Anciens cimetières
de Montbrison
avant
1789
Légende
: J.B.
a - église
Saint-Pierre
b - église Saint-André
c- collégiale Notre-Dame-d'Espérance
d - hôpital général
e - couvent des Cordeliers
f - commanderie Saint-Jean
g - hôtel-Dieu Sainte-Anne
h - collège de l'0ratoire
i - couvent des Visitandines
j - couvent des Ursulines
k - caserne
Dernier
voyage du Bout du Monde à la Madeleine
Fondé sur le territoire des paroisses de Moingt
et de Savigneux, Montbrison bien
qu'ayant plusieurs églises dès la fin du XIIe
siècle n'a pas eu de cimetière paroissial avant
le XVe siècle. Le prieur de Savigneux exigeait que les
inhumations se fassent autour du prieuré
Sainte-Croix de Savigneux (actuel lieu-dit de Bicêtre).
Il faut attendre 1423 pour qu'une bulle du pape Martin V autorise
le curé de Saint-André de Montbrison à
procéder à la sépulture de ses paroissiens.
Après cette autorisation difficilement acquise, les paroisses
montbrisonnaises eurent chacune leur cimetière. Cependant,
contrairement à la coutume, il n'entourait pas toujours
l'église. D'anciens plans de la ville nous donnent, avec
assez de précision, l'emplacement de ces divers champs
du repos.
Manque
de place pour enterrer les morts
Sainte-Madeleine,
dans le faubourg du même nom, avait son cimetière
près de l'église, le long du Grand chemin
de Forez, actuellement entre le ruisseau de la Madeleine
et la rue Saint-Antoine. C'était la paroisse rurale
avec les hameaux de Curtieux,
Estiallet, Vauberet,
le faubourg de la
Croix
En ville, Il n'y avait aucune place autour de l'ancienne église
Saint-Pierre,
seulement séparée de l'hôtel de Meaux
par une étroite ruelle. Son chevet touchait presque
l'enceinte de l'ancien château (aujourd'hui le haut
mur qui soutient la terrasse de l'école Saint-Aubrin).
Pour les inhumations, on utilisait donc un terrain sur les
fossés de la ville, hors les murs à l'emplacement
des anciens locaux du collège
Mario-Meunier, boulevard de la Préfecture.
Pour Sainte-Anne
(l'actuel temple protestant) qui était une annexe de
Moingt, il y avait aussi manque d'espace. Le cimetière
était situé dans la cour de l'ancien hôpital
mais, surchargé, il dut être transféré
hors de la ville non sans que les paroissiens ne poussent
de hauts cris. Il fut installé tout près de
l'ancienne caserne, à peu près vers la poste
actuelle.
La grande paroisse Saint-André
Le problème est encore plus difficile pour Saint-André.
C'est la paroisse la plus populeuse de la ville. En 1662,
lors de la visite pastorale de Mgr Camille de Neuville, elle
compte 1 800 communiants soit plus de la moitié de
la population de la ville. L'église a son parvis sur
une étroite placette (l'actuelle place Saint-André)
et sa nef principale dans l'actuelle rue Francisque-Reymond.
Son chevet, quartier dit "derrière Saint-André",
est encombré de masures et assez mal famé. Le
cimetière n'est donc pas attenant mais situé,
lui aussi, en bordure de la ville, au lieu-dit le Bout
du monde, appellation bien choisie ! Le cimetière
était près du rempart, partie à l'intérieur,
partie à l'extérieur, semble-t-il. Aujourd'hui
il y a là l'entrée du collège
Victor-de-Laprade et la rue du Bout-du-Monde.
Il en était ainsi pour le commun des mortels. Pour
les notables, les églises et chapelles accueillaient
leurs sépultures. Ainsi la collégiale
Notre-Dame abritait de nombreux tombeaux. Toutes
les communautés religieuses (les Cordeliers,
les Ursulines
) avaient
aussi leurs cimetières particuliers comme aujourd'hui
encore les religieuses du monastère
Sainte-Claire.
Le cimetière de
la Madeleine
Tout fut réorganisé après le Concordat.
Un seul cimetière pour tous les Montbrisonnais fut
installé à la Madeleine.
Le 24 novembre 1809, MM. Populus et Chavallard, curés
de Notre-Dame et de Saint-Pierre
le bénirent solennellement en présence d'Antoine
Claude Lachèze, maire de la ville. Le 1er décembre
suivant, à 11 heures du matin, les anciens cimetières
de la ville furent vendus aux enchères publiques. Et
pour les vivants, à leur place, on installa vite des
rues, des maisons et même des écoles. La vie
continuait.
Joseph
Barou
[La
Gazette du 19-11-2004]
Voir aussi
:
Le
cimetière
des Huguenots
*
* *
Cimetières
d'autrefois
Marguerite
Fournier
Pendant
toute cette semaine consacrée au culte du souvenir, le
faubourg de la Madeleine a vu passer la presque totalité
des habitants de notre ville, car il est, hélas, peu
de foyers montbrisonnais qui n'aient un ou plusieurs des leurs
reposant au cimetière.
