Le temple de Montbrison

            Un lieu de mémoire et de vie :

la chapelle Sainte-Anne au temple de Montbrison

                                                                                                                                  Joseph Barou - Claude Latta

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L'église et la paroisse Sainte-Anne

de Montbrison
 

 

par Joseph Barou

                                                                                                                      

I. Sainte-Anne, chapelle de l'hôtel-Dieu et église paroissiale

Fondation de l'hôtel-Dieu Sainte-Anne

A la fin du XIe siècle, avant de partir pour la croisade, le comte de Forez Guillaume III fonde un hôpital pour les " pauvres passants " dans l'enceinte de son château de Montbrison. Au siècle suivant, la ville, qui est devenue la capitale du comté, se développe entre le château comtal et le Vizézy, autour de l'église Saint-André. Vers 1215, l'hôpital est transféré sur la rive sud de la rivière, près du Grand chemin de Forez, sur le territoire de la paroisse de Moingt qui s'étend alors jusqu'à la rivière.

Dix ans plus tard, le comte Guy IV fonde, tout près de l'hôpital, l'église collégiale Notre-Dame. Autour de ces deux établissements se forme un nouveau quartier modestement peuplé. L'hôtel-Dieu possède une petite chapelle, Sainte-Anne, située au bord du Vizézy et un cimetière.

En 1428, la ville est entourée de remparts. Les Montbrisonnais habitant au voisinage de l'hôpital, entre le Vizézy et la porte de Moingt, sont des paroissiens de Moingt. Ils se trouvent coupés de Saint-Julien, leur église paroissiale située à une demi-lieue. Ils prennent l'habitude d'utiliser la chapelle de l'hôpital comme église paroissiale. Ainsi la chapelle Sainte-Anne continuant à desservir l'hôtel-Dieu devient aussi, en fait, église paroissiale annexe de celle de Moingt. Cette situation particulière entraîne, au cours des siècles suivants, une kyrielle de difficultés.

Les recteurs de l'hôtel-Dieu contre le curé de Moingt

Les recteurs de l'hôpital utilisent Sainte-Anne comme la chapelle privée de l'établissement. Ils font des modifications à leur guise. De son côté le curé de Moingt s'efforce de faire valoir ses droits curiaux. Enfin, le chapelain de Sainte-Anne, qui est désigné par le chapitre de Notre-Dame, cherche à affermir sa prébende en face de l'une et l'autre des parties. Il s'ensuit des frictions. Une sorte de guerre d'usure s'installe, coupée, de temps à autre, par des arrangements.

En 1429 intervient une première transaction (1) entre le recteur et maître de la maison de l'hôpital de Sainte-Anne de Montbrison et le curé ou vicaire de la chapelle de l'hôpital :

Pour éviter les contestations mues et éviter celles qui pourraient survenir... Il est dit que ledit recteur et maître dudit hôpital recevra et percevra toutes les oblations, aumônes et autres droits qui seront offerts en mémoire des reliques de ladite chapelle et église... Et que pour la nourriture dudit vicaire ou curé ledit maître et recteur sera obligé de lui donner chaque année sept anées (2) de vin bon et pur, un setier (3) de seigle, un setier de froment, mesure de Montbrison, un bichet de pois, un bichet de fèves, dite mesure, et six moutons d'or (4) ...

En 1479, on relève un nouveau différend entre " Maistre Anthoine de Vezato, docteur en théologie, recteur et gouverneur de l'hostel Dieu et Claude Vende, bachelier en décrêt, chappellain et vicaire de la chappelle Saincte Anne aiant cure et charge d'âmes (5)". Cette fois, sont en question, vingt livres tournois et de huit livres d'huile dues au vicaire pour prix de ses services. Des considérations étroitement économiques se mêlent souvent à des problèmes de préséance et d'autorité.

Une petite paroisse

La chapelle Sainte-Anne bénéficie d'une certaine faveur parmi les artisans montbrisonnais. Elle s'enrichit d'un autel dédié à saint Joseph et doté d'une prébende. Le 3 septembre 1486, les " maistres en l'art de menuserie, charpenterie, bennerie et massonnerie " de la ville se constituent en confrérie auprès de l'autel de leur saint patron. Les statuts sont approuvés le 22 septembre suivant (6).

Des inventaires nous indiquent qu'à la fin du XVIe siècle, peu de temps après le saccage de Montbrison par le baron des Adrets (1562), la chapelle possède d'assez riches ornements :

1574 : une chasible de damas rouge ayant la croix de veloux violletz avec son estolle et garnitures, ung devantier (7) pour madame Ste Anne de damas rouge bordé de passements, item une robbe de velours viollet fleurdelisé de fleurs de lis de filz dor et les bordeures de fillet d'or (8).

1584 : une baniere taphetas rouge au millieu delaquelle y a l'ymaige Ste Anne avec les franges de soye verte, deux taphettas bleu celeste lung ayant des passemens dargent pour servyr aporter corpus domini, ung parement d'haultel de moscade rouge avec franges bleues, ung tappis de sarge verde et rouge pour mectre en la chayre et aultre tappis de mesme pour mectre au polpitre, une ymaige de Ste anne dallebastre (9) avec une petite croix de boys, ung calice dargent avec la platine (10) et ung reliquaire aussi dargent, une petite cloche de metail et un encensier (11) de cuyvre, et encores ung rellicaire de saincte Anne qui est enchassé dargent et ung grand chandellier de fer... (12)

Le nombre des paroissiens de Sainte-Anne est pourtant réduit. Le procès-verbal de la visite pastorale de Mgr de Marquemont, archevêque de Lyon, indique qu'en 1614 il y a une seulement une centaine de communiants. C'est moins de quatre pour cent des fidèles de la ville. La paroisse de Saint-André compte alors 1 600 communiants, celle de Saint-Pierre 500 et celle de la Madeleine 500 également (13).

Cependant le petit sanctuaire bénéficie du voisinage du prestigieux chapitre de l'église collégiale et royale Notre-Dame-d'Espérance. Ainsi, en 1610, Messire Jean Favier, chanoine, fonde par testament une messe de l'office des morts à dire à perpétuité en la chapelle de l'hôtel-Dieu (14). De 1644 à 1664, pendant vingt années, la prébende de Sainte-Anne a pour titulaire noble Jean Marie de la Mure, chanoine-sacristain de Notre-Dame, le savant historien de la province de Forez. Avant de résigner sa charge, de la Mure a un beau geste. Le premier janvier 1664, il donne " par aumosne et par charité aux pauvres malades et à l'hôtel-Dieu " la somme de vingt-trois livres qui lui était due pour l'année 1663, "savoir vingt livres de pension annuelle comme prébendier, et trois livres pour faire les enterrements des pauvres... (15)"

 

II. Au XVIIe siècle


Pour l'histoire de Sainte-Anne, le Grand siècle est, malheureusement, surtout celui des disputes et des procès. Les difficultés renaissent perpétuellement pour l'utilisation de la chapelle. De 1606 à 1610 se déroule une procédure entre le curé de Moingt qui est alors Pierre Chovon, chanoine-sacristain de Notre-Dame et Pierre Magaud, prébendier de Sainte-Anne (16). Le curé de Moingt revendique formellement la chapelle comme église annexe de sa paroisse.

Réparations à la chapelle

Et quand la chapelle a besoin de réparations, les recteurs de l'hôtel-Dieu s'adressent aux paroissiens pour obtenir des fonds. Le 14 juillet 1635, les recteurs présentent une requête au bailli de Forez afin d'obtenir l'autorisation de faire les travaux nécessaires à Sainte-Anne aux frais des habitants de la rue de Moingt et du quartier de la Porcherie. En effet, depuis que la ville a été close de murs, ils ont constamment utilisé la chapelle comme annexe de l'église paroissiale de Moingt (16).

Les paroissiens de Sainte-Anne mettent peu d'empressement à payer. Il faut, le 5 avril 1636, une ordonnance du lieutenant général pour leur enjoindre de s'assembler à l'issue de la messe paroissiale afin de nommer un syndic chargé de les représenter au procès en cours au bailliage concernant des réparations à effectuer . Finalement, le 6 septembre 1636, les officiers du bailliage rendent une ordonnance portant qu'à la diligence des syndics des habitants les réparations seront faites aux dépens de la paroisse(16) .

Visite pastorale de Mgr de Neuville-Villeroy

En 1662, le 17 juin, lors de sa visite pastorale, l'archevêque de Lyon trouve un sanctuaire modeste mais décemment tenu. Le procès-verbal de la visite est très bref :

L'églize de Ste-Anne est dans la ville de Montbrison et est une annexe de l'églize de Moing.

Le lambris en est assez vieux et le pavé inégal et raboteux à cause des sepultures qui s'y font. Au maistre-autel il y a un tabernacle de bois peint et doré au dedans duquel il y a un ciboire d'argent dans lequel repose le St Sacrement.

Il y a aussy un soleil d'argent et un ciboire d'estain pour le viatique des malades. L'églize est pourveue d'un calice d'argent, 4 chazubles, une chappe de satin, du linge, chandeliers, etc. en quantité suffisante. Les saintes huiles sont tenues proprement en cette église ainsy que les eaux baptismales. Le luminaire n'a aucun revenu certain.

Le cimetière est clos, mais il n'y a aucune maison curiale.

Cette dernière remarque est tout à fait significative. Sainte-Anne est " presque " une vraie paroisse car elle possède un cimetière pour ses morts, cependant elle n'a pas de presbytère, la résidence normale du curé étant au bourg de Moingt, il s'agit bien d'une annexe.

Nouvelles disputes

Et pour l'utilisation de la petite église la querelle continue. Le 21 août 1673, le curé, les marguilliers et les habitants de la paroisse Sainte-Anne adressent une requête à l'archevêque de Lyon pour s'opposer aux modifications que les recteurs de l'hôtel-Dieu projettent d'apporter à l'église. Il s'agit vraisemblablement de la construction d'un mur permettant de réserver le chœur de l'église aux religieuses hospitalières. En effet, depuis 1654, des religieuses ont été installées à l'hôtel-Dieu pour remplacer l'hospitalier et sa femme. Sœur Marie Janin, religieuse hospitalière de l'ordre de Saint-Augustin venant de la Maison-Dieu de la Charité-sur-Loire en Nivernais est la première supérieure de la communauté.

