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à Edouard Crozier
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Chalain-le-Comtal
en 1850
La situation du village
en 1856
selon Théodore Ogier
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aussi
les pages spéciales :
Marie Grange
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textes
et documentation : Joseph Barou
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Portail d'angle du clos
du domaine Balaÿ (Sourcieux)
Sourcieux
et
le souvenir de la famille Balaÿ
(Chalain-le-Comtal)
par
Marie Grange
Dessins et plans
tirés de Habitations modernes
recueillies par E. Viollet-le-Duc avec le concours des membres
du Comité de Rédaction de l'Encyclopédie d'architecture
et la collaboration de Félix Narjoux, Paris, Morel éditeur,
1875
UN ANCIEN LIEU
SUR LA ROUTE DES BOURGUIGNONS
"Hameau et château
moderne, commune de Chalain-le-Comtal
Apud Surceu in mandamento de Boysset : 1225 (Chartes
du Forez, n° 94 P2)
Apud Cuircieu Suriucus parrochie de Chalaing le Comtal
Apud Surceo 1380 (B 2002)
Iter quo itur de Fontanes apud Surcieu 1389 (B
2002 40)
Johannis Gay de Surcieu 1345 (B 1899 13)
Iter tendens de Magniaco a Surcieu 1443 (3
1901 F OE)
Sourcieux (XVIIIe siècle, carte de
Cassini).
Vé Sursyoé : parler local."
Voilà comment Dufour, dans son "Dictionnaire
topographique" présente Sourcieux. Nous constatons,
par ces locutions latines, l'ancienneté du lieu qui est traversé
par la route allant du Cerizet à Magneux. route autrefois
appelée chemin des Bergoignonnes ou. dirions-nous, des Bourguignons.
LA TERRE DE
SOURCIEUX
Dans les documents anciens concernant le lieu-dit de Sourcieux on
trouve le nom de M. de Rochefort propriétaire, louant un domaine
à Sourcieux. Puis sont cités Thiollière de Lisle
et Ravel de Montagny. C'est à cette dernière famille
que Christophe Balaÿ, négociant à Saint-Etienne.
acheta les terres de Sourcieux en 1826 (selon Alain Forissier).
Il y avait environ 400 hectares. Par diverses acquisitions la propriété
s'agrandira jusque dans la commune de Boisset, englobant le hameau
de Mouchichat (Chalain-le-Comtal) et plus tard la propriété
des Rayons limitrophe de Magneux-Hauterive.
Francisque Balaÿ, fils de Christophe, fit construire le château
actuel sur les vestiges d'une ancienne propriété dont
on voit un portail et en arrière des bâtiments, une tour.
"La terre de Sourcieux,
dit le marquis de Poncins, était alors presque stérile,
divisée en petites parcelles de terrain impossibles à
cultiver, dépourvus complètement de prairies, ravagée
périodiquement par les crues de la Loire qui, à chaque
inondation emportaient la bonne terre pour la remplacer par des graviers.
Brûlée en été, noyée en hiver, les
fermiers y mouraient de faim et de misère..."
L'abbé Noël Valendru, curé de Chalain-le-Comtal
en 1898 et dans les années suivantes brosse un tableau éloquent
de l'importance des travaux entrepris par la famille Balaÿ pour
assainir, cultiver ces terrains et les amener à l'état
où ils se trouvent aujourd'hui :
"De la Loire jusqu'aux balmes de Bancillons
(derrière l'autoroute A 72) ce n'était que buissons,
marécages, chardons et broussailles. Aucun chemin carrossable
n'était visible sur ces étendues ; il n'y avait pas
de fossés pour recueillir les eaux pluviales. La boue gluante
de l'argile à la saison des pluies, les crevasses profondes
des périodes de sécheresse rendaient ces endroits inabordables.
Seul le gibier y proliférait..."
(Abbé Noël Valendru, "Notes sur la paroisse de Chalain-le-Comtal").
Les travaux sont organisés par Christophe Balaÿ qui compte
à son service jusqu'à 124 ouvriers ou manoeuvres. On
procède d'une façon méthodique au creusement
de fossés et rigoles de drainage, au tracé de chemins
solides possédant des évacuations pour l'eau, au défrichement
et à l'amendement de ces terrains stériles. Il fait
planter des arbres dont la grande allée qui va jusqu'à
la Loire. Les feuillus régionaux alternent dans les bosquets
du parc avec des conifères exotiques : séquoias et cèdres...
De belles prairies seront créées et les chambons seront
exploités à la satisfaction de tout le pays.
LE CHATEAU DE SOURCIEUX
Le vieux logis des Rochefort est transformé par les soins
d'architectes et d'ouvriers du bâtiment renommés en
une demeure élégante. De hautes fenêtres, une
galerie fermée avec balustrade, une tourelle à pans
coupés, une toiture ornée de jacobines ! Et surtout
les ornementations en brique, pierre et céramique lui donnent
un décor d'un charme exquis. Dans le cadre de verdure et
de prairies qui lui font un écrin ravissant, le "château
de Sourcieux" prend des airs de cottage anglais !
