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la page spéciale :


1912,
Boutéon-Aviation

Les fêtes aériennes sont en vogue.
Ci-dessous, la couverture du Pèlerin
illustant le meeting de Saint-Germain
du 17 mai 1936 :
l'avion de Joseph Mackey,
l'un des meilleurs pilotes américains

 

Concernant l'aviation en Forez,
on peut se référer à l'ouvrage
de Serge Granjon qui regroupe
ses articles parus sur le sujet
dans Centre Dimanche-Le Progrès,
d'octobre 2002 à juillet 2003 :

Serge Granjon,
Les pionniers du ciel forézien,

imp. Titoulet-Dumas, Saint-Etienne,
septembre 2005
.

Conception : David Barou
textes et documentation : Joseph Barou
questions, remarques ou suggestions
s'adresser :
 




Grand meeting aérien

à Montbrison

Après la Grande Guerre, en peu d'années, l'aviation fait de grands progrès. Les appareils atteignent 450 km/h, 11 000 m d'altitude. Des vols sont de plus en plus longs. Les fêtes aériennes se multiplient avec beaucoup de succès. On en organise un peu partout, même quand il faut improviser un "champ d'aviation". C'est le cas à Montbrison.

Le 27 avril 1924, l'Aéro-club Forézien et Vellave et la Société de propagande aéronautique organisent un grand meeting aérien à Montbrison. La manifestation est placée sous le patronage du sous-préfet Varennes et de Louis Dupin, maire de la ville. Le but est de montrer aux bonnes gens de la sous-préfecture que les avions modernes sont particulièrement " rapides, sûrs et confortables ".

L'aérodrome des Granges à Moingt

Mais il faut un aérodrome. Dans le voisinage de Montbrison, au bord de la plaine, de vastes champs plats ne manquent pas. Ils feront l'affaire. Le domaine des Granges, à Moingt, est baptisé "champ d'aviation". Il est à un kilomètre de la gare, le long de la voie ferrée Montbrison-Lyon aujourd'hui disparue. Terrain un peu restreint, certes, mais qui convient bien, paraît-il.

L'accès se fera par la route de Prétieux pour les voitures, à partir de la route de Saint-Etienne pour les piétons. Le dimanche matin, les cyclistes de l'Etoile Sportive Montbrisonnaise que préside le docteur Maisonneuve organise "un rallye parachute". Le reste du programme est particulièrement alléchant :

Vol d'acrobatie.
Descente hélice calée.
Destruction de ballonnets.
Concours de ballons carte-postale pour les enfants.
Vols de passagers.
Descente en parachute.

De grands pilotes !

Les organisateurs attendent trois as de l'aviation. D'abord Robin, "l'homme au monoplan rouge". Avec son Morane, solide et très maniable, il est capable de grandes fantaisies aériennes.

Ensuite Jean-Baptiste Salis, un des plus anciens pilotes français. Il s'est distingué par ses vols au-dessus des Alpes. Il sait conduire n'importe quel appareil "depuis le minuscule avion à ailes repliables jusqu'à l'immense aérobus trimoteur". Si le temps le permet, il donnera des baptêmes de l'air avec son biplace Caudron.

Enfin, et surtout, Alfred Fronval. Né en 1893 à Neuville-Saint-Rémy dans le Nord, ce pilote de guerre est couvert de décorations. Chef-pilote chez Morane-Saulnier et moniteur d'acrobatie à l'école de Pau, il est recordman des loopings, rien moins que 962 en 3 h 20.

Ainsi, de grands pilotes ont montré leur habileté et leur courage au-dessus de la ferme des Granges devant des Montbrisonnais ébahis. Et les organisateurs enthousiastes ne semblaient pas trop se préoccuper de la sécurité. Pourtant les pilotes - et quelques fois les spectateurs - risquent la vie. Le 21 mai 1911, à Issy-les-Moulineaux, le monoplan d'Emile Train avait fauché un groupe d'officiels, tuant même M. Berteaux, le ministre de la Guerre.

Aux Granges, il n'y eut pas de drame. Quant à Fronval, il devint champion du monde des loopings le 3 février 1928 : 1 111 cabrioles en moins de cinq heures. Cinq mois plus tard, le 28 juin, il se tuait, à 35 ans, à Villacoublay… Par la faute d'un autre pilote moins adroit.

Joseph Barou


Sources :
presse locale de l'année 1924.

[La Gazette du 25 janvier 2008}