(cliché J. Barou)

Sainte Marie-Madeleine
(reste de l'église Sainte-Marie-Madeleine)

 

La Madeleine :

Un ancien village nommé Montbrison

 

Avec l'achèvement récent [1980] des 99 logements construits par la société d'H.L.M, "La familiale métallurgique" le faubourg de la Madeleine devient une importante zone résidentielle. Il nous a paru intéressant de dire quelques mots de l'histoire de ce quartier qui rajeunit.

Un village appelé Montbrison

Au IXe siècle, un village appelé Montbrison vivote en bordure du grand chemin de Forez. Quelques maisons se serrent autour d'une petite église dédiée à sainte Marie-Madeleine, à l'emplacement de l'actuel faubourg. Ce petit hameau dépendant de la paroisse de Savigneux est situé près du ruisseau Furent. Il constitue alors, à lui seul, tout Montbrison.

Pourtant, malgré son ancienneté, le chétif "village Montbrison" ne devient pas le premier noyau urbain de la capitale des comtes de Forez. Vers 1075-1080, le comte Artaud Il fait bâtir un château sur la butte volcanique, à quatre cents mètres au sud de l'église Sainte-Marie-Madeleine. Un nouveau quartier se constitue progressivement autour de la forteresse dont la première enceinte abrite un hôpital et une nouvelle église paroissiale : Saint-Pierre-le-Vieux.

La paroisse Sainte-Marie-Madeleine

Sainte-Marie-Madeleine reste toutefois la plus ancienne paroisse de la ville. Elle dépend du prieuré de Savigneux et le prieur en est le curé primitif. L'église, bien que très pauvre, reçoit la visite d'un roi de France. Louis VII, revenant d'une expédition en Velay, s'y arrête pour y entendre la messe en 1163.

Avec le développement de la ville entre le château et le Vizézy, la Madeleine devient un quartier excentré. Fait significatif, au début du XVe siècle, les Montbrisonnais ne le considèrent pas comme assez important pour être inclus dans l'enceinte de la ville. La Madeleine sera désormais un faubourg.

La paroisse hors-les-murs étend son territoire au nord et à l'ouest de la ville ; les paroissiens sont essentiellement des laboureurs, des vignerons, des journaliers et aussi quelques artisans de la Croix et du faubourg de la Madeleine. L'église, entourée de son cimetière, se dresse à droite du chemin qui va de la porte de la Madeleine à Champdieu, entre la rue Saint-Antoine et le ruisseau.

La commanderie Saint-Antoine

Un établissement charitable donne au quartier une nouvelle importance. En 1258, peut-être avant, les Antonins installent une commanderie à la Madeleine. Les religieux de l'ordre de Saint-Antoine de Viennois se consacrent aux soins des pauvres gens atteints du "mal des ardents" ou "feu de Saint-Antoine". Cette maladie épidémique, sorte de charbon pestilentiel ou ergotisme gangreneux, désole alors les populations.

L'hôpital Saint-Antoine est la principale maison de l'ordre en Forez. Le 23 mais 1377, le prieur de Savigneux, curé primitif de la Madeleine, donne, contre une redevance annuelle, quelques droits supplémentaires aux Antonins. Ils peuvent bâtir une église et son clocher, enterrer les morts dans le cimetière attenant, donner les sacrements.

De 1368 à 1359, pendant une période troublée, la commanderie souffre des exactions des routiers et doit être réparée. Pendant les guerres de religion, l'église bâtie tout près du rempart se révèle un danger en cas de siège. Anne d'Urfé, gouverneur du Forez, la fait abattre. Sont aussi démolies deux hôtelleries du faubourg, le "Lion d'or" et "Le Mouton". Un peu plus tard une chapelle est reconstruite en bordure de l'actuelle rue Saint-Antoine, tout près de l'église Sainte-Marie-Madeleine.

La commanderie Saint-Antoine recueille aussi les lépreux, nombreux au Moyen Âge. Plus tard elle est réunie à la commanderie de Saint-Jean-des-Prés et aujourd'hui, il n'en reste aucun vestige.

