Ecotay (Loire)

 
Ecotay

Notes d'histoire locale


Ecotay au XIXe siècle :

Ecotay vers 1850, selon Théodore Ogier (2 p.)

Ecotay à la fin du 19e siècle, selon Frère Maxime (1 p.)

Agrandissement de l'église d'Ecotay 1841-1860 (4 p.)

Jean-Marie Georges Rival (1809-1879), premier curé d'Ecotay (9 p.)

Chanson d'Ecotay
chantée en patois
par Mme Boibieux au cours d'une veillée Patois Vivant
au Centre social de Montbrison en 1977

pour écouter cliquer ci-dessous

(46 s)

Voir aussi les pages :


Ecotay
d'autrefois


La chanson d'Ecotay

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Ecotay

1 111 habitants (1999)

canton et arrondissement
de Montbrison

Les habitants d'Ecotay
sont traditionnement surnommés
"les coqs"
 


Le château

 

Une plaque apposée sur les murs
du château d'Ecotay résume
son histoire :

CE CHATEAU FORT CONSTRUIT
AU XIIe SIECLE FUT LE SIEGE DE LA BARONNIE D'ECOTAY JUSQU'A
SON TRANSFERT à QUEREZIEUX
AU XVIIIe S.
IL APPARTINT AUX FAMILLES CHAUDERON D'ECOTAY
DE LAVIEU
DE TALARU
DE LA ROUE
DE RIVAROL
DE MEAUX
CETTE DERNIERE EN FIT DON
A LA COMMUNE EN 1982

 


L'église
et la Madone

 
 

Madone érigée près du cimetière

Inscription du piédestal :

JEAN PIERRE VINSON
PRETRE MISSIONNAIRE APOSTOLIQUE
APRES 25 ANNEES PASSEES
DANS LA FAMILLE DE MEAUX
EN CETTE PAROISSE A PRECHE
UNE MISSION ET FAIT ERIGER
CETTE STATUE
AU MOIS DE JANVIER 1872
IL EST DECEDE LE 1er FEVRIER
DE LA MEME ANNEE
CONFORMEMENT
A SES DERNIERES VOLONTES
SON COEUR A ETE DEPOSE

DANS CE PIEDESTAL

 


Mairie et école d'autrefois

L'ancienne mairie et l'ancienne école
se partageaient cette petite maison
près de l'église et des ruines du château

(la mairie est aujourd'hui située
à l'Olme ; Ecotay n'a plus d'école)

 

 

 
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Vitraux de l'église d'Ecotay
(clichés J. Barou, 1994)

        


       

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En 1982, le docteur Henry, maire d'Ecotay, publiait dans la revue Village de Forez l'article ci-dessous sur l'histoire de sa commune s'appuyant pour une part sur le poème publié par Michel Bernard (Journal de Montbrison du 26 septembre 1858).

L'histoire de nos villages, c'est l'histoire de la France en petits morceaux.
                                                                                                                    (Victor Hugo)

Ecotay-l'Olme
son histoire

                                              
par le docteur R. Henry

Sur les premiers contreforts des Monts du Forez qui viennent mourir aux portes de Montbrison, à quelques kilomètres à peine de cette ville, se trouve une petite commune d'Ecotay-l'Olme composée du village d'Ecotay et du hameau de l'Olme.

Passé celui-ci, nous quittons la large vue sur Montbrison et la plaine pour un verdoyant vallon profondément creusé le Cotayet.

Une colline ferme la vallée couronnée par l'église et les ruines du château. C'est le lieu d'excursion idéal pour les Montbrisonnais. Les parents trouvent de charmantes auberges dans le creux du vallon pendant que les enfants jouent à cache-cache le long de la rivière et dans les ruines.

Les étrangers qui visitent la vallée d'Ecotay sont agréablement surpris de trouver, presque aux portes de la ville un pays aussi retiré, aussi pittoresque et dont les sites rappellent ceux que le touriste va chercher au loin.

Les ruines d'Ecotay projettent sur l'azur du ciel leur silhouette imposante et superbe. Au clair de lune, les murs du donjon ressemblent assez à deux statues - ne parle-t-on pas de Louis XVI et de Marie-Antoinette - et évoquent je ne sais quelle vision de légende et de poésie.

Sur le flanc du coteau que couronnent les ruines, presque au bord du ruisseau qui en baigne la base, se voient les restes de la deuxième enceinte du château. Elle consiste en quelques pans de murs flanqués au nord des débris d'une construction qui paraît avoir été un poste d'observation.

Cette partie des ruines doit remonter au XIe siècle. Sur cette enceinte s'appuyait une maisonnette aujourd'hui à demi écroulée, dont la porte d'entrée porte sur le linteau une petite croix.

