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Ecotay
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Ecotay
1
111 habitants (1999)
canton
et arrondissement
de Montbrison
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Les
habitants d'Ecotay
sont traditionnement surnommés
"les coqs"
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Une
plaque apposée sur les murs
du
château d'Ecotay résume
son histoire :
CE
CHATEAU FORT CONSTRUIT
AU XIIe SIECLE FUT LE SIEGE DE LA BARONNIE D'ECOTAY
JUSQU'A
SON TRANSFERT à QUEREZIEUX
AU XVIIIe S.
IL APPARTINT AUX FAMILLES CHAUDERON D'ECOTAY
DE LAVIEU
DE TALARU
DE LA ROUE
DE RIVAROL
DE MEAUX
CETTE DERNIERE EN FIT DON
A LA COMMUNE EN 1982
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Madone
érigée près du cimetière
Inscription du piédestal :
JEAN
PIERRE VINSON
PRETRE MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE
APRES 25 ANNEES PASSEES
DANS LA FAMILLE DE MEAUX
EN CETTE PAROISSE A PRECHE
UNE MISSION ET FAIT ERIGER
CETTE STATUE
AU MOIS DE JANVIER 1872
IL EST DECEDE LE 1er FEVRIER
DE LA MEME ANNEE
CONFORMEMENT
A SES DERNIERES VOLONTES
SON COEUR A ETE DEPOSE
DANS CE PIEDESTAL
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Mairie
et école d'autrefois
L'ancienne
mairie et l'ancienne école
se partageaient cette petite maison
près de l'église et des ruines du château
(la
mairie est aujourd'hui située
à l'Olme ; Ecotay n'a plus d'école)
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Vitraux de l'église d'Ecotay
(clichés J. Barou, 1994)


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En 1982, le docteur
Henry, maire d'Ecotay, publiait dans la revue
Village de Forez l'article
ci-dessous sur l'histoire de sa commune s'appuyant pour une
part sur le poème publié par Michel
Bernard (Journal de Montbrison du 26 septembre 1858).
L'histoire
de nos villages, c'est l'histoire de la France en petits morceaux.
(Victor
Hugo)
Ecotay-l'Olme
son histoire
par
le docteur R. Henry
Sur les premiers contreforts
des Monts du Forez qui viennent mourir aux portes de Montbrison,
à quelques kilomètres à peine de cette
ville, se trouve une petite commune d'Ecotay-l'Olme composée
du village d'Ecotay et du hameau de l'Olme.
Passé
celui-ci, nous quittons la large vue sur Montbrison et la plaine
pour un verdoyant vallon profondément creusé le
Cotayet.
Une colline ferme
la vallée couronnée par l'église et les
ruines du château. C'est le lieu d'excursion idéal
pour les Montbrisonnais. Les parents trouvent de charmantes
auberges dans le creux du vallon pendant que les enfants jouent
à cache-cache le long de la rivière et dans les
ruines.
Les étrangers
qui visitent la vallée d'Ecotay sont agréablement
surpris de trouver, presque aux portes de la ville un pays
aussi retiré, aussi pittoresque et dont les sites rappellent
ceux que le touriste va chercher au loin.
Les
ruines d'Ecotay projettent sur l'azur du ciel leur silhouette
imposante et superbe. Au clair de lune, les murs du donjon ressemblent
assez à deux statues - ne parle-t-on pas de Louis XVI
et de Marie-Antoinette - et évoquent je ne sais quelle
vision de légende et de poésie.
Sur
le flanc du coteau que couronnent les ruines, presque au bord
du ruisseau qui en baigne la base, se voient les restes de la
deuxième enceinte du château. Elle consiste en
quelques pans de murs flanqués au nord des débris
d'une construction qui paraît avoir été
un poste d'observation.
Cette
partie des ruines doit remonter au XIe siècle. Sur cette
enceinte s'appuyait une maisonnette aujourd'hui à demi
écroulée, dont la porte d'entrée porte
sur le linteau une petite croix.
La
tradition veut que ce soit la résidence du chapelain.
La pierre de la dîme et une pierre meulière qui
gisent non loin de là semblent attester que diverses
habitations se groupaient entre les deux enceintes.
Un
peu plus haut, un mur de soutènement, relevé de
nos jours, supporte la terrasse qui s'étend elle-même
au pied du château. La première enceinte solidement
sise sur le roc qui lui sert de base trahit par une construction
soignée et robuste les premiers temps du Moyen Age. Elle
paraît dater du XIe siècle.
Quant
au donjon, c'est une imposante tour carrée de près
de 20 m de hauteur. Au pied du mur sud du donjon et à
l'intérieur se voit une excavation dont l'entrée
est masquée par des pierres. Au pied est du donjon, à
l'intérieur, se trouve la citerne. son diamètre,
faible au sommet, devient très large à la base.