Bien qu'en 1662, lors de sa visite, l'archevêque ait clairement reconnu Sainte-Anne comme une annexe de l'église paroissiale de Moingt (17), un fragile statu quo est rompu en faveur de l'hôpital. Les religieuses sont une douzaine, toujours présentes. La communauté utilise, évidemment, beaucoup la chapelle. Elle a même tendance à s'approprier totalement les lieux (17).

Le 23 août 1673, les recteurs de l'hôtel-Dieu présentent une requête au bailli de Forez contre Guillaume Berthaud, curé de Moingt qui revendique Sainte-Anne comme annexe de son église paroissiale. D'ailleurs, à ce moment-là, le curé réside à Montbrison et entretient un vicaire au bourg de Moingt ce qui indique bien que l'annexe est plus importante, à ses yeux, que l'église principale.

Le 31 octobre 1673, Guillaume Berthaud s'adresse à son tour à l'archevêque de Lyon pour se plaindre des transformations que les responsables de l'hôpital ont apportées à la chapelle. Mgr de Neuville-Villeroy désigne alors un chanoine de Notre-Dame, Messire de la Chaize d'Aix, pour enquêter sur les faits.

Une transaction intervient le 17 décembre 1673 : l'église Sainte-Anne servira à la fois à l'hôtel-Dieu et à la paroisse. Le curé de Moingt, le desservant de l'annexe, le prébendier de Sainte-Anne et les recteurs de l'hôpital sont parties contractantes. Leurs droits respectifs sont précisés (18).

Trois ans plus tard, en 1676, on envisage d'utiliser pour l'annexe de Moingt la chapelle du prieuré de Saint-Eloy qui appartient à la confrérie des maréchaux. Cet édifice, aujourd'hui disparu, était situé hors des murs, près des casernes et sur le territoire moingtais (19). De leur côté, les administrateurs de l'hôpital achètent de 1661 à 1715, plusieurs maisons situées rue de la porte de Moingt avec l'intention de rebâtir sur leur emplacement la chapelle Sainte-Anne qui menace ruine (20).

Le projet du prieuré Saint-Eloy n'aboutit pas et la querelle continue. En 1687, les habitants du quartier s'adressent une nouvelle fois à l'archevêque de Lyon pour qu'il oblige les recteurs de l'hôtel-Dieu à exécuter la transaction passée en 1673 (21) . Le prélat rend une ordonnance sur cette question le 28 juillet 1687. Elle n'a guère d'effet car les paroissiens renouvellent leur requête le 18 septembre 1688. De 1690 à 1706, les curés successifs de Moingt, Lambert Vayron et Jean-Baptiste Marcland, réclament l'annulation de la transaction de 1673 et poursuivent une procédure contre les recteurs de l'hôtel-Dieu (22).

III. La nouvelle chapelle Sainte-Anne

Transfert du cimetière de Sainte-Anne

Entre Moingtais et Montbrisonnais, le différend s'aggrave encore à propos de deux affaires distinctes mais pourtant liées : la translation du cimetière de Sainte-Anne et la démolition de la chapelle Saint-Lazare.

Un cimetière exigu jouxte la vieille chapelle Sainte-Anne, elle-même située sur la rive du Vizézy. Il sert à inhumer les pauvres de l'hôpital et les paroissiens. Cet enclos est devenu très insuffisant. Il constitue une gêne pour les malades et les religieuses de l'hôpital tout proche. En l'année 1700,

les religieuses s'estant plaintes auxdits recteurs conjointement avec les medecins et les chirurgiens de la maison que le cimetière trop petit pour enterrer les pauvres et les paroissiens infectoit les malades de l'hostel Dieu quy joint ledit cimetière et prend ses jours dessus et attiroit sur eux une quantité de grosses mouches quy les désoloient pendant les chaleurs, sur ces plaintes et sur ces remontrances (23).

les recteurs obtiennent sa translation hors les murs de la ville dans un lieu moins resserré. Un terrain est trouvé dans un lieu plus commode environ à deux cens pas de l'ancien cimetière. Cette parcelle a d'ailleurs déjà servi de lieu de sépulture en 1545, au moment d'une forte épidémie de peste. Au début du XXe siècle les Montbrisonnais ont redécouvert avec surprise l'existence de cet ancien cimetière (voir ci-après l'encadré).

Le curé de Saint-Pierre, Simon Pactier effectue l'enquête préalable. Le grand vicaire de Lyon autorise l'installation et la bénédiction d'un nouveau cimetière qui doit estre commun aux pauvres et aux habitans. Le doyen de Notre-Dame bénit solennellement le nouvel enclos qui se trouve hors de ladite ville et sur les fossés d'icelle dans un endroit lequel a servy autresfois de sepulture aux huguenots (23). Ce cimetière, situé tout près des casernes, figure sur le plan d'Argoud de 1775. Aujourd'hui, c'est approximativement l'emplacement de la poste principale.

Mais il faut compter avec la vive opposition des habitants et du curé de Moingt soutenus par l'abbé de la Chaise-Dieu, patron de la paroisse. Le transfert entraîne des incidents regrettables. Pendant la nuit du 2 au 3 septembre 1706, les recteurs " déménagent " subrepticement le cimetière en faisant
conduire et trainer sur une charrette par les rues dudit Montbrison en des sacs ou boges (24) les ossements des habitants de ladite esglize sainte Anne. Les habitants du quartier de l'hôpital s'indignent et, touchés de la piété naturelle vont amasser eux mesmes sur les sept heures du lendemain les chairs et reliques de leurs proches parens et amis en des corbeilles pour les rapporter aveq tout le respect possible au cimittière de ladite parroisse de Ste Anne (25).

C'est seulement après ces incidents que les recteurs consentent à présenter l'autorisation écrite qu'ils avaient obtenue du vicaire général de Lyon pour opérer ce transfert.

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1906, les Montbrisonnais retrouvent le cimetière des Huguenots

Juin 1906, émoi dans la ville. En creusant les fondations d'une maison, au 30 du boulevard Lachèze, les maçons ont découvert des monceaux d'ossements humains !

Plusieurs tombereaux de restes sont transportés au cimetière de la Madeleine. Tout Montbrison en parle. Souvent sans rien savoir d'ailleurs. Pour couper court à des "suppositions fantastiques" le rédacteur du Journal de Montbrison croit bon de faire un peu d'histoire locale. On vient tout simplement de découvrir - ou plutôt de redécouvrir - un ancien cimetière.

La peste de 1545

Remontons jusqu'au 16e siècle. La peste ravage la contrée. Elle frappe Montbrison à partir de mars 1545. Et durement, au point d'en rendre les cimetières bossus.

L'hôtel-Dieu Sainte-Anne, surchargé de malades, ne sait plus où inhumer ses morts. Le petit cimetière près de la chapelle (aujourd'hui le temple de l'Église réformée) ne suffit plus. Il sert à la fois à la paroisse Sainte-Anne et à l'hôpital.

Où trouver une terre bénite pour recevoir les pestiférés ? Un moment on pense au cimetière de la commanderie de Saint-Jean-des-Prés. Il est tout proche. Mais le commandeur, Frère François de Montjornal, ne veut souffrir d'enterrer d'autres gens que les chevaliers de Malte et leurs affidés.

Les recteurs de l'hôtel-Dieu cherchent alors un cimetière de fortune. Ce sera un petit champ que possède l'hôpital. Il est tout près, sur les fossés et hors les remparts. Ce lopin servait à la culture du chanvre d'où son nom de "chenevier". C'est l'emplacement approximatif de la poste actuelle.

Selon Barthélemy Puy, un chroniqueur du temps, l'épidémie fait 300 victimes en 1545. Et 200 sont inhumées dans ce coin de terre. L'année suivante, tout est fait en bonne et due forme. Le 10 mai 1546, le Père franciscain Jean Bothéon, évêque de Damas, au nom de l'archevêque de Lyon, consacre solennellement ce champ du repos improvisé.

Cimetière réservé aux protestants
Les temps devenant moins durs, on reprend les inhumations au cimetière habituel de Sainte-Anne. Sauf pour quelques protestants qui seront enterrés hors la ville. Le cimetière des pestiférés devient alors celui des huguenots.

Devenu décidément trop petit, le cimetière de Sainte-Anne, y est transféré en 1706. Cela ne va pas sans récriminations et procès de la part des paroissiens. Il figure encore sur le plan d'Argoud de 1775, tout près de la Caserne.

Après la Révolution, il est complètement abandonné et vendu comme bien national. C'est aussi le sort des autres cimetières de la ville : celui de Saint-André situé à l'emplacement de la maison des francs-maçons, de Saint-Pierre, sur les lieux de l'ancienne école supérieure, de la Madeleine, près de la rue Saint-Antoine…

Ainsi vont les choses. Même les cimetières disparaissent. Celui de la Madeleine, bénit le 24 novembre 1809, est désormais la dernière demeure des Montbrisonnais.


J. B.

[extrait de La Gazette de la Loire du 6 octobre 2006]


Plan d'Argoud de 1775

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Démolition de la chapelle Saint-Lazare

En 1148, Guy II, comte de Forez, avait ordonné la fondation
entre Moyn et Montbrison, en la parroisse de Savigny (Savigneux) une esglise pour les malades de la maladie de lèpre (26) . La maladrerie de Saint-Lazare, établissement déjà modeste à l'origine, perd de son importance à la fin du Moyen Age et devient un simple bénéfice. En 1670, ses revenus sont une première fois unis à ceux de l'hôtel-Dieu de Montbrison. En 1672, lors d'une réorganisation générale des établissements hospitaliers, la maladrerie de Moingt est réunie à l'ordre de Notre-Dame du Mont-Carmel et de Saint-Lazare. Mais peu après, par arrêt du 13 juillet 1696 du conseil du roi, elle définitivement unie à l'hôpital de Montbrison.

La chapelle de la léproserie, laissée depuis longtemps sans entretien, est en piteux état :

Elle tombe en ruine, ne s'y disant aucune messe depuis plus de vingt ans, la voûte d'icelle estant corrompue et fendue sur le point de tomber, aussi bien que les murailles de ladite église qui a esté profanée, et polluée par les animaux et l'entrepos de foins et pailles... (27).