La tradition veut que ce soit la résidence du chapelain. La pierre de la dîme et une pierre meulière qui gisent non loin de là semblent attester que diverses habitations se groupaient entre les deux enceintes.

Un peu plus haut, un mur de soutènement, relevé de nos jours, supporte la terrasse qui s'étend elle-même au pied du château. La première enceinte solidement sise sur le roc qui lui sert de base trahit par une construction soignée et robuste les premiers temps du Moyen Age. Elle paraît dater du XIe siècle.

Quant au donjon, c'est une imposante tour carrée de près de 20 m de hauteur. Au pied du mur sud du donjon et à l'intérieur se voit une excavation dont l'entrée est masquée par des pierres. Au pied est du donjon, à l'intérieur, se trouve la citerne. son diamètre, faible au sommet, devient très large à la base. Plusieurs salles et caves voûtées, en partie effondrées se voient au pied de la première enceinte, au nord. Le rocher qui sert de base au manoir a été miné à l'est pour l'agrandissement de l'église dont nous lirons l'histoire plus loin.

C'est l'histoire de ces ruines et celle du village d'Ecotay que nous nous proposons de résumer en quelques pages, du Moyen Age jusqu'à nos jours.


Le château d'Ecotay : son histoire


Parmi les nombreuses ruines que la féodalité a semées dans le Forez, il en est peu qui soient plus pittoresquement assises, et qui réveillent plus de souvenirs que celles du château d'Ecotay. Elles couvrent un mamelon formé par la jonction de deux petites vallées dont les eaux limpides, les ombrages touffus composent une charmante oasis encadrée de forêts de sapins noirs qui la dominent.

Ecotay, situé à 5 km au sud-ouest de Montbrison, tenait au Moyen Age le troisième rang dans les quatre grandes baronnies de Forez, après celles de Couzan et de Saint-Priest en Jarez et avant celle de Saint-Bonnet-le-Château. Outre Ecotay, qui avec le hameau de l'Olme forme la commune d'Ecotay-l'Olme, la baronnie comprenait la paroisse de Bard et celle de Verrières. On conçoit facilement quelle devait être la puissance de ces hauts barons. Ceux d'Ecotay jouirent au Moyen Age d'une grande célébrité.

Celui en faveur de qui fut créée cette dignité était un de ces vaillants étrangers qui avaient quitté pays et famille pour aller conquérir à la force de leur épée, gloire, fortune et honneur.

Si le chef de la famille d'Urfé - qui devint si célèbre - était un aventurier allemand qui avait suivi la fortune de nos comtes, le premier seigneur d'Ecotay était un personnage à peu près semblable, à part le lieu de naissance. Mais, sans doute, les services qu'il avait rendus étaient plus importants, son mérite d'une plus grande valeur, car la récompense fut plus considérable.

Il était écossais et le nom de son pays fut donné au château qu'il éleva sur les terres qu'on lui avait cédées au début du XIe siècle. Dans les anciens ouvrages, il est appelé Scotaïum. Ce nom traduit en français a donné ESCOTAY puis, plus tard, ECOTAY. C'est en effet un poème qui nous renseigne sur la création du village d'Ecotay :

Des montagnes d'Ecosse à la Terre de France
L'aventureux héros, guidé par sa croyance,
Contre le Sarrasin est venu guerroyer.
Du comte de Forez, en féal écuyer,
Aux combats il soutint l'étendard redoutable,
Sa valeur, sa prudence et son cœur charitable
L'ont mis aux premiers rangs chez les Foréziens ;
Il est l'ami du Comte, et par de doux liens,
En ce pays qu'il aime et qui lui rend hommage,
Il a fixé son sort auprès de beauté sage…
Et pourtant la tristesse apparaît dans ses yeux,
Secrètement il rêve au Clan de ses aïeux…


(Michel Bernard, Ecotay)

Les premiers seigneurs de cette maison d'Ecotay portaient le nom de Chauderon. Au seuil de la maison s'élevait fièrement le glorieux blason de la baronnie. Ces armoiries, d'or au chaudron porté par son anse de sable, à elles seules, donnaient une haute idée de la famille d'Ecotay. L'or était en effet, dans les blasons, l'emblème des grandes qualités. Ceux qui en portaient devaient plus que tout autre, cultiver les vertus de la vraie chevalerie. Quant à la chaudière, elle était un signe de grande puissance. Elle rappelait des obligations ou des habitudes de bienfaisance. L'éclatant écusson d'Ecotay, avec son chaudron noir, représentait en fait le foyer patriarcal et l'inépuisable pot au feu dont le serf et le pauvre pouvaient en assurance s'approcher pour se réconforter et rassasier leur faim.

