Seconde guerre mondiale
dans le Forez

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- La Résistance par le colonel René Gentgen
- La Résistance à Montbrison (souvenirs de Lucien Gidon)

- Publications de Village de Forez

- Documents (1940-1944)
- Le pays de Boën
- Le jour de la victoire

 

La Résistance

dans le département de la Loire

sa place en région lyonnaise

Colonel René Gentgen


(Exposé du colonel Gentgen, correspondant de la commission d'histoire de la Deuxième Guerre mondiale de l'Institut d'histoire des conflits contemporains, présenté à Roanne le 22 janvier 1988.)

Lorsqu'il m'a été proposé de vous entretenir de la Résistance dans le département de la Loire, il m'est apparu que le sujet, compte tenu de son ampleur et de sa diversité, ne pouvait être traité dans sa plénitude dans les limites de temps généralement accordées à un conférencier.

Par ailleurs, au fil de mes lectures, j'ai toujours été frappé par la place réduite faite à la Résistance dans le département dans les ouvrages qui font autorité en la matière. Henri Noguères, dans son Histoire de la Résistance, s'attache surtout aux services secrets. Il cite quelques personnalités éminentes. Alban-Vistel, dans La Nuit sans Ombre, ne fait qu'effleurer les formations politiques au niveau du département. Il omet les FTP et le SOE dans sa relation des combats.

Bien que la Loire ne puisse se prévaloir, sur le plan militaire, d'exploits d'un retentissement national, il m'a semblé qu'en toute équité, il convenait de la situer à sa véritable place, au moins dans le cadre régional.

La limite de temps m'imposait d'opérer un choix dans une matière substantielle et variée. Après m'être beaucoup interrogé, j'ai finalement opté pour un exposé d'ensemble portant sur les principaux aspects de la Résistance départementale.

On peut, en effet, admettre que la Résistance, au plan national et dans ses diverses manifestations à la base, est devenue familière aux Français. Les médias l'évoquent en toute circonstance. Le procès Barbie en est un exemple récent. Les événements locaux, quant à eux, sont rappelés annuellement au cours de cérémonies commémoratives. La ville de Roanne s'y applique avec beaucoup d'attention. Deux ouvrages, œuvres de MM. Maloire et Cabotse, en donnent une image fidèle pour le Forez et le Roannais. Ces importants apports me dispensent d'entrer dans le détail.

Ces observations liminaires étant faites, je vais retracer pour vous les principales phases de la Résistance dans la Loire dans les domaines politique et militaire. Je soulignerai au passage la part du département au sein de la région lyonnaise.

Sur le plan politique, depuis sa naissance jusqu'à son dénouement, il faut distinguer trois phases.

Une première période, assez longue, correspond à la prise de conscience du caractère réel de l'État français et de l'aboutissement fatal de sa politique de collaboration.

La seconde période portera sur le fonctionnement routinier des mouvements et formations à la recherche de structures unifiées aux échelons départemental et local.

L'épisode ultime - il s'est déroulé en 24 heures - correspond à la mise en oeuvre du processus insurrectionnel et à la restauration de la République.
Sur le plan militaire, il y eut une période de gestation, inégale selon les formations et selon les secteurs géographiques. La phase opérationnelle lui succédera tout naturellement. Sa mission principale consistera en priorité à perturber les communications et l'économie au service de l'occupant. Elle sera finalement ponctuée par des engagements militaires d'ampleur variable mais aux résultats non négligeables.

Un bref examen de ces résultats et de quelques points particuliers clôturera le récit des événements. Plus brièvement encore, j'évoquerai l'apport du département à la Résistance tout entière par l'action de quelques-uns de ses fils à l'extérieur de la Loire.

Je ne surprendrai personne en affirmant qu'il est difficile de parler du département de la Loire sans qu'apparaisse la dualité de ses centres vitaux et des particularismes qui s'exercent de part et d'autre du seuil de Neulise.

À l'origine de la clandestinité, Saint-Étienne et Roanne ne marchent pas la main dans la main. Chacune des deux villes se lie directement à Lyon. Au sein des mouvements, il n'y a pas de liens entre les acteurs des deux villes.

Si, à mesure que les structures départementales prennent leurs assises, tout finira par rentrer dans l'ordre, les distorsions ne manqueront pas. En décembre 1943, au moment où l'AS du Roannais entre dans le giron du département, des circonstances locales plaçaient encore un groupe de combattants authentiquement roannais dans la mouvance de l'Allier.

Pendant la phase du réveil des consciences, en 1940 et 1941, c'est Saint-Étienne qui donnera le départ des activités de résistance. Le journaliste Jean Nocher en sera la figure de proue. Avec lui, une femme et quelques hommes sauront se reconnaître dans le refus du défaitisme. Ils jetteront les bases départementales et locales de la Résistance dans la Loire. Ils en assumeront la totalité des tâches de propagande. Ils se feront les agents actifs du redressement national.

La propagande exige des moyens. Dans le climat particulier du moment, la force de persuasion de la radio de Londres ou les propos de bouche à oreille n'ont que des effets limités. Les papillons ou les graffiti qui parsèment les bâtiments publics disparaissent très vite. Seul l'imprimé, tract ou journal, permet au talent des rédacteurs de produire un effet durable. Il passe par l'imprimerie. Mais un contrôle rigoureux de la production de papier et le délit d'opinion font obstacle à l'emploi légal de l'imprimé par les résistants. Pour publier, il faut surmonter la pénurie et braver les interdits. Les Stéphanois y parviendront avec un plein succès.

La volonté de combattre le régime de Vichy et, à travers lui, l'ennemi et son idéologie, n'est pas née d'un coup de baguette magique. Rares ont été les auditeurs de l'appel du "18 juin". Rares ont été, parmi eux, celles ou ceux qui, comme Mme Neuwirth, en ont aussitôt ressenti le déclic. L'éveil a été le fruit d'un long cheminement. Les Français touchés par la grâce furent peu nombreux. Leurs motivations, ferveur patriotique ou opinion philosophique, furent variées. Il fallut du temps pour qu'ils puissent se reconnaître tous et pour coordonner leurs actions. Sur Saint-Étienne, le processus est bien connu. Le mouvement partira des intellectuels et des milieux chrétiens démocrates.

Jean Nocher, rédacteur en chef au journal La Tribune, sera le chef de file des premiers. Il s'adjoindra René Seyrou et Henri Perrin. Une jeune fille de vingt ans, Violette Maurice, étudiante à Lyon, ralliera des adeptes dans les universités. Lucien Neuwirth, 16 ans, regroupera des lycéens stéphanois. Début 1941, nous les retrouverons tous unis autour de Jean Nocher pour constituer le groupe "Espoir".

Entre-temps, Jean Nocher a rejoint Jean-Pierre Lévy, chef national de "Franc-Tireur". Il sera le premier responsable départemental, en janvier 1941, de ce mouvement. Violette Maurice, tout en restant en liaison avec "Espoir", formera le groupe "93". Elle préservera son indépendance à l'égard des grands mouvements nationaux.

Chez les chrétiens, ce sont Fernand Bonis de la CFTC (1) et Jean Perrin du PDP (2) qui prendront l'initiative. Ils se regrouperont en octobre 1940. En 1941, ils se partageront les responsabilités départementales, l'un à "Libération", l'autre à "Combat". Ils agissent tous deux dans les milieux catholiques favorables à la Résistance.

C'est de ces précurseurs que sortiront les structures départementales des "Mouvements Unis de la Résistance". S'ils incitent à quelques manifestations populaires - 1er mai, 14 juillet - c'est par la production et la diffusion sous le manteau de tracts et de journaux que s'exerce l'essentiel de leur activité. Ils créent deux journaux locaux à fort tirage : L'Espoir et 93, d'une haute tenue patriotique et morale. Ils sont l'émanation des équipes de même nom. Ils distribuent tout ce qui leur parvient comme imprimés clandestins. En ces temps héroïques, l'esprit de concurrence est banni chez les résistants. Dans l'action, ils se refusent à distinguer entre l'une ou l'autre des différentes organisations. Ils luttent pour une cause commune.
Dès fin 1940, ils répandent La Voix du Vatican, Vérité et les Petites Ailes. Fin 1941, Témoignage Chrétien, Franc-Tireur, Combat, l'Espoir et quelques autres ont complété l'éventail. 93 s'y ajoutera en 1942.

