Saint-Joseph-
des-bords-de-Loire

 


De l'Andalousie au Forez
saga d'une famille immigrée

 


L'église
de
Chalain-le-Comtal

 


Notre-Dame-des-Anges
(Chalain-le-Comtal

 

 

 

 

 

 

détail du décor peint

 

 

 

 

 

Les initiales
de Francisque Balaÿ

 

 

 

 

 

 

Tribune de la chapelle
de Sourcieux (détail)

 

 

 

 

 

 

Tribune de la chapelle
de Sourcieux (détail)

 

 

 

 

 

 

 

Vitrail central
du transept côté gauche

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Conception : David Barou
textes et documentation : Joseph Barou
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Portail d'angle du clos du domaine Balaÿ (Sourcieux)

Sourcieux

et le souvenir de la famille Balaÿ

(Chalain-le-Comtal)

par Marie Grange



Dessins et plans tirés de Habitations modernes
recueillies par E. Viollet-le-Duc avec le concours des membres
du Comité de Rédaction de l'Encyclopédie d'architecture
et la collaboration de Félix Narjoux, Paris, Morel éditeur, 1875


UN ANCIEN LIEU SUR LA ROUTE DES BOURGUIGNONS

"Hameau et château moderne, commune de Chalain-le-Comtal
Apud Surceu in mandamento de Boysset : 1225 (Chartes du Forez, n° 94 P2)
Apud Cuircieu Suriucus parrochie de Chalaing le Comtal
Apud Surceo 1380 (B 2002)
Iter quo itur de Fontanes apud Surcieu 1389 (B 2002 40)
Johannis Gay de Surcieu 1345 (B 1899 13)
Iter tendens de Magniaco a Surcieu 1443 (3 1901 F OE)
Sourcieux (XVIIIe siècle, carte de Cassini).
Vé Sursyoé : parler local."

Voilà comment Dufour, dans son "Dictionnaire topographique" présente Sourcieux. Nous constatons, par ces locutions latines, l'ancienneté du lieu qui est traversé par la route allant du Cerizet à Magneux. route autrefois appelée chemin des Bergoignonnes ou. dirions-nous, des Bourguignons.

LA TERRE DE SOURCIEUX

Dans les documents anciens concernant le lieu-dit de Sourcieux on trouve le nom de M. de Rochefort propriétaire, louant un domaine à Sourcieux. Puis sont cités Thiollière de Lisle et Ravel de Montagny. C'est à cette dernière famille que Christophe Balaÿ, négociant à Saint-Etienne. acheta les terres de Sourcieux en 1826 (selon Alain Forissier).

Il y avait environ 400 hectares. Par diverses acquisitions la propriété s'agrandira jusque dans la commune de Boisset, englobant le hameau de Mouchichat (Chalain-le-Comtal) et plus tard la propriété des Rayons limitrophe de Magneux-Hauterive.

Francisque Balaÿ, fils de Christophe, fit construire le château actuel sur les vestiges d'une ancienne propriété dont on voit un portail et en arrière des bâtiments, une tour.
"La terre de Sourcieux, dit le marquis de Poncins, était alors presque stérile, divisée en petites parcelles de terrain impossibles à cultiver, dépourvus complètement de prairies, ravagée périodiquement par les crues de la Loire qui, à chaque inondation emportaient la bonne terre pour la remplacer par des graviers. Brûlée en été, noyée en hiver, les fermiers y mouraient de faim et de misère..."

L'abbé Noël Valendru, curé de Chalain-le-Comtal en 1898 et dans les années suivantes brosse un tableau éloquent de l'importance des travaux entrepris par la famille Balaÿ pour assainir, cultiver ces terrains et les amener à l'état où ils se trouvent aujourd'hui :

"De la Loire jusqu'aux balmes de Bancillons (derrière l'autoroute A 72) ce n'était que buissons, marécages, chardons et broussailles. Aucun chemin carrossable n'était visible sur ces étendues ; il n'y avait pas de fossés pour recueillir les eaux pluviales. La boue gluante de l'argile à la saison des pluies, les crevasses profondes des périodes de sécheresse rendaient ces endroits inabordables. Seul le gibier y proliférait..."
(Abbé Noël Valendru, "Notes sur la paroisse de Chalain-le-Comtal").

Les travaux sont organisés par Christophe Balaÿ qui compte à son service jusqu'à 124 ouvriers ou manoeuvres. On procède d'une façon méthodique au creusement de fossés et rigoles de drainage, au tracé de chemins solides possédant des évacuations pour l'eau, au défrichement et à l'amendement de ces terrains stériles. Il fait planter des arbres dont la grande allée qui va jusqu'à la Loire. Les feuillus régionaux alternent dans les bosquets du parc avec des conifères exotiques : séquoias et cèdres... De belles prairies seront créées et les chambons seront exploités à la satisfaction de tout le pays.


