Couzan vers 1450 (d'après l'Armorial de Guillaume Revel)
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Armes
des Damas de Couzan (Armorial
de Guillaume Revel)
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Le Guide
du Forez
(1930)
(dessin de couverture
d'Emma Thiollier)
"Les ruines du château de Couzan
sont très remarquables,
il faut les voir sous tous leurs aspects.
Ce château, qui a joué
un rôle assez important
dans l'histoire du Forez,
fut du XIe aau XVe siècle,
la propriété de la famille de Damas.
Il appattint ensuite à la maison de Lévis,
puis aux Luzy-Pélissac.
Il est possédé, aujourd'hui [avant 1931],
par M. Thy de Milly.
Les murs d'enceinte et les tours
sont parfaitement conservéz ;
la chapelle Saint-Saturnin est romane.
Le château proprement dit
s'élève au centre,
sur un rocher taillé à pic."
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Guy Chastel
célèbre Couzan
(1934)
"Couzan est fier. La soufflure
d'où jaillit son cône éruptif, a projeté,
semble-t-il, par une
même violence,
le rempart en élan qui pointe
à son sommet.
Regardez-le
des rives du Lignon qui court, ensauvagé, vers la plaine
confuse, chercher son héros et son poète !
Nu, chenu, caverneux, déguenillé comme un mendiant,
simple écueil ébréché sur le passage
des vents, perchoir pour les oiseaux de proie, un des pans héroïques
a pu prendre figure de capucin devant son prie-Dieu,
ses murs descendre en avalanche
sur les carrés de choux,
ce fossile atteste une force mâle,
et qui parle.
Il y a, dans la tenue inflexible
de son donjon ;
il y a, dans tout ce qui n'a voulu céder ni aux hommes
ni au temps, une puissance lyrique
et une grandeur propice
à la méditation.
Couzan fut le siège d'une baronnie, la première
en Forez.
Sur le linteau d'une porte,
au nord-est, persiste un écusson. Insigne d'une époque
où point n'était besoin
de surcharger ses armes,
cette simple croix ancrée
que Godefroy de Bouillon aurait,
de son doingt, tracé avec du sang
sur l'écu d'n croisé,
dit le nom de Damas.
C'est un vieux nom de
France
et c'est un vieux nom forézien.
Autour d'une forteresse probablement romaine, se sont greffées
les autres fortifications : le château cmportait, autour
d'une citadelle que domine le beau donjon du XIIIe siècle,
trois enceintes. A l'extrémité du rempart, s'élève
encore une chapelle romane, dédiée à saint
Saturnin, où l'on célèbre la messe, le
8 septembre de chaque année.
Il est question
pour la première fois de Couzan dans un plaid de justice
de 1110. Le château est déjà
aux mains des Damas
qui deviennent bientôt
les Damas de Couzan.
Il passe ensuite aux familles de Lévis, de saint-Priest,
de Luzy-Pelissac
et de Thy de Milly.
En 1932, son dernier
possesseur l'ayant offert à la Diana, celle-ci en est
devenue propriétaire et y a fait opérer les travaux
de consolidation qui en assurent la pérennité,
comme elle a facilité les voies d'accès qui permettent
aux voitures légères d'aborder le château.
Elle a tenu à
honneur de conserver debout et de maintenir en terre forézienne
le donjon de Couzan, qui est un haut lieu de notre pays, comme
elle conserve et maintient la chapelle de Baffie et le château
de la Bastie d'Urfé, berceau de l'Astrée."
Avant-propos
de Guy Chastel
pour
Le château de Couzan,
22 phototypies publiées
par la Diana,
Montbrison, 1934
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Couzan
Ecartelé 1 et 4 Lévis-Couzan
2 et 3 Luzy-Couzan
et sur le tout Damas-Couzan
(Dessin de Louis-Pierre Gras)
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En visite à Couzan
avec Louis-Pierre Gras
(1864)
En quittant le village de Sail,
par la route de Chalmazel,
on trouve à droite un petit sentier
qui escalade, on
trouve à droite
un petit sentier qui escalade
la montagne et conduit
aux ruines de Couzan.
Le chemin est montant, sablonneux, malaisé, tantôt
bordé par des haies
de buissons desséchés
qui encadrent un petit champ
de seigle, tantôt s'effaçant
sous une pelouse de gazon ras
et jauni. Une croix s'élève à mi-côte.