Si Jean Nocher s'affirme très vite comme la tête pensante et agissante de la résistance stéphanoise, il le doit à sa stature intellectuelle, à sa verve subtile mais aussi au fait qu'il dispose d'un support de presse de fort tirage : La Tribune. Cet organe est toutefois soumis à la censure, ce qui en réduit la portée. L'effort intense d'information né trouvera son plein rendement que dans la presse clandestine. Pour distribuer, il faut d'abord créer. Les bonnes plumes ne manquent pas. Pour transmettre le message il faut un support matériel. Le problème se pose pour la Loire. Il est d'une grande acuité pour toute la zone non occupée. Les solutions viendront par l'entremise de Jean Perrin et de Paul Pascalini.

La fourniture de papier sera l'œuvre, pour l'essentiel, des papeteries de Valfuret. Paul Pascalini, membre de 93, en est le directeur. Les Presses et Messageries y contribueront. Après quelques tâtonnements, les chutes de papier de La Tribune feront le bonheur de l'Espoir. Jean Perrin pourra s'attacher les services de l'Imprimerie française, 4, rue Balaÿ, et ceux de l'Imprimerie Bornier de Mans, place Badouillère.

La plupart des grands titres de la Résistance sortiront de leurs ateliers. Les 30 premiers numéros de Combat, les 20 premiers de Libération, les numéros 2 et 3 de Témoignage Chrétien, à 28 000 exemplaires y seront tirés. Le premier tract et le numéro 1 de l'Espoir en sortiront avant d'être imprimés chez Guichard. Six numéros de 93 porteront à leur tour, à 25 000 exemplaires, la bonne parole.

Il y a là un effort considérable qui fait de Saint-Étienne le second indispensable de la capitale de la Résistance. Jean Perrin était prêt à dépanner Franc-Tireur en cas de besoin. Toute cette production était acheminée vers les grands centres : Marseille, Montpellier et Toulouse, par chemin de fer avec la complicité des cheminots.

C'est par cet effort tout à fait exceptionnel que le rayonnement de la Résistance stéphanoise s'est affirmé très au-delà des limites du département.
Ce magnifique élan sera brisé de mars 1942 à juin 1943. La police de Vichy aura entamé le dispositif. Les agents allemands accentueront les dommages. Fort heureusement, si l'Espoir et 93 en meurent, les grands mouvements de la zone sud se seront pourvus de relais.

Jean Perrin et Fernand Bonis sont arrêtés le 5 mars 1942. Jean Nocher l'est le 29 septembre. Violette Maurice et Paul Pascalini tiendront jusqu'en octobre 1943. La délation d'un employé de l'Imprimerie française en septembre et le départ pour Londres, en octobre, de Bornier, mettront fin aux activités résistantes de ces entreprises.

Ces arrestations, si elles perturbent la vie des organisations, ne freinent pas le développement de la Résistance dans la Loire. La production d'imprimés clandestins, stoppée ici, est reprise ailleurs. Leur diffusion se poursuit. Dès 1942, la Résistance tout entière s'est renforcée par l'apparition de formations nouvelles. Avec celles-ci, et parallèlement à l'effort militaire, elle va s'orienter vers des tâches plus exaltantes pour restaurer la République.

Alors que les précurseurs de la Résistance dans la Loire rongent leur frein dans les prisons, le grain qu'ils ont semé a levé. Les événements mondiaux ont amené le PCF (3) à engager toutes ses forces dans la lutte. Il prend l'initiative de créer le FN (4). Les syndicats, condamnés par la charte du travail, se réorganisent en secret.

De toutes parts ont surgi des hommes nouveaux. Ils exercent leur activité de résistance à partir des centres administratifs industriels ou ruraux.
Au-delà de la propagande et du recrutement qui s'intensifient, leur action s'étend à des domaines variés. Ils s'opposent aux mesures iniques édictées par l'occupant à travers l'état de fait. Ils sont à l'origine des formations militaires et de quelques réseaux de renseignement. Ils sauront adapter leurs organisations aux nécessités diverses de la politique et de la guerre.

Malgré les conflits internes, résurgences des préjugés politiques d'avant-guerre, ils réussiront à mettre sur pied un ensemble de mesures propres à assurer, le moment venu, la continuité de la République en France.

Ils bâtissent un dispositif complexe mais efficace pour la mise à l'abri des personnes menacées : résistants, juifs ou réfractaires au STO. Ils organisent un service de fausses cartes d'identité et des filières d'évasion. Pour subvenir aux besoins courants de leurs membres et pour porter secours aux familles privées de ressources, ils s'approvisionnent en cartes de rationnement par les moyens les plus variés. Le noyautage des administrations publiques répond en partie à ces préoccupations. Je me borne, ici, à les rappeler.

Malgré les risques aggravés à partir de 1943, la dynamique des grands mouvements a suscité des vocations de plus en plus nombreuses. À Saint-Étienne, la succession de Jean Perrin a été assurée, au gré des arrestations, par César Garnier, Robert Kahn et Charles Gouroux. Celle de Jean Nocher le sera par Henri Perrin et Gabriel Calamand.

À Roanne, Elie Vieux et le capitaine Bernheim ont fait leur choix dès 1940. C'est avec l'apparition, en juillet 1942, de Joseph Montiarret, agent de liaison entre Londres et Franc-Tireur, que la résistance locale prendra forme. Ils trouveront auprès de Thévenet, pour Combat, et Boisserolle pour Libération, des successeurs discutés ou malheureux.

Le capitaine Bernheim est un lointain parent de Jean-Pierre Lévy dont la sœur habite Roanne. C'est un agent du S R. Nommé responsable d'arrondissement, il forme une équipe solide autour de la personne de Marcel Gallet, ouvrier à l'Arsenal. Gérard Hennebert et Serge Giry, membres de l'aviation civile repliée caserne Werlé, partent à la recherche de terrains d'atterrissage et de parachutage. Lorsque Montiarret arrive à Roanne, il trouve sur place des hommes organisés et résolus.

Montiarret étendra ses contacts. Il rencontrera Jean Boyer à Lyon. Il lui confiera des missions de parachutage et d'émissions radio. Jean Boyer a constitué un groupe très cohérent à Saint-Germain-Laval.

À Feurs, c'est par l'intermédiaire d'Yvon Morandat, émissaire du général de Gaulle en France, que la Résistance prend corps. En juillet 1942, Morandat voit le comte de Neubourg et Marguerite Gonon. Ils jettent, ensemble, les bases locales de "Combat". Ils réceptionnent un parachutage de matériel d'imprimerie destiné à Lyon. Marguerite Gonon, par le canal de Mme Cailliau, sœur du général de Gaulle, membre de la Conférence de Saint-Vincent-de-Paul, réussira à faire évader le commandant Hettier de Boislambert, futur grand chancelier de l'ordre de la Libération, des prisons de Vichy. Elle sera la première responsable de l'AS (5) de Feurs.

À Chazelles-sur-Lyon et à Montbrison, c'est à partir de syndicalistes chrétiens que la Résistance prend son élan. Fernand Mirabel en est l'animateur. Militant du PDP et de la CFTC, poète à ses heures, il prend position dans l'un de ses sonnets dès le 18 juin 1940. Il rédige des tracts qu'il adresse à ses amis sous pli postal. En collaboration avec l'abbé Labrosse, il forme des équipes locales à Chazelles-sur-Lyon. Il est à "Combat" et à "Libération". Il sera épaulé par Augustin Pèze, au titre de "Franc-Tireur".

Mirabel intervient à Montbrison où il entraîne Jean Rolle et sa suite. Militant CFTC, celui-ci s'adjoindra l'abbé Varigas, curé de Pralong. Profondément croyant, il aura quelques démêlés avec des membres du "Coq enchaîné" dont la foi laïque n'a d'égale que sa foi religieuse.

À Rive-de-Gier, ce sont les sœurs Escoffier, enseignantes, qui inspirent le groupe local. Georges Bidault est hébergé chez Paponnaud.

En janvier 1943, tous ces résistants se rassemblent au sein des Mouvements unis de la Résistance (MUR). Ils érigent un directoire départemental. Aucun Roannais n'y siège. Le premier président en est Robert Kahn de Libération. Chacun de ses membres recevra une attribution spécifique. Les actes politiques y seront coordonnés mais l'initiative des secteurs reste entière dans l'exécution. Les MUR viennent de marquer leur cohésion aux côtés de nouveaux arrivants. Le PCF s'est reconstitué. Il sera la seule formation politique à s'affirmer dans la clandestinité sous sa dénomination d'avant-guerre. Il créera son hypostase, le Front national, qui jouera un rôle de premier plan dans tous les domaines de l'action résistante.

