Cahier
de Village de Forez
"Marcoux,
notes et souvenirs"
Durand (Noël et Jeanne), Marcoux, notes et souvenirs, mai 2010.
de Noël et Jeanne Durand
disponible
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de Marcoux :
Jeanne
Durand-Duclos
Souvenirs (1 min 21 s ; 3 min 2 s
; 45 s ; 24 s)
Noël
Durand
Renaissance
de Goutelas Marcoux
(11 min 48 s)
Petites histoires
au village
(1
min 36 s ; 3 min 1 s ; 3 min 7 s ; 1 min 1 s ; 50 s)
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Album
Vue d'ensemble
Vieille maison à Goutterelle
loge de vigne
Montaubourg
Bannière du groupe folklorique
Les Fardelets
Pigeonnier (maison du bourg)
Goutelas
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Avec en annexe la notice de l'abbé Paris
MARCOUX
(Loire)
SON CLERGÉ, DE 1616 A LA
RÉVOLUTION
Listes et notes.
DEVAUX,
1616-1652.
Ce prêtre fut curé de Marcoux, pendant trente-six
ans. En 1630 il avait pour vicaire Antoine Genevois . Il résigna
sa cure.
JACQUES JACQUETTE,
1652-1673.
Messire Jacquette exerça son ministère curial durant
vingt-une années. Un an avant de résigner, en 1672,
son vicaire était Etienne Poyet.
BALLONYER,
1673-1677.
Ses vicaires furent successivement : Tachon, en 1673; Reymondon,
en 1674 ; Fouliouse, à partir de 1675.
L'année où il résigna, en 1677, et le 10
août, la foudre tomba sur le clocher de Marcoux et y tua
deux personnes.
GUILLAUME GERBE,
1677-1699.
Desservit la paroisse pendant vingt-deux ans. Depuis 1678, Maurice
Delafay remplit auprès de lui les fonctions de vicaire.
En 1680, Estienne Poyet prestre societtaire de Marcoux, revient
vicaire et exercera ce ministère durant quarante-un ans,
jusqu'à sa mort, arrivée en 1721.
Le 8 décembre 1678, messire François Papon, seigneur
de Marcoux, fut inhumé dans l'église.
Camille de Neuville, archevêque de Lyon, fit une visite
générale en 1687. Le 17 mai de cette année,
le custode de Sainte-Croix signa au registre.
En 1694, une note est ainsi conçue : Ceste année
1694 a esté une année de famine ; le bled a valu
six livres le bichet, grande mortalité et grande guerre,
grand nombre d'impost et de subcides en tout le royaulme.
Guillaume Gerbe fut enterré le 27 mai 1699, après
avoir reçu tous ses sacrements et être mort en fort
bon chrestien et prêtre.
JEAN-BAPTISTE CHAZAL,
1699-1709.
Le 16 juin 1703, ce curé procéda à l'enterrement
de Antoine Brothier, du village de Régnieu, mort de la
ruine d'un chaîne, dont il fut écrazé, au
lieu appelé les Clappiez. En 1707, il mit aux prières
annuelles Charlotte de Couvisson,veufve de messire François
Papon de Gouttelas, décédée à Montbrison,
en la paroisse de Saint-André, le 9 juin 1707, et enterrée
le lendemain dans l'église de Notre-Dame, dans la chapelle
de la maison de Gouttelas.
Ce prêtre-curé mourut le 15 aoust 1709, jour et fête
de l'Assomption de Notre-Dame, après avoir reçu
tous les sacrements. II fut enterré le seizième
aoust 1709, au vas des pauvres, dans le cimetière de la
parroisse, ainsi qu'il l'avait requis. Son père, messire
André Chazal, praticien de Saint-Georges, assista à
ses funérailles.
Sous les curés Guillaume Gerbe et Jean-Baptiste Chazal,
la moyenne des naissances était supérieure à
celle d'aujourd'hui. Par contre, celle des mariages et principalement
des décès était moins élevée,
il y a deux cents ans, que de nos jours. Les tableaux suivants
en fournissent la preuve.
Années Baptêmes Mariages Décès Années Baptêmes Mariages
Décès
1696 24 7 13 1896 16 6 22
1697 11 5 8 1897 21 4 12
1698 28 5 1 1898 16 5 12
1699 13 1 6 1899 15 2 12
1700 18 5 17 1900 16 3 19
1701 21 6 16 1901 18 10 6
1702 12 3 14 1902 13 5 9
1703 19 14 5 1903 13 9 12
1704 21 4 10 1904 15 13 14
1705 17 5 5 1905 29 10 11
______________________________________________________________________________
184 55 95 172 67 129
FRANÇOIS DESCHAMPS,
1709-1712.
