Patois vivant



Enfant de choeur à Gumières


Joseph Vente devant sa maison
souvenirs de
Joseph Vente
(1916-2007)

 

Enfant de choeur à Gumières

souvenirs racontés par Joseph Vente
au cours d'une veillée Patois Vivant
au Centre social de Montbrison en 2002

Joseph Vente s'exprime spontanément devant un public d'une centaine de personnes. La traduction littérale du patois ne peut pas rendre réellement sa pensée. Ainsi, usant de la litote, il dit autant pour dire plus ou bien plus. Les notes entre [ ] peuvent permettre une meilleure compréhension.

pour écouter cliquer ci-dessous

(42 min 23 s)

Il y a 78 ans, j'étais "clerc" [enfant de choeur] . Je n'étais pas clerc de notaire mais clerc de curé. Et tous les matins, il y avait une messe toute la semaine. Il fallait aller servir la messe. On était deux enfants de choeur, chacun sa semaine. Et le dimanche, il y avait deux messes, la première à sept heures et la grand-messe à dix heures et, en hiver, à dix heures et demie.

Ce n'était pas un travail bien pénible ; ça ne demandait pas une grande instruction mais ça demandait d'être correct pour servir la messe. J'aurais plutôt eu envie de boire le vin que de le verser dans le calice du curé mais je ne l'ai pas fait bien que je l'ai goûté quand même. Et puis, après toutes ces cérémonies religieuses, comme on les appelait, il y en avait toute l'année.

D'abord après la messe, il fallait aller à l'école à sept heures et demie... à huit heures. Et le jour où il y avait des malades, que le curé portait le bon Dieu, il fallait que l'enfant de choeur l'accompagne avec la lanterne. Et le monde [
les gens] étaient aussi [plus] corrects qu'aujourd'hui pour cette [à cette] époque. Quand ils croisaient le curé qui portait le bon Dieu sur un chemin, sur une route, sur un chemin plutôt, ils se mettaient à genoux et ils se découvraient. Donc ils respectaient aussi bien [plus] la religion qu'aujourd'hui.

Et puis après avoir fait l'enfant de choeur il fallait aller au catéchisme. Et au catéchisme, à onze ans, il fallait faire la première communion ; à douze ans, on renouvelait, comme on disait, et on nous confirmait mais ma mère m'avait confirmé avant l'évêque. Tant pis !

Et puis, toutes les grandes fêtes qu'il y avait. Pour le mois de mai, il y avait le mois de Marie. Il fallait aller à la prière le soir. Il y avait les fêtes-Dieu au mois de juin. Il y avait le 15 août pour la Sainte Vierge... Et ce que le curé imposait on le respectait aussi bien [mieux] qu'aujourd'hui. Remarquez, je ne suis pas de ceux qui veulent soutenir les curés mais le temps où j'y suis allé [à l'église comme enfant de choeur] on nous a autant [plus] appris la politesse (1) que la haine que beaucoup de gens ont pratiqué après. Si tout le monde les avait écoutés il n'y aurait pas eu les guerres qu'il y a eues depuis... enfin.

(1) Politesse : dans l'esprit du conteur il ne s'agit pas seulement de savoir-vivre mais plus largement d'éducation et de respect des autres.

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