Après son démantèlement au cours des années 1939-1940, le PCF s'est appliqué à rassembler ses militants dans ses cellules de base. Accusé de tous les crimes pour des motifs idéologiques, il paiera un lourd tribut à la Résistance. Son agressivité ne fera que croître au fil de ses pertes. Il jouera un rôle déterminant en s'appuyant sur son émanation directe, le FN. À Saint-Étienne et à Roanne, ce sont Buart et Faulle qui en ont la responsabilité.

Le FN fait son apparition dans la Loire à la fin de 1941. Sa naissance est annoncée par un tract du PC en septembre 1942. Ses structures originelles reposent entièrement sur des membres du parti. Il recrutera de nombreux sympathisants en 1943, surtout parmi les intellectuels.

Il est difficile d'en suivre l'évolution interne. En 1946, l'un de ses représentants interrogé sur ses activités pour le compte du comité d'histoire pour la 2e guerre mondiale a fait cette réponse : "Au FN, la modestie est de rigueur, aucune vedette, aucun nom. Certains documents sont tenus secrets. Ils ne seront pas communiqués." Ce représentant ira au bout de sa logique, il ne nous est connu que sous le pseudonyme de Rémy. On connaît tout de même sa première secrétaire départementale, Mme Meier, enseignante au lycée de Saint-Étienne et son responsable en 1944, Cavassilas.

Le FN subira des coupes sombres. 27 arrestations à Saint-Étienne en juin 1942, dont Joseph Sanguedolce, et d'autres le 6 mai 1943. À Roanne, la rafle a lieu le 6 mai 1944. Antoine Pâtissier, créateur du secours populaire local, est arrêté. Frappé durement, le FN se reforme dès le lendemain. À peine prend-il le soin de se faire oublier pour un temps. Ses actions sont celles de tous les mouvements. Son oeuvre principale sera la mise sur pied des FTPF (6).

Il aura des antennes à Roanne, Montbrison, Firminy et Rive-de-Gier. À Roanne, ce sont Rémy, Henri Diot et Antoine Pâtissier qui conduisent son destin avec persévérance.

Les organisations syndicales se sont mises à l'unisson des différentes organisations. Ils sont en liaison avec l'une ou l'autre d'entre elles selon leurs affinités. Elles se feront les pourvoyeurs des maquis.

En plus des organisations au rayonnement national, je n'aurai garde d'omettre les "Équipes chrétiennes" et le "Coq enchaîné". Si leurs supports philosophiques sont fort éloignés, ils n'en contribuent pas moins, dans la Loire, à la lutte commune de la Résistance.

Les Équipes Chrétiennes se sont organisées autour de la diffusion de Témoignage Chrétien. Elles regroupent des membres du clergé, des militants d'action catholique et des jeunes des mouvements spécialisés (JOC, JEC) (7). Michalon en a la charge à Saint-Étienne, pour le département.

À Saint-Étienne ville, c'est l'abbé Ploton qui en est la figure dominante. À Montbrison, le chanoine Duperray, supérieur du séminaire, a pris position publiquement, dans ses sermons, dès 1940. Les abbés Paul Clément, aumônier de la JOC, et Pleynet, animent les éléments roannais. Aux côtés des membres du clergé, Antoine Chaperon de Roanne, Marguerite Gonon, Ferdinand Mirabel et Jean Rolle agissent en plus d'activités déjà exigeantes par ailleurs. Quatre membres de la JOC roannaise figurent parmi les cinq maquisards tués dans le Roannais.

Le mouvement lyonnais du "Coq enchaîné" compte Louis Pradel parmi ses membres fondateurs. Il étend l'une de ses ramifications dans la Loire. Il publie un journal : Le Coq Enchaîné. Pointu, de Saint-Étienne, en est le responsable départemental. Le mouvement est d'inspiration radicale-socialiste et franc-maçonne. Joseph Bourges le représente à Rive-de-Gier, Louis Fouilleron à Montbrison. Ce dernier fera des apparitions à Roanne. Le mouvement servira de rampe de lancement aux réseaux Buckmaster en Lyonnais.

À l'exception de ce dernier, et après un long et patient labeur émaillé de discussions serrées mais courtoises, tous ces mouvements finiront par se réunir, courant 1944, au sein d'organismes collectifs. Ceux-ci s'efforceront de faire face aux problèmes de la Libération, notamment, prise de possession des administrations publiques et épuration. Ils créeront des commissions diverses à cet effet. Les débats y seront souvent âpres, mais les décisions y seront prises à l'unanimité.

Cette manifestation d'unité prendra la forme des CDL et CLL (8). Le premier siège au chef-lieu, les autres dans les centres administratifs du département. Assez curieusement, Saint-Étienne n'aura pas de CLL.

Le CDL a été constitué le 15 avril 1944. Il a pour première mission de préparer la succession de Vichy et d'assurer l'intérim préfectoral. Il se substituera au conseil général après la mise en place du préfet de la Résistance. Le préfet initialement prévu était un avocat roannais, maître Fauconnet. En août 1944, il est emprisonné à Toulouse.

La présidence du CDL revient à Gabriel Calamend. Il appartient aux MUR devenus MLN (9). C'est un Franc-comtois. Le secrétariat est assumé par Cavassilas du FN Michalon pour les Équipes chrétiennes, Joseph Piot pour le PC et Louis Duchêne pour la CGT y siègent en qualité de membres, le capitaine Ferrières, en tant que représentant militaire.

La désignation du syndicaliste fut controversée. Il y avait rivalité entre les tendances ex-confédérés et ex-unionistes. Le litige fut réglé en faveur de ce dernier. À la suite de propos malencontreux du départemental FFI, un conflit surgit autour de sa personne. Il fut finalement résolu par un acte d'autorité de la région.

Si l'énumération des CLL n'a qu'un intérêt secondaire, un auditoire roannais ne peut se désintéresser du sien. Après des oppositions parfois violentes entre les formations, le CLL du Roannais est constitué le 10 mai 1944. Elie Vieux, résistant de la première heure en est le président. Il émane du MLN.

Il est entouré de Dourdein pour le PS, de Rémy pour le FN de Bonnefille pour le PC et de Boiteux pour la CGT, Chenard, des EC les rejoindra par la suite.

Le CLL formera trois commissions. Elles se consacrent à la "Politique et à l'Épuration", au "Ravitaillement et aux Transports" et à "
l'Insurrection". Elles sont présidées respectivement par Fournier, Cheylard et René Paillard.
Les 20 et 21 août 1944, toutes les unités de la Wehrmacht quittent le département. Des incidents sont à redouter. La prise de possession des établissements publics peut tenter, ici ou là, quelques écervelés, surtout dans les centres. Montpellier, Toulouse et Limoges ont connu des situations confuses. À Lyon le responsable régional FFI en a écarté le danger. Dans la Loire, tout se passera dans une complète harmonie. C'est tout juste si l'on signale quelques symptômes, vite réprimés, à Rive-de-Gier. À Firminy, un désaccord est tranché par appel à un arbitre, lequel, phénomène assez rare, fut l'officier représentant militaire au CDL.

Comment est-on parvenu à ce résultat à Saint-Étienne et à Roanne ? Au chef-lieu, ce fut par l'action non concertée de journalistes et du capitaine Ferrières.

Dans le cadre du CDL, des commissions de la presse et de l'insurrection avaient été formées. Ledot, journaliste à La Tribune, présidait la première. La seconde avait demandé au capitaine Ferrières de conduire la phase insurrectionnelle sur la ville.

Les derniers soldats allemands quittent Saint-Étienne au matin du 20 août. Les membres du CDL, surpris, sont dispersés. Ils ne peuvent siéger. Une vingtaine de FTP, aux ordres du capitaine Arthur, membre de la commission insurrectionnelle, se présentent à 16 heures place Jean-Jaurès.

Sous leur protection, et sous l'impulsion de Ledot, faisant office de rédacteur en chef, les journalistes confectionnent un journal qui prend le titre de La République. Son éditorial insiste sur la nécessité du maintien de l'ordre. Il publie une mise en garde contre les excès. Il est diffusé au matin du 21. Ces appels à la raison porteront leurs fruits.

