Les maires tentent d'organiser le ravitaillement des habitants
(affiche
de la Grande Guerre, archives Diana)
1918
la Grande Guerre
n'en
finit plus !
En 1918, après plus
de quatre années de guerre, le pays est exsangue. Aux lourdes
pertes du front s'ajoutent les privations de l'arrière. Tout
le pays souffre. La presse locale de l'époque reflète
une vraie préoccupation : nourrir bêtes et gens.
Économisons la paille
Très insuffisante, cette année-là, la récolte
des fourrages dans toute la France ! Or l'armée compte beaucoup
de chevaux. Et ses besoins - "absolument
irréductibles" - sont augmentés de 50
%. Les civils doivent donc économiser, au maximum, le foin. Et
le remplacer par la paille. Pour cela, plus question de l'utiliser pour
la litière du bétail. Pourtant chacun sait que les meilleurs
fumiers sont faits avec de la paille.
L'intendance militaire recommande d'employer des produits de substitution
: fougères, bruyères, paille de fond de meules, joncs,
roseaux, fanes de topinambours, feuilles sèches et même
sciure de bois
Quant aux balles de céréales il s'agit d'une excellente
alimentation pour les bovins. Encore faut-il les mélanger à
des betteraves ou topinambours hachés et laisser le tout fermenter
une journée.
Huile de noyaux de fruits
Pour des denrées telles que l'huile la pénurie est extrême.
L'Intendance militaire organise la fabrication d'huiles avec des noyaux
de fruits. Il faut tirer partie de toutes les ressources du pays. Bien
sûr, ce n'est pas simple, car elles sont "insignifiantes
parce que très disséminées".
Elle invite les habitants à garder les noyaux des fruits consommés.
Leur collecte revient aux instituteurs. Ils les livrent aux commissions
du ravitaillement pour rejoindre l'intendance militaire de Saint-Etienne.
L'Intendant, paie comptant, tous fruits confondus, au cours du jour.
Évidemment à un prix minime. La même recommandation
est faite aux fabricants de confitures et de compotes pour que rien
ne soit perdu.
De la confiture sans sucre
Le Montbrisonnais nous donne une recette pour obtenir une bonne confiture
sans sucre :
"Pendant que les mûres mijotent
sur le fourneau, on cuit, à l'eau, une betterave à collet
violet pour deux kilos environ de fruits. Lorsque cette betterave atteint
environ les deux tiers de sa cuisson, on la retire, on l'épluche,
on la coupe en quatre et on la couche sur les confitures, le tout doit
être ensuite laissé sur feu doux - afin d'éviter
l'ébullition - pendant quatre ou cinq heures au moins".
Ces confitures, "admirablement sucrées",
paraît-il, se conserveront aussi longtemps que celles confectionnées
selon les procédés ordinaires.
Tout vient de la haie et du potager. Voilà une recette qui plaira
sans doute aux écologistes. Elle serait amusante si elle ne rappelait
un peu trop les souffrances d'une époque difficile.
Joseph Barou
Sources : Le
Journal de Montbrison (22 juin 1918) ; Le
Montbrisonnais, (17 août et 7 sept. 1918).