A chaque pas, les pierres tombées
des vieilles murailles
roulent
sous les pieds du voyageur,
et c'est ainsi que l'une après l'autre
elles descendent
dans la vallée,
où le paysan construit sa cabane
avec les débris
du manoir
de ses anciens seigneurs.
Nous sommes arrivés.
Voici la chapelle, placée,
pour la commodité
des vassaux sans doute,
en dehors de l'enceinte du château.
Cette chapelle, sous le vocable
de St-Saturnin, appartient au style roman et doit dater
du Xe ou du XIe siècle.
Elle était autrefois
beaucoup plus grande qu'aujourd'hui,
mais une partie ayant été
détruite
au XVe siècle, on a trouvé
celle qui restait suffisante et l'on a muré
le grand arc de la nef en y laissant
une porte carrée.
C'est aussi de cette époque
de réparations que date
la petite chapelle gothique
que l'on voit à droite en entrant. L'intérieur
est dégradé, triste et nu ; au fond, un autel
en noyer,
lequel n'est qu'un simple coffre
où un fermier conserve sa provision de noix, supporte
une statuette
de la Vierge couronnée
de fleurs fanées
et deux vieux chandeliers
en bois chancelants,
et inclinés sur leur base
comme la tour de Pise.
Des débris d'ex-voto en cire
gisent à terre. Ce petit sanctuaire
était anciennement
le but d'un pèlerinage, et je me rappelle avoir vu une paysanne
faisant embrasser à son enfant
le visage noirci et mutilé
de cette pauvre Madone.
Devant la chapelle,
sont entassés des troncs d'arbres
que l'on est en train
de scier.
Assis sur un de ces arbres couverts de lichen et de mousse,
j'embrasse d'un coup d'il l'ensemble
des ruines
qui se profilent nettement sur le ciel.
A ma gauche est une ferme
dont les murs semblent contemporains
du vieux manoir ; devant
moi,
au second plan, l'enceinte extérieure échelonne
sur un talus ses tours découronnées,
puis en arrière
se dresse la citadelle
avec sa grosse tour.
Avant d'entrer dans le château,
j'ai voulu en faire le tour [ ]
Le château de Couzan,
dont la description et l'histoire demandent un volume entier,
était une véritable petite ville
avec ses places et ses rues
où se réfugiaient,
en temps de guerre,
les vassaux de son mandement.
Il se divise en deux parties :
la citadelle bâtie sur le roc,
au sommet de la montagne,
et l'enceinte extérieure
qui défend l'abord du château
du côté du nord.
Celle-ci se compose
de grosses tours reliées
par une épaisse muraille crénelée.
Elle
forme ainsi trois côtés
d'un carré irrégulier
dont la façade de la citadelle
est le quatrième.
On y voit peu d'ouvertures ;
j'y ai remarqué les supports
d'un balcon d'où la vue
devait être magnifique.
Cette enceinte renfermait
les écuries, les cuisines,
les logements des valets
et de la garnison.
A droite, en entrant, est un corps
de bâtiments
dont une partie a conservé
sa toiture ; des ceps de vigne grimpent
aux murailles
et en dissimulent les lézardes
sous leurs pampres verts.
Une porte, surmontée de l'écusson
des Damas, donne
accès
dans l'autre partie
dont le sol défoncé
laisse apercevoir des caves remplies
de décombres.
Nous y avons remarqué
deux cheminées suspendues
en l'air, noires encore de suie
et déjà envahies
par les plantes des ruines.
Dans la cheminée inférieure sont percés
deux petits fours très étroits [ ] Tout autour de nous
sont des masses de pierres,
des pans de murailles informes
couvertes de lierre ;
l'herbe est touffue, des noisetiers et d'autres arbrisseaux
croissent pêle-mêle avec les églantiers
Voilà le grand puits
qui ne tarit jamais
et qui descend, dit-on, jusqu'au lit
du Lignon : trois cents
mètres
de profondeur !
