Montbrison,
7 086 habitants en 1891,
n'est plus la préfecture
de la Loire
depuis le 1er janvier 1856.

XIXe siècle :
vie quotidienne
à Montbrison, l'octroi

Jeu de cache-cache

entre gabelous et Montbrisonnais

Au XIXe siècle, comme dans de nombreuses communes aux revenus limités, le conseil municipal de Montbrison établit l'octroi. Une taxation mal supportée par la population...

Les ressources de la ville sont médiocres. La masse budgétaire ne varie pas beaucoup au fil des décennies. L'octroi en fournit une grande part, près de la moitié. En 1889, par exemple, son produit brut représente 59 000 F soit 46,10 % des recettes ordinaires de la ville.

Quatre grandes sortes de marchandises sont taxées à leur entrée dans la ville : les boissons (vin, alcool, vinaigre et bière), les comestibles (bœufs, vaches, veaux, chèvres, moutons et porcs ainsi que les fourrages et pailles), les combustibles (bois, charbon de bois et charbon de terre) et les matériaux de construction.

Un préposé en chef et neuf gabelous

Le personnel de l'octroi est formé d'un préposé en chef et de neuf employés. Ils tiennent des postes sur les différentes routes aux entrées de Montbrison. Bien sûr, nombreux sont ceux qui essaient de faire passer des marchandises sans payer. Une lutte permanente s'engage entre les gabelous et les fraudeurs avec des succès partagés.

Le zèle des employés est entretenu par une coutume adoptée par les différentes municipalités. Le produit des amendes est abandonné aux agents qui ont fait la saisie. Le préposé en chef est un personnage important. Il a toute la confiance du conseil municipal. De temps à autre, il reçoit une prime en plus de son traitement. Pour l'inciter à faire mieux encore...

En 1889, M. Chouvon a sous ses ordres MM. Chaumette, Faucoup, Fougerouse, Goutey, Julien, Peyron, Poully, Strub et Tillet. Ils reçoivent les 209,97 F du produit revenant à la commune des amendes infligées. Cette même année 1889, les contrevenants sont une douzaine, certains récidivistes. Et il y a parmi eux des commerçants ayant pignon sur rue.

Vers les Purelles et Charlieu, Savigneux a ses contrebandiers


L'organisation de l'octroi a ses points faibles. La proximité de la commune de Savigneux dont le territoire est limitrophe du boulevard Duguet facilite les passages clandestins. Montbrison cherche d'ailleurs, mais en vain, à annexer une portion du territoire communal de Savigneux pour que l'octroi soit plus efficace.

De même, l'installation de la gare et d'un nouveau quartier, loin du centre-ville et près de Savigneux, a créé de nouveaux problèmes de surveillance. En 1890, le préposé en chef signale que des négociants montbrisonnais installent des entrepôts sur le territoire de Savigneux et à proximité de la gare pour éviter de payer l'octroi. Les marchandises entrent ensuite dans la ville par "les divers chemins des Purelles, de Charlieu, de Savigneux et par le lit du Vivézy dont les entrées sont insuffisamment gardées". Il y a un perpétuel jeu de cache-cache. Les agents de l'octroi sont, naturellement, très mal vus de la population.

L'octroi, appartient maintenant au passé. Mais d'autres taxes sont, depuis, arrivées... Et il y a encore des fraudeurs.

Pour en savoir plus : J. Barou, "Montbrison de la seconde République à la Grande Guerre (1848-1914)", Village de Forez, 2004.

Joseph Barou

[La Gazette du 9 juin 2006]

Carte des limites de l'octroi (1837)

Tableau des tarifs de l'octroi (Journal de Montbrison du 9 octobre 1853)

Gourmette d'un agent de l'octroi :

BERARD, brigadier d'octroi.



A droite, route de Savigneux, à la sortie de Montbrison,
la maison de l'octroi (années 50)
photo aimablement communiquée par Maurice Damon

Conception
David Barou
textes et documentation
Joseph Barou


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mise à jour : 13 novembre 2016