Patois vivant



Travaux d'hiver


souvenirs d'André Berger

 

Les jeux des garçons d'autrefois

(patois de Savigneux)

lu par l'auteur au cours d'une veillée Patois vivant
au Centre social de Montbrison


André Berger, petit garçon

pour écouter cliquer ci-dessous

(4 min 13 s)

A cette époque les parents achetaient une poupée pour les filles et les garçons se d...  avec ce qu'ils pouvaient trouver.

Je me rappelle que nous allions pêcher les grenouilles dans l'artère du canal : une branchette de noisetier, de la ficelle à saucisson, une épingle de sûreté dont nous tordions la pointe, un morceau de chiffon rouge. Et nous en attrapions beaucoup mais on ne les mangeait pas à cette époque. Il y avait des vipères au canal mais nous nous sommes jamais fait "piquer".

Sous le pont, quelquefois, nous attrapions quelques loches, des vairons. Nous aimions bien barboter ; l'eau était bonne en été. Et souvent nous posions les vêtements surtout quand il n'y avait pas les filles. Eh ! oui, ça se comprend bien, elles ne pouvaient
[devaient]
pas voir nos "oiseaux".

Encore une histoire d'eau : quand le père faisait boire [arrosait] le pré nous nous mettions pieds nus, [nous] faisions des trous dans les rigoles avec la pioche "à jaille" et nous nous faisions engueuler parce que nous abîmions la motte du pré, bien sûr.

Une autre passion des garçons : faire des cabanes dans le Petit pré d'amour qui était très près de la maison. Les vieux l'appelaient comme ça et nous on ne comprenait pas ce que ça voulait dire. Nous l'avons appris plus tard quand nous avons vu les amoureux qui s'y cachaient. Eh oui ! dans ce pré que mon père a acheté en 1940. Il appartenait au Séminaire. C'était les apprentis curés qui s'en occupaient et comme ils ne sont pas bien courageux pour travailler les terres les mauvaises herbes ont poussé. C'était des buissons et après, c'est le père qui l'a acheté.

Enfin ça va bien. Nous prenions en cachette la hache, la serpe. Nous coupions quelques branches, [nous] transportions quelques vieilles planches et devant un arbre creux nous faisions une jolie cabane. Nous fabriquions un fusil avec une tige tordue ou une épée parce que nous avions chapardé quelques pointes au Vieux, [nous] faisions un peu la guerre dans les buissons.

Je  me rappelle "du" Raymond, de Savigneux - si vous voulez  savoir son nom,  Raymond  Schmitt - , de Toto, Toto Reynaud, de Savigneux, de mon frère Jean, bien sûr. Le Jean et moi, un jour, on avait décidé de faire une fronde et c'était à celui qui était le plus adroit à tirer les tasses des poteaux du téléphone ! Les tours de con, on en faisait aussi...

Quand nous pouvions attraper un vélo des anciens, nous passions une jambe dans le cadre pour pédaler. Qui ne l'a pas fait
[parmi] les hommes ? Grimper aux arbres : c'est à celui qui monterait le plus haut, et si on ramassait une [...?] on n'allait pas se plaindre à la mère.

Le père et la mère ne nous laissaient pas trop "à s'amuser". Nous étions embauchés pour battre le beurre, pour tourner la manivelle du "venteau" [tarare], pour tourner la meule pour aiguiser la faucille ou les lames de la faucheuse. Le plus pénible, c'était pour garder les vaches et les cochons ; c'était comme si on était en prison. Ramasser les haricots, les pommes de terre. Eh oui ! il fallait aider au travail. Ils nous lâchaient bien un moment. Et puis, à quatorze, quinze ans, nous avons pris de la force et de la malice. Et puis, et puis, nous avons commencé à regarder les filles, et tout a changé et la prochaine fois, je vais l'expliquer.

Voir aussi les pages sonorisées :

Ma naissance, il y a 80 ans, à Savigneux (2 min 24 s)
Petit garçon à Savigneux, avant la guerre
(6 min 36 s)
Ma première déliée, à Savigneux, avant 1939 (2 min 10 s)
Mécanicien à la batteuse en 1940 (8 min 58 s)
Travaux d'hiver d'autrefois (9 min 8 s)

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Patois du Forez

Mise à jour en août 2010