|

Buste de Vincent Durand, oeuvre
de Millefaut,
salle de la Diana, Montbrison
Dans le beau
silence d'août
et de septembre,
comme une grosse abeille,
bourdonne la batteuse...
Le volant de la locomobile
se met
en marche,
lentement d'abord,
puis plus vite,
puis très vite, stimulé, semble-t-il,
par les halètements de la cheminée...
Au même instant,
une fureur de mouvement,
un délire d'activité
s'est emparé
de tous les hommes.
L'esprit enflammé et trépidant
de la machine les a saisis,
et, possédés, va les agiter
pendant des heures
et des heures,
dans la poussière,
dans le soleil,
dans le vacarme
qu'ils augmentent
de leurs propres clameurs.
Et, précipitées
à coup de fourche,
du haut des meules,
les gerbes s'abattent
sur le palier
où trois hommes s'acharnent immédiatement
sur elles : le premier
les délie,
le suivant étale la paille, le dernier,
d'un mouvement
rapide et précis,
les enfourne
dans la batteuse.
Toute la journée,
ces hommes feront couler entre leurs mains un fleuve de paille,
et n'auront de trève
que celle que la machine elle-même voudra bien accorder...
On voit danser
"les demoiselles",
palettes animées
d'un mouvement vertical, qui apportent
la paille égrenée,
et la laissent glisser
le long d'une claie.
Elle n'a pas le temps d'arriver
au sol,
la paille, que les lieurs - ils sont
une demi-douzaine -
se ruent sur elle,
la rassemblent,
la pressent du genou,
et, armés du "billou"
qu'ils manoeuvrent
comme une dague,
le plongent au coeur
de la gerbe,
comme s'ils voulaient
la tuer.
En fait, ce simulacre
de violence aboutit
à nouer le lien
dont ils viennent
de la ceinturer.
Cependant, un peu en arrière,
dans une zone déjà plus calme,
se construit le "paillis",
énorme meule
en dos d'âne qui ressemble
de loin à une église de paille
dont on aurait oublié le clocher.
Mais la batteuse a d'autres serviteurs encore...
Louis
Mercier,
Petites Géorgiques, 1923
Pour connaître
ce poète
cliquer :
Louis Mercier
(présentation par le
Père Jean Canard)
|
textes
et documentation
Joseph Barou
questions,
remarques ou suggestions
s'adresser :
|
|
|
|

Vincent Durand (1831-1902)
Vincent
Durand
(1831-1902)
Naissance et enfance
Né le 9 mai 1831 à Saint-Martin-la-Sauveté.
Fils d'un juge de paix.
Devenu tôt orphelin de père, Vincent est élevé
à Domois (Ailleux) dans le domaine
de sa famille.
Education
A 8 ans, il devient pensionnaire au collège
des Minimes de Lyon où il reste un an seulement. Les
élèves sont renvoyés à cause d'une épidémie
de scarlatine.
Vincent tombe gravement malade, se rétablit, rechute...
Après cette expérience malheureuse son instruction
est confiée à des précepteurs
(grands séminaristes ou prêtres) jusqu'à la
classe de rhétorique.En 1849-1850, sa mère va habiter
un an avec lui à Lyon pour qu'il y puisse y suivre la classe
de philosophie du lycée.
Il réussit le baccalauréat avec mention "bien".
La vocation d'archéologue
Vincent rentre à Domois
où il s'occupe d'abord de travaux d'agriculture, d'arpentage
et de voirie (rectification de chemin), d'administration.
Sa vocation d'archéologue commence à la suite de travaux
qu'il aide à effectuer chez les de
Saint-Pulgent : relevés pour des nivellements ; découverte
à cette occasion d'un tronçon d'une voie romaine.
L'oeuvre
Historien, archéologue, dessinateur, peintre, les
talents de Vincent Durand sont multiples et son oeuvre considérable
: 169 titres dans sa bibliographie. Il s'est intéressé
à tout ce qui touche l'histoire du
Forez.
Il collabore à la Revue Forézienne
de Louis-Pierre Gras et, surtout, participe
aux travaux de la Diana donnant
150 communications dans les 12 premiers tomes du Bulletin.
Il est secrétaire de cette société savante
de 1888 à 1902.
Il écrit plus de 20 000 lettres à ses amis qui sont,
pour beaucoup, des érudits locaux.
L'homme
C'est un homme original et profondément désintéressé,
d'un esprit élevé. Son caractère est pourtant
marqué par l'indécision. En 1863, il manque volontairement
un concours qui lui aurait permis de devenir agent-voyer d'arrondissement.
Il reste célibataire.
Il s'affirme chrétien fervent et, politiquement, conservateur.
Chevalier de la Légion d'honneur il est décoré
par le maréchal de Mac-Mahon.
Il reste maire de son village jusqu'à sa mort.
Fin de vie
A la fin de sa vie, il devient progressivement aveugle, totalement
à partir de janvier 1900.
Il meurt le 28 janvier 1902.
Inauguré le 20 juin 1904, son buste en bronze qui orne la
salle de la Diana est une uvre
de E. Millefaut.
Pour en savoir plus voir :
Robert Périchon, Edouard Crozier,
"Vincent Durand", cahier spécial de Village
de Forez, Montbrison 1996.
Vincent
Durand dessinateur
Battages
à Ailleux en août 1884
(crayon et pastel
de Vincent Durand)

La batteuse bourdonne

La poussière, le soleil,
le vacarme

Un fleuve de paille

Une église de paille dont on aurait
oublié le clocher

Vincent Durand en 1900
(cliché de Félix Thiollier,
renseignement dû à Mme Boyer-Thiollier que nous remercions)
|
|