A
cette époque les parents achetaient une poupée pour
les filles et les garçons se d... avec ce qu'ils
pouvaient trouver.
Je
me rappelle que nous allions pêcher les grenouilles dans
l'artère du canal : une branchette de noisetier, de la
ficelle à saucisson, une épingle de sûreté
dont nous tordions la pointe, un morceau de chiffon rouge. Et
nous en attrapions beaucoup mais on ne les mangeait pas à
cette époque. Il y avait des vipères au canal mais
nous nous sommes jamais fait "piquer".
Sous le pont, quelquefois, nous attrapions quelques loches, des
vairons. Nous aimions bien barboter ; l'eau était bonne
en été. Et souvent nous posions les vêtements
surtout quand il n'y avait pas les filles. Eh ! oui, ça
se comprend bien, elles ne pouvaient [devaient]
pas
voir nos "oiseaux".
Encore une
histoire d'eau : quand le père faisait boire [arrosait]
le pré nous nous mettions pieds nus,
[nous]
faisions des trous dans les rigoles avec la pioche "à
jaille" et nous nous faisions engueuler parce que nous abîmions
la motte du pré, bien sûr.
Une
autre passion des garçons : faire des cabanes dans le
Petit pré d'amour qui
était très près de la maison. Les vieux l'appelaient
comme ça et nous on ne comprenait pas ce que ça
voulait dire. Nous l'avons appris plus tard quand nous avons vu
les amoureux qui s'y cachaient. Eh
oui ! dans ce pré que mon père a acheté en
1940. Il appartenait au Séminaire. C'était les apprentis
curés qui s'en occupaient et comme ils ne sont pas bien
courageux pour travailler les terres les mauvaises herbes ont
poussé. C'était des buissons et après, c'est
le père qui l'a acheté.
Enfin
ça va bien. Nous prenions en cachette la hache, la serpe.
Nous coupions quelques branches,
[nous]
transportions quelques vieilles planches et devant un arbre creux
nous faisions une jolie cabane. Nous fabriquions un fusil avec
une tige tordue ou une épée parce que nous avions
chapardé quelques pointes au Vieux,
[nous]
faisions un peu la guerre dans les buissons.
Je me rappelle
"du"
Raymond, de Savigneux - si vous voulez savoir son nom, Raymond
Schmitt - , de Toto, Toto Reynaud, de Savigneux, de mon
frère Jean, bien sûr. Le Jean et moi, un jour, on
avait décidé de faire une fronde et c'était
à celui qui était le plus adroit à tirer
les tasses des poteaux du téléphone ! Les tours
de con, on en faisait aussi...
Quand nous pouvions attraper un vélo des anciens, nous
passions une jambe dans le cadre pour pédaler. Qui ne l'a
pas fait [parmi]
les hommes
? Grimper aux arbres : c'est à celui qui monterait le plus
haut, et si on ramassait une [...?]
on n'allait pas se plaindre à la mère.
Le
père et la mère ne nous laissaient pas trop "à
s'amuser". Nous étions embauchés pour battre
le beurre, pour tourner la manivelle du "venteau" [tarare],
pour tourner la meule pour aiguiser la faucille ou les lames de
la faucheuse. Le plus pénible, c'était pour garder
les vaches et les cochons ; c'était comme si on était
en prison. Ramasser les haricots, les pommes de terre. Eh oui
! il fallait aider au travail. Ils nous lâchaient bien un
moment. Et puis, à quatorze, quinze ans, nous avons pris
de la force et de la malice. Et puis, et puis, nous avons commencé
à regarder les filles, et tout a changé et la prochaine
fois, je vais l'expliquer.
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