L'année de l'arrivée de cet ecclésiastique
à Marcoux, et le 14 novembre, Maistre Mathieu Devaux, ancien
notaire royal à Marcoux, et procureur d'office, fut enterré
dans la chapelle du Rozaire.
En décembre 1710, messire Deschampt fit donner une mission
dans la paroisse, par des Pères Capucins. Il résigna
deux ans après.
B. FOREST, 1712-1732.
Dans une lettre que lui écrivit de Rouen, Grange de Reignieux,
ce prêtre est appelé docteur en théologie
de la seigneurie de Marcoux. B. Forest aurait donc été
le plus diplômé des curés de Marcoux, si toutefois
ce titre répondait à une réalité.
Le 20 janvier 1712, eut lieu dans l'église l'inhumation
de dame Isabeau Treulard, veuve de messire Seguin, décédée
au château de Gouttelas.
L'archiprêtre signa sur le registre, lors de sa visite,
le 20 juillet 1718.
A la date du 15 octobre de la même année, on trouve
au registre la note suivante : Nous, Louis..., oficial et vicaire
général de monseigneur l'archevêque de Lyon,
avons fait la visite dans l'église de Marcoux par ordre
de mon dit seigneur, faisant la visite générale
de son diocèse et résidant actuellement à
Montbrizon.
En 1720, le 4 septembre, l'archiprêtre Caze visite aussi
la paroisse.
Messire Etienne Poyet, prêtre de la paroisse de Marcoux,
mourut le 3 octobre 1721, après avoir reçeu les
derniers sacrements. Il fut enterré le lendemain dans le
cimetière de l'église paroissiale, avec les prières
et cérémonies accoutumées.
Ce prêtre aurait été quelque temps précepteur
en Auvergne, mais presque toute sa vie semble s'être écoulée
au pays natal, où, en 1672, et de 1680 à 1721, il
fut le vicaire des cinq curés, Jacquette, Gerbe, Chazal,
Deschampt et Forest.
Après Etienne Poyet, les vicaires sont, en 1722, Malescot,
originaire de Marcoux, et Jean Chapelle, en 1724.
Le 29 avril, 1727, messire François Papon, seigneur de
Marcoux et de Gouttelas, décédé en son château,
est enterré dans l'église de Marcoux, au tombeau
de ses prédécesseurs.
A une seconde visite canonique faite par un vicaire général,
sous l'administration paroissiale du curé Forest, le 29
juillet 1729, le registre fut vu et trouvé en état.
Après vingt ans de ministère, messire Forest résigna.
JEAN CHAPELLE,
1732-1765.
Au bout de huit ans de vicariat à Marcoux, Jean Chapelle
y devint curé.
Il eut pour vicaire messire Pommier, en 1733.
L'année suivante, Michel Laurent commença à
Marcoux son vicariat qu'il devait exercer pendant trente-deux
ans, jusqu'en 1765, époque à laquelle il succéda
à son curé.
Guillaume, curé de la Magdeleine, archiprêtre de
Montbrison, fit une visite canonique, le 12 juin 1736. Il inscrivit
sur le registre : Vu et trouvé en très bon état.
Le vicaire Michel Laurent fut un prêtre chroniqueur. Il
eut l'heureuse idée d'écrire dans les registres
des notes intéressantes sur le vin, une plantation d'arbres,
la neige et la chaleur. Nous reproduisons ces notes dans leur
ordre chronologique :
Récolte du vin, en 1739 et 1740.
- L'an mil sept cent trente-neuf, il y eut grande abondance
de vin fort bon et des particuliers le donnoit pour quatre livres
l'anée après vandange, et le plus haut prix étoit
six livres. L'année après, ce même même
vin fut vendu à un prix élevé, par le curé
de Marcilv, appelé Beau fils, parce qu'en 1740 les vignes
gelèrent au printemps, lorsqu'elles avoient poussé
de quatre doigts. Le second bourgeon repoussa qui donna encore
bonne apparence de vin, mais il arriva une gelée le treize
d'octobre qui fit tomber toutes les feuilles des vignes et gela
les raisins. Ce qui fut cause que le vin ne valut rien du tout,parce
qu'il n'y avoit guère que la moitié des raisins
changés. Cependant le vin qui n'étoit que du verjus
fut vendu jusqu'à 20 écus le char. Messire M.Mosnier,de
Marcoux, le vendit plus cher, parce qu'il avoit trié les
raisins changés.
Plantation de tilleuls et de noyers en 1740.