LE CHATEAU DE SOURCIEUX

Le vieux logis des Rochefort est transformé par les soins d'architectes et d'ouvriers du bâtiment renommés en une demeure élégante. De hautes fenêtres, une galerie fermée avec balustrade, une tourelle à pans coupés, une toiture ornée de jacobines ! Et surtout les ornementations en brique, pierre et céramique lui donnent un décor d'un charme exquis. Dans le cadre de verdure et de prairies qui lui font un écrin ravissant, le "château de Sourcieux" prend des airs de cottage anglais !

Lorsqu'on vient de Montrond-les-Bains et que l'on arrive à proximité du carrefour de Boisset-le-Cerizet-Magneux avec la route Montbrison-Montrond, le panorama que l'on découvre, à droite du Centre d'insémination artificielle, est charmant. Primitivement, une clôture fermait le parc de la propriété incluse au milieu des 640 hectares de terres. Cette clôture avait trois murailles : au sud, à l'ouest et au nord. Quatre portails monumentaux encadrés de décorations en briques rouges étaient placés aux quatre angles du parc. La façade, tournée vers l'est, était dégagée. Le parc était seulement limité, de ce côté, par une murette surmontée de grilles. Un grand portail du côté du jardin s'ouvrait sur la route.

LA CHAPELLE DE SOURCIEUX

Un portillon rend la chapelle voisine du château absolument indépendante et accessible aux gens des alentours. Ce petit monument est la reproduction fidèle d'une église byzantine. Dans la crypte sont inhumés les membres de la famille Balaÿ. Construite par les soins de Francisque Balaÿ après 1850, elle fut ensuite agrandie et décorée par Madame Balaÿ.

En forme de croix latine, avec un campanile au-dessus de la façade, la décoration extérieure de brique et mosaïque est remarquable. Lorsqu'on entre, on est saisi par la beauté du lieu et le fini de la décoration. Réalisée par Sainte-Marie-Perrin elle est beaucoup plus proche des églises orthodoxes que de la basilique de Fourvière. Les peintures murales, l'autel principal avec la grille ouvragée fermant l'abside, les vitraux aux tons chauds, "tout y respire la magnificence, le bon goût et les sentiments religieux dont s'honore la famille Balay (Abbé Noël Valendru, "Notes sur la paroisse de Chalain-le-Comtal").

Cette chapelle a été bénie par le cardinal de Bonald, archevêque de Lyon. Desservie par un aumônier, elle était considérée comme chapelle de secours pour les châtelains, fermiers et employés à la propriété de Sourcieux qui pouvaient y remplir leur devoir pascal. Les baptêmes. mariages, funérailles concernant la seule famille Balaÿ s'y déroulaient bien que les actes soient enregistrés dans les registres paroissiaux de Chalain.

LE DOMAINE DE SOURCIEUX

Vers 1900, au moment où l'abbé Valendru est curé de Chalain, le domaine de Sourcieux, œuvre de la famille Balay, est alors à son apogée. C'est ici que naquit l'élevage du "trotteur forézien" si renommé en France où il se mesure au produit des fameux haras de Normandie. C'est ici également que le marquis de Poncins et Francisque Balaÿ ébauchèrent les projets de l'hippodrome de Feurs. C'est également à partir de ces "maisons de campagne" foréziennes, chères à la tradition des familles nobles, que se développa la chasse au "gibier d'eau" dans ces étangs dont on interrompit l'assèchement en les enchâssant dans un écrin de verdure artificiellement "naturelle". La construction d'un paysage bocager, bois et prairies harmonieusement mêlés, parcouru par des chevaux de race, les étangs où se mire le ciel forézien. tout est rassemblé pour donner un caractère délibérément aristocratique à notre paysage forézien.

LA FAMILLE BALAY

Disons quelques mots de la famille Balay qui a laissé de si nombreux souvenirs à Sourcieux. Le mot Balaÿ paraît provenir de balai, ballaun, genêt. Les Balay de Chalain-Ie-Comtal semblent originaires du Vivarais. Les premières mentions de membres en faisant authentiquement partie figurent dans les archives de Privas. Au XVIIe siècle, Christophe Balaÿ puis son fils Jean sont marchands de soie. Un frère de Jean, Christophe, est à la tête d'une menuiserie.

Dès 1774, Christophe Balaÿ s'installe à Saint-Etienne comme menuisier ; il associe à son activité son neveu Jean-François. Puis les Balaÿ se lancent dans l'industrie du ruban qu'ils sont dans les premiers à promouvoir dans la région. La famille reste essentiellement dans la région stéphanoise et à Lyon. Une rue à Saint-Etienne et deux à Lyon portent d'ailleurs le nom des plus notables représentants de cette lignée. Passant de l'artisanat et du petit commerce à la bourgeoisie, les Balaÿ sont un bon exemple de l'ascension sociale d'une famille, grâce à son activité économique marquée par une remarquable capacité d'entreprendre.

Marie Grange

                                 (Village de Forez, n° 63, juillet 1995)

Album

la chapelle de Sourcieux

Chapelle de Sourcieux

Chapelle de Sourcieux

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Nef

 


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