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Conception
: David Barou
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Dessin
de Jourda de Vaux,
extrait d'Émile Salomon,
Les châteaux historiques du Forez, 1916

(cliché
J. Barou)
La
"restauration"
du château de
Marcilly-le-Châtel
(1873-1883)
Qui dit Marcilly dit château
Sainte-Anne. La fière silhouette, aujourd'hui survolée
par des rapaces, domine le voisinage. Mais ces ruines sont pourtant
récentes et la restauration fut, en son temps, contestée.
Le château est cité dès 1010.
La citadelle tenue par les comtes de Forez se
dresse face au repaire des Couzan. Durant
la guerre de Cent Ans, elle subit les assauts de routiers. Vers 1450,
avec son donjon, sa double enceinte crénelée et sa chapelle
Sainte-Anne, le château a encore
belle allure. Il est alors tel qu'on le voit dans l'Armorial
de Guillaume Revel. Siège d'une vaste châtellenie,
la forteresse n'en est pas moins démantelée par l'intraitable
Richelieu.
Un gros tas de cailloux acheté
trois fois rien
Un inventaire du 22 juin 1667 signale Marcilly,
lieu éminent et fort, où était autrefois le château
duquel il ne reste autre chose que quelques masures éboulées
de la clôture et plusieurs pierres du bastion et une petite chapelle
sous le vocable de sainte Anne. La butte
et son champ de ruines passent à diverses familles : de Saint-Hilaire,
de Talaru, Chassain... La châtellenie
est aliénée en 1771. La Révolution
arrive et Marcilly-le-Châtel devient
"Marcilly-le-Pavé". Un
siècle passe encore. Le château semble irrémédiablement
voué à disparaître tout à fait.
Mais, en 1872, il bénéficie,
in extremis, d'une seconde chance. Mis en vente à l'audience
des criées du tribunal de Montbrison, les restes du château
et le terrain alentour sont adjugés pour une bouchée de
pain : 25 F ! L'acheteur est Jean
Claude Marie de Sauzéa dit Hyppolite (1798-1883), riche
Stéphanois et original philanthrope. Le romantisme triomphe.
Rien n'est plus prisé que de grands lambeaux de murs envahis
de lierre !
Une restauration critiquée
Hyppolite entreprend, dès 1873,
de restaurer le château. L'initiative est d'abord bien accueillie
par les érudits foréziens. Le docteur
Rimaud écrit dans les "Annales
de la Société d'agriculture" : Le
château de Marcilly a un étrange bonheur... Un homme s'est
rencontré, qui a conçu le projet de rétablir, en
son état primitif, sa citadelle, dont les ruines semblaient faire
partie du rocher... De plus la restauration fournit du travail pour
la main-d'uvre locale.
M. de Sauzéa conçoit lui-même
tout le projet. Mais, Viollet-le-Duc au
petit pied, il ne tarde pas à s'attirer des critiques. Il mélange
hardiment styles et matériaux. L'enceinte avec ses tours à
gorge mêle la brique et le basalte... Des tours, des lanternons
s'élèvent. Le même docteur
Rimaud passe de l'encouragement à la critique : On
ne comprend pas la nécessité des deux tours et des deux
étages à la chapelle. Quant aux ouvertures terminées
par un triangle aigu, cela ne se voit guère dans les arcatures
de l'architecture auvergnate...
Le nouveau maître des lieux répond vertement dans la presse
: Pauvres Auvergnats ! - il traite
ainsi des Foréziens - vous
n'avez jamais rien fait de bon... On ne voit pas la nécessité
des deux tours ! De nécessité, à proprement parler,
il n'y en a aucune... Le ton est donné. Nullement
découragé, M. de Sauzéa écrit même
un poème épique sur Marcilly,
avec de furieuses batailles, pour conter les avatars de son coûteux
château.
La restauration pourrait engloutir une fortune mais, en 1883,
le mécène de Sainte-Anne meurt avant d'avoir pu achever
son uvre. Le château passe ensuite aux hospices
de Saint-Étienne. Il est l'objet de procès. Finalement,
il reste inachevé.
Aujourd'hui "Marcilly-le-Pavé"
est heureusement redevenu "Marcilly-le-Châtel".
Et les murailles de Sainte-Anne constituent un décor parfait
pour l'évolution des rapaces de la Volerie
du Forez.
Joseph Barou
[publié
par La Gazette, chronique
Petite histoire ]
Album
Marcilly
: cartes postales anciennes





Quatre vues de Marcilly (document
B. et G. Adilon)
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Sainte-Anne sur les montagnes
bleues du Forez
(cliché J. Barou)
Pour en savoir
plus :
Roger Garnier, "Hyppolite de Sauzéa,
le château de Marcilly", Village de
Forez, n° 8, octobre 1981.

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