On trouve dans les annales du Forez la mention d'une famille chevaleresque du nom de Chauderon, ayant fief à Ecotay, et qui a fourni à la première croisade, en 1096, le chevalier Beaudoin Chauderon, cité par les historiens pour sa valeur et ses faits d'armes. Il fut tué sous les murs de Nicée pour la défense de sa foi. On trouve aussi le chevalier Arnould Chauderon qui fut, en 1092, avec le Chevalier Ponce d'Angérieux, témoin du Comte de Forez, dans l'acte de fondation du prieuré de Sury-le-Comtal.

Les d'Ecotay, qui blasonnaient d'argent au chef émanché de sable de trois points, ont fourni des hommes illustres et puissants.

Le premier semble être Seguin d'Ecotay, chanoine de Lyon, troisième abbé chef d'ordre de la Chaise-Dieu, de 1076 à 1094. II prit une part importante dans le mouvement de réforme religieuse au XIe siècle. Il naquit au château d'Ecotay. Ses vertus, ses miracles furent honorés par les faveurs du pape saint Grégoire VII. II fut choisi, en 1089, par saint Bruno pour gouverner en son absence, la Grande Chartreuse. Seguin se démit de ses fonctions en 1094, et alla mourir dans la solitude. Il s'éteignit le 15 juillet 1094. II est qualifié de saint dans le bréviaire de la Chaise-Dieu approuvé par le Saint-Siège,


A la génération suivante, en 1115, il est fait mention de Gaudemard d'Êcotay, de son fils Bertrand et de Gauzelin d'Ecotay.

Ce n'est en fait qu'à partir de 1140, que l'on peut établir d'une façon plus précise l'arbre généalogique des Ecotay.

Vers 1145, les frères Gaudemard et Hugues d'Ecotay firent des dons considérables, en domaines notamment, au monastère de Jourcey situé près de Saint-Galmier où s'étaient retirée comme religieuse leur nièce Alix qui portait le nom de la terre de Verrières, dépendance de la baronnie d'Ecotay. Le comte Guy Ier et Amédée, archevêque de Lyon, assistent à la donation. Pour son entrée à Jourcey, son père Pierre d'Ecotay, sénéchal de Montbrison, sous Guy II, donna au monastère, un pré situé à Goutteland, près de Saint-Romain-le-Puy.


Un autre Pierre d'Ecotay est attesté en 1180 par un acte concernant les droits de boucherie de Montbrison où il figure comme témoin. C'est un chevalier hospitalier.

Cinq personnages dont on ne sait pas très bien de qui ils sont les enfants apparaissent alors :

Hugues d'Ecotay. II donne en 1209 à l'abbaye de la Bénisson-Dieu, pour l'entrée en religion de son fils Gaudemard, ses droits de pâturage à Eglisolles en Livradois et chauffage en son bois. Ces droits provenaient de la moitié indivise des biens du mandement de la Roue qu'en 1207, Albert de Thizy venait de léguer à Hugues d'Ecotay et à Pierre de Says l'autre moitié allant à Bertrand d'Ecotay. Hugues est encore caution en 1220, avec Bertrand Chauderon de l'échange effectué entre les hospitaliers et la veuve de Pierre de Cairisieu.

L'aîné Bertrand d'Ecotay, fils de Guillaume était en 1207, 1208, légataire d'Albert de Thizy pour Contéol (Bard),et la moitié de ses biens de la Roue.

Partant en 1213 pour la croisade contre les Albigeois, il donne au couvent de Saint-Thomas-la-Garde, par la main de l'archevêque Renaud de Forez, sa part de l'église de Saint-Just-en-Jarez. Ce geste est imité par son frère Jarenton, lequel possédait en outre, en 1220, un droit de fief à Disouche (Chambéon). Bertrand, chevalier, témoigne en 1240 et 1243 aux franchises de Cornillon.

Gaudemard d'Ecotay, était vers 1230, caution et témoin du Comte Guy IV, pour l'observation fidèle des franchises accordées à la ville et au prieuré de Saint-Rambert.