Plusieurs salles et caves voûtées, en partie effondrées
se voient au pied de la première enceinte, au nord. Le
rocher qui sert de base au manoir a été miné
à l'est pour l'agrandissement de l'église dont
nous lirons l'histoire plus loin.
C'est
l'histoire de ces ruines et celle du village d'Ecotay que nous
nous proposons de résumer en quelques pages, du Moyen
Age jusqu'à nos jours.
Le château d'Ecotay : son
histoire
Parmi les nombreuses
ruines que la féodalité a semées dans le
Forez, il en est peu qui soient plus pittoresquement assises,
et qui réveillent plus de souvenirs que celles du château
d'Ecotay. Elles couvrent un mamelon formé par la jonction
de deux petites vallées dont les eaux limpides, les ombrages
touffus composent une charmante oasis encadrée de forêts
de sapins noirs qui la dominent.
Ecotay,
situé à 5 km au sud-ouest de Montbrison, tenait
au Moyen Age le troisième rang dans les quatre grandes
baronnies de Forez, après celles de Couzan et de Saint-Priest
en Jarez et avant celle de Saint-Bonnet-le-Château. Outre
Ecotay, qui avec le hameau de l'Olme forme la commune d'Ecotay-l'Olme,
la baronnie comprenait la paroisse de Bard et celle de Verrières.
On conçoit facilement quelle devait être la puissance
de ces hauts barons. Ceux d'Ecotay jouirent au Moyen Age d'une
grande célébrité.
Celui
en faveur de qui fut créée cette dignité
était un de ces vaillants étrangers qui avaient
quitté pays et famille pour aller conquérir à
la force de leur épée, gloire, fortune et honneur.
Si
le chef de la famille d'Urfé - qui devint si célèbre
- était un aventurier allemand qui avait suivi la fortune
de nos comtes, le premier seigneur d'Ecotay était un
personnage à peu près semblable, à part
le lieu de naissance. Mais, sans doute, les services qu'il avait
rendus étaient plus importants, son mérite d'une
plus grande valeur, car la récompense fut plus considérable.
Il
était écossais et le nom de son pays fut donné
au château qu'il éleva sur les terres qu'on lui
avait cédées au début du XIe siècle.
Dans les anciens ouvrages, il est appelé Scotaïum.
Ce nom traduit en français a donné ESCOTAY puis,
plus tard, ECOTAY. C'est
en effet un poème qui nous renseigne sur la création
du village d'Ecotay :
Des
montagnes d'Ecosse à la Terre de France
L'aventureux héros, guidé par sa croyance,
Contre le Sarrasin est venu guerroyer.
Du comte de Forez, en féal écuyer,
Aux combats il soutint l'étendard redoutable,
Sa valeur, sa prudence et son cur charitable
L'ont mis aux premiers rangs chez les Foréziens ;
Il est l'ami du Comte, et par de doux liens,
En ce pays qu'il aime et qui lui rend hommage,
Il a fixé son sort auprès de beauté
sage
Et pourtant la tristesse apparaît dans ses yeux,
Secrètement il rêve au Clan de ses aïeux
(Michel Bernard, Ecotay)
Les premiers seigneurs de
cette maison d'Ecotay portaient le nom de Chauderon. Au seuil
de la maison s'élevait fièrement le glorieux
blason de la baronnie. Ces armoiries, d'or au chaudron porté
par son anse de sable, à elles seules, donnaient une
haute idée de la famille d'Ecotay. L'or était
en effet, dans les blasons, l'emblème des grandes qualités.
Ceux qui en portaient devaient plus que tout autre, cultiver
les vertus de la vraie chevalerie. Quant à la chaudière,
elle était un signe de grande puissance. Elle rappelait
des obligations ou des habitudes de bienfaisance. L'éclatant
écusson d'Ecotay, avec son chaudron noir, représentait
en fait le foyer patriarcal et l'inépuisable pot au
feu dont le serf et le pauvre pouvaient en assurance s'approcher
pour se réconforter et rassasier leur faim.
On
trouve dans les annales du Forez la mention d'une famille
chevaleresque du nom de Chauderon, ayant fief à Ecotay,
et qui a fourni à la première croisade, en 1096,
le chevalier Beaudoin Chauderon, cité par les historiens
pour sa valeur et ses faits d'armes. Il fut tué sous
les murs de Nicée pour la défense de sa foi.
On trouve aussi le chevalier Arnould Chauderon qui fut, en
1092, avec le Chevalier Ponce d'Angérieux, témoin
du Comte de Forez, dans l'acte de fondation du prieuré
de Sury-le-Comtal.
