Première création
Vers 1895, un premier essai de patronage
est tenté à Montbrison. Il est de courte durée.
Le vrai départ date de 1898. Le 20 septembre,
l'abbé Planchet, nouveau vicaire de Notre-Dame, commence
à organiser des réunions de jeunes gens le dimanche après-midi.
Le local utilisé est gracieusement mis à la disposition
des paroisses de Montbrison par Mme de la Bâtie.
Cette personne est la "grande bienfaitrice" du Patronage.
L'uvre nouvelle prend le nom de patronage Saint-Louis-de-Gonzague.
Son but est de ranimer et conserver l'esprit chrétien
dans les paroisses en encadrant la jeunesse. Les Patronages
ou "groupes catholique de jeunes gens",
sont alors vivement recommandés par le cardinal-archevêque
de Lyon.
Organisation du patronage
Saint-Louis-de-Gonzague
A Montbrison le patronage est une
organisation commune aux deux paroisses de la ville, du moins dans les
premières années. Il y a deux directeurs :
- un vicaire à Notre-Dame, pour la section
des grands (réunion le dimanche après-midi)
- un vicaire à Saint-Pierre, pour la section
des petits (réunion le jeudi après-midi)
Au départ, il s'agit de réunir des
écoliers le jeudi, jour du congé scolaire, pour des jeux
et des promenades plutôt que de les laisser traîner dans
la rue. Une petite instruction religieuse y est jointe.
Les activités sont simples mais variées. Il y a un castelet
où se produit souvent Guignol.
L'abbé Pâtissier opère
d'abord avec la lanterne magique. Le 10 avril 1910 la première
séance de cinématographe a lieu dans la salle des oeuvres
de la rue du Collège. C'est un triomphe...
Le chant a aussi une grande importance. Le patronage
fait même éditer spécialement un petit carnet
de chants :
Pour les grands, ceux qui travaillent déjà,
la réunion a lieu le dimanche, après les vêpres.
Les effectifs semblent importants : parfois plus de cent enfants et
adolescents.
Des activités
de plus en plus variées
Mais, très vite, le patronage
se diversifie en plusieurs activités de plus en plus spécialisées
:
En 1900, création d'une
chorale du patronage qui rehausse les cérémonies
les plus importantes dans les deux églises de Montbrison.
En 1901, création d'une section
théâtrale. Elle donne des séances récréatives
payantes ; les ressources permettent, en 1906, d'envoyer 20 jeunes gens
en pèlerinage à Lourdes.
Journal de Montbrison du 13
juillet 1902
En 1902, création d'un bureau
de placement pour jeunes gens
En 1903, création de l'uvre de la Bonne
presse. Il s'agit de diffuser la presse catholique (le
Pèlerin et les bulletins paroissiaux) ; 160 000 journaux
sont distribués chaque année grâce aux jeunes du
Patro qui servent de porteurs. Ils sont qualifiés de "Chevaliers
de la Croix".
En 1904, création du Cercle d'études
pour les plus grands : adolescents et jeunes hommes. Il s'agit d'un
travail en profondeur : éduquer, former l'esprit en abordant,
sous forme de causeries suivies de discussion les questions religieuses
et sociales du moment : la spiritualité, l'immortalité
de l'âme, existence de Dieu, l'utilité de la religion,
le collectivisme, les syndicats
Les buts du Cercle sont clairement
annoncés : avoir une opinion raisonnée sur toutes les
questions d'actualité afin de servir le pays et d'être
utiles à leurs concitoyens.
Ainsi le 21 novembre 1908 la réunion du
cercle d'études est consacrée au socialisme.
L'animateur (ou rapporteur) est le "camarade Desduts", un
jeune, ancien du patronage. Sa causerie tient en deux parties. Il
montre d'abord, selon lui, les erreurs du socialisme et les raisons
pour lesquelles un catholique ne peut adhérer à cette
doctrine telle qu'elle est comprise et pratiquée de nos jours.
Dans un deuxième temps il s'attache à relever tout ce
qu'il y a de louable : plus grande justice, appel à la fraternité,
à la solidarité
Tout cela très sérieusement. Un
petit débat suit. Cette réflexion porte des fruits.