Bernard d'Ecotay. C'est une des grandes figures de la Maison d'Ecotay. Seigneur de Précieu, il était sacristain et chanoine de l'église collégiale de Montbrison. Lors de la septième croisade, il accompagne en Palestine le comte Guy V qui combat les infidèles aux côtés du roi Saint-Louis. Le comte qui l'estimait beaucoup lui donna quatre prêtres, dont il le fit chef, pour servir d'aumôniers et de chapelains dans l'armée. Bernard devint le doyen de l'église cathédrale de Nicosie, Métropolitaine du royaume de Chypre, iI fut élevé à cette dignité, tant à cause de son mérite, que de la recommandation du comte de Forez. Comme doyen de Nicosie, Bernard était chargé du soin des reliques apportées de Terre Sainte par Henri de Lusignan, roi de Jérusalem, lorsque celui-ci se retira à Chypre. A ce titre, Bernard concéda, en 1250, à l'un des prêtres placés sous son autorité, Guy de Précieux un morceau de la vraie croix que ce chapelain fit déposer au prieuré des religieuses bénédictines de Saint-Thomas-la-Garde. C'est à Bernard d'Ecotay que l'on doit la construction de la petite chapelle dont on voit encore de nos jours, l'abside romane qui a été conservée lors de la reconstruction de l'église d'Ecotay. Mais de celle-ci nous reparlerons plus loin.

Les divers personnages dont nous venons de parler eurent une descendance nombreuse dont la généalogie serait fastidieuse à énumérer et surtout à lire… Aussi parlerons-nous maintenant du dernier des Ecotay à avoir possédé la baronnie : Chatard d'Ecotay. II fit une brillante carrière auprès du Comte Guy VII. II récupéra par héritage le patrimoine du château et du village d'Ecotay. En 1323, il prêta foi et hommage de la baronnie au comte Jean, lequel, l'année suivante, le 9 juillet 1324, en fit cession à Hugues de Lavieu, avec son mandement et ses dépendances, en échange du château de Vaudragon que lui remit ce dernier.

La famille d'Ecotay-Chauderon s'éteignit au XlVe siècle. Cependant il paraît vraisemblable qu'un membre de cette famille ait survécu. En effet on retrouve, au XVIIe siècle à Grézieux-le-Fromental, la famille d'Ecotay de la Pommière, famille de magistrats qui a fourni notamment un lieutenant criminel au bailliage de Montbrison.

La famille de Lavieu possédait le château dfEcotay, dès 1324, par échange fait avec le comte Jean. Cette famille, dont le fief était situé dans les montagnes de Saint-Jean-Soleymieux, au midi de Montbrison, était, après celle de nos comtes, une des plus anciennes de la province. Guy de Lavieu s'allia au XIe siècle avec une fille de Gérard, comte de Forez .


Cette alliance valut aux Lavieu, le titre et la fonction de vicomte du Forez. Le dernier à avoir rempli cette charge, fut Gaucerand de Lavieu. Il fut dépouillé de celle-ci et de son fief en 1107 par le Comte de Forez. Guillaume IV, comte de Forez, ayant outragé la femme de Gaucerand, ce dernier, par vengeance assassina le comte dans son château de Montbrison. Ces événements amenèrent la confiscation de la vicomté. C'est en souvenir du fief de Lavieu, dont cette famille portait le titre et le nom, que Hugues de Lavieu échangea son château de Vaudragon avec la baronnie d'Ecotay, pour se rapprocher des lieux qui avaient été le berceau de sa famille. Il acheta également la maison de Quérézieux plus habitable que le vieux château d'Ecotay. En 1335, à la mort d'Hugues, son fils Jean devint seigneur d'Ecotay. Il en fait la donation dès 1342 à Bertrand de Lavieu qui en prend possession en 1351. En 1360, il reconstruit le château, depuis longtemps inhabitable, ses prédécesseurs s'étant installés à Quérèzieu.


D'héritage en héritage, la baronnie d'Ecotay échut à Jean de Lavieu. A la mort de celui-ci, en 1478, Ecotay alla au mari de sa nièce Louise, Annet de Talaru. C'est donc par lui qu'Ecotay passa dans la maison de Talaru. En 1494, Louise, devenue veuve, testa pour son fils. En 1504, Ecotay devint la propriété des Talaru-Chalmazel qui habitèrent à Quérezieux et non au château. Le dernier Talaru a avoir possédé la baronnie d'Ecotay jusqu'en 1619, fut Claude de Talaru-Chalmazel.

Claudine de Talaru apporta la baronnie à son époux Gaspard Hérail de la Roue de Pierrefort, seigneur de Montpeloux (Saint-Anthème). Elle passa ensuite aux mains de Louis-Anne de Saint-Martin-dfAglié, marquis de Rivarol en Piémont, par son alliance avec Marthe Hérail de la Roue de Pierrefort, fille de Claudine. Né le 15 septembre 1671, il mourut à Ecotay le 13 février 1753.