Le capitaine Ferrières est alerté fortuitement, tôt, le 21. Il est seul et sans troupes. Il décide d'agir seul et immédiatement. Il se rend à la préfecture où il procède à l'arrestation du sous-préfet Faller qui fait fonction de préfet. Il confie ce poste à Pierre Nautin, chef de la 2e division et agent du NAP (10). Il se rend ensuite à l'hôtel de ville où il fait incarcérer le CC (11) Weber, collaborateur notoire. Il le remplace par le commissaire Fleuret, résistant.

Le CDL s'est réuni entre-temps. Ferrières s'en va lui rendre compte de ses actes. Le CDL entérine les mesures prises. Gabriel Calamand sera préfet jusqu'à l'arrivée de Lucien Montjauvis, le 25 août. Il y aura quelques écarts, tant à l'AS que chez les FTP. Il y sera vite mis bon ordre. La Loire vient de passer d'un régime à un autre sans incident, sans que la population en ait ressenti les moindres remous, à peine percevait-elle les événements importants qu'elle vivait.

Ces actions rapides, quasi simultanées, visaient à décourager toute velléité d'entreprise marginale. La mise en place de Lucien Montjauvis confortera cet acquis. Cet ancien député communiste de Paris, par son sens politique et sa modération, saura calmer les esprits quand ce sera nécessaire. Il fera l'unanimité sur son nom.

À Roanne, l'événement se déroule encore plus simplement. Le 21 août, à 16 heures, le CLL est réuni chez Elie Vieux. Le commandant Antoine, chef de secteur de l'AS, s'y trouve. Il a alerté ses troupes. On craint l'agitation de quelques irresponsables. Le CLL, vers le soir, constatant que le calme règne dans la rue, se rend au grand jour à l'hôtel de ville. À 20 heures, il prend possession des lieux et siège d'emblée.

Elie Vieux s'installera à la sous-préfecture, Dourdein à l'hôtel de ville. Ici, comme à Saint-Étienne, tout s'est passé dans le calme. Quelques Roannais ont fait monter leurs acclamations au passage des membres du CLL portant brassards tricolores.

Ce n'est pas un mince mérite pour le département que d'avoir réalisé ce transfert de pouvoir dans une absolue tranquillité et sans effervescence. Il est peu de départements français qui peuvent se prévaloir d'un tel titre de gloire, d'un titre qui en vaut bien d'autres.

Si la gloire est aussi au rendez-vous des succès militaires dans la Loire, elle n'atteint pas le lustre de ces faits d'armes qui ont nom : les Glières, le Vercors ou le mont Mouchet. Cela tient à deux facteurs : une situation géographique qui place le département en dehors des grands axes de pénétration ou de retraite de la Wehrmacht et une densité militaire ennemie et amie limitée. Lorsque les forces allemandes du sud de la France refluèrent, elles se dirigèrent sur Dijon, soit par Clermont-Ferrand et Digoin, soit par la rive gauche du Rhône. Ceux de ses éléments qui empruntèrent la rive droite du fleuve, ne feront qu'effleurer la Loire entre Saint-Pierre-de-Bœuf et Condrieu. Seul un groupe du SOE y livrera combat.

Bien que Saint-Étienne et Roanne constituent des nœuds de communication importants, ils ne seront utilisés, voie ferrée exceptée, que de façon épisodique et par de faibles détachements allemands. Il en résulte que la Loire ne connaîtra que des engagements militaires d'ampleur réduite. Si celui d'Estivareilles atteint le niveau du bataillon, c'est qu'il concerne les 2/3 de la garnison allemande du Puy, forte de 1 300 hommes et contrainte de prendre la route par suite de la coupure de la voie ferrée entre Saint-Étienne et Le Puy, au viaduc des neuf ponts au Pertuiset.

Dans la Loire, les Allemands ne comptent que 600 hommes. 1/3 d'entre eux échappe à l'autorité de commandement départemental. Ils seront à peine inquiétés pendant leur retraite. Leur faible densité donne une idée de l'importance stratégique que l'occupant accorde au département.

Les Allemands font usage du potentiel industriel de la Loire et de ses moyens de communication. Il importe de les priver de cette production et de leur liberté de mouvement. Ces missions incombent à des hommes spécialement affectés à ces tâches. La France aura besoin d'assurer la continuité de son effort militaire jusqu'à la victoire. Il en naîtra des formations militaires adaptées aux objectifs du moment et aptes à s'intégrer en dernier ressort aux unités régulières de l'année française.

Toutes les formations militaires de la Résistance nationale furent présentes dans la Loire. Si, à la libération du département, l'Armée secrète a connu la notoriété, ce sont les FTP qui souffrent les premiers et le plus durement des méfaits de la répression. Le SOE (12) se met en évidence par ses actes de sabotage. L'ORA (13) s'est incorporée à l'AS en octobre 1943. Elle fournira le chef départemental des FFI (14), lesquelles rassemblent la totalité des formations.

Celles-ci agiront par deux types d'unité : des équipes de résistance sédentaires opérant à partir de leur domicile et des éléments militarisés qui prendront le maquis. Les premières aideront au soutien logistique des seconds, elles les alimentent en effectifs.

L'Armée secrète de la Loire a vécu deux phases distinctes dans sa constitution. L'une se fonde sur la création des Corps francs au sein des mouvements, l'autre prendra son essor avec la nomination du capitaine Jean Marey à la tête de l'organisation.

Les Corps francs apparaissent à la fin de 1941. À Saint-Étienne, ils sont l'œuvre de Combat. À Roanne, ils appartiennent à Franc-Tireur. Jean Perrin est à l'origine de celui de Saint-Étienne, dont Jean Séclé est le chef. Il ne comprend que 8 exécutants. Il agit avec des moyens de fortune. Jean Perrin achètera 10 revolvers de 6,35 à des républicains espagnols, à 700 F pièce.

Ils lui seront livrés sans cartouches. Le groupe s'attaque aux kiosques à journaux et aux vitrines de la collaboration. Après l'arrestation de Jean Perrin il passe aux ordres de la région et perçoit ses premiers explosifs.

À Roanne, le Corps franc se forme autour de Marcel Gallet. Il est plus étoffé que celui du chef-lieu. Roger Grivelli, Hennebert, Giry père et fils et les frères Flicker en sont les figures marquantes. Il fournit les comités de réception des parachutages d'armes et d'accueil d'agents des FFI. Son effort porte sur les sabotages d'entreprises au service de l'ennemi. Le plus probant est accompli le 28 décembre 1942 à France-Rayonne. Conduit par Gilbert Mus, saboteur FFL, le CF (15) immobilisera l'usine plusieurs mois en sectionnant la conduite d'eau qui l'alimente. Marcel Gallet, le 4 juin 1943, se met à l'abri en Savoie. Après sa disparition le Corps franc s'est dispersé par mesure de sécurité.

Ce même 4 juin, Roger Grivelli a reçu la visite des agents allemands dès 5 heures. Il se défend jusqu'à son avant-dernière cartouche. Il abat un colonel et deux agents. Il se loge la dernière balle dans la tempe. Il a 22 ans.

Le 11 novembre 1942, le général Delestraint est nommé chef national de l'AS. Des structures nouvelles, hiérarchisées, seront créées. Il faut placer des chefs aux divers échelons. La Loire se met à la recherche d'un responsable départemental opérant à plein temps. Pierre Desgranges, qui en assume la charge début 43, ne peut s'y consacrer entièrement. On songe à des officiers de l'armée d'armistice rendus disponibles par la dissolution de celle-ci. Trois saint-cyriens du 5e RI sont connus pour leurs sentiments gaullistes. Ils sont attirés par ailleurs. C'est un Lyonnais qui est proposé par la région ; le capitaine d'artillerie Gaëtan Vidiani. Il est à Saint-Étienne en janvier. Il doit être confirmé au cours d'une réunion qui se tient chez Paret le 3 février. Les agents allemands y seront, ils arrêtent les 9 participants. Le capitaine Vidiani mourra au Struthof. Tout est à refaire.