On passe ensuite des paroles aux actes. Ainsi ce sont les discussions
du cercle d'études du patronage qui aboutissent en mai 1908
à la création des Jardins ouvriers de Montbrison (association
encore active aujourd'hui).
Le Cercle loue un vaste terrain, rue de Bellevue, et le partage en
une vingtaine de lots qui sont prêtés gratuitement à
des familles dans le besoin.
Cachet sur l'un des ouvrages
de la bibliothèque du patronage
Création des
P'tits fifres montbrisonnais
En 1907, le patronage inter-paroissial produit un nouveau rameau : les
P'tits Fifres. Cette création tient beaucoup à
la personnalité d'un vicaire de Saint-Pierre, l'abbé Seignol.
L'abbé Seignol, né en 1870 à Saint-Priest-la-Prugne,
arrive en 1898 à Saint-Pierre de Montbrison comme vicaire, auprès
du curé de la paroisse, le chanoine Ollagnier,
alors très âgé.
Le jeune et dynamique prêtre est d'abord responsable, pendant
plusieurs années, de la section des "petits et moyens"
du patronage inter-paroissial Saint-Louis-de-Gonzague.
Au début de 1907 il dote les enfants du fifre, la petite flûte
guerrière, et les adolescents de tambours et de clairons. A tous
il donne un uniforme et un drapeau. D'une bande de gosses du "patro"
l'abbé forme une troupe martiale au service d'un idéal
: "Pour Dieu, pour la France".
Le climat s'y prête.
Justement, en 1906-1907, l'Église de France
vit la période difficile de la Séparation.
L'opinion se partage. Au vif anticléricalisme d'une partie
de la classe politique et de la presse radicale répond une mobilisation
catholique et cléricale partout où la déchristianisation
n'est pas trop avancée.
Au début, il s'agit d'une simple section
du patronage de Saint-Louis-de-Gonzague
mais très vite les P'tits Fifres prennent
leur autonomie et se différencient du patronage. Leur quartier
général est la salle des uvres de Saint-Pierre de
la rue du Collège inaugurée le 29
mars 1908.
Il y a une séparation progressive des uvres
dépendant des deux paroisses, une certaine concurrence, peut-être
même un peu de zizanie
Bientôt la paroisse de Notre-Dame
fait bâtir une magnifique maison des uvres (le cinéma
Rex d'aujourd'hui).
Patro
et P'tits Fifres : l'unité retrouvée
Juste avant la Grande Guerre intervient
un arrangement entre la Société des P'tits Fifres et les
patronages devenus paroissiaux :
Le bulletin de Saint-Pierre, paroisse où
est née la société, donne le 5 avril 1914 les grandes
lignes de cet arrangement qui ressemble à une laborieuse transaction
:
Les jeunes gens et enfants
font partie des oeuvres de leur paroisse, sous la direction de leur
clergé. Ceux qui désirent s'adonner aux sports, gymnastique,
ou à la musique : petits fifres, clairons et tambours, ne constituent
plus qu'une seule société qui garde le nom le plus ancien
de "P'tits Fifres Montbrisonnais.
La société est placée sous la direction d'un vicaire
de Notre-Dame et du vicaire de Saint-Pierre...
Son siège social et le lieu de ses réunions est la salle
des oeuvres de la rue du Collège...
Les bulletins paroissiaux des deux paroisses sont les organes officiels
de la société, ils inséreront toutes les communications
intéressant l'uvre.
L'unité est retrouvée.
Une influence profonde et durable
Patronages
et P'tits Fifres vont poursuivre séparément
leurs activités pendant plusieurs dizaines d'années. Cette
action, dans la durée, a été importante et profonde.
Elle s'est exercée dans des domaines très variés
: religieux, éducatif, sportif et même social
Aujourd'hui
encore un cinéma (le Rex),
des clubs sportifs (B.C.M., F.C.M., S.A.M...), des associations (Les
Jardins ouvriers...) sont leurs lointains héritiers
Les patros ont occupé
à des loisirs éducatifs une fraction importante des jeunes
Montbrisonnais en les formant à la vie en groupe et, dans une
certaine mesure, en leur donnant une ouverture sur le monde.
Les P'tits fifres ont
largement contribué à populariser le sport dans la région
montbrisonnaise.
Joseph
Barou
En
promenade