Les recteurs de l'hôpital décident donc de faire démolir Saint-Lazare afin d'en utiliser les matériaux pour réparer l'hôtel-Dieu de Montbrison. Nouveau sujet de mécontentement pour les habitants de Moingt qui soudain déclarent que Saint-Lazare est un sanctuaire vénéré et doté de fondations " considérables ".

Un long procès oppose donc les recteurs de l'hôtel-Dieu au curé de Moingt soutenu par l'abbaye de la Chaise-Dieu. Ces affaires entraînent aussi des dissensions à l'intérieur même du bureau de l'hôpital. Les recteurs laïques ou séculiers reprochent aux recteurs ecclésiastiques - désignés par le chapitre de Notre-Dame - de préférer les procès plutôt que de rechercher des solutions amiables.

Les années passent et il devient urgent de s'entendre avant que les chapelles Sainte-Anne et Saint-Lazare ne s'écroulent, l'une et l'autre. Le 19 mars 1722, Antoine Chault, curé de Moingt, transige avec les recteurs de l'hôpital : la chapelle Sainte-Anne sera reconstruite sur un nouvel emplacement et elle sera commune aux paroissiens et aux pauvres malades. La chapelle Saint-Lazare est démolie en 1729 et ses matériaux sont employés pour reconstruire Sainte-Anne.

Construction de la nouvelle chapelle Sainte-Anne

Un accord étant enfin trouvé, les recteurs entreprennent la reconstruction de la chapelle, rue de Moingt, à l'emplacement où elle se trouve aujourd'hui. Le 17 mars 1729, ils passent prix fait pour les travaux de reconstruction avec Joseph Mirandon, tailleur de pierres. Le 18 mars ils prennent des conventions avec Antoine Gouilloud, marchand tailleur de pierre, du lieu du Treuil, paroisse de Saint-Etienne de Furan, pour la fourniture de pierres de taille. André Menut, Jamier l'aîné et Jamier le jeune, chaudiers de Sury-le-Comtal, fournissent pour 1 026 livres 10 sols et 6 deniers de chaux.
Le 20 mai, prix fait est passé avec Georges Mosnier et Benoît Bernard, maîtres charpentiers et menuisiers de Montbrison (28).

Mathieu Poyet, qui est receveur de l'hôtel-Dieu, verse 151 livres 12 sols au sieur Jamier pour l'achat de poudre à canon et 178 livres à Estienne Fournier, "joueur de mine", pour son travail de démolition des immeubles anciens. Les tuiles, briques et autres matériaux de terre cuite coûtent 535 livres 11 sols. Jacques Dubois, tailleur de pierre, reçoit 213 livres 10 sols pour salaire.

La dépense totale se monte à 8 790 livres 1 sol et 6 deniers, somme assez considérable supportée par l'hôtel-Dieu (29) . A titre de comparaison, rappelons-nous que l'ensemble immobilier du petit couvent de Sainte-Ursule (la maison de retraite actuelle), au faubourg de la Croix, est vendu 11 000 livres en 1753 et que les revenus du chapitre de Notre-Dame se montent alors à 12 000 livres par an.

Un nouvel arrangement intervient le 1er mai 1733 entre le curé de Moingt et les recteurs au sujet de l'utilisation du nouvel édifice. Il ne reste plus qu'à bénir solennellement la chapelle neuve. C'est chose faite le 27 avril 1734 par Messire François Basset, chanoine de Notre-Dame commis à cet effet par l'archevêque de Lyon.

 

IV. La paroisse Sainte-Anne de Montbrison avant la Révolution


Le cloître Notre-Dame


La paroisse Saint-Anne comprend, intra-muros, deux quartiers bien distincts, la Porcherie à l'ouest et la rue de Moingt à l'est, séparés par le cloître Notre-Dame. Cet enclos ombragé de tilleuls constitue une petite cité rectangulaire d'un peu moins de deux hectares. Les maisons canoniales, toutes de même facture et peintes en rouge (30) , forment un bel ensemble autour de la collégiale.

Le quartier, bien limité au nord par la rivière et au sud par les remparts de la ville, est complètement fermé, ne communiquant que par trois portes avec le reste de la ville. Dans ce périmètre le chapitre est souverain. Bien que Notre-Dame n'ait pas le titre d'église paroissiale le chanoine doyen exerce les droits curiaux sur les chanoines et leur domesticité. Le chapitre est aussi, collectivement, seigneur de Moingt. Son influence est souvent prépondérante dans les assemblées de ville. Les recteurs ecclésiastiques qu'il nomme régentent les hôpitaux montbrisonnais : l'hôtel-Dieu Sainte-Anne et l'hôpital du Bourgneuf.

Outre une douzaine de chanoines plus de trente clercs animent ce centre spirituel de la ville (31). Dans les disputes au sujet de la chapelle Sainte-Anne, il n'y a rien d'étonnant à ce que le puissant et proche chapitre ait, le plus souvent, tenu en échec, par l'action des chanoines administrateurs de l'hôtel-Dieu, le curé de Moingt soutenu, lui, par la prestigieuse mais lointaine abbaye de la Chaise-Dieu.

La Porcherie

Le quartier de la Porcherie fait pauvre figure auprès du cloître de Notre-Dame. Soixante petites maisons s'entassent entre le Vizézy et les murs de la ville, le long de venelles tortueuses. Même le quai de la rivière est bâti ce qui n'est pas sans inconvénients. En 1572, le 4 juin, une crue soudaine emporte le pont (32) qui relie le quartier au reste de la cité et la plupart des maisons et étables qui surplombent la rivière.

L'entassement des habitations rend encore plus dramatiques les incendies. Le 10 octobre 1726, plusieurs maisons du quai du Vizézy sont la proie des flammes. L'une d'elles appartient à l'hôpital et sert de logement aux "archers des pauvres", personnages qui ont pour fonction d'arrêter mendiants et vagabonds et de les conduire à l'hôpital général. Les dégâts sont tels que les recteurs des deux hôpitaux montbrisonnais, l'hôtel-Dieu et la Charité, décident de soulager les sinistrés en accordant " quelques secours extraordinaires ", surtout à ceux qui se trouvent chargés d'enfants en bas âge. Sainte-Anne et l'hôpital de la Charité versent chacun 25 livres par mois pendant une année pour être distribuées aux victimes (33).

Quartier rural - son nom même est révélateur - un des plus pauvres de la ville avec celui du Bourgneuf, la Porcherie abrite une population de journaliers, vignerons, jardiniers et domestiques. Quelques artisans complètent l'éventail des professions. Au-delà de la Poterle ou porte d'Ecotay, la faubourg d'Ecotay (actuelle rue du Parc) regroupe une vingtaine de feux. On y trouve des journaliers et vignerons, un bouvier, un peigneur de chanvre, un scieur de long... (34).

La rue de Moingt

Parce qu'elle est placée sur le Grand chemin de Forez et à l'une des entrées principales de la ville, la rue de Moingt (actuelle rue de l'Ancien-Hôpital ou Marguerite-Fournier) est plus commerçante et plus riche (35). Une soixantaine de familles logent dans vingt-cinq maisons à étages (36). En 1789, on dénombre huit marchands, trois cabaretiers, deux aubergistes dont l'hôte du Chapeau rouge, cinq boulangers, deux cordonniers, des chapeliers, des perruquiers et même deux avocats et deux huissiers. C'est là que se trouve "la plus notable partie" de la paroisse Sainte-Anne.

A la veille de la Révolution, la paroisse Sainte-Anne regroupe un peu plus de dix pour cent de la population de la ville (37). Le rôle de taille retient près de 150 cotes pour la rue de Moingt, la Porcherie et le faubourg d'Ecotay (38). Enfin si l'on décompte les actes de catholicité effectués de 1785 à 1790 (six années) dans les quatre paroisses de la ville, la moyenne annuelle s'élève à 41 pour Sainte-Anne ce qui représente plus de 12,5 % du total.

Certes, Sainte-Anne est la plus petite des paroisses de Montbrison et la plus pauvre, mais elle est sensiblement plus peuplée qu'au XVIIe siècle. Il y a au moins 300 communiants, soit de 500 à 600 habitants, trois fois le nombre indiqué au moment des visites pastorales de 1614 et 1662.

Disparition de la paroisse Sainte-Anne

La Révolution entraîne de profonds bouleversements. Les chanoines sont contraints de quitter le cloître, l'hôtel-Dieu devient "Maison d'humanité", les sœurs augustines sont sommées de quitter l'habit religieux. Javogues, l'enfant perdu de la bonne société montbrisonnaise, prétend faire de Montbrison Montbrisé...

L'orage passé, Sainte-Anne a perdu son rang d'église paroissiale. Le curé de Moingt est définitivement évincé des affaires de Montbrison. Il perd même toute la partie montbrisonnaise de sa paroisse. Les habitants de la rive méridionale du Vizézy seront désormais paroissiens de Notre-Dame, utilisant désormais la prestigieuse collégiale qui était jadis réservée aux chanoines.

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Sainte-Anne sert de chapelle de l'hôpital jusqu'en 1975, date du transfert de l'établissement à Beauregard. La chapelle Sainte-Anne est un édifice modeste mais qui a une longue histoire. On ne peut l'évoquer sans se souvenir du comte de Forez Guy IV fondateur, dans un acte de foi de la collégiale Notre-Dame d'Espérance, et qui tout près, dans un geste de charité, avait transféré de son château l'hôtel-Dieu pour les pauvres malades. Les pierres de la maladrerie Saint-Lazare de Moingt ont servi à sa reconstruction.

Un cimetière l'entourait. Surchargé, il fut transféré hors de la ville. Comment ne pas penser à la lèpre, à la peste, aux guerres, à toutes les misères des siècles passés Le lieu a été aussi l'objet de disputes et de réconciliations, avec des drames et des moments de liesse. A l'image de la cité et de la vie, tout simplement.

Dans ce lieu de célébration, des hommes, des femmes et des enfants, en foule, se sont rassemblés : des pauvres et des riches, les paroissiens de Sainte-Anne, les religieuses augustines, les familles de nombreux petits baptisés venant de tout le Forez.