- L'an mil sept cent quarante, j'ai fait planter trois arbres
de tillot, l'un à la péchoire, les autres deux du
côté de la croix du matin, tirant au vent, lesquels
arbres joignant le chemin qui vat à Marcily de matin et
celui de la péchoire est vis-à-vis du pigeonnier
ou colombier de Goutelas, et les trois premiers noyés plantés
au pré de Goutelas en allant à la péchoire
joignant le chemin du soir ont été plantés
la même année (1). Je pense que ceux qui verront
ces six arbres d'icy à cent ans les verront bien gros,
parce qu'ils avancent beaucoup à croître. Fait par
moy ce vingt-neuvième septembre mil sept cent quarante-deux,
jour de saint Michel mon patron.
(1) Nota : un, celui vers la péchoire qui reste, les autres
sont morts.
Neige en 1746. - Nota que cet
année 1746 et le 21e jour du mois de mars, fête de
saint Benoît, il est tombé trois pieds de neige dans
ce pays, bien mesurée,tant sur les toits des bâtiments
que dans les rues. Il faut sçavoir que le matin étant
allé à l'église pour dire la messe et faire
le catéchisme qui durèrent une heure et dimy, quand
on fut sorti de l'église il y avoit déjà
un grand pied de neige. Je fis entrer les enfants dans la maison,
dans l'espérance que cela finiroit, mais dans un quart
d'heure de temps il y en eut un pied et dimy. Cette continuation
fit prendre son parti à la fille aînée de
Chazelles de Cullieu, à commencer à frayer le chemin,
tous les autres la suivirent, mais, étant arrivés
à Gouterel, ils n'eurent pas le courage d'avancer plus
loing ; ils se dispersèrent comme ils peurent dans chaque
maison de Gouterel où ils restèrent jusqu'au jeudy,
veille de Notre Dame, parce que les habitants de la montagne,
soit pour avoir des nouvelles de leurs enfants, soit pour venir
à la messe le lendemain, s'étant assemblés,
tracèrent un chemin. Pendant les premiers jours, comme
personne ne pouvoit aller ny venir, il y avoit une petite famine
dans le bourg, parce que tous étant sans pain et sans farine,
et nous-même aurions été sans pain si quelque
voisin n'avoit voulu partager le peu qu'ils avoient, et je puis
dire que An-net Dupuy, notre voisin, aussi bien que sa famille
n'eurent que très peu de pain pendant deux jours, n'ayant
jamais pu, quoyque jeune, aller jusqu'au Rocheat, chez Masson,
pour emprunter une tourte de pain, ayant été obligé
par deux fois de s'en retourner du milieu du chemin. J'ay marqué
cela, parce que plusieurs vieux qui se souvenoit de soixante-dix
ans m'ont assuré qu'ils n'avoient jamais tant vu de neige
dans le pays et surtout dans la plaine du Forez et d'Auvergne,
puisque les muletiers furent arrêté sept à
huit jour, sans pouvoir remuer de place. Cette grande quantité
de neige n'a cependant pas nuit à rien, si ce n'est que
la pesanteur défaut de neige a fait ébouler quelque
mauvais bâtiment en certain endroit.
Encore la neige en 1749. - L'année
1749, et le huitième jour de ladite année il est
tombé de la neige jusqu'à Obignieux, paroisse de
Saint-Bonnet, ce qui a beaucoup endommagé les bleds de
toutes les montagnes et peu grené d'ailleurs et le bled
a valu jusqu'à cinquante six sols à la grenete de
Montbrison.
La chaleur en 1753. - A Marcoux,
pendant les 6, 7, 8 et 9 juillet 17 5 3,la chaleur torride force
les moissonneurs à abandonner leurs travaux, grillant les
potagers et les feuilles des arbres, faisant fondre les cierges
allumés pour le service divin et étouffant les poissons
de la Loire. Cette année 1753 et au mois de juilliet, les
observateurs ont prétendut que le soleil étoit si
chaud qu'il ne s'en faloit guère qu'il ne fût au
point du brûlant. En effet, de mémoire d'homme, on
avoit jamais vu un temps si chaud ; il commença le vendredy
6e juillet et augmentant continua le samedy, et le dimanche la
chaleur fut la plus violente. Le samedy, jour de moisson dans
ce pays, les deux tiers des moissonneurs ne peurent point soutenir
la chaleur et quittèrent de moissonner, et le samedy au
soir et le dimanche un grand nombre de personne furent malade
pour avoir trop beu pendant la journée. A vêpres
et à la messe, les cierges ne pouvoit se soutenir à
cause de la grande ' chaleur et s'écrasoit et tomboint.
