La
robe courte n'existait pas. Elles avaient toutes une robe au-dessous
du genou, à mi-mollet, on disait. Et elles avaient souvent
les bas couleur de la cendre à peu près, les souliers
bas mais à lacets. Et - peut-être pas toutes, je
ne l'ai jamais contrôlé -, [elles]
portaient un corset lacé.
A cette époque les bas se portaient au-dessus du genou
; on appelait ça une jarretière pour tenir les bas.
C'était à base d'un tissu et d'un caoutchouc qui
s'étirait dedans pour pouvoir serrer cela.
Et le corsage leur allait très bien ; ça les pinçait
bien. Elles n'avaient pas besoin de soutien-gorge. C'était
pas l'époque. Elles n'en portaient pas.
Et puis il y avait encore plus terrible : nos grand-mères,
nos grands-mères avaient les robes jusqu'à la cheville.
Et puis le corsage, bien sûr, dans le même [...
?] mais la coiffure était la coiffe, une grande coiffe
qui avait des décorations ; ici ça faisait des tuyaux
[des"cornettes"] qu'on appelait [comme ça,
des cornettes].
Et
il y en avait beaucoup qui avaient une
[coiffe] noire
et d'autres en avaient une blanche. La blanche était la
coiffe de cérémonie, du dimanche, pour aller à
la messe.
Et quand il fallait la nettoyer, la laver, c'était un grand
problème. Baste pour la laver mais la remettre... Parce
que ça faisait des tuyaux, trois rangées qu'il y
avait dessus. Alors quand on l'avait lavée, on la passait
à l'eau et dans cette eau était additionnée
d'amidon. Et cet amidon...
Après on posait cette coiffe, une fois qu'elle [...] On
la posait sur une tête, en bois, bien sûr, pas une
vivante jusqu'à ce qu'elle soit sèche. Mais il y
avait des moules en bois, du diamètre de mon petit doigt
ou de mon index, à peu près. Et on mettait tous
ces petits morceaux de bois dans les tuyaux. Quand la coiffe était
sèche, on tirait les moules en bois et les tuyaux étaient
tout faits.
Aujourd'hui, ça s'est tout perdu. Les modes se sont perdues,
ont progressé, tant mieux. Au contraire, pour les jeunes
garçons, ils voient des genoux que nous on n'a jamais vus.
Mais enfin... Donc voici, je ne peux pas plus vous en dire. Je
vais céder ma place à un autre qui en dira plus
que moi... Et puis comme nous avons notre Père Chassagneux
à côté, [et]
que
nous nous connaissons bien et qui parle le patois bien mieux que
moi... Je ne sais pas si c'est à lui que je laisse la parole...

Coiffe
d'après un dessin de Vincent Durand,
(archives de la Diana)

Gumières

Joseph Vente
prisonnier de guerre