Il restait à souhaiter que l'on respectât cet édifice et qu'il retrouvât une destination digne de son passé. C'est aujourd'hui chose faite puisque, après quelques années d'abandon, la chapelle est devenue en 1995 le temple de l'Eglise réformée du Forez, un lieu de prière et un signe d'œcuménisme.

Joseph Barou

Notes de la première partie

(1) Archives hospitalières de Montbrison, Sainte-Anne, C 2, transaction du 7 avril 1429 ; ces archives ont été inventoriées et classées par Henri Gonnard (1834-1912), dessinateur, peintre et érudit montbrisonnais.

(2) Une ânée : environ 110 litres.

(3) Un setier : 16 bichets ; un bichet : 19,7 litres.

(4) Mouton d'or : monnaie de Charles VI (1417) valant 1 livre tournois.

(5) Archives hospitalières de Montbrison, Sainte-Anne, C 2, ordonnance rendue par Jean, duc de Bourbonnais et d'Auvergne, à Moulins, le 8 octobre 1479.

(6) Archives hospitalières de Montbrison, Sainte-Anne, C 1.

(7) Un tablier ; il s'agit d'un mot de patois local utilisé pour désigner une pièce du costume d'apparat de la statue de sainte Anne. Lors de certaines fêtes la statue de sainte Anne était richement habillée.

(8) Archives hospitalières de Montbrison, Sainte-Anne, E 1, "Décharge portant obligation des meubles de l'église Sainte-Anne de l'hôtel-Dieu de Montbrison contre Messire Claude Mulat, 1er janvier 1574.

(9) Une statue d'albâtre.

(10) Il s'agit de la patène, petit plat qui reçoit l'hostie.

(11) Un encensoir.

(12) Archives hospitalières de Montbrison, Sainte-Anne, E 1, "Inventaire des ornements et joyaux de l'église de Sainte-Anne", 18 décembre 1584.

(13) Visite du 28 juin 1614 de l'archevêque de Lyon à Montbrison et à Moingt, "Recueil des visites pastorales du diocèse de Lyon aux XVIIe et XVIIIe siècles, t. I, Lyon, 1926."

(14) Archives hospitalières de Montbrison, Sainte-Anne, C 1, "Testament de messire Jean Favier, du 18 octobre 1610".

(15) Archives hospitalières de Montbrison, Sainte-Anne, C 2, quittance en date du 1er janvier 1664.

(16) Archives hospitalières de Montbrison, Sainte-Anne, C 2.

(17) Visite pastorale de Mgr de Neuville-Villeroy.

(18) Archives hospitalières, Sainte-Anne, C 2.

(19) Cf. cinq pièces datées du 28 décembre 1676, archives hospitalières, Sainte-Anne, C 2.

(20) Archives hospitalières, Sainte-Anne, C 2., actes d'acquisition.

(21) Requête du 20 mai 1687, archives hospitalières, Sainte-Anne, C 2.

(22) 12 juin 1690, 2 septembre 1706, archives hospitalières, Sainte-Anne, C 2.

(23 )Archives de Sainte-Anne, C 4 - 16..

(24) Sacs grossiers, aujourd'hui de jute, pour transporter les récoltes.

(25) Archives de Sainte-Anne, C 4 - 15, du 5 janvier 1708.

(26) Inventaire des titres du comté de Forez par Perrin Gayand, livre des compositions, Bibliothèque de Saint-Etienne, p. 625.

(27) Archives Sainte-Anne, C 4, du 19 avril 1706.

(28) Ce document a été publié par M. Jean Bruel, dans le Bulletin de la Diana, 1987, tome L, n° 4, p. 205-210.
(29) Archives hospitalières, Sainte-Anne, C 2.

(30) Selon Pierre Pourrat, auteur forézien qui a laissé une "Géographie ou description de la terre", ouvrage manuscrit daté de 1669 que possède la Diana.

(31) Le chapitre compte un doyen, douze chanoines, vingt-cinq prêtres, quatre prébendiers, seize enfants de choeur, un maître de musique et quinze ou seize autres clercs selon Pierre Pourrat, "Géographie...", op. cit. ; le Mémoire d'Herbigny indique un doyen, dix chanoines, dix-huit semi-prébendiers.

(32) Le pont d'Ecotay ou pont d'argent sera plusieurs fois rebâti. Cf. la communication de Jean Bruel, "Le pont d'Ecotay, autrefois pont d'argent", Bulletin Diana, t. L, n° 4, 1987, p. 211-216.

(33) Archives hospitalières de Montbrison, Sainte-Anne, E 10, délibération du 24 octobre 1726.

(34) D'après le registre de la taille subsidiaire et vingtième de 1789.

(35) En 1781 :
La Porcherie : 60 maisons ; revenu moyen par maison : 43 livres.
51 propriétaires ; revenu moyen : 76 livres.
Rue de Moingt : 23 maisons ; revenu moyen par maison : 125 livres.
23 propriétaires ; revenu moyen : 175 livres.
Montbrison (ensemble de la ville) :
Revenu moyen par maison : 71 livres.
Revenu moyen par propriétaire : 130 livres.
("Montbrison à la fin de l'Ancien Régime", groupe de recherches d'histoire économique", Centre d'Etudes Foréziennes, t. 4, p. 23 à 47.)

(36) On compte 56 cotes pour la rue de Moingt (en 1789) pour seulement 23 immeubles (1781).

(37) Montbrison : 735 maisons - La Porcherie et la rue de Moingt : 83 maisons ; Montbrison : 651 propriétaires - la Porcherie et la rue de Moingt : 74 propriétaires"Montbrison à la fin de l'Ancien Régime", op. cit.

(38) Bulletin Diana, "Registre de la taille subsidiaire et vingtième de Montbrison", année 1789, t. 27 :
Rue Porcherie : 70 cotes.
Rue de Moind : 56 cotes.
Faubourg d'Ecotay : 21 cotes.

Statue mutilée de sainte Anne
et de la Vierge
provenant de l'hôtel-Dieu
(musée de la Diana, Montbrison)


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Un temple, une communauté

et son histoire


par Claude Latta


A mon ami Pierre Cronel
C. L.  

I. Un événement œcuménique :

L'ancienne chapelle de l'hôtel-Dieu devient le temple protestant de Montbrison

Inauguration officielle

Le 4 mai 1996, l'Eglise réformée de Saint-Etienne et du Forez a célébré un culte de reconnaissance et a procédé à l'inauguration officielle du Temple de Montbrison. Deux cents personnes environ assistaient au culte qui était présidé par le pasteur Sophie Zentz-Amédro qui avait revêtu la robe noire traditionnelle des ministres du culte protestant et qui commenta un passage du deuxième livre de Samuel (1): importance de la prédication et de la liturgie de la Parole dans la célébration du culte protestant.

Avant la célébration du culte lui-même, Geneviève Rey, présidente du conseil presbytéral et Marthe Stahl, membre de ce conseil et présidente du conseil de secteur, ont prononcé quelques mots d'accueil en constatant le caractère œcuménique de cette réunion. Après la célébration, Geneviève Rey prononça une allocution et remercia toutes les personnes ayant apporté leur concours ; Denis Cateland, premier adjoint, prit la parole au nom de la municipalité et présenta les excuses de Philippe Weyne, maire de Montbrison, retenu par une réunion familiale. On notait la présence de plusieurs pasteurs et aussi du Père Rolle, curé de la paroisse Notre-Dame, du Père Baisle, ancien curé de Notre-Dame, et du Père Baralon, représentant du Père Joatton, évêque de Saint-Etienne.

Marc Vernhes, sous-préfet de Montbrison, Guy Poirieux, sénateur et ancien maire de Montbrison, Jean-François Chossy, député de la Loire, Denis Cateland, premier adjoint au maire de Montbrison, Liliane Faure, conseillère municipale de Montbrison, honoraient le temple de leur présence.

Il y avait aussi des clarisses et des religieuses augustines de l'ancien hôtel-Dieu dont la présence était particulièrement symbolique et émouvante puisqu'elles retrouvaient leur ancienne chapelle...

Le culte de Noël

Mais je crois que c'est la date du 17 décembre 1995 qui sera, en fait, importante dans l'histoire religieuse de Montbrison : ce jour-là, en effet, cinq mois avant l'inauguration officielle, le temple de Montbrison a été ouvert au culte dans l'ancienne chapelle de l'hôtel-Dieu. Ce culte de Noël fut célébré, sous la présidence du pasteur Sophie Zentz-Amédro qui dirigea les chants de Noël repris par une nombreuse assistance. Les enfants participèrent activement à la célébration du culte : évocation de la succession des prophètes et de l'ascendance du Christ, lectures de l'Evangile, intentions de prières, défilé des rois mages personnifiés par les enfants costumés.
L'assistance était nombreuse, venue de toute la communauté protestante du Forez et de Saint-Etienne. Il y avait beaucoup d'enfants. Des catholiques - souvent les conjoints des membres de la communauté protestante - étaient venus manifester par leur présence l'existence d'une communauté des chrétiens et la réalité de l'œcuménisme.

Un goûter salé sucré fut ensuite offert à tous avec beaucoup de gentillesse et de convivialité dans la salle aménagée au nord de l'ancienne chapelle. Le "Petit Protestant", journal rédigé par les enfants du catéchisme fut distribué. On sentait les membres de la communauté protestante heureux d'être ensemble et d'avoir enfin un lieu de culte digne de leur foi. Parmi eux, des pratiquants et des non-pratiquants ; et des agnostiques : mais en France, quand on est d'origine protestante, on ne l'oublie jamais car on fait partie d'une communauté minoritaire qui, ayant été opprimée, connaît le prix de la liberté et de la solidarité.


II. L'ancienne chapelle de l'hôtel-Dieu

La chapelle

Le nouveau temple est l'ancienne chapelle Sainte-Anne de l'hôtel-Dieu (2) de Montbrison, située en bordure de la rue de l'Ancien-Hôpital : sous l'Ancien Régime, c'était la rue de Moind (Moingt).