Dès 1751, le château d'Ecotay, appartenait à Messire François Joseph Gaétan de Saint-Martin d'Aglié, marquis de Saint-Germain, général major de cavalerie du roi de Sardaigne, résidant habituellement à Turin. Charles Emmanuel de Saint-Martin d'Aglié, fils de Gaétan, était encore seigneur d'Ecotay en 1788. Nous ne savons si les Comtes de Rivarol d'Ecotay étaient de la famille de Rivarol, homme d'esprit du XVIIIe siècle. Ce qui porte à croire à cette parenté, c'est le goût que les Rivarol d'Ecotay avaient pour les lettres. Parmi ces écrivains qui faisaient souvent escale au château d'Ecotay on rencontre le nom de Desforges-Maillard. Ne lit-on pas dans une des ses poésies :
les souvenirs des pastorales amoureuses de l'Astrée étaient encore si vifs dans le Forez que les environs deMontbrison étaient le théâtre des plus jolies scènes de galanteries…


En 1789, le château d'Ecotay appartenait au marquis de Gallez, capitaine de dragons, au service de sa Majesté Sarde, neveu et héritier de Charles Emmanuel de Saint-Martin d'Aglié. Il fut le dernier seigneur baron d'Ecotay. En 1789, la terre d'Ecotay fut mise sous séquestre et administrée comme bien national, A cette époque le péage se levait sur toutes les routes aboutissant à Montbrison, II touchait presque toutes les marchandises. Pour les personnes venant de Saint-Anthème par la route qui traversait Verrières, Quérézieux, puis Ecotay, le péage se situait à l'Orme en Forois. Ce lieu-dit se développa petit à petit et donna naissance au hameau de l'Olme. Celui-ci fut rattaché à Ecotay et la commune actuelle d'Ecotay-l'Olme fut constituée officiellement par décret pris en date du 26 février 1790,


Le château d'Ecotay fut confisqué jusqu'en 1793 mais sur sa justification de sujet sarde il fut rendu à Charles Emmanuel de Saint-Martin d'Agité, son ancien propriétaire. Peu de temps après, celui-ci le vendit à des marchands de biens qui le cédèrent à leur tour à François Jean-Marie de Meaux, dont la famille le posséda jusqu'en 1981, date à laquelle il fut acheté par la commune pour le franc symbolique. Mais ce n'est plus qu'une ruine depuis longtemps.

Les séjours que la famille de Rivarol était obligée de faire à la cour de Turin où la retenaient les hauts emplois militaires qu'elle y remplissait lui firent à peu prés abandonner Ecotay. Le vieux château était même inhabité depuis longtemps.
Dès le milieu du XVIIIe siècle la famille de Saint-Martin d'Aglié avait fait construire à un kilomètre de la vieille forteresse, au lieu appelé Quérézieux, une habitation mieux appropriée au goût moderne. Toutefois cette habitation n'avait sans doute rien de bien confortable car Monsieur François de Meaux, le nouveau possesseur d'Ecotay, s'empressa, au commencement du XIXe siècle, de la remplacer par un château plus important qui sert aujourd'hui de résidence d'été à cette famille,

Ce nouveau château d'Ecotay porte le nom de château de Quérézieux, fief qui, avant 1793, était la propriété d'une famille Dupuy qui en avait pris le nom. Notons ici que ce n'est qu'en 1814 que le village de Quérézieux qui faisait alors partie de la commune de Verrières fut rattaché à Ecotay (pour le spirituel il continua de dépendre de Verrières).

Quant à la famille de Meaux, originaire du Beaujolais, elle devint forézienne vers 1715 par le mariage d'Etienne de Meaux, secrétaire du roi au parlement de Dijon, avec Jeanne Louise Puy du Perrier, fille de Pierre Denis Puy, auquel Etienne de Meaux succéda dans la charge de lieutenant général au bailliage de Montbrison, Depuis lors, la famille de Meaux a toujours rempli cette charge de la magistrature forézienne jusqu'en 1789, époque de la suppression des bailliages. Les de Meaux étaient sieurs du Perrier (Boisset-les-Montrond), de Merlieu (Savigneux), de la Sauzée et de Saint-Just-en-Chevalet. Ils furent plus tard titrés vicomtes en 1830 par le gouvernement de la Restauration. Cette famille a fourni au XIXe siècle :

- Un maire à Montbrison, député en 1815 sous la Restauration, Monsieur Camille Augustin de Meaux, décédé trappiste à Aiguebelle dans la Drôme (1771-1849) et dont le père, Antoine, lieutenant-général au bailliage de Forez fut condamné à mort par le tribunal révolutionnaire et exécuté à Feurs.

