XIXe
siècle :
vie quotidienne à
Montbrison, l'octroi
Jeu de cache-cache
entre gabelous et Montbrisonnais
Au
XIXe siècle, comme dans de nombreuses communes aux revenus limités,
le conseil municipal de Montbrison établit l'octroi. Une taxation
mal supportée par la population...
Les ressources de la ville sont médiocres. La masse budgétaire
ne varie pas beaucoup au fil des décennies. L'octroi en fournit
une grande part, près de la moitié. En 1889, par exemple,
son produit brut représente 59 000 F soit 46,10 % des recettes
ordinaires de la ville.
Quatre grandes sortes de marchandises sont taxées à leur
entrée dans la ville : les boissons (vin, alcool, vinaigre et
bière), les comestibles (bufs, vaches, veaux, chèvres,
moutons et porcs ainsi que les fourrages et pailles), les combustibles
(bois, charbon de bois et charbon de terre) et les matériaux
de construction.
Un préposé en chef et neuf gabelous
Le personnel de l'octroi est formé d'un préposé
en chef et de neuf employés. Ils tiennent des postes sur les
différentes routes aux entrées de Montbrison. Bien sûr,
nombreux sont ceux qui essaient de faire passer des marchandises sans
payer. Une lutte permanente s'engage entre les gabelous et les fraudeurs
avec des succès partagés.
Le zèle des employés est entretenu par une coutume adoptée
par les différentes municipalités. Le produit des amendes
est abandonné aux agents qui ont fait la saisie. Le préposé
en chef est un personnage important. Il a toute la confiance du conseil
municipal. De temps à autre, il reçoit une prime en plus
de son traitement. Pour l'inciter à faire mieux encore...
En 1889, M. Chouvon a sous ses ordres MM. Chaumette, Faucoup, Fougerouse,
Goutey, Julien, Peyron, Poully, Strub et Tillet. Ils reçoivent
les 209,97 F du produit revenant à la commune des amendes infligées.
Cette même année 1889, les contrevenants sont une douzaine,
certains récidivistes. Et il y a parmi eux des commerçants
ayant pignon sur rue.
Vers les Purelles et Charlieu, Savigneux a ses
contrebandiers
L'organisation de l'octroi a ses points faibles. La proximité
de la commune de Savigneux dont le territoire est limitrophe du boulevard
Duguet facilite les passages clandestins. Montbrison cherche d'ailleurs,
mais en vain, à annexer une portion du territoire communal de
Savigneux pour que l'octroi soit plus efficace.
De même, l'installation de la gare et d'un nouveau quartier, loin
du centre-ville et près de Savigneux, a créé de
nouveaux problèmes de surveillance. En 1890, le préposé
en chef signale que des négociants montbrisonnais installent
des entrepôts sur le territoire de Savigneux et à proximité
de la gare pour éviter de payer l'octroi. Les marchandises entrent
ensuite dans la ville par "les divers chemins des Purelles, de
Charlieu, de Savigneux et par le lit du Vivézy dont les entrées
sont insuffisamment gardées". Il y a un perpétuel
jeu de cache-cache. Les agents de l'octroi sont, naturellement, très
mal vus de la population.
L'octroi, appartient maintenant au passé. Mais d'autres taxes
sont, depuis, arrivées... Et il y a encore des fraudeurs.
Pour en savoir plus :
J. Barou, "Montbrison de la seconde République
à la Grande Guerre (1848-1914)", Village de Forez,
2004.
Joseph Barou
[La
Gazette du 9 juin 2006]
Carte
des limites de l'octroi (1837)
Tableau des tarifs de l'octroi (Journal de Montbrison du 9 octobre 1853)
Gourmette d'un agent de l'octroi :
BERARD, brigadier d'octroi.
A droite, route de Savigneux, à la sortie
de Montbrison,
la maison de l'octroi (années 50)
photo aimablement communiquée
par Maurice Damon
textes
et documentation
Joseph Barou
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mise
à jour : 13 novembre 2016 |
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