf, 15 p.)

A propos d'un manuel scolaire
du 19e siècle :
La lecture sans maître
(7 p.)

Jean-Baptiste Massillon
et le collège des Oratoriens
de Montbrison
(5 p.)

L'asile de l'hôtel d'Allard,
première école maternelle

de Montbrison (1855)
(4 p.)

L'école Saint-Aubrin,
une école, un quartier
(10 p.)

Les journaux lus
par les Frères de Montbrison

à la fin du 19e siècle
(2 p.)

Montbrison

 

 

 


La grande cour de l'école Saint-Aubrin (mai 2007)

 

Lire, écrire et compter
chez les Frères

à Montbrison

 

A propos d'une liste de fournitures
de l'école Saint-Aubrin

Le matériel scolaire de l'élève d'autrefois

L'école Saint-Aubrin était située au 19 de la rue du Collège, à Montbrison. Elle fut pendant longtemps - de 1824 à 1891 - l'école communale de garçons. L'école avait, suivant les époques, cinq ou six classes. Sa direction était confiée aux Frères des Ecoles Chrétiennes, de l'Institut fondé par Jean-Baptiste de la Salle.

Le Tarif des effets classiques

Lors de sa fermeture, nous avons relevé un intéressant document qui concerne le riche passé pédagogique des lieux. Il s'agit d'une liste soigneusement calligraphiée sur une simple feuille de papier. Elle est intitulée Tarif des effets classiques et se trouve collée au revers de la porte gauche d'une immense armoire. Ce meuble imposant était primitivement dans la pièce dite "du musée" au premier étage du bâtiment principal. Il a été déplacé dans les années soixante-dix pour être placé au bas des escaliers qui montent au secrétariat de l'école. Il servait à entreposer les fournitures scolaires : cahiers, crayons, plumes, gommes, etc. Il s'agissait donc de la "
procure" de l'école. La liste rappelait au frère qui en était chargé le prix des divers objets fournis aux élèves. L'école étant communale, les religieux étaient salariés par la Ville et la scolarité était gratuite. Cependant les fournitures scolaires, appelées alors "les effets classiques" ou simplement les "classiques" étaient facturées aux familles.

Ce texte ne comporte pas de date mais il date probablement de la deuxième moitié du 19e siècle. L'ensemble des 57 articles, classés par ordre alphabétique, donne une idée d'ensemble du matériel personnel indispensable à l'écolier d'autrefois. Il nous renseigne aussi sur les matières enseignées. Ajoutons que Saint-Aubrin n'était pas une petite école de campagne mais un établissement d'une certaine importance et d'une bonne renommée.

Les manuels scolaires

Commençons par les manuels scolaires. Il y en a 16 en tout. C'est peu pour l'ensemble des cours allant de la classe des "commençants", l'équivalent du cours préparatoire, au cours supérieur. Pour chaque matière, il a seulement deux manuels pour couvrir sept années de scolarité (1) : le cours lui-même et un livre moins copieux et moins coûteux appelé "Extrait". La forme abrégée est utilisée pour les classes inférieures.

Les mathématiques sont les mieux dotées avec 7 ouvrages : une Arithmétique, un Extrait d'arithmétique, des Exercices de calcul, des Problèmes d'arithmétique, une Géométrie "ancienne" et une Géométrie "nouvelle" et enfin un Atlas géométrique. Les manuels de géométrie sont les plus coûteux à cause des nombreuses figures qu'ils comportent.

La langue française est étudiée à l'aide de 5 manuels. Le Syllabaire convient pour les plus petits. Une Grammaire et des Exercices orthographiques sont accompagnés des inévitables Extraits.

Une Géographie "ancienne" voisine avec des Extraits tout comme une Histoire dite "grosse". Notons qu'il n'y a aucun manuel de sciences naturelles ou physiques. Ces disciplines étaient pourtant enseignées et mises en valeur. Le "musée" de l'école recélait des collections d'oiseaux, de petits mammifères, d'insectes… Un frère (2) avait constitué un volumineux herbier. Il y avait aussi des tubes, des éprouvettes… et même une machine à produire l'électricité.

Un matériel personnel limité

Pour écrire, gommer et coller, l'élève dispose d'une série limitée d'outils : 15 articles en tout. Il y a quatre sortes de crayons. Crayon "ordinaire" (5 centimes) et crayon "fin" (10 centimes) se résument à une mine qui doit être inséré dans un porte-crayon qui vaut 15 centimes. Il y a aussi un crayon "dans le bois" à 15 centimes et le "Conté" utilisé pour le dessin. Trois porte-plumes plus ou moins perfectionnés sont disponibles. L'ordinaire coûte 5 centimes, celui "à crans" le double, le modèle "à bascule" le triple. Règle plate et équerre servent à la géométrie, mais il n'y a ni compas, ni rapporteur, ni double-décimètre.