- Un député de Montbrison à l'Assemblée Constituante de 1871, Monsieur Camille de Meaux (1830-1907) devenu sénateur en 1875, puis ministre du Commerce et de l'Agriculture sous la République dans le cabinet dit "du 16 mai" 1877,


Quant au château d'Ecotay, délaissé et abandonné par la famille de Rivarol, il devint bientôt une ruine ; ses murailles, sans toiture, lézardées par les pluies, se couvrirent de larges crevasses et ne tardèrent pas à s'effondrer. Une tour ronde et les hautes murailles du donjon carré sont seules restées debout.

Le château actuel de Quérèzieux ne date, nous l'avons dit, que du début du XIXe siècle. C'est Monsieur François de Meaux qui le fit construire par étapes, comme en témoigne ces quelques lignes tirées de l'ouvrage du vicomte de Meaux (Souvenirs de mon grand-père) :

Au sein des prés et des bois d'Ecotay que l'œil n'embrassait pas alors aussi librement qu'aujourd'hui, à côté des derniers décombres de l'ancien château de Quérézieux, et des murs encore informes du nouveau, qu'on n'osait pas achever le lendemain d'une révolution notre petite maison rouge se cachait dans les arbres pour abriter mes parents
.

Ce château est une construction rectangulaire très vaste dont le fronton triangulaire porte les armes accolées des de Meaux et des de W'aters avec lesquels ils s'allièrent par le mariage en 1830 d'Augustin de Meaux avec Mademoiselle de Waters. Ce château en a remplacé un plus ancien dont on a d'ailleurs utilisé les fondations et dont les caves voûtées subsistent encore. Ce dernier avait été construit par la famille de Rivarol en 1750. C'était une construction élégante flanquée de tours assez basses et accompagnées d'une chapelle où Louis Anne de Rivarol avait fait peindre son aumônier avec des pieds de bouc. Le château actuel et la chapelle subirent d'importants travaux en 1846, qui furent faits par la mère du vicomte de Meaux. La famille de Meaux porte pour armes :
D'azur au chevron accompagné en chef de deux étoiles et en pointe d'un trèfle, le tout d'or.

L'église d'Ecotay-l'Olme


Le château d'Ecotay, habitation féodale grande et forte, en rapport avec la puissance de son possesseur, fut construit, nous l'avons vu, au XIe siècle. La chapelle qui avait été enfermée dans son enceinte ne suffit bientôt plus et, soit dans l'intérêt de la population, soit pour s'acquitter de quelque vœu, le seigneur baron de l'époque, Bernard d'Ecotay, fit élever au commencement du XIIIe siècle une nouvelle église plus grande et plus majestueuse joignant son château. Elle n'avait qu'une nef, en berceau roman, divisée en trois travées par des piliers bas et carrés, et une étroite abside en cul de four (voûte en plein cintre).

Elle fut terminée en 1217 et consacrée avec grande solennité par Bernard de Chabert, archevêque d'Embrun, au nom de Renaud de Forez, archevêque de Lyon, sous le vocable de Saint-Etienne, patron de la paroisse. Saint Etienne, premier diacre et martyr, est mort à la fin de l'année de la passion. II fut lapidé aux portes de Jérusalem, A genoux, il priait pour ses bourreaux qui le faisaient mourir avant de "s'endormir au Seigneur".

Ce sanctuaire reçut, dès le XIVe siècle, les restes vénérés de saint Pancacre qui souffrit le martyre à Rome au début du IVe siècle. La tradition locale a conservé une grande vénération pour saint Pancacre dont les reliques se trouvent toujours dans l'église. II y a quelques années encore, la dévotion à ce saint amenait de nombreux pèlerins à Ecotay. Le sanctuaire était plus spécialement visité le lundi de Pentecôte qui est aussi le jour de la fête locale.Dans son ouvrage "Les châteaux historiques du Forez", Auguste Broutin écrivait à ce sujet en 1883 :

Ces ruines ont cependant conservé jusqu'à nos jours le privilège d'attirer chaque année, le lundi de Pentecôte, une grande foule d'étrangers qui viennent se livrer au plaisir de la danse et des repas champêtres, dans les belles prairies qui entourent ces ruines. Cette fête fut, dit-on, d'abord un pèlerinage aux reliques de saint Pancrace le vengeur des parjures. Plus tard, ce pèlerinage pieux fut remplacé par une fête mondaine. Cette promenade devint le Longchamps des Montbrisonnais, et nous nous rappelons avec plaisir d'avoir, dans notre jeunesse, rencontré sur la route de Montbrison à Ecotay les élégantes toilettes de la bourgeoisie mêlées aux équipages de la noblesse d'alors. Qui pourrait dire que ces réunions champêtres ne sont pas un souvenir des bergerades de l'Astrée. Cependant elles me paraissent plutôt les dernières traces d'une confrérie du Saint-Esprit fondée dès le XIVe siècle dans le château d'Ecotay, par les seigneurs eux-mêmes, qui, chaque année, le jour de Pentecôte, réunissaient dans un festin que l'on célébrait avec une certaine solennité dans le château même d'Ecotay tous les membres de cette confrérie. Nous voyons même qu'Agnès-Guione, dame de Marcilly, dont la fille Marguerite était alors veuve de Guillaume d'Ecotay, par son testament de 1372, chargea son héritier de faire admettre chaque année un pauvre de la paroisse d'Ecotay à la table des confrères du Saint-Esprit, et de payer pour lui sa quote-part du repas.