Le faubourg à la veille de la Révolution

A la fin de l'Ancien Régime, le faubourg pauvre et rural de la Madeleine contraste vivement avec le quartier du même nom, situé, lui dans les murs de la ville. Les hôtels qui se regroupent le long des rues de la Croix (actuelle rue du Palais-de-Justice, et de la Madeleine (actuelle rue Puy-de-la-Bâtie), appartiennent aux vieilles familles nobles, aux hommes de loi et aux bourgeois.

Le revenu moyen des maisons du quartier aristocratique dépasse 100 livres alors que celui des bâtisses du faubourg atteint seulement 33 livres en moyenne en 1781.

Le registre de la taille de 1789, énumère 47 cotes pour le faubourg. 22 cotes n'atteignent pas 10 livres et 8 seulement dépassent 50 livres. L'imposition moyenne s'établit à 26 livres, somme inférieure à la moyenne des cotes du hameau rural de Curtieux (29 livres), mais qui dépasse assez nettement la moyenne du faubourg voisin de La Croix (18 livres).

Quelques professions indiquées dans le rôle donnent des indications sur la physionomie socio-économique du faubourg. On y trouve un laboureur et quatre vignerons, ce qui montre l'aspect rural du quartier. La présence de deux maréchaux-ferrants, de deux tisserands, d'un taillandier, d'un charpentier, indique que la Madeleine a l'activité artisanale d'un village.

Deux auberges, dont l'une est à l'enseigne de la Teste-Noire, rappellent que le faubourg est traversé par le grand chemin de Forez.

C'est naturellement un lieu d'étape à la porte nord de la ville. Parmi les chefs de feu, on compte sept habitants qualifiés de locataires et huit veuves. La Madeleine est alors incontestablement un quartier populaire.

L'église Sainte-Marie-Madeleine est démolie en 1796. La paroisse disparaît, et son territoire est rattachée à Saint-Pierre, qui devient alors Saint-Pierre-La-Madeleine. Seul vestige de l'église disparue, un bas-relief représentant Sainte-Madeleine orne encore une façade de la rue Puy-de-la-Bâtie.

La fin d'un village

Les remparts abattus, le faubourg retrouve une nouvelle importance. En 1809, le nouveau cimetière de Montbrison y est installé. Au début du XXe siècle, le quartier se prolonge avec la construction des cités Chavanne, zone un peu triste de maisons ouvrières.

Plus récemment, deux nouvelles rues sont ouvertes : la rue Jeanne-d'Arc, et la rue Charles-de-Foucault. Cette dernière fait disparaître un pittoresque lavoir et le sentier tortueux menant au Chemin Rouge. Le faubourg garde quelque chose de sa vocation commerciale et artisanale. Il regroupe encore quelques boutiques et de nombreux artisans. A quelques pas, sur le boulevard, pratique encore le dernier tonnelier. Quant au maréchal-ferrant, il a fermé sa forge depuis longtemps. Le quartier devient maintenant une zone résidentielle, entre la nouvelle avenue Charles-de-Gaulle et l'ancienne Route de Champdieu.

De la vie rurale, il ne reste plus que la station des haras et, quand vient l'automne, le parfum entêtant dans une courette du même bâtiment, de l'alambic distillant l'eau-de-vie.

Quand les étalons seront partis, et que la dernière vigne de Pierre-à-Chaux sera arrachée, le "village" de la Madeleine sera définitivement oublié.

Joseph Barou

(article du 5 janvier 1981, Loire-Matin)

 

Le faubourg de la Madeleine a longtemps gardé
des activités horticoles avec des jardiniers réputés :

ci-dessous la somptueuse en-tête
de l'Etablissement horticole Richet
avec de nombreuses médailles
(faubourg de la Madeleine, en 1888)


(archives Diana)

Facture de l'Etablissement horticole Richet
(1888)

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Notes d'histoire

Plan Argoud 1775



Quartier de la Madeleine
(intra-muros)

extrait du plan Boisboissel
(début du 19e siècle, archives Diana)

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Bulletin paroissial de Saint-Pierre du 3 novembre 1912


Bulletin paroissial de Saint-Pierre du 10 décembre 1911



La Madeleine en 1677

Le chroniqueur du Bulletin paroissial de Saint-Pierre
de Montbrison évoque l'ancienne église de la Madeleine,

Balbigneux, les Piorons
(et leurs anciennes fourches patibulaires), le nouveau cimetière...
et les égouts.

 






Les habitants du quartier

au début du XXe siècle

24 février 2012