Relevons encore de la colle "à bouche". Cette colle à base de gélatine était sèche et devait être humidifiée avec un peu de salive avant d'être employée d'où son nom.

Enfin on trouve "le style", avec deux modèles. C'est le plus coûteux des outils de l'écolier (90 centimes) et sans doute aussi le plus dangereux pour de jeunes enfants. Ce poinçon sert pour écrire sur une tablette recouverte de cire. Le manche aplati permet ensuite d'effacer l'inscription. Ce système, très archaïque, était utilisé avant l'ardoise. Etait-il encore en usage à l'école au milieu du 19e siècle ou était-il tombé en désuétude ? Peut-être n'est-il plus proposé aux écoliers et noté simplement dans la liste pour mémoire. D'ailleurs le prix du style "dit de Lyon" n'est pas noté.

Il n'y pas ni plumier ni de trousse pour ranger le petit matériel individuel mais seulement une modeste boîte en carton à 10 centimes. Les plus fortunés peuvent s'offrir la cassette, "avec balustre" à 2 F ou "sans balustre" qui coûte la belle somme de 6 F. Mais comment se présentent ces cassettes et en quoi diffèrent-elles l'une de l'autre ? Nous aimerions le savoir.

Le dessin à l'honneur

Si l'on excepte le cahier de musique, il n'y a pour les exercices écrits qu'un seul type de cahier, nommé "devoir" et assez coûteux : 1 F pièce. Plusieurs articles montrent que le dessin est à particulièrement à l'honneur : feuilles de papier, grandes et petites, estompes, fusain et sandaraque. Ce dernier produit est un vernis à base de résine de thuya servant à fixer les dessins réalisés au crayon. Il est vendu en fiole au prix de 25 centimes. Pour enseigner le dessin les frères disposaient de grands cartons avec des sujets ainsi que de modèles en plâtre.

Chaque dimanche, les frères organisaient à 8 h ½ et 1 h ½ des cours de dessin pour leurs trois premières classes, séances sans doute facultatives. En 1869, sous la direction de frère Octubre, leur professeur, des élèves du cours supérieur avaient réalisé une composition de grand format, sur un motif antique, en hommage au docteur Eugène Rey qui venait d'être nommé maire de Montbrison.

Pour transporter livres et cahiers de l'école à la maison, le cartable proposé vaut 45 centimes et son modèle économique, le "carton", seulement 10 centimes. Bien sûr, ces deux articles peu coûteux n'ont à voir avec un luxueux sac en cuir, encore moins avec la "boge" des lycéens d'aujourd'hui. Mais certains écoliers utilisent une simple ficelle pour attacher livres et cahiers en un seul paquet à porter à bout de bras.

L'enseignement religieux

Six articles rappellent l'importance de l'enseignement religieux. D'abord trois livres : le Catéchisme qui vaut 45 centimes et deux recueils de cantiques : l'un avec seulement les paroles (60 centimes), l'autre comportant aussi la musique (1 franc). Deux modèles de chapelets sont en vente : le "grand" (50 centimes) et le "petit" à moitié prix.

Enfin, il y a un objet de piété qui peut aujourd'hui nous sembler curieux, le scapulaire. Il coûte la petite somme de 15 centimes. Il s'agit de deux morceaux d'étoffe bénits reliés par des rubans qui se portent autour du cou et sous les vêtements. Le scapulaire est le signe d'une consécration particulière à la Vierge. Nous ignorons si le frère chargé du service de la procure en vendait beaucoup.

Enfin l'inventaire comporte la mention "Manuscrit" pour un article coûtant 50 centimes. Nous pensons qu'il s'agit d'un fascicule imprimé comportant différents modèles d'écriture avec des exemples types de lettres d'affaire (3). Ce "manuscrit" était bien sûr réservé aux élèves du cours supérieur. Dans le même esprit, on relève un "Cahier de tenue des livres". L'enseignement des Frères se voulant très concret, le cours supérieur abordait des notions de comptabilité.

Cette liste de fournitures, somme toute assez limitée, nous permet de restituer le niveau de l'enseignement donné et quelques-unes des pratiques pédagogiques.