En mars 1943, Jean Bergeret, étudiant en médecine et militant des Équipes chrétiennes, a mis le capitaine Jean Marey en présence du chef d'escadrons Descours, chef régional de l'ORA. La rencontre a lieu dans un café de la place Badouillère à Saint-Étienne. Marey y est intronisé comme départemental OPA. En octobre, lors de la fusion, au plan régional, de l'AS et de l'ORA, Marey entreprend de tisser des structures départementales nouvelles. Il établit des liens avec toutes les équipes de résistants qui se sont constituées au sein des mouvements. En octobre 1943, il est rejoint par 5 officiers d'activé qui formeront, auprès de lui, l'équipe départementale de l'AS. Il conduira à son terme l'action qui contribuera à la libération du département. Le combat d'Estivareilles, où il fait 830 prisonniers, sera son œuvre maîtresse.

Avec le rattachement, fin 1943, du Roannais à son commandement et le ralliement du réseau "Jockey", l'AS s'articulera en six secteurs et quelques sous-secteurs. Ce découpage s'explique par l'intégration dans l'AS de résistants dont le rayonnement s'est affirmé dès 1942. Ils s'implantent :

- à Saint-Étienne, avec Henri Jeanblanc, enseignant. Il sera mis en sommeil après l'arrestation de son chef le 6 juillet 1944 ;

- dans la vallée du Gier avec le lieutenant Brodin, saint-cyrien. Ce dernier est arrêté en février 1944 ; Marcel Arnaud, technicien, lui succédera ;

- dans la vallée de l'Ondaine, où Chapelon, commerçant, René Cusset, saint-cyrien et Régis Perrin, architecte, se relaieront ;

- à Montbrison, avec Jean Rolle, employé ;

- à Chazelles-sur-Lyon avec Adrien Monier, représentant en chapellerie ;

- à Roanne, avec Boisseroles, agent de maîtrise SNCF, puis, après son arrestation, en décembre 1943, avec le lieutenant Charlet, officier du Génie, le lieutenant Barriquand, saint-maixentais et le commandant Antoine, polytechnicien, officier du Génie.

Roanne a un sous-secteur à Saint-Germain-Laval avec Jean Boyer, radio-électricien. Chazelles-sur-Lyon en a deux, l'un à Saint-Galmier avec Eugène Guillot, cordonnier, l'autre à Feurs avec Marguerite Gonon à laquelle succède Renard, officier d'aviation. La qualification professionnelle de chacune de ces personnes donne une idée de la diversité de cet encadrement.

Jusqu'à la Libération, les secteurs sont chargés des tâches d'exécution. Les sabotages leur incombent. Chacun d'eux doit recruter et former des équipes de sédentaires. Le moment venu, il aura à constituer des maquis d'où sortiront les unités combattantes.

II existera des maquis directement subordonnés au département. Ils stationnent, l'un en Haute-Loire, à Boussoulet, l'autre à la Chambonie, à la limite du Puy-de-Dôme. Ce dernier disparaîtra en avril 1944. Le premier est le noyau originel d'une très belle unité : le GMO (16) du "18 juin".
Un maquis a rayonné dans les monts de la Madeleine, à la fin de 1943.

Confié au capitaine d'infanterie coloniale Fradin, il est directement subordonné à la région dans le cadre des MUR. À la suite de dissensions internes, il éclatera à la fin de décembre. Les éléments des MUR et le groupe "Alice" s'intégreront à l'AS de l'Allier.

Avant le 6 juin 1944, la totalité des missions de sabotage est l'œuvre des résistants sédentaires. Après le débarquement allié sur les côtes normandes, ceux-ci les poursuivront en parallèle avec les unités organisées. C'est aux sédentaires de Rive-de-Gier qu'il reviendra, le 23 juillet, à Augris, de détruire les 2/3 des réserves d'essence de la 19e armée allemande.

Les unités combattantes de l'AS prendront forme au début de juillet 1944, dans les maquis. Le gros de l'effectif stationnera dans les monts du Forez, entre Saint-Bonnet-le-Château et Montbrison. Des éléments graviteront autour des monts de la Madeleine.

Elles seront l'une des originalités de l'Armée secrète de la Loire. Sous la dénomination de GMO, Marey imaginera des entités militaires à base d'armement d'infanterie, motorisées et pourvues d'un élément d'éclairage et de liaison motocycliste. Ses effectifs seront fonction du recrutement. Ils se situaient entre 40 et 160 hommes.

Il se créera une patrouille motorisée, assimilable à un peloton d'AM (17). Elle se compose de cinq coupés Citroën à pare-brise rabattable, avec un équipage de 4 hommes. Chaque voiture comporte un FM (18) ou une mitrailleuse d'aviation montée sur pivot.

Quelques GMO seront regroupés sous un même chef. Le groupement "François" est confié au lieutenant Cusset, celui de "Strasbourg" au lieutenant Millon, tous deux saint-cyriens.

Au 20 août 1944, l'AS comprendra comme éléments opérationnels, 6 GMO aux effectifs de 100 à 160 combattants et une patrouille. Un 7e GMO est en formation. Ils proviennent des maquis de Boussoulet et des secteurs de l'Ondaine, de Montbrison et de Chazelles-sur-Lyon. À cette date, le secteur de Roanne est en mesure d'engager 3 unités fortes de 20 à 30 hommes.

Rive-de-Gier dispose de 40 combattants résolus. Après la libération, des GMO surgiront de partout. Il ne sont pas retenus dans cet exposé. Ils sont le fruit de nombreux engagés volontaires qui ont rejoint les rangs de l'AS après le 22 août.

Les FTPF font leur apparition dans la Loire au cours de l'été de 1942. Un comité militaire est créé à Saint-Étienne à l'initiative du FN. Le département, dénommé "Région 3 de l'inter-région A", aura 4 secteurs : Rive-de-Gier, Firminy, Montbrison et Roanne. À la fin de 1942, le responsable départemental en est Jean Sosso, élément dynamique et décidé.

En plus des missions habituelles des formations militaires de la Résistance, les FTP mettent l'accent sur l'enrôlement des réfractaires du STO et sur le soutien aux familles des victimes de la répression. Au niveau de la décision, ils adoptent un dispositif collégial : le triangle de commandement. Trois officiers y prennent le titre de commissaire : aux effectifs, aux opérations et technique. Le premier exerce une autorité morale sur les deux autres. Jean Sosso organise ses secteurs à partir de militants ou de sympathisants communistes. Dès la fin de 1942, l'effort portera sur la constitution de camps.

En prélevant, à l'origine sur leurs équipes de sédentaires, les secteurs créeront le camp Wodli pour Firminy, le camp Vaillant-Couturier pour Roanne, le camp Lucien Sampaix pour Montbrison et le camp Champommier pour Rive-de-Gier. Par "camp", il faut entendre "maquis".

Le camp Wodli en est le plus illustre. Il en fut le plus nombreux, le plus ardent, le plus chargé de péripéties cruelles ou glorieuses de la Résistance armée dans la Loire. Pour sa sécurité, il sera contraint de multiplier ses déplacements. De l'Ardèche au Puy-de-Dôme, il couvrira une surface égale à deux départements français.

Il naît en janvier 1943 en Haute-loire. Jean Ollier, secondé par Henri Hutinet, un jeune saint-cyrien, en assume la responsabilité initiale. Le 26 avril 1943, Hutinet conduit l'opération qui aboutit à la libération de la prison du Puy-en-Velay de 26 détenus résistants. Wodli récidive à l'automne et en délivre 79 autres.

Ces exploits provoquent de violentes réactions de la part de l'occupant. Wodli subit de fortes pertes. Ses pérégrinations commencent. Elles le trouvent en juin 1944 centré sur la Chaise-Dieu où il est maître d'un large espace. Il y évolue à son gré. Vial-Massat en est le chef. Il comptera jusqu'à 600 hommes. Il s'engagera à fond dans les harcèlements préparatoires à la reddition de la garnison allemande du Puy, à Estivareilles. Il y perdra 21 tués.

Le camp Vaillant-Couturier est la branche maquis du bataillon FTP du Roannais. Diot en jette les bases en juin 1943. Il ne prend consistance qu'avec l'arrivée d'Emile Genest. À la fin de 1943, il est intégré au groupe Fradin et participe au combat de Lavoine le 15 novembre. Il reprend son autonomie au 1er janvier 1944. Il fera face à des attaques au Brugeron et à Neulise. Il s'isole pour un temps. Reconstitué à Vivans, ses deux fractions se réuniront en mai sous l'autorité de Combecave. Il sera avec Lade et 110 hommes, le 1er septembre, au combat de Saint-Yan.