Les herbes potagères, comme blette, salade et le reste,
furent en partie grillées du côté du soleil.
Quantité de feuilles de nos noyers furent aussi grillées
du côté du soleil, les unes toutes entières
et les autres à moitié. L'eau de la Loire fut si
chaude que quantité de poisson, comme saumon et autres
poisson, vinrent crever au bord sur le sable. Des chevaux de carosse
tombèrent roides sur le pavé de Paris. Le lundy
après midy s'ensuivit des éclairs et tonnerres effroyables,
il commença à tomber quelque peu de grosse grêle
à Essartine et de là dans la plaine,mais le vent
des nuages passa les montagnes du Lionnois et ravagea et ruina
grand nombre de paroisses dans le Lionnois. On trouva des grêles
qui pesoient jusqu'à six livres. Quand nous ouvrions la
porte de notre sale, il sembloit qu'on respiroit une fournaise
de feu, nos chandelles ne pouvoient point tenir droite dans le
chandelier ; on voyoit venir des habitants pour assister aux offices,
en chemise, ayant leurs habits sur l'épaule. Des femmes
dans l'église sortoit leurs mouchoirs du coup, ce qui faisoit
rire les gens. Pour moi, je ne peut point soutenir dans ma chambre
la nuit du dimanche au lundy, et je couché dans la sale
sur quatre cheize. En un mot, deux degrés de chaleur de
plus, on prétend que le soleil auroit été
au brûlant.
A partir de 1750, le curé Chapelle dut s'abstenir, comme
ses autres confrères, de recevoir les testaments. Il se
retira en 1765, après avoir dirigé la paroisse pendant
trente-trois ans. Son successeur fut Michel Laurent, son vicaire,
à peu près pendant le même temps.
MICHEL LAURENT,
1765-1786.
Jean Chapelle ne jouit pas longtemps de sa retraite. Deux ans
après l'avoir prise, il mourut à Marcoux, ayant
reçu tous les sacrements. Il fut enterré le 25 juin
1767. Messire Pacaud, curé de Trelins, Michel Laurent,
curé moderne de Marcoux et plusieurs autres confrères
du voisinage donnèrent à cet ancien curé
la sépulture religieuse suivant les cérémonies
portées par le rituel du diocèse de Lion, pour ceux
qui meurent dans la communion de l'église.
Michel Laurent loue la bonhomie de Jean Chapelle, par un simple
mot plaisamment ajouté une fois à la signature de
son prédécesseur et ancien curé.
Cette même année, le 10 septembre, des paroissiens
furent confirmés. Le curé, M. Laurent, eut pour
vicaire, en 1769, C. Laurent, probablement son parent. Ce dernier
ne demeura qu'un an à Marcoux, où le vicaire Duchez
le remplaça en 1770.
Des paroissiens reçurent la confirmation, le 11 octobre
1776. Le 26 may 17 8 3, Jean-Antoine-François Malvin de
Montazet, vicaire général du diocèze de Lyon,
aumônier du roi, fit la visite de la paroisse de Marcoux
et en dressa procès-verbal.
En 1784, messire Bourganel devint vicaire à Marcoux. Michel
Laurent mourut subitement après avoir été
vingt-deux ans curé de la paroisse. Il avait 78 ans. Comme
curé ou vicaire, il exerça le saint ministère
à Marcoux, pendant cinquante-trois ans, c'est-à-dire
toute sa vie. Il reçut les sacrements avant sa mort arrivée
le douze juin 1786, à trois heures après mydy. II
fut inhumé dans l'église.
MARCEL, 1786.
Pendant quelques mois, un curé commis remplaça à
Marcoux, ce prêtre qui ne semble pas avoir paru dans sa
paroisse.
PRAJOUX,
1787-1791.
A partir de ce curé il n'y eut plus de vicaire dans la
paroisse.
Messire Bayard, curé de Boën, commissaire, assisté
de Michel, curé de Saint-Etienne-le-Molard, scribe, fit
une visite canonique à Marcoux, le 17 juin 1787. Le procès-verbal
de cette visite mentionne quatre cloches. Il constate l'existence
de la confrérie du Saint Sacrement, de la confrérie
des Morts et de celle de la Sainte Vierge ou du Rosaire, alors
ancienne dans la paroisse. A cette date, il n'y avait pas de maître
ni de maîtresse d'école pour les enfants.