Reconstruite au début du XVIIIe siècle, la chapelle Sainte-Anne est de style classique. Sa façade en pierre est assez austère ; la porte est surmontée d'un fronton triangulaire posé en avancée sur deux modillons. Une rosace est située au-dessus de la porte.

Le plan intérieur est très simple :

· la nef est surmontée d'une tribune haute à laquelle on accédait de l'intérieur de l'hôpital. Dallée de pierre et, sur les côtés, de carreaux de brique à l'ancienne, elle est éclairée de trois fenêtres et d'un oculus. Les murs sont garnis de boiseries.

· Le chœur, auquel on accède par une marche, est légèrement surélevé ; son chevet plat est occupé par un retable de faux marbre, de style néo-grec, surmonté d'un oculus. Il est flanqué de deux chapelles latérales dont l'une était réservée aux religieuses de l'hôpital. Il y a une tourelle sur le côté nord ; on accède par deux petites portes situées sous le retable, à une ancienne sacristie et à une autre entrée à l'est du chœur.

Les vitraux de la chapelle datent des XIXe et XXe siècles.

· Les fenêtres hautes du chœur ont des vitraux du XIXe siècle dernier et représentent, au sud, le Christ tenant un calice et, au nord, la Vierge, la tête ceinte d'un étroit bandeau, avec un livre posé devant elle sur un lutrin (3). L'oculus situé au-dessus du retable a une croix.

· Les vitraux de la nef, de la chapelle sud, de la nef et de l'oculus qui surmonte la tribune sont de 1926 et ont été offerts par Mme de Bichirand, née Jordan de Sury, une Montbrisonnaise dont les libéralités financèrent l'agrandissement de l'hôtel-Dieu qui fut alors surmonté d'un étage pour qu'une maternité moderne y soit installée. Ces vitraux sont de bonne facture et leur iconographie a été choisie spécialement pour une chapelle d'hôpital (la guérison, l'épreuve de la mort, la miséricorde) :

· Le vitrail de la chapelle sud est consacré au Christ thaumaturge. Plusieurs guérisons sont représentées sur ce vitrail : un mort se lève de son cercueil ; un infirme appuyé sur une béquille et une femme portant son enfant mort se présentent au Christ. Ce vitrail a été réparé en 1995 par Suzanne Philidet, vitrailliste à Pélussin (4).

Les vitraux de la nef représentent (5) :

· La mort de saint Joseph, scène rarement montrée : saint Joseph est identifiable grâce à ses outils de menuisier accrochés au mur ; le Christ, debout, lui tient la main ; la Vierge est agenouillée au pied du lit.

· Le curé d'Ars, devant son église, est "au milieu des affligés" et impose les mains à une petite fille debout devant lui.

· Notre-Dame de la Miséricorde, couronnée, et tenant l'Enfant Jésus, nimbée des rayons du soleil, apparaît aux malades et aux malheureux qui tendent les bras vers elle.

· Au-dessus de la tribune - ce qui correspond extérieurement à la façade -, un beau vitrail, traité dans des tons pastel, représente la rencontre de la Vierge et d'Elizabeth, agenouillée devant elle. Zacharie est à l'arrière-plan, à droite.

... et son histoire

Cette chapelle a une longue histoire. Dès le début du XIIe siècle, l'hôpital de Montbrison, installé ici par le comte Guy IV, était doté d'une chapelle, située au bord du Vizézy, avec un cimetière. Progressivement, les habitants de ce quartier trouvèrent plus commode de suivre l'office dans cette chapelle plutôt que d'aller à l'église de Moingt, sur la paroisse de laquelle elle se trouvait. Une nouvelle paroisse fut créée sous le patronage de sainte Anne. L'ancienne chapelle de l'hôtel-Dieu devint l'église de la paroisse

Sainte-Anne, "annexe de Moingt"

Au XVIIIe siècle, la vieille église médiévale menaçait ruine : en 1729, les recteurs de l'hôtel-Dieu décidèrent de sa reconstruction (6). On utilisa des matériaux provenant de la démolition de la chapelle de la maladrerie Saint-Lazare et de l'ancienne chapelle de l'hôpital. Les recteurs de l'hôtel-Dieu et le curé de Moingt conclurent un accord pour l'utilisation de la chapelle par les religieuses augustines de l'hôpital. En 1734 eut lieu la bénédiction solennelle de la chapelle Sainte-Anne.

Après la Révolution, Sainte-Anne cessa d'être une église annexe de la paroisse de Moingt et redevint chapelle de l'hôpital. Pendant tout le XIXe siècle et au XXe siècle - jusqu'en 1975 - de nombreux baptêmes d'enfants nés à l'hôtel-Dieu y furent célébrés, et aussi les funérailles de ceux qui étaient morts à l'hôpital.

Le souvenir des religieuses augustines, qui se sont dévouées aux malades et qui entendaient ici l'office quotidien, flotte dans ces murs ; et aussi celui des aumôniers de l'hôpital, de l'abbé Para, dont le docteur Rey rappelle la charité dans ses Historiettes Foréziennes (7) jusqu'à l'abbé Merle qui fut aussi un bon historien forézien et qui n'avait que peu de trajet à faire pour gagner sa chère Diana.

Après la construction de l'hôpital de Beauregard, la chapelle fut fermée au culte (1975). Les plaques sur lesquelles étaient gravés les noms des bienfaiteurs de l'hôpital furent transférées à Saint-Etienne. Le petit musée qui est installé près du hall d'entrée de l'hôpital de Beauregard présente des objets qui viennent de l'ancien hôtel-Dieu et de sa chapelle et qui en évoquent le souvenir.

Vingt ans d'incertitude

Pour la chapelle Sainte-Anne s'ouvre alors une longue période d'abandon et d'incertitude. Il fut d'abord question d'y installer un musée d'objets religieux. On aurait présenté des statues, reliquaires, chasubles et autres objets liturgiques venus des églises du Montbrisonnais et menacés de disparaître par suite de l'évolution de la liturgie ou de la fermeture de nombreuses églises privées de desservants réguliers. Le projet, intéressant, fut finalement abandonné.

La chapelle fut quelquefois ouverte pour accueillir des ventes des Compagnons d'Emmaüs, puis du Rotary-Club. C'était l'occasion pour les Montbrisonnais de constater l'état d'abandon dans laquelle elle se trouvait et quelle était la quantité de poussière accumulée...

La communauté protestante ne disposait comme lieu de culte que d'une salle de l'ancien hôpital : local peu adapté à certaines célébrations qui rassemblent parfois, lors de mariages par exemple, beaucoup de monde. Elle avait demandé à pouvoir disposer d'un lieu de culte plus convenable et avait suggéré que l'ancienne chapelle Sainte-Anne lui fût attribuée. Celle-ci aurait ainsi retrouvé sa vocation première de bâtiment voué au service divin.

Le projet n'aboutit pas immédiatement. Il y avait des réticences, voire l'opposition déclarée de quelques catholiques montbrisonnais - minoritaires - qui n'admettaient pas que la chapelle fût confiée aux protestants et qui le firent connaître à la municipalité, propriétaire des locaux. L'évêque de Saint-Etienne, le Père Joatton, et le clergé montbrisonnais firent pourtant savoir explicitement qu'ils approuvaient la demande de la communauté protestante et le projet de transformation de la chapelle en temple. La demande fut ajournée. Le sujet avait même provoqué quelques passes d'armes un peu vives au conseil municipal et l'on entendit même les membres de l'opposition de gauche et de la majorité municipale discuter du baptême dans un échange qui prenait des allures de débat théologique !

La décision du conseil municipal

Finalement, le temps, comme toujours, fit son œuvre d'apaisement. En 1994, un accord intervint. L'ancienne chapelle Sainte-Anne fut confiée, par un bail emphytéotique de 99 ans à la communauté protestante du Forez, à charge pour elle de respecter le caractère originel de la chapelle (les vitraux), de faire les travaux nécessaires et d'entretenir le bâtiment, ce qui fut approuvé par un vote unanime du conseil municipal.

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L'Eglise réformée de France (ERF)


La création et les structures de l'ERF


La communauté protestante de Montbrison appartient à l'Eglise réformée de France (ERF). Celle-ci s'est organisée en 1938 et est issue de la réunion de ses courants libéraux et orthodoxes qui s'étaient constitués en diverses unions après la Séparation des Eglises et de l'Etat en 1905. L'Eglise réformée de France (ERF) est la plus importante Eglise protestante en France, membre et cofondatrice de la Fédération protestante de France (FPF).

Elle rassemble environ 110 000 " foyers connus " (familles ou individus avec lesquels il y a un lien plus ou moins fort), soit environ 400 000 personnes, avec un noyau actif de 50 000 foyers participants à sa vie financière, 492 associations cultuelles (l'association cultuelle est la base légale de l'Eglise locale), 881 lieux où le culte est célébré plus ou moins régulièrement. L'Eglise réformée de France compte 340 pasteurs (ministres) en poste dans les Eglises, 70 autres pasteurs exercent leur ministère dans des œuvres et mouvements. 29 % des pasteurs sont des femmes. Il y a 28 couples de pasteurs.

Le synode national, annuel, a la charge de gouverner l'Eglise réformée de France. Il est composé de 92 membres - laïcs et pasteurs, hommes et femmes - élus par les huit synodes régionaux et par des membres à voix consultative représentant les œuvres, mouvements, institutions et équipes liés à l'Eglise réformée.

L'ERF est donc membre de la Fédération protestante de France qui rassemble 800 000 personnes. La Fédération comprend, outre l'ERF, l'Eglise évangélique luthérienne de France (EELF), l'Union des Eglises protestantes d'Alsace-Lorraine (EPAL), les Eglises évangéliques et baptistes et l'Eglise adventiste. La Fédération est présidée depuis 2007 par le pasteur Claude Baty (de l'Eglise évangélique de France) qui est ainsi le porte-parole des protestants français.

La tradition calviniste

L'ERF incarne, au sein du protestantisme français, la tradition calviniste. Elle a adopté en 1938, au moment de sa fondation, une déclaration de foi dont voici quelques extraits :

" Fidèle aux principes de foi et de liberté sur lesquels elle est fondée, […] elle affirme la perpétuité de la foi chrétienne, à travers ses expressions successives, dans le Symbole des Apôtres, les Symboles œcuméniques et les Confessions de foi de la Réforme, notamment la Confession de La Rochelle ; elle en trouve la source dans la révélation centrale de l'Évangile […] Elle affirme l'autorité souveraine des Saintes Écritures.