Rassemblé à la mi-juillet 1944 à Lérigneux, avec Romeyer, le camp Lucien Sampaix est attaqué le 7 août par les GMR. Il est dégagé par des unités de l'AS et du SOE réunis. Il a 2 tués.

Le camp Champommier se compose de partisans de la vallée du Gier. Ses effectifs atteindront 120 hommes. Il est aux ordres de Victor Leclerq. On ne lui connaît aucun fait d'armes.

Avec le SOE, il entre dans la multiplicité des créations du réseau Buckmaster, branche "action" des services secrets anglais. La Loire a connu 4 de ses sous-réseaux. Leur champ d'action s'étend sur plusieurs départements. On ne retiendra, ici, que leurs antennes "Loire". Dès 1942, le sous-réseau "Spruce" s'implante à Saint-Étienne. Dissous au début de 1943, "New-agents" lui succède en octobre.

Le sous-réseau "Acolyte", créé en 1943, a fait de Roanne son centre principal de rayonnement. Le sous-réseau "Jockey" se forme autour d'Adrien Monier. Celui-ci a rencontré Francis Cammaerts, responsable du secteur méditerranéen du SOE, dans la Drôme. Il entre en action en 1943 avec un Corps franc mais passe à l'AS en janvier 1944 avec l'accord de Cammaerts. Ces quatre sous-réseaux contribueront à alimenter la Loire en armement.

"Spruce" et "New-agents" recrutent leurs membres parmi les mineurs stéphanois et dans les rangs du "Coq enchaîné". Spruce s'identifie en la personne d'un agent anglais Allan Jickell. Antoine Boirayon en est la cheville ouvrière dans la Loire. Ces sous-réseaux réceptionnent plusieurs parachutages. L'un de ceux-ci, le 24 septembre 1942, à Mornand-la-Jarlette, tourne à la catastrophe. Le comité de réception est arrêté. 27 membres de l'organisation le suivront en prison. Jickell regagne l'Angleterre par l'Espagne. Tout est à recommencer.

Antoine Boirayon a échappé à la rafle. Aux côtés de Joseph Marchand, industriel lyonnais, il reprend le flambeau, à la fin de 1943, sous la double appellation de "New-agents" et de groupe "Ange".

Ils entreprennent une série impressionnante de sabotages dont l'un au moins mérite d'être cité. Il s'agit de l'arrêt total de la production, en mai 1944, de l'usine Duralumin de Rive-de-Gier, par la mise hors d'usage de l'arbre moteur des laminoirs les plus modernes d'Europe.

Au 1er juin 1944, "Ange" constitue un maquis dont l'effectif atteindra 150 hommes. Le 7 août, il dégagera au prix d'un tué, les FTP de Lérigneux. Le 31 août, il combat à Saint-Michel-du-Rhône. Il y perd 9 des siens.

À Roanne, sous l'autorité de Robert Lyon, "Acolyte" aura des activités semblables. Il opère en liaison avec l'AS qui lui est d'un précieux appoint. Il crée un maquis à Fragny. Fort de 28 hommes, placé sous les ordres d'un officier américain recueilli à la suite d'un atterrissage forcé, il est attaqué le 28 juillet et dispersé. Il se reforme aux Noës, vers le 15 août, avec André Cambouher. Présent à Saint-Yan avec 80 hommes, il négligera sa mission pour s'en aller cueillir des lauriers plus faciles ailleurs.

Dans la Loire, l'ORA ne compte que deux officiers saint-maixentais au moment où elle fusionne avec l'AS. Celle-ci comprendra un contingent assez nombreux d'officiers et de sous-officiers d'activé qui ont servi dans l'esprit de l'ORA.

Les opérations militaires à mettre à l'actif de ces forces sont connues. Quelques-unes ont été évoquées au passage. Je me bornerai, ici, à un bilan. Un inventaire détaillé des actes de sabotage reste à établir. Dans un document dressé en 1972 par M. Peycelon, ils s'élèvent à 404 opérations sur les usines ou les voies de communication. On y compte 212 attentats contre les personnes dont 36 sur Roanne. Si le premier nombre est proche de la réalité, le second paraît excessif.

Les sabotages se répartissent en 32 interventions sur le potentiel industriel, 294 sur les voies ferrées et 78 sur les lignes électriques ou téléphoniques. La période d'après le 6 juin en totalise 158. La part de Roanne est de 65 dont les trois quarts après le 6 juin.

Non compris les accrochages mineurs, 30 combats ont opposé les forces de la Résistance à celles de l'ennemi. L'AS en a livré 17, les FTP 10 et le SOE 2. Les trois formations participent au combat de Lérigneux. Au cours de ces engagements, la Résistance aura 90 tués. Elle laisse 61 prisonniers aux mains de l'ennemi. Le camp Wodli subit les pertes les plus sévères. À lui seul, il compte 40 tués et 46 prisonniers. Les blessés et les victimes civiles dus aux combats ne sont pas compris dans ces nombres.

Les pertes adverses n'ont été que rarement dénombrées. Les chiffres les plus fantaisistes ont été avancés par les combattants. On peut estimer comme proches de la vérité : 170 tués et 858 prisonniers dont 35 miliciens. Dans ces totaux, Vaugris est retenu pour 76 tués et Estivareilles pour 830 prisonniers. Ce résultat, auquel s'ajoute celui des sabotages dont l'ampleur n'est pas mesurable, est important.

La mise sur pied de ces unités et leur emploi ont rencontré des difficultés de tous ordres. L'action clandestine est parsemée d'obstacles. On examinera, ici, brièvement, ceux qui relèvent du commandement, de l'équipement et de l'encadrement.

Les FFI ont été créées en février 1944 par décision du CNR (19). Le 4 avril, le général Kœnig en prend le commandement. Elles comportent un échelon départemental. Début avril, la région y place le capitaine Jean Marey. Jusqu'à la Libération, celui-ci n'usera jamais des prérogatives attachées à ce poste.Immédiatement après sa nomination, et à la suite d'un écart de langage de sa part survenu à point nommé, le FN en conteste le bien-fondé et revendique cette responsabilité pour l'un des siens. Le colonel Provisor, chef régional pour la rive droite du Rhône, y est favorable. Un obstacle préalable est à lever, l'éloignement de Marey. Le suppléant de celui-ci, sollicité, s'y oppose. Provisor doit se résoudre à confirmer Marey dans sa fonction. Il le fait dans une lettre au FN, datée du 27 juillet. Le climat qui s'est instauré entre-temps et le comportement délibéré du principal intéressé, empêchèrent sa mise en application. Les contacts suivis, établis en février entre AS et FTP furent rompus. Il n'y eut pas coordination des actes de guerre dans la Loire.

En matière d'équipement, aucune formation de la Loire ne disposera de moyens de transmission radioélectriques. Le département n'a aucune liaison de ce type avec la région. Le groupe "Ange" disposait d'un téléphone de campagne pour ses relations internes.

L'habillement est d'abord assuré par les volontaires eux-mêmes. L'AS de Montbrison s'emparera, à Saint-Just-sur-Loire, d'un millier de tenues militaires de l'armée d'armistice. Les maquis des monts du Forez en furent pourvus.

Les problèmes d'armement et de fourniture en explosifs furent initialement réglés par des moyens de fortune. Armes récupérées partout où une occasion se présentait. Cartouches de dynamite prélevées sur des chantiers divers ou sur le carreau des mines.

Des armes proviennent du 5e RI. Elles sont prises aux gendarmes. Des fusils de chasse et des armes de poing individuels entrent dans les dotations. L'AS bénéficie de deux apports substantiels, l'un vient d'un dépôt clandestin de l'armée de l'armistice sauvé par le comte de Neufbourg des rafles de la Wehrmacht ; l'autre lui est amené "à domicile" par un escadron de la Garde républicaine, passé au maquis, le 8 juillet 1944, avec armes et bagages. L'essentiel de l'armement arrivera par la voie aérienne. Le SOE, les Mouvements et l'AS en seront les destinataires. Les FTP ne recevront aucun parachutage.

