Patois vivant



Vendanges de ma jeunesse


souvenirs d'André Berger

 

Vendanges de ma jeunesse

(patois de Savigneux)

lu par l'auteur au cours d'une veillée Patois vivant
au Centre social de Montbrison dans les années 2000


André Berger, petit garçon

pour écouter cliquer ci-dessous

(3 min 20 s)

Les vendanges d'autrefois chez le Toine Dubruc à Rigaud [un lieu-dit de Montbrison].

Cousin du père, cet homme était un grand amateur de végétaux, d'arbres, de vignes. Dans le clos des Rigaud, il n'avait pas moins de cent variétés de vignes hybrides qui se plantaient beaucoup à cette époque.

Qui se rappelle des Seibel 1 000, les 7 000, les 8 000 ? Même les paysans de la Plaine en avaient. On disait que ce vin ne faisait que
[faire] pisser. Pour se saouler il fallait en boire presque un "barricot" [barillet de 2 ou 3 litres] et qu'il fallait se cramponner à la table pour le boire.

C'était quelque temps avant la guerre. J'étais un gamin de 15 à 17 ans et, ce cousin, il m'embauchait pour vendanger, même pour tirer le vin. Dans la famille il y avait le grand Jean Berger. Il était invité et il venait avec ses deux filles : la Catherine et la Marie qui était la dernière de la nichée.

Le Jean Berger, de Champs, il élevait les chevaux et il arrivait avec une Peugeot décapotable, et les autos étaient rares à cette époque. Grand "brelot" que j'étais, vous pensez bien que je me suis mis à vendanger avec la Marie qui était la plus jeune : un an de plus que moi.

C'était une vigne sur fil de fer et on se mettait chacun d'un côté. Je faisais presque exprès de faire tomber des grains, qu'alors, il fallait ramasser. Et, quand elle s'accroupissait, j'ouvrais les yeux pour voir ses jolies cuisses. Oh ! la la ! des fois que je puisse voir ses culottes "à manches longues". Et il fallait bien ça. Les plus anciens les avaient passées à la "batiole"
[chahut dont était victime le vendangeur qui oubliait de couper une grappe] la Marie et la Catherine. Le mieux encore, c'était quand nous allions manger en ville chez la cousine Benoîte. Campé à l'arrière dans la Peugeot, entre les deux filles, pensez donc si j'étais heureux ! Un peu timide mais je commençais bien à rechercher les filles. On sortait bien le dimanche après-midi mais on les regardait de loin, avec les copains, bien sûr.

Le lendemain, il fallait tirer le vin blanc chez le cousin,
[ce vin] que le cousin vendait aux curés de Notre-Dame pour la messe.

Ah ! ces vignes, ces végétaux, ce vin ! Ils étaient bien soignés et les temps ont bien changé. Le cousin, le Toine Dubruc, ce brave homme qui m'a donné la passion des végétaux, nous a quittés. Le "54" qu'il a tant fait planter a disparu. Tous ces hybrides, Rayon d'or et autres, ne se plantent plus. Les vignes de la Plaine ont disparu. L'André Berger, il est devenu vieux, mais il a toujours dans sa tête la nostalgie du temps passé.

Et pourtant nous continuons la tradition. Le Gamay est cultivé sur les pentes des monts du Forez. Ils font du bon vin et, dimanche dernier, les anciens vignerons ont assisté à la messe de Saint-Vincent. Ils ont mangé la brioche et bu le vin blanc. Et c'est bien de continuer les traditions...

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Saint-Vincent
(Lézigneux)

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Mise à jour le 1er octobre 2010