Quoiqu'il en soit de l'origine de la fête d'Ecotay, autrefois si brillante, elle a perdu beaucoup de son éclat. Le pèlerinage à saint Pancrace, la confrérie du Saint-Esprit, toutes ces institutions d'une autre époque ont disparu avec le château d'Ecotay et les grandes familles qui l'habitaient autrefois.

La paroisse d'Ecotay fut pendant longtemps une annexe de celle de Verrières, Elle passa plus tard sous la dépendance de celle de Bard, ce qui ne fut pas sans amener de nombreuses contestations comme en témoigne le cahier de visites de 1662 : Jean Romualde se fit pourvoir de la petite église d'Escotay, par dévolu en cour de Rome. Il prit possession de ladite église comme d'une cure en titre. Mais pendant la visite de celle-ci, se présenta Monsieur Pierre Bruyère, curé de Bard, qui fit remarquer qu'Escotay est dépendant de Bard, et a été son annexe de temps immémorial ; que lui curé y fait les fonctions curiales et que dès lors s'oppose formellement à la qualité et titre de curé que prend Monsieur Romualde. Mgr Camille de Neuville, archevêque de Lyon, donna gain de cause au curé de Bard. Ecotay continua à être l'annexe de Bard.

Afin de mettre fin à ces contestations, une sentence du bailliage de Montbrison du mois d'août 1786 ordonna que le service religieux y serait fait dorénavant par le curé de Bard.

Après la Révolution, lors de la nouvelle division de la France, Ecotay forma une commune civile mais ses habitants continuèrent de dépendre, pour le spirituel, des églises voisines. Suivant la position des habitations, ils ressortissaient des paroisses de Moingt, Bard et Verrières. Lors de sa réunion du 24 février 1839, le conseil municipal demanda que la commune d'Ecotay soit érigée en paroisse et ait son propre chapelain. Au cours de la même séance, le conseil décida de voter un crédit de 3 000 F pour la construction d'un presbytère, sur un emplacement offert gratuitement par M. le vicomte de Meaux. Ce local fut terminé en 1841.

En mars 1839, Georges Rival fut établi chapelain d'Ecotay mais notre commune ne fut érigée en paroisse que le 29 juin 1841.


De la petite chapelle seigneuriale, il ne reste que l'abside que l'on a eu le bon goût de conserver au moment de la reconstruction de l'église, vers 1840. L'artiste qui a dirigé cette reconstruction a orné l'édifice d'un campanile à deux arcades jumelles qui rappellent bien le XIIIe s. et d'une haute tour carrée percée de larges baies dont le couronnement crénelé s'harmonise bien avec les débris du château et les souvenirs du Moyen Age qui vivent encore au milieu de ces ruines.

Rendons ici hommage à monsieur Rival, le digne curé d'Ecotay de l'époque qui, grâce à son dévouement et à de nombreux sacrifices financiers - ne dépensa-t-il pas 4 500 F (de 1840) pris sur ses propres deniers - , permit que notre village possède un édifice convenable et digne de sa destination. Sur le sol, sont éparses quelques tombes seigneuriales et à droite, au centre d'une verrière, se trouve un écusson, parti armes de Chalmazel (de sable au lion d'or, le champ semé d'étoiles de même), parti armes de Lavieu (de gueules au chef de vair). L'escalier du clocher fut édifié en 1855.


En face de l'entrée, que précède un portique roman construit en 1860 par l'architecte Favrot sur le dessin de Viollet-le-Duc, on distingue sur la partie supérieure d'un quatre-feuilles le chef de vair des Lavieu. Il y avait là une porte donnant accès à la sacristie, jadis chapelle seigneuriale. Dans celle-ci, au centre de la voûte à nervures, est sculpté un blason, parti armes de Jean de Lavieu, parti celles de Marguerite de Balzac d'Entragues, son épouse. On conserve dans cette chapelle une partie du retable doré à statuettes du XVIIe siècle. L'ancien bénitier carré orné d'un écusson sur chaque face se trouve dans le presbytère et voisine avec un important fragment de cheminée du meilleur style qui provient à coup sûr du château.