On lit encore dans ce procès-verbal que la paroisse était
composée d'environ 350 communians, et que le seigneur de
Marcoux et autres lieux, messire François-Philippe Papon
Ducros de Montmars de Gouttelas, chevalier, ancien capitaine d'infanterie,
était décimateur inféodé des deux
tiers de la paroisse, le troisième tiers appartenant à
M. le curé.
Des sept visites paroissiales au moins, faites par les vicaires
généraux ou les archiprêtres, depuis un peu
plus de cent ans, et mentionnées sur les registres, cette
dernière, avant le Concordat, est incontestablement celle
dont le long procès-verbal offre le plus d'intérêt.
Le dernier acte du sieur Prajoux est du 29 juin 1791. Son serment
avait été du dimanche 3 janvier 1791, sa réserve,
du dimanche 8 mai 1791.
BOUCHET,
curé constitutionnel, 1791-1793
Le 3 juillet 1791, messire Bouchet, prêtre de la ville
de Montbrison, vint remplacer messire Prajoux, curé de
Marcoux et réfractaire à la loi constitutionnelle
du serment. La prise de possession de la cure fut faite conformément
au décret pour l'exécution duquel se transporta
au dit Marcoux la garde nationale au nombre de 80, pour le maintient
de l'ordre public et dissiper les dangers que de forts propos
annonçoient et faisoient craindre.Néanmoins les
esprits excités et irrités se sont insensiblement
adoucis, et le dit sieur Bouchet commença paisiblement
ses fonctions curiales.
Le 30 octobre de cette même année, les habitants
nommèrent une commission chargée d'examiner les
comptes des marguilliers. Le 4 novembre, les délégués
s'acquittèrent de leur mandat dans la maison curiale. Parmi
les dépenses soumises à leur vérification,
se trouvait une redevance au collège de Boën, de 70
livres, 16 sols, payée en plusieurs fois.
Le fait suivant, écrit par le sieur Bouchet lui-même,
montre l'attitude des gens de Marcoux à l'égard
du curé intrus.
L'an mil sept cent nonante deux et le vingt-neuvième
janvier, je soussigné,[curé de Marcoux, étant
absent de ladite parroisse pour cause de trouble et de rébellion
contre moi de la part du plus grand nombre des habitant du dit
bourg, contre lesquels j'ai réclamé ce jour là
à Montbrison la justice du Directoire du district de cette
ville, Jacqueline Granet... décédée, en ma
dite absence, de la veille,.. a été enterrée
sans prêtre, dans le cimetière de ladite paroisse,
après avoir été néanmoins transférée
dans l'église, où le peuple qui l'accompagnoit pria
Dieu pour elle... Le trois février suivant, étant
de retour dans ma cure après avoir obtenu des moyens de
rassurer ma tranquillité et la conservation de mes jours
qui avoicnt été menacés par plusieurs fanatiques,
amis du sieur Prajoux, ci-devant curé et réfractaire
à la constitu-tionelle, lesquels fanatiques ont été
obligés de céder au patriotisme du plus grand nombre
des habitants du dit Marcoux.
Bouchet, curé constitutionnel, fut le
dernier prêtre chargé des registres. Le mois de novembre
huit, écrit-il, la municipalité fut chargée
de tous les registres de Marcoux, en vertu du décret de
là Nation du 20 septembre 1792.
Bouchet avait été prébendier du chapitre
de Montbrison. Dès la naissance de la Révolution,
il fut attaché à son char. Député
par le clergé de son Chapitre, il présenta à
la première assemblée son cahier de doléances,
dans lequel il se montrait ennemi des ecclésiastiques et
des aristocrates.
Il fut à Montbrison membre du premier comité établi
par l'Assemblée nationale ; nommé notable de la
première municipalité, il devint municipal au renouvellement
de la municipalité, fit partie du club et fut un des membres
les plus assidus des amis de la Constitution. Javogues le força
à accepter la cure de Marcoux.
A l'époque des Lyonnais, il alla à Ambert et à
Thiers, pendant six semaines, puis revint à Montbrison,
où il dut continuer son rôle de délateur.
En 1796, le blé et le vin valurent des prix extraordinaires.
Javogues le nomma membre du Directoire, administrateur du district
de Boën. Bouchet avait alors trente ans de prêtrise
et probablement cinquante-cinq ans d'âge. Il quitta Marcoux.
Les habitants du hameau de Chorignieux furent dénoncés
par lui .
Le moment vint où il apprit, il nous semble, qu'après
la mort de ses collègues sous le couteau de la guillotine,
c'était peut-être aussi fini pour lui. Il écrivit
au proconsul forézien pour lui exposer ses titres à
sa clémence et solliciter une réponse qui lui servirait
de sauvegarde . Cette lettre fut écrite quelques jours
avant que M. de Gouttelas fut fusillé à Feurs .