La topographie du département de la Loire se prête bien aux terrains de parachutage ou atterrissage en campagne. 48 parachutages réussis ont été répertoriés. On compte 7 échecs. Le premier parachutage est destiné au BCRA , 8 iront aux Mouvements, 10 à l'AS de la Loire et 10 à l'AS du Rhône. Une équipe de Jedburg et des SAS sautent, le 15 août à Grézieux-le-Fromental. Parmi les arrivages de matériels, 28 sont dirigés sur Lyon, la Loire n'en percevra que la portion congrue. 4 disparaîtront avant d'avoir servi. On peut estimer à 16 ceux qui vont à l'équipement des sédentaires et des unités combattantes de la Loire. Un avion répond, en moyenne, à l'armement d'une centaine d'hommes. Ce sont 2 000 hommes qui pourraient être armés par ce moyen. Les coupes sombres opérées par l'occupant, réduisent ce nombre à 1 600. On voit par là, que les autres sources d'armement ne furent pas négligeables.

On ne pouvait laisser des combattants dans la nature sans les armer. Mais les tractations avec les FTP portant sur les transferts d'armes parachutées furent âpres. Aucune indication sur les effectifs ne pouvait être obtenue, moins encore vérifiée. Il y eut source de conflits parfois suivis d'actes caractérisés d'hostilité. À la libération, toutes les formations FTP de la Loire étaient correctement armées. Il subsiste toutefois des imperfections. À Saint-Yan, la compagnie Lade compte une trentaine de fusils de chasse. Le groupe Flicker, de l'AS, au 20 août, comprend 40 hommes non armés.

Le SOE fut servi à profusion. Ses chefs suppléèrent autant qu'ils le purent aux besoins des autres formations. Il faut leur rendre un juste hommage.

Plus que dans la quantité d'armes, c'est dans leur mise en œuvre convenable que réside leur efficacité. 16 hommes et 2 bazookas engagés à Vaugris font davantage que des compagnies imparfaitement employées. La différence provient le plus souvent de la plus ou moins grande aptitude des cadres à accomplir leur fonction.

À tous les niveaux de la prise des décisions et dans l'exécution, la Résistance réclame des hommes de convictions. Au niveau supérieur elle exige qu'ils se doublent d'intelligence et de raison. Au département et au secteur, il lui faut disposer de véritables meneurs d'hommes, aptes à partager les risques à la tête et au milieu de leurs troupes. À tous les échelons, le rôle essentiel des cadres est de les découvrir et de les placer aux postes appropriés à leurs qualités.

Dans la Loire, chez les FTP, Hutinet et Vial-Massat sont de ceux-là. Antoine Boirayon en est au SOE. À l'AS, Jean Marey, au vu de ses dons et de son charisme, est indiscutable. On ne peut affirmer la même chose dans tous les secteurs. Si Adrien Monier à Chazelles-sur-Lyon et Henri Jeanblanc à Saint-Étienne sont bien à leur place, on ne peut aller au-delà. Fort heureusement, les insuffisances seront compensées par la qualité et l'ardeur des subordonnés :

Michel Flicker et Jean Boyer dans le Roannais, le lieutenant Millon dans le Montbrisonnais, Régis Perrin à Firminy et Joseph Coste à Rive-de-Gier, pour ne citer que les plus en vue.

Avec un nombre plus élevé d'hommes de cette trempe, le rendement global des formations armées de la Loire se fut encore accru. Le potentiel existait. Les fluctuations internes au secteur de Roanne furent préjudiciables au plein emploi de ses forces.
                                                                                                                           

Les résultats obtenus par l'ensemble des forces armées de la Loire sont, en tout état de cause, substantiels. Dans le domaine des sabotages, ils sont considérables. C'est par un défaut de liaison entre les exécutants et les états-majors alliés, que les bombardements aériens de la Ricamarie et de Saint-Étienne, qui firent 1 500 victimes parmi la population, ne purent être évités. À la Ricamarie, la destruction des machines-outils de la Nadella était en préparation à l'AS. À Saint-Étienne, l'équipe du groupe "Ange", chargée de la paralysie du nœud ferroviaire était à pied d'œuvre le 26 mai 1944.

Dans le domaine des engagements entre forces adverses, ils sont des plus acceptables sans pour autant atteindre le niveau de ceux des départements voisins.

On a vu par la quantité des armes livrées que l'état-major allié ne fit pas de la Loire un département prioritaire. En un seul jour, le 1er août 1944, la Haute-Savoie a reçu sept fois le contingent global. Cela s'explique par sa position géographique, mais aussi, par le volume de ses effectifs.

Laissons parler les chiffres. Au 1er juin 1944, l'ensemble des maquis rattachés à la Loire totalise 570 hommes. À cette date, la Haute-Loire mobilise 4 000 hommes pour le mont Mouchet. Au 22 août, date officielle de la libération du département, la Loire rassemble 2 100 hommes dans les unités combattantes et 700 à 800 sédentaires. Ce même jour, la région lyonnaise annonce 60 000 hommes pour 10 départements, soit une moyenne de 6 000 pour chacun d'eux. Ces chiffres se passent de commentaires. Ils ne diminuent en rien les mérites des résistants de la Loire.
                                                                                                      
La Loire peut aussi s'honorer d'avoir participé au combat libérateur par quelques-uns de ses fils, appelés à des tâches d'une autre ampleur. On ne retiendra que trois noms ; René Brouillet, Paul Rivière et Romans-Petit.

René Brouillet est un diplomate proche de Georges Bidault ; en avril 1943 il entre au Comité général d'études, organe annexe du CNR. Le comité publie des Cahiers Politiques. René Brouillet en est l'un des rédacteurs. Il sera le premier commissaire de la République d'Angers. Appelé à d'autres fonctions, c'est Michel Debré qui assumera ce poste.

Paul Rivière joue un rôle de premier plan en région lyonnaise. Il est l'un des premiers dirigeants de "Combat". En janvier 1942, il prend la tête des services aériens sous leurs différentes formes, en liaison directe avec l'EM allié. Il aura la haute main sur ces opérations pour le sud de la France. [note ci-contre]

Dans "La nuit sans ombre" Alban-Vistel lui a consacré, ainsi qu'à son épouse Jannick, dix pages entières.

Romans-Petit n'est plus à présenter. Il opère dans l'Ain. Il est le chef prestigieux des célèbres maquis qui défilent le 11 novembre 1943 dans Oyonnax. Officier de l'Armée de l'Air, il est stéphanois. C'est un ami personnel de Jean Nocher. Il engagera plus de 3 000 hommes parfaitement organisés et armés, le 1er septembre 1944, aux côtés des 157e et 180e R.I. américains dans l'opération de libération de son département.

Si cet aperçu embrasse les principaux aspects de la Résistance dans le département de la Loire, il n'en retrace que les grandes lignes, d'où un débit un peu aride de l'exposé. Il est loin d'épuiser le sujet. La matière en est abondante. Pour la pénétrer jusque dans sa trame, un gros volume serait nécessaire. Bien des points importants restent dans l'ombre.

Nombreux sont ceux qui ne seront jamais connus. Des acteurs de premier plan ont disparu avant de témoigner, d'autres se réfugient dans un silence obstiné, le devoir étant accompli.

Le rôle éminent de Robert Kahn, celui du capitaine Berheim sont couverts d'un voile peu transparent. L'un et l'autre sont morts à Bron, au fort de la Duchère le 18 août 1944.

Les réseaux de renseignements n'ont pas été évoqués. L'aide que le monde paysan apporta à la vie des maquis et dans les parachutages ne peut être comptabilisée. Elle est considérable.

II était tentant de situer la place du département dans la région lyonnaise. Prépondérante à l'origine, elle s'est estompée peu à peu.

La Résistance a pleinement rempli son office dans la libération du sol national mais elle avait une ambition plus élevée. Elle a combattu une idéologie malsaine. Elle visait à extirper celle-ci, non de la mémoire des hommes, mais de leur cœur. Elle rêvait de lui substituer un idéal de dignité humaine qui puisse s'exprimer partout dans le monde, au-delà des croyances, au-delà des civilisations particulières. À ce titre, elle reste d'actualité. Elle est le souci de tous les hommes généreux capables de se dévouer pour le bien d'autrui.

Il reste, il restera toujours à faire pour atteindre cet objectif difficile et lointain. Vue sous cet angle, la Résistance peut encore apporter beaucoup aux Français et au monde. Au-delà du patrimoine historique de la nation, dont elle forme un fleuron incomparable, elle constitue, par la masse des enseignements qu'elle dispense, un réservoir inépuisable mis à la disposition, aujourd'hui et dans l'avenir, de tous les chercheurs soucieux d'humanité.