Les
d'Ecotay, qui blasonnaient d'argent au chef émanché
de sable de trois points, ont fourni des hommes illustres
et puissants.
Le premier semble être
Seguin d'Ecotay, chanoine de Lyon, troisième abbé
chef d'ordre de la Chaise-Dieu, de 1076 à 1094. II
prit une part importante dans le mouvement de réforme
religieuse au XIe siècle. Il naquit au château
d'Ecotay. Ses vertus, ses miracles furent honorés par
les faveurs du pape saint Grégoire VII. II fut choisi,
en 1089, par saint Bruno pour gouverner en son absence, la
Grande Chartreuse. Seguin se démit de ses fonctions
en 1094, et alla mourir dans la solitude. Il s'éteignit
le 15 juillet 1094. II est qualifié de saint dans le
bréviaire de la Chaise-Dieu approuvé par le
Saint-Siège,
A
la génération suivante, en 1115, il est fait
mention de Gaudemard d'Êcotay, de son fils Bertrand
et de Gauzelin d'Ecotay.
Ce
n'est en fait qu'à partir de 1140, que l'on peut établir
d'une façon plus précise l'arbre généalogique
des Ecotay.
Vers 1145,
les frères Gaudemard et Hugues d'Ecotay firent des
dons considérables, en domaines notamment, au monastère
de Jourcey situé près de Saint-Galmier où
s'étaient retirée comme religieuse leur nièce
Alix qui portait le nom de la terre de Verrières, dépendance
de la baronnie d'Ecotay. Le comte Guy Ier et Amédée,
archevêque de Lyon, assistent à la donation.
Pour son entrée à Jourcey, son père Pierre
d'Ecotay, sénéchal de Montbrison, sous Guy II,
donna au monastère, un pré situé à
Goutteland, près de Saint-Romain-le-Puy.
Un
autre Pierre d'Ecotay est attesté en 1180 par un acte
concernant les droits de boucherie de Montbrison où
il figure comme témoin. C'est un chevalier hospitalier.
Cinq
personnages dont on ne sait pas très bien de qui ils
sont les enfants apparaissent alors :
Hugues d'Ecotay. II donne en 1209 à l'abbaye de la
Bénisson-Dieu, pour l'entrée en religion de
son fils Gaudemard, ses droits de pâturage à
Eglisolles en Livradois et chauffage en son bois. Ces droits
provenaient de la moitié indivise des biens du mandement
de la Roue qu'en 1207, Albert de Thizy venait de léguer
à Hugues d'Ecotay et à Pierre de Says l'autre
moitié allant à Bertrand d'Ecotay. Hugues est
encore caution en 1220, avec Bertrand Chauderon de l'échange
effectué entre les hospitaliers et la veuve de Pierre
de Cairisieu.
L'aîné
Bertrand d'Ecotay, fils de Guillaume était en 1207,
1208, légataire d'Albert de Thizy pour Contéol
(Bard),et la moitié de ses biens de la Roue.
Partant
en 1213 pour la croisade contre les Albigeois, il donne au
couvent de Saint-Thomas-la-Garde, par la main de l'archevêque
Renaud de Forez, sa part de l'église de Saint-Just-en-Jarez. Ce geste est imité par son frère Jarenton,
lequel possédait en outre, en 1220, un droit de fief
à Disouche (Chambéon). Bertrand, chevalier,
témoigne en 1240 et 1243 aux franchises de Cornillon.
Gaudemard d'Ecotay, était vers 1230, caution et témoin
du Comte Guy IV, pour l'observation fidèle des franchises
accordées à la ville et au prieuré de
Saint-Rambert.
Bernard d'Ecotay.
C'est une des grandes figures de la Maison d'Ecotay. Seigneur
de Précieu, il était sacristain et chanoine de
l'église collégiale de Montbrison. Lors de la
septième croisade, il accompagne en Palestine le comte
Guy V qui combat les infidèles aux côtés
du roi Saint-Louis. Le comte qui l'estimait beaucoup lui donna
quatre prêtres, dont il le fit chef, pour servir d'aumôniers
et de chapelains dans l'armée. Bernard devint le doyen
de l'église cathédrale de Nicosie, Métropolitaine
du royaume de Chypre, iI fut élevé à cette
dignité, tant à cause de son mérite, que
de la recommandation du comte de Forez. Comme doyen de Nicosie,
Bernard était chargé du soin des reliques apportées
de Terre Sainte par Henri de Lusignan, roi de Jérusalem,
lorsque celui-ci se retira à Chypre. A ce titre, Bernard
concéda, en 1250, à l'un des prêtres placés
sous son autorité, Guy de Précieux un morceau
de la vraie croix que ce chapelain fit déposer au prieuré
des religieuses bénédictines de Saint-Thomas-la-Garde.
