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Voir aussi
les pages spéciales :


Hôpital de Montbrison


La Charité

et le site :

forez.enfantstrouves.free.fr

Notices individuelles
pour les 5 500 enfants
recueillis
par les hôpitaux
de Montbrison
de 1715 à 1889

Pour le château
du Rousset voir :

Mireille Busseuil,
La Seigneurie du Rousset
(Margerie-Chantagret)
,
Village de Forez,
1999

Conception
David Barou
textes et documentation
Joseph Barou


questions, remarques ou suggestions

s'adresser :

Forez
 




Les ruines du château du Rousset, Margerie, 1993

Au château du Rousset
à Margerie :

M. de Damas
et Benoît, l'enfant trouvé

 

Depuis fort longtemps Montbrison possède des établissements hospitaliers : hôpital et hospice. Aussi de très nombreux enfants ont été abandonnés à Montbrison. Plus de 5 000 du règne de Louis XV à la IIIe République ! Ils étaient le plus souvent "exposés", c'est-à-dire déposés dans un lieu public, dans la rue, à la porte d'une boutique ou d'une église.

Relevé par "l'archer" de l'hôpital, le nouveau-né était baptisé dans l'église Sainte-Anne et, au plus vite, placé à la campagne. Par tradition, la région de Saint-Jean-Soleymieux comptait de nombreuses nourrices. Le salaire payé par l'hôtel-Dieu était minime. Ces femmes appartenaient aux familles les plus pauvres.

Les "enfants de l'hôpital" vivaient dans les conditions difficiles : climat rude, malnutrition… A sept ans, s'ils avaient survécu, c'était en principe le retour à Montbrison, à la Charité où ils se trouvaient mêlés aux vieillards et aux infirmes. Mais les "recteurs" de l'hospice souhaitaient souvent que l'enfant reste chez ses parents nourriciers "sans gages". Parfois ils versaient une "étrenne", une somme de quelques livres pour encourager l'adoption.

"Benoît, fils naturel de la nommée Marie"

Il arrivait que des liens affectifs forts se forment entre les nourriciers et l'enfant trouvé. Et il n'est alors nul besoin de prime ou d'un quelconque avantage pour inciter la famille à garder l'enfant.

Le cas de Benoist, "fils naturel de la nommée Marie", est, sous ce rapport, exemplaire. Le 1er décembre 1751, alors qu'il est âgé de trois mois, "Benoist" est remis à l'hôpital Sainte-Anne. Il est placé chez Jeanne, femme de Claude Gay, de Reymondan, hameau de la paroisse de Saint-Jean-Soleymieux, près du château du Rousset.

En 1758, Benoît a 7 ans. Il doit entrer à la Charité. Claude et Jeanne se sont attachés à lui. Claude Gay se décide à aller voir son puissant voisin, le seigneur du Rousset, de l'illustre famille des Damas. Il le prie d'intervenir afin que l'enfant reste définitivement sous son toit.

Le seigneur du Rousset prend sa plume

M. de Damas taille sa plume d'oie et écrit à M. Paturel, chanoine de la collégiale Notre-Dame de Montbrison et l'un des recteurs de Sainte-Anne :

" Monsieur,

Le nommé Gay qui a un enfant de l'hôpital m'est venu trouver, pour vous prier de le lui laisser. Il a pris tant d'amitié pour lui qu'il s'imagine que cet enfant est à lui et se désole sur son départ ; comme il me paraît que cet enfant est très bien soigné, et qu'il m'a assuré qu'il lui donnerait l'éducation qui pourrait lui être nécessaire, j'ose espérer Monsieur que vous voudrez bien à ma recommandation le laisser chez lui.


Lettre claire et précise qu'il conclut par des salutations d'une politesse surannée : "J'ay l'honneur d'être, Monsieur, avec la considération des plus distinguées, votre très humble et très obéissant serviteur." Et il signe tout bonnement : "Damas".

Le seigneur du Rousset obtient satisfaction pour son humble voisin. En juin 1758, le registre de l'hospice mentionne à propos de Benoît : "
a été laissé sans rétribution à Claude Gay... sur sa réquisition, ce, sur la lettre de M. de Damas allongée ci-contre ". En effet, le billet écrit par ce dernier est encore épinglé dans le registre conservé aux archives hospitalières de Montbrison.

Les Damas n'avaient pourtant pas bonne réputation dans le voisinage. Plus tard, en 1793, un groupe de paysans conduit par le curé de Saint-Jean attaque le château du Rousset. Et le maître des lieux, le comte Claude-Marie, est arrêté. Conduit à Feurs, il est jugé le 28 décembre 1793, condamné à mort et exécuté le même jour. Quant au destin de Benoît, fils de la nommée Marie, nous n'en savons rien. Sans doute fut-il plus ordinaire…

Joseph Barou

Pour en savoir plus : J. B., " Enfants abandonnés en Forez (1715-1889) ", Village de Forez, Montbrison.