Annecy-le-Vieux, le 27 décembre 1987

Colonel René Gentgen

1 - Confédération française des travailleurs chrétiens.
2 - Parti démocratique populaire, d'inspiration démocrate chrétienne.
3 - Parti communiste français.
4 - Front national, mouvement de résistance créé à l'initiative du PCF, mais recrutant en fait dans des milieux politiques différents.
5 - Armée secrète.
6 - Francs tireurs et partisans français.
7 -Jeunesse ouvrière chrétienne, Jeunesse étudiante chrétienne.
8 - Comités départementaux de libération, Comités locaux de libération.
9 - Mouvement de libération nationale.
10 - Noyautage des administrations publiques.
11 - Commissaire central.
12 - Secrète opération executive (Sections spéciales de l'Intelligence service britannique).
13 - Organisation de Résistance de l'armée.
14 - Forces françaises de l'intérieur, créées officiellement le 1er février 1944 ; le général Koenig, héros de Bir Hakeim fut placé à leur tête.
15 - Corps francs, unités (régulières) de combat, chargées de missions spéciales ou délicates, confiées plus tard aux commandos.
16 - Groupes mobiles d'opérations, unités combattantes de l'Armée secrète.
17 - Automitrailleuses.
18 - Fusil-mitrailleur.
19 - Conseil national de la Résistance.
20 - Bureau central de renseignement et d'action, dirigé par le colonel Passy et dépendant du gouvernement de Londres.

(Village de Forez, supplément au n° 53, du 2e trimestre 1993)

Note

d'Alexis Rivière, fils de Paul Rivière :

Paul Rivière n'a jamais été dirigeant de Combat. Il s'est retrouvé presque par hasard dans cette organisation car il participait, depuis 1941, par conviction anti-nazie, aux opérations de propagande (distribution de journaux, tracts, etc.) et a fini tout simplement par se retrouver sous les ordres d'Henri Frenay, chef de Combat ; les effectifs des "activistes" étaient à cette époque fort réduits ! Il a d'ailleurs très vite quitté Combat pour devenir l'adjoint de Raymond Fassin, officier d'opérations de Jean Moulin.

Par ailleurs, il n'a pris la tête des opérations aériennes dans la zone sud qu'en juillet 1943, après l'arrestation de Caluire.
Son engagement n'était pas d'origine politique mais simplement patriotique (à l'instar des milliers d'inconnus qui ont fait la Résistance), ce qui explique le peu d'écho qu'elle a eu par rapport à des personnalités plus connues par leur engagement plus médiatisé.

Il faut reconnaître qu'il est très difficile de trouver des textes totalement exempts d'erreurs dans les témoignages des acteurs de l'époque, que ce soit du fait des défauts de la mémoire ou même du désir inconscient de recréer une histoire plus satisfaisante... On leur pardonne.

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La Résistance

Montbrison

Souvenirs de Lucien Gidon
(Village de Forez n° 6, 1981)


La bataille de Lérigneux

Voir la page :


Bataille de Lérigneux (7 août 1944)

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Publications de Village de Forez

Aventurier Gérard, Cellier Albert, Des instituteurs de la Loire au Service du travail obligatoire (STO) dans le Troisième Reich (1943-1945), suppl. au n° 69-70, avril 1997.

Aventurier Gérard, Cellier Albert et des anciens du STO, Des STO de la Loire dans la tourmente, suppl. au n° 73-74, avril 1998.

Aventurier Gérard, Antoine Jouve (1919-2004), de Combat à l'Armée secrète : la vigilance, la cohérence, la droiture, 2011.

Bouchet Paul, Chambon Pascal, Latta Claude, Moiron Pascale, Steiner Jean-Michel, Aventurier Gérard, Galletti Charles, Le Forez pendant la seconde guerre mondiale, communications au Printemps de l'histoire 2012.

Briand Roger, Antoinette, résistante, épouse exemplaire du commandant Marey, suppl. au n° 77-78, avril 1999.

Briand Roger, Itinéraire d'un maquisard FTP : mémoires d'Adrien, suppl. au n° 81-82, avril 2000.

Cellier Albert, La guerre en Forez Velay, chronique, juin 1940, suppl. au n° 81-82, avril 2000.

Collectif, Le Forez et les Foréziens dans la guerre et la Résistance 1939-1945, Cahier de Village de Forez n° 62, avril 2009.

Collectif, La guerre de 1939-1945, Résistance et déportation, Cahier de Village de Forez n° 70Communications au Prin
temps de l'histoire 2009.

Collectif (J.-M. Steiner, C. Latta, Bernard Teper), Le programme du Conseil national de la Résistance.

Covey Guy et Grange-Gagnère Marie, Une famille britannique : les Covey, Cahier de Village de Forez n° 68, 2009.

Chassagneux Jean, STO (Service du travail obligatoire) Auschwitz-Königstein (1943-1945), préface de Georges Toupet, suppl. au n° 89-90, avril 2002.

Cuisinier Antoine, Marguerite Gonon parle (la Résistance à Arthun, Guy de Neufbourg), suppl. au n° 81-82, octobre 2000.

Latta Claude, L'appel du 18 juin, Cahier de Village de Forez n° 81, 2010.

Latta Claude, Thévenet-Merle Marie-Claudette, Le groupe de Résistance d'Arthun, le comte de Neufbourg, Marguerite Gonon et leurs compagnons, 2012.

Patard Joanny, Journal de Joanny Patard, vigneron de Boën, au STO à Linz Donau (Autriche), 7 juin 1943-26 mai 1945, présentation et notes d'Antoine Cuisinier, suppl. au n° 97-98,
avril 2004.


Vente Joseph, Cinq ans prisonnier en Allemagne (1940-1945), préface d'Henri Clairet, 2005.

Vial-Flatry Marie-Antoinette, Juste des Nations, présentation et notes d'Antoine Cuisinier,
n° 74, 2010.

Tous ces ouvrages sont disponibles au Centre social de Montbrison

13, place Pasteur 42600 MONTBRISON

perso.wanadoo.fr/centresocial-montbrison

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*       *

Le monument en hommage
aux morts du groupe Ange

aux Limites,
sur la route
de Montbrison à Saint-Anthème

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Plaque commémorative
sur la façade
de la mairie de Montarcher

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Montbrison

A la Libération, devant le monument aux morts
Premier rang : 2e en partant de la gauche Jean Marey, 3e Lucien Gidon, 5e René Gentgen

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Le commandant Marey et son épouse Antoinette

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Documents
    
    22 juillet 1940 : affiche (fonds Brassart, archives de la Diana)

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26 octobre 1940 : (Journal de Montbrison)

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Mars 1944 : tract distribué à Montbrison, appel à la solidarité
des mouvements d'action catholique
(fonds Brassart, archives de la Diana)



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18 avril 1944 : tract distribué à Montbrison, propagande de Vichy
(fonds Brassart, archives de la Diana)


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*     *

8 juin 1944 : tract distribué à Montbrison, appel du Maréchal
(fonds Brassart, archives de la Diana)

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*     *
8 juin 1944 : autre tract (anti-britannique) distribué à Montbrison

(fonds Brassart, archives de la Diana)

    

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*     *

Tracts du Comité de Libération de la Loire
(archives de la Diana)

août 1944

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*     *

Octobre 1944 : tract pour la visite du préfet à Montbrison
(fonds Brassart, archives de la Diana)

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*     *

Décembre 1944 : tract distribué à Montbrison, appel à la solidarité de la JOC

(fonds Brassart, archives de la Diana)

  

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Pays de Boën

Neufbourg et ses compagnons

De gauche à droite : Marius Durand, Pierre Merle, Charles Michel, Alfred Petit,
Guy Courtin de Neufbourg, Pétrus Durand, Jean Merle, Claude Michel (vers 1950)

(Extrait de Antoine Cuisinier, "Marguerite Gonon parle... la Résistance à Arthun,
Guy de Neufbourg", supplément de Village de Forez, n° 81-82, 2000).

Château de Beauvoir à Arthun

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Mémorial des Rés
istants de Boën



(affichette, archives de la Diana, Montbrison)

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Le jour de la victoire

Le Forez, les militaires, la guerre 


           

Conception
David Barou
textes et documentation
Joseph Barou


questions, remarques ou suggestions
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mise à jour : 21 juin 2016