C'est à Bernard d'Ecotay que l'on doit la construction
de la petite chapelle dont on voit encore de nos jours, l'abside
romane qui a été conservée lors de la reconstruction
de l'église d'Ecotay. Mais de celle-ci nous reparlerons
plus loin.
Les divers personnages
dont nous venons de parler eurent une descendance nombreuse
dont la généalogie serait fastidieuse à
énumérer et surtout à lire
Aussi
parlerons-nous maintenant du dernier des Ecotay à avoir
possédé la baronnie : Chatard d'Ecotay. II fit
une brillante carrière auprès du Comte Guy VII.
II récupéra par héritage le patrimoine
du château et du village d'Ecotay. En 1323, il prêta
foi et hommage de la baronnie au comte Jean, lequel, l'année
suivante, le 9 juillet 1324, en fit cession à Hugues
de Lavieu, avec son mandement et ses dépendances, en
échange du château de Vaudragon que lui remit ce
dernier.
La famille d'Ecotay-Chauderon
s'éteignit au XlVe siècle. Cependant il paraît
vraisemblable qu'un membre de cette famille ait survécu.
En effet on retrouve, au XVIIe siècle à Grézieux-le-Fromental,
la famille d'Ecotay de la Pommière, famille de magistrats
qui a fourni notamment un lieutenant criminel au bailliage de
Montbrison.
La famille
de Lavieu possédait le château dfEcotay, dès
1324, par échange fait avec le comte Jean. Cette famille,
dont le fief était situé dans les montagnes de
Saint-Jean-Soleymieux, au midi de Montbrison, était,
après celle de nos comtes, une des plus anciennes de
la province. Guy de Lavieu s'allia au XIe siècle avec
une fille de Gérard, comte de Forez .
Cette alliance
valut aux Lavieu, le titre et la fonction de vicomte du Forez.
Le dernier à avoir rempli cette charge, fut Gaucerand
de Lavieu. Il fut dépouillé de celle-ci et de
son fief en 1107 par le Comte de Forez. Guillaume IV, comte
de Forez, ayant outragé la femme de Gaucerand, ce dernier,
par vengeance assassina le comte dans son château de Montbrison.
Ces événements amenèrent la confiscation
de la vicomté. C'est en souvenir du fief de Lavieu, dont
cette famille portait le titre et le nom, que Hugues de Lavieu
échangea son château de Vaudragon avec la baronnie
d'Ecotay, pour se rapprocher des lieux qui avaient été
le berceau de sa famille. Il acheta également la maison
de Quérézieux plus habitable que le vieux château
d'Ecotay. En 1335, à la mort d'Hugues, son fils Jean
devint seigneur d'Ecotay. Il en fait la donation dès
1342 à Bertrand de Lavieu qui en prend possession en
1351. En 1360, il reconstruit le château, depuis longtemps
inhabitable, ses prédécesseurs s'étant
installés à Quérèzieu.
D'héritage
en héritage, la baronnie d'Ecotay échut à
Jean de Lavieu. A la mort de celui-ci, en 1478, Ecotay alla au
mari de sa nièce Louise, Annet de Talaru. C'est donc
par lui qu'Ecotay passa dans la maison de Talaru. En 1494, Louise,
devenue veuve, testa pour son fils. En 1504, Ecotay devint la
propriété des Talaru-Chalmazel qui habitèrent
à Quérezieux et non au château. Le dernier
Talaru a avoir possédé la baronnie d'Ecotay jusqu'en
1619, fut Claude de Talaru-Chalmazel.
Claudine de Talaru apporta
la baronnie à son époux Gaspard Hérail
de la Roue de Pierrefort, seigneur de Montpeloux (Saint-Anthème).
Elle passa ensuite aux mains de Louis-Anne de Saint-Martin-dfAglié,
marquis de Rivarol en Piémont, par son alliance avec
Marthe Hérail de la Roue de Pierrefort, fille de Claudine.
Né le 15 septembre 1671, il mourut à Ecotay le
13 février 1753.
Dès 1751, le château d'Ecotay,
appartenait à Messire François Joseph Gaétan
de Saint-Martin d'Aglié, marquis de Saint-Germain, général
major de cavalerie du roi de Sardaigne, résidant habituellement
à Turin. Charles Emmanuel de Saint-Martin d'Aglié,
fils de Gaétan, était encore seigneur d'Ecotay
en 1788. Nous ne savons si les Comtes de Rivarol d'Ecotay étaient
de la famille de Rivarol, homme d'esprit du XVIIIe siècle.
