1851
: un peu de propreté et de tenue
pour Montbrison,
préfecture de la Loire !
En 1851, M. Bouvier, maire
de Montbrison, pense qu'il est bon de mettre un peu d'ordre dans la
préfecture de la Loire.
Il y a un siècle et demi notre bonne ville de
Montbrison, toute tassée autour de sa collégiale,
avait un air assez pauvret. Certes les remparts avaient été
abattus pour faire place à la ceinture des boulevards mais les
rues du centre étaient étroites, les maisons chétives,
le pavé inégal. Le gros marché du samedi et les
fermes installées dans les faubourgs accentuaient encore son
aspect rural.
Balayage matinal au son de la cloche
Ce gros bourg était pourtant - et restera jusqu'au
1er janvier 1856 - la préfecture
de la Loire. On comprend pourquoi les municipalités successives
s'efforçaient, avec des moyens limités, d'améliorer
son aspect. Et d'abord de lutter contre un laisser-aller un peu trop
campagnard.
Faire un règlement de propreté,
voilà qui ne coûte pas trop cher. Le maire, M. Bouvier,
prend le 25 septembre 1851 un bel arrêté de police avec
27 articles minutieusement élaborés.
Pour les ordures ménagères, "la boîte à
M. Poubelle" n'a pas encore cours.
Le préfet de la Seine ne l'impose aux Parisiens qu'à partir
de 1884. Alors "Boues, immondices et balayures"
seront rassemblées au bord du
ruisseau, en tas. La collecte se fera à l'aide d'un tombereau.
Aux habitants de balayer avec soin, chacun devant sa porte, tous les
matins, avant 7 heures en été, avant 8 h ½ en hiver.
Les habitants seront prévenus
"au son de la cloche ou du
tambour" de se mettre à ces travaux de propreté.
Le fumier est précieusement recueilli et vendu.
Pas de tripaille sur
la voie publique
Parmi les multiples consignes données, M. le Maire rappelle qu'on
ne doit "rien jeter de nuit ou de jour
par les fenêtres ni secouer les balais, tapis, draps, couvertures
"
L'article 10 fustige les jardiniers négligents qui abandonneraient
sur place les débris de légumes ou fruits exposés
à la vente. Le 13 défend aux bouchers et charcutiers de
jeter sur la voie publique "le sang, les
tripailles, boyaux, plumes et autres vidanges". Les
veaux et moutons devront désormais être saignés
à l'abattoir (actuelle rue Francisque-Reymond)
et non dans la rue de la Boucherie (actuelle
rue des Clercs).
La circulation, le stationnement et le chargement des charrettes font
aussi l'objet d'un règlement tatillon. Car la ville est encombrée
d'attelages divers. Attention aux chevaux qui s'emballent ! Au coup
de corne d'un buf irascible
Prudence dans les mauvais lieux
Arrivons aux derniers articles qui traitent des établissements
figurant plutôt dans les villes. "Les
cafés, billards, auberges, restaurants, maisons de tolérance
et autres lieux publics devront être fermés à 11
heures précises du soir, depuis le 1er avril jusqu'au 30 septembre",
à 10 heures du 1er octobre au 31 mars
Tous les jeux de
hasard sont formellement interdits, tant dans la rue et les lieux publics
que chez les particuliers.
Ces dernières prescriptions nous indiquent, s'il en était
besoin, que notre petite ville possédait, elle aussi, ses "mauvais
lieux". Et quelques habitants - rares sans doute - pouvaient
s'y ruiner à cause des femmes et du jeu !
Joseph Barou
Sources
: Journal de Montbrison, n°
1 162 du 28 septembre 1851.
[La Gazette
du 30 juin 2006]