Ce trajet que nous connaissons bien, pour l'avoir fait souvent
derrière le cercueil d'un être aimé, n'a
pas toujours été suivi par nos devanciers. Une
ville ancienne comme la nôtre possède un cimetière
relativement neuf : qu'est-ce que, en effet, qu'un siècle
et demi dans une histoire millénaire !
C'est le
24 novembre 1809 (aux heures les plus glorieuses de l'Empire)
que fut béni notre cimetière actuel par le clergé
de Montbrison, après y avoir été autorisé
par le cardinal Fesch, oncle de Napoléon, alors archevêque
de Lyon. Cette cérémonie se déroula en
présence des autorités de la ville, notamment
M. Lachèze, maire, et d'une grande partie de la population.
Auparavant,
plusieurs quartiers avaient leur nécropole. Les églises
et les couvents, particulièrement nombreux dans le Montbrison
du Moyen Âge, possédaient chacun leur cimetière.
Le plus ancien fut celui de Saint-André, fondé
en 1423 par bulle du pape Martin V. Son emplacement est occupé
par la rue et les immeubles Emile-Reymond. Antérieurement
à sa fondation, les paroissiens de Saint-André
étaient enterrés autour de l'ancienne église
de Savigneux, au lieu connu de nos jours sous le nom de "Bicêtre".
Notre-Dame
n'étant pas église paroissiale, n'avait pas d'enclos
funèbre. Celui de Saint-Pierre était situé
en dehors des remparts, à l'emplacement approximatif
du lycée municipal. La vieille église de la Madeleine
(dont il ne subsiste plus une pierre dans le faubourg de ce
nom) abritait, elle aussi, le sommeil de ses enfants et la chapelle
Sainte-Anne de l'hôtel-Dieu, celui des siens.
Pendant cinq cents ans, les Cordeliers enterrèrent leurs
morts dans leur cimetière particulier (place Eugène-Baune),
alors que les familles nobles du Forez se faisaient ériger
de riches mausolées dans la chapelle de leur couvent
(centre de secours et salle des fêtes). Les Clarisses
avaient leur cimetière, place actuelle de la Sous- Préfecture,
les Capucins sur la colline des Purelles, d'autres religieux
dans les quartiers de Charlieu et de la caserne
Si l'on ajoute qu'au XVIe siècle, lors d'une grande épidémie,
260 pestiférés du quartier Saint-Jean furent inhumés
dans un cimetière spécial, route de Lyon (en face
de l'E.D.F.) on constate avec émotion que le sol de notre
cité est, en quelque sorte, pétri avec la cendre
de nos aïeux. Il est peu de quartiers où elle ne
soit foulée sous les pas de leurs descendants.
La collégiale Notre-Dame reçut la sépulture
de son fondateur, le comte Guy IV du Forez, dont le tombeau
de marbre blanc devait être sauvagement mutilé
trois siècles plus tard par les soldats du baron des
Adrets. Des Montbrisonnais illustres pour ne citer que le grand
juge Papon, le célèbre juriste Claude Henrys,
les Robertet, les d'Allard, choisirent aussi l'ombre des nefs
pour venir dormir leur dernier sommeil. Toutes ces tombes furent
violées, soit pendant les guerres de Religion, soit pendant
la Révolution, et les ossements dispersés. Les
dalles funèbres qui en indiquaient la place ont été
elles-mêmes enlevées ou dépouillées
de leurs inscriptions. De sorte que rien ne vient rappeler au
visiteur le souvenir des grands de ce monde.
Ce souvenir est-il plus vivace dans le champ de repos de la
Madeleine ? Les noms du siècle dernier, connus encore
aujourd'hui, sont bien rares. Victor de Laprade, dont le caveau
familial borde le mur de l'allée sud, est un de ceux-là
; mais qui aura une pensée pour "Pierre-Michel Moisson-Desroches,
promoteur des chemins de fer en 1814" dont le tertre modeste
surmonté d'une croix est entretenu par la ville, pour le
maire Chavassieu, grand bienfaiteur de la cité, pour
le procureur Buer, dont les vertus illustrèrent la magistrature
?
Petit cimetière dans le grand, le carré militaire
est le lieu de pèlerinage annuel des anciens combattants
et de tous ceux qui savent honorer les morts pour la patrie.
Il fut aménagé pendant la guerre de 1914 pour
les soldats venus mourir dans les hôpitaux de Montbrison
et dont les corps ne pouvaient être transportés
pendant les hostilités. Quelques-uns ont été
transportés par la suite chez eux, mais la plupart sont
restés ici. Ils ont eu, plus tard, pour compagnons de
repos, des soldats montbrisonnais et des combattants de la Résistance,
venu même de terres étrangères.
Le Souvenir Français entretient avec soin et amour
ce petit carré devenu le symbole du sacrifice de ceux
qui ont donné leur vie pour la France. Chaque Toussaint
y voit renouveler l'hommage d'une population qui n'oublie pas
ses morts et leur apporte, avec sa reconnaissance, les gerbes
du souvenir.
M.
V. F.
[La
Dépêche, 9 novembre 1962]
textes
et documentation
Joseph Barou
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juillet 2015
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