Ce qui porte à croire à cette parenté,
c'est le goût que les Rivarol d'Ecotay avaient pour les
lettres. Parmi ces écrivains qui faisaient souvent escale
au château d'Ecotay on rencontre le nom de Desforges-Maillard.
Ne lit-on pas dans une des ses poésies :
les souvenirs des pastorales amoureuses de l'Astrée étaient
encore si vifs dans le Forez que les environs deMontbrison étaient
le théâtre des plus jolies scènes de galanteries
En
1789, le château d'Ecotay appartenait au marquis de Gallez,
capitaine de dragons, au service de sa Majesté Sarde,
neveu et héritier de Charles Emmanuel de Saint-Martin
d'Aglié. Il fut le dernier seigneur baron d'Ecotay. En
1789, la terre d'Ecotay fut mise sous séquestre et administrée
comme bien national, A cette époque le péage se
levait sur toutes les routes aboutissant à Montbrison,
II touchait presque toutes les marchandises. Pour les personnes
venant de Saint-Anthème par la route qui traversait Verrières,
Quérézieux, puis Ecotay, le péage se situait
à l'Orme en Forois. Ce lieu-dit se développa petit
à petit et donna naissance au hameau de l'Olme. Celui-ci
fut rattaché à Ecotay et la commune actuelle d'Ecotay-l'Olme
fut constituée officiellement par décret pris
en date du 26 février 1790,
Le château
d'Ecotay fut confisqué jusqu'en 1793 mais sur sa justification
de sujet sarde il fut rendu à Charles Emmanuel de Saint-Martin d'Agité, son ancien propriétaire. Peu de
temps après, celui-ci le vendit à des marchands
de biens qui le cédèrent à leur tour à
François Jean-Marie de Meaux, dont la famille le posséda
jusqu'en 1981, date à laquelle il fut acheté par
la commune pour le franc symbolique. Mais ce n'est plus qu'une
ruine depuis longtemps.
Les
séjours que la famille de Rivarol était obligée
de faire à la cour de Turin où la retenaient les
hauts emplois militaires qu'elle y remplissait lui firent à
peu prés abandonner Ecotay. Le vieux château était
même inhabité depuis longtemps. Dès le milieu
du XVIIIe siècle la famille de Saint-Martin d'Aglié
avait fait construire à un kilomètre de la vieille
forteresse, au lieu appelé Quérézieux,
une habitation mieux appropriée au goût moderne.
Toutefois cette habitation n'avait sans doute rien de bien confortable
car Monsieur François de Meaux, le nouveau possesseur
d'Ecotay, s'empressa, au commencement du XIXe siècle,
de la remplacer par un château plus important qui sert
aujourd'hui de résidence d'été à
cette famille,
Ce nouveau
château d'Ecotay porte le nom de château de Quérézieux,
fief qui, avant 1793, était la propriété
d'une famille Dupuy qui en avait pris le nom. Notons
ici que ce n'est qu'en 1814 que le village de Quérézieux
qui faisait alors partie de la commune de Verrières fut
rattaché à Ecotay (pour le spirituel il continua
de dépendre de Verrières).
Quant
à la famille de Meaux, originaire du Beaujolais, elle
devint forézienne vers 1715 par le mariage d'Etienne
de Meaux, secrétaire du roi au parlement de Dijon, avec
Jeanne Louise Puy du Perrier, fille de Pierre Denis Puy, auquel
Etienne de Meaux succéda dans la charge de lieutenant
général au bailliage de Montbrison, Depuis lors,
la famille de Meaux a toujours rempli cette charge de la magistrature
forézienne jusqu'en 1789, époque de la suppression
des bailliages. Les de Meaux étaient sieurs du Perrier
(Boisset-les-Montrond), de Merlieu (Savigneux), de la Sauzée
et de Saint-Just-en-Chevalet. Ils furent plus tard titrés
vicomtes en 1830 par le gouvernement de la Restauration. Cette
famille a fourni au XIXe siècle :
-
Un maire à Montbrison, député en 1815 sous
la Restauration, Monsieur Camille Augustin de Meaux, décédé
trappiste à Aiguebelle dans la Drôme (1771-1849)
et dont le père, Antoine, lieutenant-général
au bailliage de Forez fut condamné à mort par
le tribunal révolutionnaire et exécuté
à Feurs.
- Un député
de Montbrison à l'Assemblée Constituante de 1871,
Monsieur Camille de Meaux (1830-1907) devenu sénateur
en 1875, puis ministre du Commerce et de l'Agriculture sous
la République dans le cabinet dit "du 16 mai"
1877,
Quant au château
d'Ecotay, délaissé et abandonné par la
famille de Rivarol, il devint bientôt une ruine ; ses
murailles, sans toiture, lézardées par les pluies,
se couvrirent de larges crevasses et ne tardèrent pas
à s'effondrer. Une tour ronde et les hautes murailles
du donjon carré sont seules restées debout.
