Antoine Peyron
de Sauvain
(1822-1906)
le
petit curé
du pape Pie IX
Antoine-Basile Peyron est né le 11
mai 1822, à Sauvain, dans une famille paysanne. Il devient
prêtre en 1848. De 1849 à 1863, Antoine est vicaire
auprès du curé du bourg voisin de Chalmazel. Ensuite,
il est nommé curé de la petite paroisse d'Ecotay-l'Olme
où il reste de 1863 à 1865. De cette époque
date son surnom.
C'est
un
"Piccolo curato !"
En 1863,
le clergé local est en émoi. Le Saint-Siège
entend imposer partout le rite romain. Pour le grand diocèse
de Lyon, faire ainsi fi des vénérables traditions
locales est une offense. Son archevêque n'est-il pas "le
primat des Gaules" ? Dans un vieux réflexe gallican,
une sorte de pétition est organisée. Elle est signée
par 1 465 prêtres sur les deux
milliers d'ecclésiastiques du diocèse. Le cardinal
de Bonald, archevêque de Lyon, laisse se développer
cette fronde.
Les protestataires désignent
une délégation pour porter une "supplique"
demandant au pape le maintien du Missel et du Bréviaire lyonnais.
Et au début de 1864, Antoine
Peyron part à Rome avec cinq confrères du Rhône
et la Loire. Le chanoine Ollagnier,
curé de Saint-Pierre de Montbrison
est du voyage. Il remplace le curé de Notre-Dame, M. Châtelain,
qui est malade..
Foréziens et Lyonnais sont reçus par le
pape Pie IX en compagnie de Mgr de
Bonald. L'entretien est familier mais le pape ne cède
rien. Sa Sainteté déclare que le nouveau bréviaire
ne sera imposé qu'aux nouveaux prêtres. Et il ajoute
en plaisantant : "d'ici là,
nous serons tous morts, moi le premier, sauf ce petit abbé".
Et il désigne Antoine Peyron qui,
à 42 ans, paraît en effet, très jeune. Le cardinal
de Bonald lui indique qu'il ne s'agit pas d'un séminariste
mais du curé d'Ecotay. "Ah
! dit le Pape, c'est un piccolo curato". La démarche
n'aboutit pas. Rome a parlé. Le bréviaire sera romain.
Les délégués reviennent bredouilles mais Antoine
a gagné le surnom de "Piccolo".
Et il lui est resté depuis.
En 1865, "le petit abbé"
prend en charge la paroisse de Saint-Jean-Soleymieux.
En 1873, il devient curé archiprêtre
de Boën. Il y reste 33 ans et
donne sa mesure. La ville prend alors un caractère plus industriel.
L'église est insuffisante et vétuste. Le chanoine
Peyron fait construire la nouvelle église
Saint-Jean-Baptiste, ouvre une école
Un
homme cultivé : les vieilles pierres et les fleurs
Ses activités pastorales
ne l'empêchent pas de se passionner pour l'histoire, l'archéologie,
la poésie, la botanique. Dès 1874,
il devient membre de la Diana. Le bulletin
de la société savante publie sa "notice
sur Chalmazel et son clergé".
Antoine Peyron se montre surtout un botaniste
averti. Toute sa vie, il herborise. Il parcourt les environs
de Montbrison, le canton de Saint-Jean-Soleymieux
et les montagnes du Soir. Mais
son aire de prédilection reste toujours les environs de son
village natal et, surtout, Pierre-sur-Haute,
un haut lieu, le toit du Forez.
Il constitue un herbier très complet des phanérogames
et des mousses des monts du Forez.
Il échange plantes et informations avec ses confrères
botanistes : les abbés Carriot et
Moyen. Il collabore avec le botaniste
Antoine Legrand qui dit de lui : "M.
l'abbé Peyron, qui a herborisé avec tant de succès
à Chalmazel et à Pierre-sur-Haute".
Il décrit pour la première fois une espèce
nouvelle : la "Viola leptorrhiza".
Il s'agit d'une discrète violette, bien en rapport avec la
modestie ecclésiastique
Le "piccolo curato"
meurt dans sa paroisse de Boën le 31
juillet 1906. Des souvenirs de lui ? L'église Saint-Jean-Baptiste
de Boën et, peut-être, une
fleurette séchée dans un vieil herbier oublié
on ne sait où.
Joseph
Barou
Source
: Souvenirs
du Chanoine Ollagnier, archives
Diana ;
Claudius Roux,
Histoire des sciences naturelles et agricoles en Forez, Lyon, 1911.