Ce puits date du XVIe siècle ;
en écartant les chélidoines
et les fougères qui l'entourent
et en tapissent l'intérieur
comme une corbeille de verdure,
on voit, sculpté sur la pierre,
un grand écusson écartelé
de Damas et de Levis
avec le blason en abîme
des Lavieu-Feugerolles [ ]
Près de ce puits,
est une seconde porte d'entrée nommée porte Saint-Georges
[ ]
Grimpons maintenant à la citadelle.
On y pénètre
par un guichet voûté et étroit qui, en cas
de défense, pouvait être fermé
par d'énormes grilles de fer.
La façade, tournée au nord-est, paraît d'abord
très irrégulières,
mais en inspectant les lieux
et en reconstruisant par la pensée
les murs écroulés,
on peut aisément
se figurer les dispositions symétriques
de la construction primitive.
Au milieu, s'élève
une grosse tour
à plusieurs étages ;
une muraille crénelée et percée
de quelques croisées la réunit
de chaque côté
à un grand donjon carré.
Les murs de la citadelle
sont extraordinairement épais
;
le lierre les enveloppe
de ses longs rameaux ;
les oiseaux de proie bâtissent
leurs nids dans les trous
de cette maçonnerie cyclopéenne
que ne peuvent
ébranler la foudre
et les orages.
C'est vraiment une chose effrayante, qui serre le cur
et donne le vertige,
d'entendre le vent mugir avec fureur en se heurtant
depuis mille ans,
et toujours en vain,
à cette masse imposante
que les hommes ont placée là
comme un défi
jeté aux éléments [...]
Quelques auteurs ont écrit
que l'emplacement du château
de Couzan fut, à l'époque romaine,
occupé
par une forteresse.
La supposition est toute gratuite,
mais le nom latin de Sail
et les antiquités romaines
qui y ont été découvertes,
la rendent assez vraisemblable.
Suivant la tradition, les Sarrazins assiégèrent, au commencement
du VIIIe siècle,
le château de Couzan
dans lequel s'étaient retirés
les habitants de Boën
et des campagnes voisines.
Mais bientôt, pressés par la famine,
les assiégés
allaient être forcés
de se rendre, lorsque leur chef
fit jeter dans le camp des ennemis
le seul pain qui restait
à ses soldats affamés.
Les Sarrazins, croyant la place abondamment pourvue
de provisions, l'abandonnèrent
pour des conquêtes plus faciles.
Est-il besoin d'ajouter
que cette légende, renouvelée
de toutes les histoires de sièges célèbres,
ne mérite aucune créance ?
Le premier acte où il soit fait mention
de Couzan est
une charte du cartulaire
de Savigny,
du XIIe siècle. C'est un plaid de justice tenu en présence
d'Hugues Dalmace au château
"quod
vocatur de Cosant."
Dès cette époque, les Damas
en étaient seigneurs.
Le dernier baron de cette race turbulente
et batailleuse
fut Guy V de Couzan, mort en 1423,
et dont la sur Alix
apporta
la baronnie en dot à son mari
Eustache de Levis-Florensac.
Deux siècles plus tard,
Louis de Saint-Priest,
seigneur de Saint-Etienne,
devient baron de Couzan
par son mariage
avec Marguerite de Levis.
Ses héritiers vendirent Couzan
à Jean de Luzy-Pelissac.
Les ruines appartiennent aujourd'hui [1864] à Mme Thy de Milly.
(Louis-Pierre Gras, Voyage à
Pierre-sur-Haute et sur les bords du Lignon, Chevalier,
libraire-éditeur, Saint-Etienne, 1864)
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Couzan
dans le Forez pittoresque
et monumental
dessin de Félix Thiollier
dessin de Félix Thiollier
dessin de H. Gonnard
dessin de Félix Thiollier
dessin de Félix Thiollier
Couzan
et ses légendes...
Le château
des Maures
Le prince se marie
A l'âge de vingt ans.
Prit une petite femme
Qui n'avait que quinze ans
Le beau soir de ses noces
Reçoit le mandement !
Fallait partir en guerre
Rejoindre l'arrière-ban !
"Que
ferai-je de mon épouse,
De ma petite épousée ?
- Mettez-la chez votre
père,
Il vous la gardera."
Ne fut pas à la
guerre,
Les Maures ont passé.
Les Maures ont passé,
Jeannette l'ont emmenée.
Au bout de la septième
[année]
Il en est revenu.