Le
château actuel de Quérèzieux ne date, nous
l'avons dit, que du début du XIXe siècle. C'est
Monsieur François de Meaux qui le fit construire par
étapes, comme en témoigne ces quelques lignes
tirées de l'ouvrage du vicomte de Meaux (Souvenirs
de mon grand-père) :
Au
sein des prés et des bois d'Ecotay que l'il n'embrassait
pas alors aussi librement qu'aujourd'hui, à côté
des derniers décombres de l'ancien château de Quérézieux,
et des murs encore informes du nouveau, qu'on n'osait pas achever
le lendemain d'une révolution notre petite maison rouge
se cachait dans les arbres pour abriter mes parents.
Ce château
est une construction rectangulaire très vaste dont le fronton
triangulaire porte les armes accolées des de Meaux et des
de W'aters avec lesquels ils s'allièrent par le mariage en
1830 d'Augustin de Meaux avec Mademoiselle de Waters. Ce château
en a remplacé un plus ancien dont on a d'ailleurs utilisé
les fondations et dont les caves voûtées subsistent
encore. Ce dernier avait été construit par la famille
de Rivarol en 1750. C'était une construction élégante
flanquée de tours assez basses et accompagnées d'une
chapelle où Louis Anne de Rivarol avait fait peindre son
aumônier avec des pieds de bouc. Le château actuel et
la chapelle subirent d'importants travaux en 1846, qui furent faits
par la mère du vicomte de Meaux. La famille de Meaux porte
pour armes : D'azur
au chevron accompagné en chef de deux étoiles et en
pointe d'un trèfle, le tout d'or.
L'église d'Ecotay-l'Olme
Le château d'Ecotay, habitation féodale grande et forte,
en rapport avec la puissance de son possesseur, fut construit, nous
l'avons vu, au XIe siècle. La chapelle qui avait été
enfermée dans son enceinte ne suffit bientôt plus et,
soit dans l'intérêt de la population, soit pour s'acquitter
de quelque vu, le seigneur baron de l'époque, Bernard
d'Ecotay, fit élever au commencement du XIIIe siècle
une nouvelle église plus grande et plus majestueuse joignant
son château. Elle n'avait qu'une nef, en berceau roman, divisée
en trois travées par des piliers bas et carrés, et
une étroite abside en cul de four (voûte en plein cintre).
Elle
fut terminée en 1217 et consacrée avec grande solennité
par Bernard de Chabert, archevêque d'Embrun, au nom de Renaud
de Forez, archevêque de Lyon, sous le vocable de Saint-Etienne,
patron de la paroisse. Saint Etienne, premier diacre et martyr,
est mort à la fin de l'année de la passion. II fut
lapidé aux portes de Jérusalem, A genoux, il priait
pour ses bourreaux qui le faisaient mourir avant de "s'endormir
au Seigneur".
Ce sanctuaire
reçut, dès le XIVe siècle, les restes vénérés
de saint Pancacre qui souffrit le martyre à Rome au début
du IVe siècle. La tradition locale a conservé une
grande vénération pour saint Pancacre dont les reliques
se trouvent toujours dans l'église. II y a quelques années
encore, la dévotion à ce saint amenait de nombreux
pèlerins à Ecotay. Le sanctuaire était plus
spécialement visité le lundi de Pentecôte qui
est aussi le jour de la fête locale.Dans
son ouvrage "Les châteaux historiques
du Forez", Auguste Broutin écrivait à
ce sujet en 1883 :
Ces
ruines ont cependant conservé jusqu'à nos jours
le privilège d'attirer chaque année, le lundi de
Pentecôte, une grande foule d'étrangers qui viennent
se livrer au plaisir de la danse et des repas champêtres,
dans les belles prairies qui entourent ces ruines. Cette fête
fut, dit-on, d'abord un pèlerinage aux reliques de saint
Pancrace le vengeur des parjures. Plus tard, ce pèlerinage
pieux fut remplacé par une fête mondaine. Cette promenade
devint le Longchamps des Montbrisonnais, et nous nous rappelons
avec plaisir d'avoir, dans notre jeunesse, rencontré sur
la route de Montbrison à Ecotay les élégantes
toilettes de la bourgeoisie mêlées aux équipages
de la noblesse d'alors. Qui pourrait dire que ces réunions
champêtres ne sont pas un souvenir des bergerades de l'Astrée.