Il y avait aussi un matériel collectif assez important. Ainsi en 1868 le directeur demande et obtient de la part du conseil municipal de Montbrison une somme de 300 F destinée à doter la plus haute classe "d'un nécessaire de projection". Il y a notamment un théodolite, appareil coûteux. Le frère directeur pense que c'est indispensable pour que les élèves puissent lever un plan et le comprendre. Les religieux ont aussi une bibliothèque avec des ouvrages bien reliés et marqués "Frères de Montbrison" ce qui indique que les livres étaient prêtés aux élèves.

Un excellent niveau

L'enseignement des Frères est sans fantaisie mais efficace. Les religieux sont périodiquement inspectés par le "Frère visiteur" de la province de Lyon. Ils bénéficient des manuels et cahiers édités par leur institut, le premier de France pour le nombre de religieux.

Avec relevés topographiques, cours d'architecture, cours de dessin d'art et de dessin industriel, technologie, notions de comptabilité le "cours supérieur" de l'école mérite certainement son nom. Il ressemble fort aux classes d'une "école supérieure" du siècle dernier. Certes ces activités ne concernent qu'un petit nombre d'élèves, la plupart en restant à un solide enseignement primaire. En bons professionnels, les religieux mettent leur fierté à développer toutes les possibilités de leurs élèves. Ils essaient, si possible, de les amener à l'excellence. La modeste affichette du placard des fournitures de l'ancienne école Saint-Aubrin est un émouvant témoignage de la longue histoire d'un lieu consacré à l'éducation.

Joseph Barou

(1) La loi du 28 mars 1882 rend l'instruction primaire obligatoire pour tous les enfants de 6 ans révolus jusqu'à 13 ans révolus. Ces sept années s'organisent en trois cours principaux : le cours élémentaire, le cours moyen et le cours supérieur, eux-mêmes scindés en plusieurs divisions.

(2) Romain Pierre Fraux, en religion Frère Victor, né en 1849 à Oris-en-Rattier, dans l'Oisans, instituteur à Montbrison de 1882 à 1900, décédé et inhumé à Montbrison en 1902.

(3) Il s'agit probablement du 10e cahier de la Méthode d'écriture édité par la Procure générale des Frères des Ecoles Chrétiennes et la librairie Delagrave. Réservé au cours supérieur, l'ouvrage est ainsi décrit au catalogue : Album de modèles divers en cursive, ronde, bâtarde, gothique, en écriture romaine et en italique. alphabets divers. Lettres et effets de commerce. Pièces de comptabilité, quittances, reçus, inventaires et bilans. Mémoires de travaux. Tableaux synoptiques. états administratifs.

 

Tarif des effets classiques


Arithmétique 1
id. extraits 0,30
Atlas géométrique 1
Boîte en carton 0,10
Cassette avec balustre 2
Cassette sans bal. 6
Cartable 0,45
Carton 0,10
Crayon fin 0,10
Crayon ordinaire 0,05
Crayon Conté 0,05
Crayon id. dans le bois 0,15
Cahier de musique 0,25
Cahier de tenue des livres 0,75
id. petit 0,50
Cantique 0,60
id. avec note 1
Chapelet 0,50
id. petit 0,25
Catéchisme 0,45
Colle à bouche 0,10
Devoir 1
Estompes 0,20, 0,25 et 0,30
Equerre 0,25
Exercices orthographiques 0,90
id. nouveau 0,75
Exercices de calcul 0,25
{Feuille] de dessin d'ornem. 0,15
id. blanche 0,10
id. petite 0,05
Feuille bulle 0,05
Fusain, le paquet 0,90
id. papier bleu 0,10
id. papier buvard 0,05
Grammaire 0,75
id. extrait 0,30
Gomme à crayon 0,10
Gomme à encre 0,20
Géographie ancienne 0,90
id. extrait 0,30
Géométrie ancienne 1,20
id. nouvelle 1,20
Histoire, grosse 1,20
id. extrait 0,40
Manuscrit 0,50
Porteplume 0,05
Porteplume à crans 0,10
Porteplume à bascule 0,10
Porte-crayon 0,15
Problèmes d'arith. 0,30
Règle plate 0,25
Style 0,90
id. de Lyon …
Syllabaire 0,45
Sandaraque, la fiole 0,25
Transparent 0,025
Scapulaire 0,15

[Village de Forez, N° 107, avril 2008]

 


Une classe de Saint-Aubrin (vers 1900)

 

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21 juin 2012