Lorsqu'on vient de Montrond-les-Bains et que l'on arrive à
proximité du carrefour de Boisset-le-Cerizet-Magneux avec
la route Montbrison-Montrond, le panorama que l'on découvre,
à droite du Centre d'insémination artificielle, est
charmant. Primitivement, une clôture fermait le parc de la
propriété incluse au milieu des 640 hectares de terres.
Cette clôture avait trois murailles : au sud, à l'ouest
et au nord. Quatre portails monumentaux encadrés de décorations
en briques rouges étaient placés aux quatre angles
du parc. La façade, tournée vers l'est, était
dégagée. Le parc était seulement limité,
de ce côté, par une murette surmontée de grilles.
Un grand portail du côté du jardin s'ouvrait sur la
route.
LA CHAPELLE DE SOURCIEUX
Un portillon rend la chapelle voisine du château absolument
indépendante et accessible aux gens des alentours. Ce petit
monument est la reproduction fidèle d'une église byzantine.
Dans la crypte sont inhumés les membres de la famille Balaÿ.
Construite par les soins de Francisque Balaÿ après 1850,
elle fut ensuite agrandie et décorée par Madame Balaÿ.
En forme de croix latine, avec un campanile au-dessus de la façade,
la décoration extérieure de brique et mosaïque
est remarquable. Lorsqu'on entre, on est saisi par la beauté
du lieu et le fini de la décoration. Réalisée
par Sainte-Marie-Perrin elle est beaucoup plus proche des églises
orthodoxes que de la basilique de Fourvière. Les peintures
murales, l'autel principal avec la grille ouvragée fermant
l'abside, les vitraux aux tons chauds, "tout y respire la magnificence,
le bon goût et les sentiments religieux dont s'honore la famille
Balay (Abbé Noël Valendru, "Notes sur la paroisse
de Chalain-le-Comtal").
Cette chapelle a été bénie par le cardinal
de Bonald, archevêque de Lyon. Desservie par un aumônier,
elle était considérée comme chapelle de secours
pour les châtelains, fermiers et employés à
la propriété de Sourcieux qui pouvaient y remplir
leur devoir pascal. Les baptêmes. mariages, funérailles
concernant la seule famille Balaÿ s'y déroulaient bien
que les actes soient enregistrés dans les registres paroissiaux
de Chalain.
LE DOMAINE DE SOURCIEUX
Vers 1900, au moment où l'abbé Valendru est curé
de Chalain, le domaine de Sourcieux, uvre de la famille Balay,
est alors à son apogée. C'est ici que naquit l'élevage
du "trotteur forézien" si renommé en France
où il se mesure au produit des fameux haras de Normandie.
C'est ici également que le marquis de Poncins et Francisque
Balaÿ ébauchèrent les projets de l'hippodrome
de Feurs. C'est également à partir de ces "maisons
de campagne" foréziennes, chères à la
tradition des familles nobles, que se développa la chasse
au "gibier d'eau" dans ces étangs dont on interrompit
l'assèchement en les enchâssant dans un écrin
de verdure artificiellement "naturelle". La construction
d'un paysage bocager, bois et prairies harmonieusement mêlés,
parcouru par des chevaux de race, les étangs où se
mire le ciel forézien. tout est rassemblé pour donner
un caractère délibérément aristocratique
à notre paysage forézien.
LA FAMILLE BALAY
Disons quelques mots de la famille Balay qui a laissé de
si nombreux souvenirs à Sourcieux. Le mot Balaÿ paraît
provenir de balai, ballaun, genêt. Les Balay de Chalain-Ie-Comtal
semblent originaires du Vivarais. Les premières mentions
de membres en faisant authentiquement partie figurent dans les archives
de Privas. Au XVIIe siècle, Christophe Balaÿ puis son
fils Jean sont marchands de soie. Un frère de Jean, Christophe,
est à la tête d'une menuiserie.
Dès 1774, Christophe Balaÿ s'installe à Saint-Etienne
comme menuisier ; il associe à son activité son neveu
Jean-François. Puis les Balaÿ se lancent dans l'industrie
du ruban qu'ils sont dans les premiers à promouvoir dans
la région. La famille reste essentiellement dans la région
stéphanoise et à Lyon. Une rue à Saint-Etienne
et deux à Lyon portent d'ailleurs le nom des plus notables
représentants de cette lignée. Passant de l'artisanat
et du petit commerce à la bourgeoisie, les Balaÿ sont
un bon exemple de l'ascension sociale d'une famille, grâce
à son activité économique marquée par
une remarquable capacité d'entreprendre.
Marie Grange
(Village
de Forez, n° 63, juillet 1995)
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