Cependant elles me paraissent plutôt les dernières
traces d'une confrérie du Saint-Esprit fondée dès
le XIVe siècle dans le château d'Ecotay, par les
seigneurs eux-mêmes, qui, chaque année, le jour de
Pentecôte, réunissaient dans un festin que l'on célébrait
avec une certaine solennité dans le château même
d'Ecotay tous les membres de cette confrérie. Nous voyons
même qu'Agnès-Guione, dame de Marcilly, dont la fille
Marguerite était alors veuve de Guillaume d'Ecotay, par
son testament de 1372, chargea son héritier de faire admettre
chaque année un pauvre de la paroisse d'Ecotay à
la table des confrères du Saint-Esprit, et de payer pour
lui sa quote-part du repas.
Quoiqu'il en soit de l'origine de la fête d'Ecotay, autrefois
si brillante, elle a perdu beaucoup de son éclat. Le pèlerinage
à saint Pancrace, la confrérie du Saint-Esprit,
toutes ces institutions d'une autre époque ont disparu
avec le château d'Ecotay et les grandes familles qui l'habitaient
autrefois.
La paroisse d'Ecotay
fut pendant longtemps une annexe de celle de Verrières, Elle
passa plus tard sous la dépendance de celle de Bard, ce qui
ne fut pas sans amener de nombreuses contestations comme en témoigne
le cahier de visites de 1662 : Jean
Romualde se fit pourvoir de la petite église d'Escotay, par
dévolu en cour de Rome. Il prit possession de ladite église
comme d'une cure en titre. Mais pendant la visite de celle-ci, se
présenta Monsieur Pierre Bruyère, curé de Bard,
qui fit remarquer qu'Escotay est dépendant de Bard, et a
été son annexe de temps immémorial ; que lui
curé y fait les fonctions curiales et que dès lors
s'oppose formellement à la qualité et titre de curé
que prend Monsieur Romualde. Mgr
Camille de Neuville, archevêque de Lyon, donna gain de cause
au curé de Bard. Ecotay continua à être l'annexe
de Bard.
Afin de mettre fin
à ces contestations, une sentence du bailliage de Montbrison
du mois d'août 1786 ordonna que le service religieux y serait
fait dorénavant par le curé de Bard.
Après
la Révolution, lors de la nouvelle division de la France,
Ecotay forma une commune civile mais ses habitants continuèrent
de dépendre, pour le spirituel, des églises voisines.
Suivant la position des habitations, ils ressortissaient des paroisses
de Moingt, Bard et Verrières. Lors de sa réunion du
24 février 1839, le conseil municipal demanda que la commune
d'Ecotay soit érigée en paroisse et ait son propre
chapelain. Au cours de la même séance, le conseil décida
de voter un crédit de 3 000 F pour la construction d'un presbytère,
sur un emplacement offert gratuitement par M. le vicomte de Meaux.
Ce local fut terminé en 1841.
En
mars 1839, Georges Rival fut établi chapelain d'Ecotay mais
notre commune ne fut érigée en paroisse que le 29
juin 1841.
De la petite chapelle
seigneuriale, il ne reste que l'abside que l'on a eu le bon goût
de conserver au moment de la reconstruction de l'église,
vers 1840. L'artiste qui a dirigé cette reconstruction a
orné l'édifice d'un campanile à deux arcades
jumelles qui rappellent bien le XIIIe s. et d'une haute tour carrée
percée de larges baies dont le couronnement crénelé
s'harmonise bien avec les débris du château et les
souvenirs du Moyen Age qui vivent encore au milieu de ces ruines.
Rendons
ici hommage à monsieur Rival, le digne curé d'Ecotay
de l'époque qui, grâce à son dévouement
et à de nombreux sacrifices financiers - ne dépensa-t-il
pas 4 500 F (de 1840) pris sur ses propres deniers - , permit que
notre village possède un édifice convenable et digne
de sa destination. Sur le sol, sont éparses quelques tombes
seigneuriales et à droite, au centre d'une verrière,
se trouve un écusson, parti armes de Chalmazel (de sable
au lion d'or, le champ semé d'étoiles de même),
parti armes de Lavieu (de gueules au chef de vair). L'escalier du
clocher fut édifié en 1855.
En face de l'entrée,
que précède un portique roman construit en 1860 par
l'architecte Favrot sur le dessin de Viollet-le-Duc, on distingue
sur la partie supérieure d'un quatre-feuilles le chef de
vair des Lavieu. Il y avait là une porte donnant accès
à la sacristie, jadis chapelle seigneuriale. Dans celle-ci,
au centre de la voûte à nervures, est sculpté
un blason, parti armes de Jean de Lavieu, parti celles de Marguerite
de Balzac d'Entragues, son épouse. On conserve dans cette
chapelle une partie du retable doré à statuettes du
XVIIe siècle. L'ancien bénitier carré orné
d'un écusson sur chaque face se trouve dans le presbytère
et voisine avec un important fragment de cheminée du meilleur
style qui provient à coup sûr du château.