Il s'en fut chez son
père,
Frappe à la porte trois fois.
Son père vient
lui ouvrir ;
"Bonjour, mon père, bonjour
!
Où ce donc
qu'est Jeannette,
Qu'elle ne vient pas m'ouvrir ?
- Les Maures ont passé,
Jeannette l'ont emmenée !
- Comment pourrais-je
faire
Pour lui aller parler !
- Quittez votre habit
rouge,
Habillez-vous en pauvre.
Il frappe donc à
la porte,
Il donne trois petits coups :
"Faites-moi
donc l'aumône,
L'aumône s'il vous plaît."
[Elle] Mit la main
à la poche,
Un sou lui a donné !
"Cela ne suffit
guère
Aux gens de ton pays.
- Comment pourrais-tu
être
Un homme de mon pays ?
Car les oiseaux qui
volent
Ont peine de venir."
En lui versant à
boire,
Reconnaît son amant.
Entre en de grands discours
Parlant de leur vieux temps.
Les Maures à la
fenêtre
Entendent ces discours.
Déjà les
flèches volent,
Les épées sont tirées.
"Je
viens chercher ma femme,
Frappez, si vous l'osez !
- Laissez-nous donc
Jeannette,
Nous vous la payerons ;
Trois fois comme elle
pèse
D'argent nous donnerons.
- Vous m'en donneriez
le double
Que je l'emmènerai !"
S'en va à l'écurie,
Prend le cheval le plus blanc !
"Celui-là
m'a emmenée,
Celui-là me retournera !"
[Ancienne complainte forézienne
recueillie
par le docteur Frédéric Noëlas,
citée par M. Blanchardon, Notre Forez légendaire,
librairie Chevalier, Saint-Etienne, 1912]
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Couzan poème de Valérie
Laurent
en patois du canton
de Saint-Georges-en-Couzan
lu par l'auteur au cours
d'une veillée patois en 1977
au Centre social de Montbrison,
rue des Clercs
Armes
des Damas de Couzan (cliché J. B., 01-05-1994)
Un
haut lieu du Forez
Couzan
Iconographie
(cliché J. B.,
08-09-1996)
(cliché J. B.,
01-05-1994)
(cliché J. B.,
01-05-1994)
(cliché J. B.,
01-05-1994)
(cliché J. B.,
01-05-1994)
(cliché J. B.,
01-05-1994)
Chapelle
Saint-Saturnin
(cliché J. B., 10-11-1996)
(cliché J. B.,
01-05-1994)
(cliché J. B.,
21-11-2010)
(cliché J. B., 21-11-2010)
Salomon, Les châteaux
historiques du Forez
Vignette tirée de Emile
Salomon, Les châteaux historiques du Forez
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Couzan
Bois originaux
de Mario Guichard extraits de l'ouvrage de Guy Chastel,
Couzan, imp. Dumas, Saint-Etienne, 1935
COUZAN
En 1932, le dernier possesseur
de Couzan l 'offre à la Diana.
En 1934, la Société historique et archéologique
du Forez publie une série de 22 phototypies
avec un avant propos de Guy Chastel.
Vue prise d'avion
Cliché Cie Aérienne Française
Côté
ouest
Cliché André Durand
Côté ouest Cliché Félix
Thiollier (1885)
Côté sud-est
Cliché André Durand
Côté sud-ouest Cliché Félix Thiollier (1880)
Côté est Cliché Félix Thiollier (1884)
Château de Couzan (côté sud)
vue prise de l'intérieur de la grotte des Fées Cliché Félix
Thiollier (1884)
Côté nord-ouest Cliché Félix Thiollier (1885)
Rempart extérieur Cliché Noël Thiollier (1934)
Tour du rempart extérieur
Cliché Charles Martin
Côté est Cliché Félix Thiollier (1880)
Côté nord-est Cliché Félix Thiollier (1869)
Côté est Cliché Félix Thiollier
Côté nord-est
Cliché Félix Thiollier (1864)
Rempart extérieur Cliché Hélène Thiollier (1933)
Entre les deux enceintes Cliché Félix Thiollier (1880)
Passage fortifié entre les deux enceintes
Cliché Félix Thiollier (1880)
Passage fortifié entre
les deux enceintes Cliché Félix
Thiollier (1880)