Elle proclame devant la déchéance de l'homme, le salut par grâce, par le moyen de la foi en Jésus-Christ, Fils unique de Dieu, qui a été livré pour nos offenses et qui est ressuscité pour notre justification […].

Pour obéir à sa divine vocation, elle annonce au monde pécheur l'Évangile de la repentance et du pardon, de la nouvelle naissance, de la sainteté et de la vie éternelle.

Sous l'action du Saint-Esprit, elle montre sa foi par ses œuvres : elle travaille dans la prière au réveil des âmes, à la manifestation de l'unité du Corps du Christ et à la paix entre les hommes. Par l'évangélisation, par l'œuvre missionnaire, par la lutte contre les fléaux sociaux, elle prépare les chemins du Seigneur jusqu'à ce que viennent, par le triomphe de son Chef, le Royaume de Dieu et sa justice. "



Eglise Sainte-Anne
(temple de Montbrison)

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III. La communauté protestante de Montbrison

Une communauté récente

En 1996, lors de l'inauguration du temple, la communauté protestante de Montbrison et du Forez représente environ cent trente familles, dont une trentaine pratiquent régulièrement. Leur pasteur était alors Sophie Zentz-Amédro, une jeune femme mère de famille dont le mari achevait ses études pour être, lui aussi, pasteur.

Les membres de cette communauté sont issus de plusieurs régions de France mais surtout de la Haute-Loire et de son fief protestant du Chambon-sur-Lignon.

Le protestantisme français était autrefois groupé en quelques grandes communautés régionales, fortement implantées en milieu rural : l'Alsace ; le Velay (Haute-Loire actuelle), le Vivarais et le Dauphiné ; les Cévennes, le Bas-Languedoc et la région de Nîmes ; le Poitou. L'exode rural et la mobilité professionnelle des Français les ont beaucoup dispersés, même si ces "bases" régionales subsistent et gardent une forte identité.

De cette dispersion est née la communauté du Forez qui commence à grouper quelques familles à Montbrison avant la Deuxième Guerre mondiale : un pasteur venait présider le culte qui, dans les années 1930, avait lieu dans la salle des conférences (actuelle bibliothèque municipale) et groupait une quinzaine de personnes. Mme Claire Mazoyer jouait de l'harmonium et donnait aux enfants les cours de l'Ecole du Dimanche (8).

Cette communauté s'organise, sur le plan ecclésial, après 1945, autour de quelques familles : M. et Mme Degrémont, qui étaient originaires du Cateau, dans le Nord, le Docteur et Mme Eyraud, de Feurs, M. et Mme Stahl, de Montbrison, M. Ruel, pharmacien à Veauche. D'autres familles viennent ensuite renforcer cette petite communauté. En 1959, arrivent Pierre Tauzia, nouveau principal du collège et son épouse Jacqueline Tauzia, professeur de lettres, qui jouent un rôle important dans la communauté. Mais on ne peut malheureusement citer toutes les familles.

Les pasteurs se succèdent : le pasteur Brenner, le pasteur Perrier et, plus récemment, deux femmes pasteurs, le pasteur Bettina Cotin (9) et le pasteur Sophie Zentz-Amédro. La communauté s'organise autour de l'Association cultuelle des Eglises réformées de Saint-Etienne-Forez, conforme à la loi de 1905 (10) ; en 1996, elle est administrée par un conseil presbytéral élu, présidé par Mme Geneviève Rey, de Saint-Etienne. La communauté du Forez conserve une certaine autonomie et a un conseil de secteur. Trois membres de la communauté du Forez, M. Caddoux, Mme Ohier et Mme Stahl, siégeaient au conseil presbytéral de Saint-Etienne. Les membres de la communauté cotisent : la "cible" est le montant de la cotisation par Eglise, fixé par le Conseil régional de l'Eglise réformée de France.

Les lieux de culte restèrent longtemps provisoires : une salle de la mairie, un local situé rue de la République et après 1975, une salle de l'ancien hôpital (11). Après toutes ces pérégrinations, l'installation du temple de Montbrison est donc un événement : le local est aménagé avec la simplicité propre à un temple réformé ; cependant les vitraux et leurs scènes historiées rappellent et respectent l'ancienne destination du bâtiment : des "images" dans un temple protestant (12).

Des travaux importants, financés par un emprunt de l'Association cultuelle, ont été faits par la communauté protestante : des boiseries habillent les murs de l'ancienne chapelle et le chauffage a été installé. Les vitraux ont été réparés. Des aménagements améliorant l'acoustique (colonnes de diffusion) ont été réalisés. Dans le chœur, une chaire en bois et un orgue électronique (13) ont été placés.

L'histoire continue…

L'installation du temple de la rue Marguerite-Fournier a donné à la communauté un cadre ecclésial plus digne que les installations précaires qui l'avaient précédé ; elle lui a assuré une visibilité plus grande dans la ville et a permis le développement d'autres activités.

Les pasteurs

Depuis 1993, plusieurs pasteurs se sont succédé :

- Sophie Zentz-Amédro a été en poste à Montbrison de 1993 à 1998. Elle est devenue ensuite pasteur à Saint-Lô avec son mari le pasteur Christophe Amédro. Ils sont aujourd'hui (2008) en poste dans les Cévennes, fief historique du protestantisme français. Sophie Zentz-Amédro est à Saint-Hippolyte-du-Fort, Cros et Monoblet (Gard) et Christophe Amédro au Coutach, à Sauve et à Quissac (Gard). Sophie Zentz-Amédro a publié plusieurs ouvrages destinés à la catéchèse des enfants (14).

- Alain Arnoux, pasteur à Montbrison-Forez de 1998 à 2005, est aujourd'hui dans l'Est lyonnais et animateur régional pour l'évangélisation. Il a publié en 2006 le Voyage à pied dans le Vivarais et le Velay. Journal de mission du pasteur François David Delétra (éditions Olivetan, collection Histoire protestante régionale).

- Colette Chanas-Gobert est restée un an (2006-2007) et est aujourd'hui à Crest (secteur de l'Est Crêtois.

- Loïc de Putter, jeune pasteur proposant (15), est pasteur à Montbrison et à Firminy depuis 2007.

Les membres de la communauté

L'importance de la communauté réformée est la même qu'il y a douze ans (150 familles inscrites sur les listes de Montbrison-Forez). Une vingtaine de personnes assistent au culte à Montbrison.

L'endogamie religieuse qui était autrefois la règle - on se mariait entre protestants - n'existe pratiquement plus. La plupart des couples sont mixtes au point de vue religieux : le ou la conjoint(e) sont catholiques. Autrefois, dans ce cas-là, la tradition voulait que les garçons soient de la religion du père et les filles de celle de la mère (16). Aujourd'hui, la majorité des enfants sont élevés dans la foi protestante - comme si appartenir à une minorité donnait une force de conviction plus grande et exprimait la nécessité vitale de se maintenir. Mais les protestants ont les mêmes problèmes que les catholiques : la pratique religieuse diminue, en particulier chez les jeunes.

Deux laïcs montbrisonnais - Janine Treille et Sylvie Jacquelin - siègent en 2008 au conseil presbytéral de Saint-Etienne qui comprend une quinzaine de personnes et qui est présidé par Geneviève Rouanet. Marthe Stahl a siégé pendant trente ans au conseil mais a pris sa retraite. Agée de 90 ans (2008), elle reste une référence et une autorité morale.

Le culte

Le temple est d'abord, bien sûr, le siège d'une activité cultuelle. Le culte a lieu un dimanche par mois au temple de Montbrison, à 10 h 30 (les dates et les heures sont affichées devant le temple) et aussi, un autre dimanche du mois dans l'église catholique de Veauchette, prêtée par le curé de cette paroisse. Cette dualité de lieu est d'ailleurs aujourd'hui l'objet d'un débat au sein de la communauté montbrisonnaise.

Le culte est marqué par l'importance de la Parole. Il peut y avoir un culte sans la Cène mais pas sans lecture de la Bible ou prédication. Le pasteur est d'abord le ministre de la Parole. Pendant le culte, de nombreux cantiques sont chantés qui reprennent souvent des psaumes.

Les deux seuls sacrements sont le baptême et la Cène :

- Le baptême : les enfants sont soit baptisés directement après la naissance soit présentés au temple (la présentation) : ils reçoivent ensuite, s'ils le désirent, le baptême.

- La Cène : pour les protestants, la Cène, signe de la gratuité de l'amour de Dieu, est célébrée en mémoire du Christ et de sa Passion. La Cène se reçoit dans le pain et dans le vin (17). Il n'y a pas la présence réelle à laquelle croient les catholiques. La Cène a un sens symbolique. Elle n'a de sens que dans la foi. Elle n'ajoute rien à la parole de Dieu, elle ne fait que l'attester. Partager le pain et le vin, c'est communier avec Dieu et communier les uns avec les autres.

Les mariages et les funérailles sont de simples bénédictions et n'ont pas de caractère sacramentel.

La catéchèse et le groupe d'étude biblique

La catéchèse joue un rôle très important. A Montbrison, elle a longtemps été assurée par Christine Langue et Mia Verchère. Elle l'est aujourd'hui par Hélène Spatazza, Hassina Razahamanantso et Myriam Coutansou.

Un groupe d'étude biblique existe depuis longtemps. En 2008, il a rassemblé une dizaine de protestants et de catholiques - dont deux sœurs augustines de Montbrison. Le livre de Ruth (18) était soumis à l'étude et à la réflexion de ses membres.

La "nuit des veilleurs"

La communauté montbrisonnaise participe, chaque année, dans le cadre de l'ACAT (Association des chrétiens contre la torture) à la "nuit des veilleurs" destinée à soutenir par la prière ceux qui, à cause de leurs idées ou de leur foi, sont victimes de la torture. Ces engagements sont dans la tradition d'un protestantisme libéral engagé dans la défense de la personne humaine et des valeurs démocratiques.