La
cloche de l'église dont le poids est de 750 kg fut changée
en 1922. C'est en 1960 que de gros travaux furent effectués
sur ce bâtiment : toiture de l'abside, crépissage intérieur
et réfection des piliers soutenant le clocher, pose de vitraux
et réalisation du maître autel en dalles de Saint-Julien-la-Vêtre.
Placée sur un coteau
en amphithéâtre que dominent les ruines du château,
l'église d'Ecotay contribue beaucoup au décor du paysage
qui est déjà si pittoresque par lui-même.
La maison forte de Quérézieux
La vieille gentilhommière, qui existe encore de nos jours
et dont la façade pittoresque est décorée de
deux balcons, domine le village de Quérézieux. Elle
fut construite au XVIIe s. par la famille Dupuy. Les services rendus
aux barons d'Ecotay valurent aux Dupuy l'érection en fief
de divers domaines et rentes nobles situés sur l'étendue
de la baronnie.
Mais un manoir plus ancien a certainement existé
en ce lieu. Nous avons vu, en effet, qui en 1324, date de l'échange
du château d'Ecotay entre le comte Jean et Hugues de Lavieu,
ce dernier acheta également la maison de Quérézieux
afin d'y habiter.
On parle
également de la vente de la maison forte le 26 avril 1542,
par Jehan Béraudis, sommelier du roi et marchand à
Montbrison, pour 2 000 livres à Messire Loys de Chalmazel,
seigneur dudit lieu et baron d'Ecotay.
La mairie, l'école
Le 30 septembre 1839, le conseil municipal décida de faire
construire à côté du presbytère des appartements
pour servir de maison d'école et vota pour cela un crédit
de 4 000 F. Les travaux s'achevèrent en 1841.
Le
24 juillet 1842, le conseil considérant que la jonction de
la maison d'école au presbytère serait incommode et
nuisible aux occupations et aux habitudes d'un ecclésiastique
décida d'affecter la totalité de la construction au
presbytère et de remplacer la maison d'école en achetant
un bâtiment en pierres sèches situé à
côté du presbytère. Ce fut fait par acte en
date du 18 février 1843,
Lors
de sa séance du 21 novembre 1852, le conseil décida
de faire réparer la maison d'école et de lier ces
travaux à la réalisation, d'un local devant servir
de mairie, l'ensemble prenant alors le nom de "maison commune".
Ce n'est qu'en février 1866 que la salle de la mairie devint
indépendante et eut sa propre entrée. Elle fut utilisée
en tant que telle jusqu'au 30 août 1981, date de l'inauguration
de la nouvelle mairie construite sur un terrain communal à
l'Olme.
Quant à l'enseignement
il fut donné en alternance par des laïcs et des religieux.
Vers 1857, les fonctions d'institutrices furent confiées
à la congrégation des Surs de l'instruction
de Saint-Etienne puis en 1866 à celle des Surs de la
Sainte Famille. L'école a fermé ses portes en 1968,
les derniers enseignants ayant été des laïcs.
R.
HENRY
Missive adressée par le conseil municipal d'Ecotay-l'Olme,
le 24 octobre 1852, à son Altesse impériale, le Prince
Louis-Napoléon :
Prince,
La
commune d'Ecotay-l'Olme s'est associée avec empressement
à l'éclatante manifestation qui vient de se produire
dans toute la France et qui vous a salué comme l'héritier
du Grand Empereur.
Le
senatus-consulte et le vote du plébiscite vont prononcer
le rétablissement de l'Empire. Les membres du conseil municipal
d'Ecotay-l'Olme, au nom de la commune, se rangent sous la bannière
impériale, et vous prient, Prince, d'accueillir l'hommage
respectueux des sentiments et des vux du pays, et l'assurance
du dévouement avec lequel eux et leurs concitoyens vous aideront
de leur modeste concours pour l'accomplissement des nobles conquêtes
dont vous avez tracé le programme.
(Village de Forez, n°
11, juillet 1982 et n° 12, octobre 1982)
*
* *
Le poème
de Michel Bernard
Le 26 septembre 1858, Michel Bernard,
maire d'Ecotay,
publie dans le Journal de Montbrison
un poème
à la gloire d'Ecotay avec des notes intéressantes
concernant l'histoire du village.
*
* *
Mariage à
Ecotay
Vicomte de Meaux - Mademoiselle
de Montalembert
Journal de Montbrison
du
3 janvier 1858
*
* *
Décès du vicomte de
Meaux
(1908)
(Avenir montbrisonnais
du 1er novembre 1908)
Blason de la famille
de Meaux
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