La cloche de l'église dont le poids est de 750 kg fut changée en 1922. C'est en 1960 que de gros travaux furent effectués sur ce bâtiment : toiture de l'abside, crépissage intérieur et réfection des piliers soutenant le clocher, pose de vitraux et réalisation du maître autel en dalles de Saint-Julien-la-Vêtre.

Placée sur un coteau en amphithéâtre que dominent les ruines du château, l'église d'Ecotay contribue beaucoup au décor du paysage qui est déjà si pittoresque par lui-même.


La maison forte de Quérézieux

La vieille gentilhommière, qui existe encore de nos jours et dont la façade pittoresque est décorée de deux balcons, domine le village de Quérézieux. Elle fut construite au XVIIe s. par la famille Dupuy. Les services rendus aux barons d'Ecotay valurent aux Dupuy l'érection en fief de divers domaines et rentes nobles situés sur l'étendue de la baronnie.

Mais un manoir plus ancien a certainement existé en ce lieu. Nous avons vu, en effet, qui en 1324, date de l'échange du château d'Ecotay entre le comte Jean et Hugues de Lavieu, ce dernier acheta également la maison de Quérézieux afin d'y habiter.


On parle également de la vente de la maison forte le 26 avril 1542, par Jehan Béraudis, sommelier du roi et marchand à Montbrison, pour 2 000 livres à Messire Loys de Chalmazel, seigneur dudit lieu et baron d'Ecotay.

La mairie, l'école


Le 30 septembre 1839, le conseil municipal décida de faire construire à côté du presbytère des appartements pour servir de maison d'école et vota pour cela un crédit de 4 000 F. Les travaux s'achevèrent en 1841.

Le 24 juillet 1842, le conseil considérant que la jonction de la maison d'école au presbytère serait incommode et nuisible aux occupations et aux habitudes d'un ecclésiastique décida d'affecter la totalité de la construction au presbytère et de remplacer la maison d'école en achetant un bâtiment en pierres sèches situé à côté du presbytère. Ce fut fait par acte en date du 18 février 1843,

Lors de sa séance du 21 novembre 1852, le conseil décida de faire réparer la maison d'école et de lier ces travaux à la réalisation, d'un local devant servir de mairie, l'ensemble prenant alors le nom de "maison commune". Ce n'est qu'en février 1866 que la salle de la mairie devint indépendante et eut sa propre entrée. Elle fut utilisée en tant que telle jusqu'au 30 août 1981, date de l'inauguration de la nouvelle mairie construite sur un terrain communal à l'Olme.

Quant à l'enseignement il fut donné en alternance par des laïcs et des religieux. Vers 1857, les fonctions d'institutrices furent confiées à la congrégation des Sœurs de l'instruction de Saint-Etienne puis en 1866 à celle des Sœurs de la Sainte Famille. L'école a fermé ses portes en 1968, les derniers enseignants ayant été des laïcs.

                                                                                                                   R. HENRY

Missive adressée par le conseil municipal d'Ecotay-l'Olme, le 24 octobre 1852, à son Altesse impériale, le Prince Louis-Napoléon :

Prince,
La commune d'Ecotay-l'Olme s'est associée avec empressement à l'éclatante manifestation qui vient de se produire dans toute la France et qui vous a salué comme l'héritier du Grand Empereur.

Le senatus-consulte et le vote du plébiscite vont prononcer le rétablissement de l'Empire. Les membres du conseil municipal d'Ecotay-l'Olme, au nom de la commune, se rangent sous la bannière impériale, et vous prient, Prince, d'accueillir l'hommage respectueux des sentiments et des vœux du pays, et l'assurance du dévouement avec lequel eux et leurs concitoyens vous aideront de leur modeste concours pour l'accomplissement des nobles conquêtes dont vous avez tracé le programme.


(Village de Forez, n° 11, juillet 1982 et n° 12, octobre 1982)

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Le poème de Michel Bernard


Le 26 septembre 1858, Michel Bernard, maire d'Ecotay,
publie dans le Journal de Montbrison un poème
à la gloire d'Ecotay avec des notes intéressantes
concernant l'histoire du village.

 









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Mariage à Ecotay

Vicomte de Meaux - Mademoiselle de Montalembert
Journal de Montbrison
du 3 janvier 1858


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Décès du vicomte de Meaux
(1908)

(Avenir montbrisonnais du 1er novembre 1908)




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23 avril 2015