La semaine de prières pour l'unité des chrétiens

Depuis 1908, la Semaine de l'unité est célébrée tous les ans, en janvier, par les chrétiens appartenant aux différentes confessions. Dans sa forme actuelle, elle existe depuis 1939. Les chrétiens se retrouvent pour demander par la prière la grâce de "l'unité que Dieu voudra, par les moyens qu'Il voudra." Un thème de réflexion et de prédication, fondé sur un passage de l'Evangile, est proposé chaque année.

Une célébration œcuménique a eu lieu au temple de Montbrison, le 20 janvier 2008, avec le pasteur Loïc de Putter et un prêtre de la paroisse Sainte-Claire. Dans les années précédentes, les pasteurs Bettina Cottin et Sophie Zentz-Amédro avaient prêché dans l'église Notre-Dame d'Espérance, ce qui était un symbole fort de l'unité..

Le temple de Montbrison, lieu de culture

Le temple de Montbrison est aussi un lieu de culture :

- Des concerts (musique et chants) sont régulièrement organisés.

- Des expositions ont été consacrées à la Bible, au 5e centenaire de l'Edit de Nantes (1598-1998 - avec visite de nombreux scolaires).

- Des conférences : j'ai eu l'honneur de faire au temple de Montbrison, en 1996, une conférence sur la Réforme, à la demande du pasteur Sophie Zentz-Amédro qui souhaitait que le sujet soit traité "par un historien qui ne soit pas protestant". En 2000, Thérèse Mascle, professeur de lettres, et moi-même avons évoqué la belle figure d'André Chamson (1900-1983), protestant cévenol, romancier (Les hommes de la route, La tour de Constance, La Superbe), membre de l'Académie française, conservateur du château de Versailles. Il fut pacifiste au nom de la Bible (Roux le bandit) et résistant parce qu'on ne peut plus être pacifiste face à Hitler. André Chamson commanda, en 1944, avec André Malraux, la célèbre Brigade Alsace-Lorraine.

Le pasteur André Gounelle, professeur à la faculté de théologie de Montpellier, est venu faire une conférence très stimulante et accessible sur le thème ; " Qu'est-ce qu'être protestant ? "

Ajoutons que le temple a fait l'objet d'une étude récente à l'occasion de l'Inventaire du Patrimoine réalisé par les services du même nom (les fiches du Patrimoine seront ensuite disponibles sur Internet). Un ouvrage consacré au canton de Montbrison sort en septembre 2008. Le temple est régulièrement ouvert pour les journées du patrimoine, le troisième dimanche de septembre.

La kermesse

Chaque année la communauté protestante organise, pendant un week-end de novembre, la kermesse qui a lieu dans le temple (19). De nombreux objets fabriqués par les membres de la communauté, des livres, des objets de brocante sortis des greniers sont offerts à la vente. Les bénéfices de la kermesse alimentent la "cible" versée à l'Eglise réformée de Saint-Etienne-Forez.

Cette kermesse est un événement convivial. Un repas a lieu dans le temple le dimanche à midi. On mange le bæckehoff, plat alsacien aux trois viandes, longuement mijoté avec des légumes dans une terrine et tout à fait roboratif. C'est l'un des attraits de la kermesse.

Bref, cette kermesse est l'un des événements du calendrier montbrisonnais.

 

Plan du temple de Montbrison

La Bible est le véritable livrede la famille protestante :
la bible de la famille Cronel, habitant à Montbrison
et originaire de Saint-Dié (Vosges), était précédée d'un "registre de famille", véritable "livre de raison"
dans lequel on inscrivait les événements familiaux (archives Pierre Cronel)

IV. Une communauté à la recherche de ses racines

Au siècle de la Réforme

Le fait d'être installée dans un monument historique de Montbrison et de disposer d'un lieu de culte définitif conduit tout naturellement la communauté protestante à rechercher ses racines et à renouer les fils invisibles qui la relient à la petite communauté réformée qui a existé ici au XVIe siècle.

Certes, au XVIe siècle, la Réforme ne s'est pas vraiment enracinée en Forez et, pendant les guerres de religion, la province est restée dans le camp catholique. On cite souvent le mot de Jean Papon, Grand Juge de Forez et lieutenant général du bailliage qui déclarait, en 1574, devant l'assemblée générale des Trois Ordres réunie à Montbrison : "Quant à l'Eglise, par tout ledict pays, Dieu y a toujours esté servy selon les décrets de l'Eglise catholique et romaine."

La noblesse se groupait autour des d'Urfé qui constituèrent une véritable dynastie de baillis : ces grands seigneurs, qui avaient fait aménager la Bastie où le roi était venu en 1536, maintenaient la fidélité des gentilshommes de moindre importance et, ceux-ci, celle de leurs paysans : "De la noblesse ne s'en trouve pas un audict pays sur lequel on ayt pu prendre soupçon de ceste religion (réformée)" (J. Papon).

La bourgeoisie qui, sur le plan national, était souvent gagnée par les idées de la Réforme, était restée, en Forez, dans l'obéissance à l'Eglise : elle avait le respect de l'autorité et de l'ordre moral traditionnel. Et il n'y avait pas d'université, de collège, d'imprimerie importante qui pût servir de relais aux nouvelles croyances. L'attachement à la cause du "parti catholique" fut, en outre, renforcé par le souvenir des atrocités commises par le baron des Adrets lors de la prise de la ville en 1562 (20).

Cependant, au XVIe siècle, des églises réformées avaient été fondées en Forez à Bourg-Argental (1561), Saint-Bonnet-le-Château (1562), Feurs (1562), Saint-Galmier (1562), Saint-Etienne (1570) et Malleval. Des communautés réformées existèrent aussi à Charlieu, Saint-Rambert, Saint-Germain-Laval (21), Montbrison. Trois éléments nous fournissent la preuve de l'existence de la communauté de Montbrison :

Les protestants et la prise de la ville par le baron des Adrets

Pendant les guerres de religion, Montbrison est pris et mis à sac par deux des principaux chefs protestants, le baron des Adrets et le capitaine de Poncenat (1562).

Pendant l'assaut donné à la ville, il y a dans Montbrison des protestants qui le guident et combattent à ses côtés ; après la prise de Montbrison, certains acceptent des postes de responsabilité. Les Mémoires manuscrits de Jean Perrin (22), châtelain de Montbrison, nous donnent les noms de quelques-uns d'entre eux : Pierre Philippe, dit Saduret, qui est nommé prévôt de Forez ; deux de ses archers, Marcellin Charbonnier et Raymond Cepery ; Jean Dalmais (ou Dalmès), un notable qui est élu de l'élection de Forez (23) ; Antoine Niolly, Jean Bombardier, Claude Purveray, fils d'Alexandre Purveray, barbier de la ville et Jean de Vau, serrurier (24). Après cette liste de noms, Jean Perrin ajoute d'ailleurs ; "et plusieurs aultres de la dicte ville". Et si, pendant la période où s'exerce l'autorité du baron des Adrets, des pasteurs prêchent dans la collégiale Notre-Dame, c'est qu'il y a des gens pour les écouter.

Après le départ du baron des Adrets - qui tient la ville pendant trois semaines - la plupart des membres de la petite communauté protestante se dispersent pour échapper aux représailles. Ceux qui sont restés quittent la ville dans les années qui suivent.

La dispersion

Le livre des habitants de Genève qui enregistre au XVIe siècle l'arrivée des protestants venus se réfugier dans la ville dirigée par Calvin mentionne les noms de deux Montbrisonnais (25) : Maurice Pélisson, orfèvre, arrivé en 1557 et Guillaume Matin, "espinglier" (fabricant d'épingles ?), entré à Genève en 1573. Cette dernière date est particulièrement intéressante à noter car elle montre que, onze ans après le passage du baron des Adrets, la communauté protestante de Montbrison n'était pas complètement dispersée. Les émigrés avaient d'ailleurs dû garder des liens avec ceux qui étaient restés à Montbrison : en 1773, lorsque Guillaume Matin arrive à Genève, c'est Maurice Pelisson, arrivé seize ans auparavant, qui lui sert de témoin (26).

Il existait à Montbrison un "cimetière des huguenots", mentionné sur un plan de 1775 (27). Redécouvert en 1906, lors du creusement des fondations d'une maison, il était situé "hors les murs" à peu près à l'emplacement actuel de l'entreprise Combat, sur le boulevard Lachèze. C'était un cimetière annexe de celui de l'hôpital et de la paroisse Sainte-Anne, ouvert en 1545 pour enterrer les pestiférés. Il devint ensuite le lieu d'inhumation des protestants (28). Cette existence d'un cimetière confirme qu'il y avait eu (29) à Montbrison une communauté réformée puisqu'elle y enterrait ses morts : "au-delà des fossés", c'est-à-dire en dehors de la ville délimitée par ses remparts (30) et, sans doute, en dehors de l'espace consacré du cimetière catholique.

Mais entre la dispersion de la petite communauté - pour l'essentiel, dès la fin du XVIe siècle - et le XIXe siècle, il ne nous paraît pas y avoir eu à Montbrison de communauté réformée. Après 1685 - Révocation de l'édit de Nantes - nous ne trouvons, dans les registres paroissiaux, ni baptêmes ni actes d'abjuration de membres de la "R.P.R." ("Religion Prétendue Réformée") comme on disait alors...

Au XVIIIe, nous avons trouvé un seul événement : un aubergiste d'origine suisse abjure et se fait baptiser, sans doute pour pouvoir continuer à exercer son métier : il a créé, rue Tupinerie, le premier café montbrisonnais (31): pendant la Révolution, les royalistes de la ville se réunissent ainsi "chez les Suisses…"

Au XIXe siècle, le protestantisme n'est représenté à Montbrison que par quelques individualités : fonctionnaires, magistrats ou officiers de passage dans le chef-lieu du département qui est aussi siège de la cour d'assises et ville de garnison...

Puis, comme on l'a dit, l'exode rural et la mobilité géographique et sociale de la France des "Trente Glorieuses" conduit à Montbrison et dans le Montbrisonnais des familles protestantes venues d'horizons très variés, avec cependant une majorité de gens dont l'origine se trouve sur les plateaux de la Haute-Loire.

