La
chapelle de Saint-Martin est située
sur un petit plateau à environ 4 km du bourg de Saint-Georges-en-Couzan.
L'accès en est facile en empruntant la route du hameau de Vial
; de là, un chemin carrossable suit la crête du hameau
de Vial d'où nous découvrons le petit plateau de Saint-Martin
avec son bosquet de tilleuls centenaires, quelque peu victimes des
intempéries mais riches de leurs secrets. Seuls quelques pans
de murs et de ruines subsistent de la chapelle : vestiges d'un passé
historique laissant présager que bon nombre de générations
ont fréquenté ce lieu de culte désigné
sous le vocable de Saint-Martin. Autrefois,
la chapelle abritait une relique de saint Martin. Celle-ci a été
recueillie par l'église paroissiale de Saint-Georges-en-Couzan.
Vincent Durand, au cours d'une excursion
en date du 7 août 1860, nous signale
qu'une des cloches de l'église de Saint-Georges-en-Couzan
pourrait bien provenir de la chapelle de Saint-Martin.
Un autre compte rendu de visite de Vincent Durand,
le 23 novembre 1876, nous apprend que
la sacristie tournée au midi était munie d'une petite
cheminée, bien nécessaire sous ce climat.
Au sud-est, à quelque distance de la chapelle, il semble qu'il
ait existé un bâtiment. C'était peut-être
celui de la confrérie mentionnée dans le registre audiencier
de Couzan de 1473.
Une photographie prise par Régis Puy
le 27 janvier 1901 nous révèle l'emplacement
de la cloche, les ouvertures des fenêtres, ainsi qu'une deuxième
porte, côté midi. Cette chapelle serait le vestige d'un
petit monastère du XIe siècle
; des moines y vivaient en 1468.
On remarque une pierre d'angle de la sacristie sur laquelle est gravée
grossièrement une crosse, insigne de la dignité et de
l'autorité épiscopale. A la suite du débroussaillement
et de 1'aplanissement du côté sud-est de la chapelle,
j'ai découvert des fragments de tuiles à rebord, ainsi
qu'un petit nombre de tessons de céramique dont l'expertise
m'a confirmé que l'on pouvait les dater de l'époque
néolithique. Le site archéologique dit "du
manteau de saint Martin" est d'ailleurs à quelques
pas.
A quelques mètres au sud-est on découvre une croix sur
un socle de granit, datant du début du XIXe
siècle ; le fût et le croisillon sont entourés
de feuilles de lierre, chose assez curieuse.
La chapelle figure au plan cadastral de la commune de Saint-Georges-en-Couzan
sous le n° 184, section A. P. Edouard Crozier
et moi-même en avons dressé le plan détaillé
au 1/100e ; géographiquement, elle domine au nord-ouest le
vallon du ruisseau de Vial, au sud-ouest
la pittoresque vallée du Lignon,
au nord-est les ruines du château de Couzan.
Quant au plateau de Vial et au petit plateau de Saint-Martin,
on y cultivait le seigle, l'avoine, le colza, la pomme de terre et
un peu de vigne dans les côtes au nord-ouest du village de Veaux,
ainsi qu'à Saint-Martin au lieu-dit
Goutte-Ramière. Le travail y était
dur jusqu'à l'arrivée des machines agricoles, les premiers
tracteurs en 1960. De tout ce travail
de la main des hommes que nous reste-t-il ? Un passé dans l'oubli.
En 1990, la culture est réduite
de 90 %. Friches et genêts envahissent ce
merveilleux site ; le gibier qui y était très abondant
a aujourd'hui presque totalement disparu par manque de nourriture
et surtout à cause de l'emploi abusif des insecticides.
La vallée du Lignon est, elle aussi, sur le territoire de la
commune de Saint-Georges-en-Couzan. La
construction des usines électriques au début
du XXe siècle a représenté des travaux
très importants pour l'époque. La première usine
de Veaux fut construite en 1909 et la
seconde, au même lieu, en 1925.
Celle de Saint-Martin date de 1918.
Ces usines appartenaient à la Société
des Forces Motrices Réunies du Lignon et de la Loire
ayant son siège social à Boën-sur-Lignon
(Loire). En 1947, ces usines ont été
reprises par E.D.F.
Un projet de golf est actuellement à l'étude
[janvier 1993] ; les propriétaires de terrain ont été
contactés et on peut déjà se demander avec une
certaine angoisse quel sera l'avenir de ce site magnifique.
Saint-Martin saura-t-il préserver
son sauvage environnement ?
[Village
de Forez, n° 53, janvier 1993]
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Album
Saint-Martin-des-Côtes
en 1901
(photo
offerte par Marius Perret à La Diana)
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(photos
du 11 novembre 2007)