Le présent et le passé

Le rôle et la passion de l'historien sont de ressusciter et de déchiffrer le passé ; mais l'historien n'est pas un simple érudit perdu dans la poussière des archives. Il aime aussi son époque et essaie de la comprendre : un temple à Montbrison, c'est un événement du présent, avec des hommes et des femmes rassemblés dans un bâtiment chargé d'histoire et qui, symboliquement, s'ouvre directement sur l'une des rues les plus anciennes et les plus passantes de la cité. Pour un catholique, il était émouvant d'y avoir été invité et son remerciement aura été d'apporter quelques éléments d'histoire - de leur histoire - à ceux qui ont désormais l'usage et la charge de l'ancienne chapelle de l'hôtel-Dieu. C'est aussi notre histoire puisqu'elle s'inscrit, hier et aujourd'hui, dans celle de la cité tout entière.

Ce temple est ainsi, selon la belle expression popularisée par l'historien Pierre Nora, un lieu de mémoire. Il nous a permis quelques aller-retour entre le passé et le présent de la chapelle de l'hôtel-Dieu devenue temple protestant, entre les religieuses augustines et les réformés qui ont prié et qui prient ici le même Dieu.

Claude Latta

Notes de la deuxième partie

(1) Deuxième livre de Samuel, 7, prophétie de Natân.

(2) Joseph Barou, " L'église et la paroisse Sainte-Anne de Montbrison ",Village de Forez, n° 17, p. 19-22 et n° 18, p. 19-22, 1984.

(3) Identification proposée par Joseph Barou (le bandeau et le livre figurent dans les attributs de la Vierge).

(4) Témoignage Marthe Stahl, 24 juin 2008. Suzanne Philidet a exposé ses œuvres en juin-juillet 2008 dans trois églises du Pilat dans le cadre de la l'exposition " Lumières du verre ", IIIe biennale du verre de Pélussin.

(5) Ils sont identifiés par une inscription sur chaque vitrail, sauf celui qui occupe l'oculus de la façade.

(6) Jean Bruel, " L'église Sainte-Anne à Montbrison ", Bulletin de la Diana, tome L, n° 4, 1987, p. 205-210.

(7) [Docteur Eugène Rey], Historiettes foréziennes et vieux souvenirs, extrait des mémoires d'un Montbrisonnais, Montbrison, Librairie Emile Faure, imprimerie E. Brassart, 2 volumes tirés à cent exemplaires, 1896.

(8) Témoignage de Pierre Cronel, 7 mai 1996, 27 et 28 juin 1996.

(9) Le pasteur Bettina Cottin est actuellement pasteur de l'Eglise réformée d'Enghien et de ses environs.

(10) La loi de Séparation de l'Eglise et de l'Etat (1905) a prévu des associations cultuelles (et non pas culturelles, comme on le trouve souvent écrit) ; ces associations sont chargées de l'organisation du culte.

(11) Je remercie Mme Stahl de ses témoignages (entretiens du 16 avril 1996 puis du 24 juin 2008).

(12) Dans un temple, il n'y a pas, en principe de représentation de la Divinité, à plus forte raison, de la Vierge ou des saints dont le culte est condamné : "Toute et chaque fois qu'on représente Dieu en image, sa gloire est faussement et méchamment corrompue" (Calvin : Institution de la religion chrétienne, 1559. Cité par Olivier Christin, Les Réformes. Luther, Calvin et les protestants, Paris, Gallimard, coll. Découvertes, 1995, p. 143.).

(13) Cet orgue a été prêté par l'association des Amis des Orgues.

(14) Hélènette Gourdon, Michèle Mélières et Sophie Zentz-Amédro, Regards d'artistes, Paris, SED (Société des Ecoles du Dimanche), 2001, 3 vol. : Des peintres, sculpteurs interprètent la Bible et les fêtes chrétiennes, 2001 : De Pâques à … Pentecôte, 2001 ; La Nativité, 2001. Sophie Zentz-Amédro et Nicolas Fels, Jonas, Paris, SED, 2002 et Jonas : Un conte théologique et humoristique. Matériel pédagogique, Paris, SED, 2002.

(15) Pour être ordonné pasteur, il faut être titulaire d'un DESS de théologie, avoir exercé dans une paroisse une fonction de "pasteur proposant" pendant 1 ou 2 ans. A l'issue de ce cursus, et après acceptation des différentes instances concernées (Commission des Ministères régionale et nationale) le (ou la) futur(e) pasteur peut être admis(e) à l'ordination au ministère pastoral.

(16) Témoignage Marthe Stahl, 24 juin 2008.

(17) Rappelons que, pour les catholiques, l'Eucharistie rend le Christ présent dans l'hostie consacrée.


(18) Le Livre de Ruth est un livre de la Bible hébraïque, classé parmi les livres historiques de l'Ancien Testament chrétien. L'histoire de Ruth se déroule à l'époque où les Juges dirigeaient le peuple d'Israël. Ruth, une Moabite, c'est-à-dire une femme étrangère, est non seulement entrée dans le peuple d'Israël mais est devenue l'ancêtre du roi David et donc du Christ.


(19) Avant 1996, la kermesse avait lieu à la salle des fêtes de Montbrison puis au collège Victor-de-Laprade.


(20) Cf. nos travaux sur ce sujet :

- Claude Latta, " La prise de Montbrison par le baron des Adrets et le capitaine de Poncenat (1562) ", Village de Forez, n° 44, octobre 1990.

- Claude Latta, Marie-Claude Mioche et les élèves du lycée de Beauregard (Montbrison), " Evénement et mémoire : la prise de Montbrison par le baron des Adrets ", in Renaissance européenne et phénomènes religieux 1450-1650, Actes du colloque du Festival d'Histoire de Montbrison 1990, Montbrison, 1990, p. 425-441. Tout cela a été bien analysé par Claude Longeon, Une province française à la Renaissance. La vie intellectuelle en Forez au XVIe siècle, Saint-Etienne, Centre d'Etudes Foréziennes, 1975.

(21) Il existe encore à Saint-Germain-Laval une "rue des Huguenots".

(22) Manuscrits de La Mure, fonds ancien de la Diana, 3 vol. Ces manuscrits reproduisent les témoignages de contemporains : parmi eux, celui de Jean Perrin.

(23) L'élection est une circonscription financière et fiscale, soumise à la juridiction des élus ; ceux-ci, détenteurs d'une charge vénale et héréditaire, répartissent la taille entre les communautés de leur ressort et jugent les litiges concernant la taille et les privilèges fiscaux.

(24) Manuscrits de La Mure, op. cit.

(25) Claude Longeon, " Documents sur la Réforme en Forez ", Bulletin de la Diana, Tome XL, n° 2, 1967, p. 87-104.


(26) Longeon, art. cit., p. 91.

(27) Carte de Montbrison à Bellegarde levée par le sieur Argoud (1775), Archives de la Diana, I C 9. renseignement communiqué par Joseph Barou.

(28) Joseph Barou, " 1906 : les Montbrisonnais retrouvent le cimetière des Huguenots ", La Gazette, 6 octobre 2006.

(29) Le document ne nous dit pas si ce "cimetière des huguenots" est encore utilisé en 1775 où s'il s'agit d'un lieu-dit rappelant l'existence ancienne, à cet endroit-là, d'un cimetière protestant.

(30) A Feurs, les protestants avaient aussi leur cimetière "proche des fossés de la ville, vers la tour de Donzy". Cf. Jean-François Duguet, Mémoire inédit : observations sur la ville de Feurs, Recueil des mémoires et documents sur le Forez publiés par la Société de la Diana, tome VI, 1880, p. 26. Cf. aussi Longeon : La vie intellectuelle..., op. cit., p. 35.

(31) Etablissement où on sert du café. Cette boisson devient alors à la mode au XVIIIe siècle.

N° 52 - Barou (Joseph), Latta (Claude),

Un lieu de mémoire et de vie :
de la chapelle Sainte-Anne au temple de Montbrison,

préface du pasteur Sophie Zentz-Amédro, septembre 2008.

Un cahier de 36 pages a été publié par Village de Forez.
Il
reprend l'histoire de la chapelle Sainte-Anne
et celle de la communauté protestante
de Montbrison.

il est disponible : au Centre social de Montbrison 13, place Pasteur, 42600 Montbrison

tél. : 04-77-96-09-43
courriel : centresocial.montbrison@laposte.net

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Chapelle Sainte-Anne (mai 1936)
fonds Brassart, archives de La Diana

Les religieuses augustines dans le choeur de la chapelle Sainte-Anne
fonds Brassart, archives de La Diana

Vitraux de la chapelle Sainte-Anne

Le Christ thaumaturge, offert par Madame de Bichirand, bienfaitrice de l'Hôtel-Dieu

Le vitrail de la chapelle sud est consacré au Christ thaumaturge. Plusieurs guérisons
sont représentées sur ce vitrail : un mort se lève de son cercueil ; un infirme appuyé
sur une béquille et une femme portant son enfant mort se présentent au Christ.
Ce vitrail a été réparé en 1995 par Suzanne Philidet, vitrailliste à Pélussin.

Le Christ thaumaturge (détail)


Notre-Dame de Délivrance, couronnée, et tenant l'Enfant Jésus, nimbée des rayons du soleil,
apparaît aux malades et aux malheureux qui tendent les bras vers elle.

 

Notre-Dame de Délivrance (détail)

Notre-Dame de Délivrance (détail)


Chapelle nord


Au dessus de la tribune - ce qui correspond extérieurement
à la façade -, un beau vitrail, traité dans des tons pastel,
représente la rencontre de la Vierge
et d'Elizabeth, agenouillée devant elle.
Zacharie est à l'arrière-plan, à droite.


Mort de Saint Joseph

La mort de saint Joseph, scène rarement montrée :
saint Joseph est identifiable grâce à ses outils
de menuisier accrochés au mur ;
le Christ, debout, lui tient la main ; la Vierge est agenouillée
au pied du lit.


Le saint curé d'Ars
Le curé d'Ars, devant son église,
est "au milieu des affligés"
et impose les mains à une petite fille debout devant lui.

Voir aussi les pages :

 

Conception
David Barou
textes et documentation
Joseph Barou

questions, remarques ou suggestions
s'adresser :

 

 

 

 

 

14 décembre 2014