Patois vivant




Marcoux

 

Jeanne Durand-Duclos

(patois de Marcoux)
Enregistrée
aux Trois-Noyers (Marcoux) le 8 avril 2011

Le patois à la maison et à l'école

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(1 min 21 s)

Mes parents parlaient en patois mais quand je suis née [littéralement je naquis], ma sœur et moi, ils voulurent nous apprendre à parler français. Mais, à ce moment, il y avait ma grand-mère qui était à la maison. Elle s'interposa. Elle ne voulut pas. Elle dit que ça c'était des "grimaces".

A l'école, la plupart des enfants parlaient en patois mais ce n'était pas autorisé. On ne devait pas parler patois à l'école ni dans la cour de récréation, ni bien sûr, à l'école [dans la classe].

Et je me rappelle qu'il y avait une famille que [dont] les parents ne leur avaient jamais parlé français. Et quand elle [une fillette de cette famille] est venue à l'école – elle avait à peu près cinq ans – elle ne savait pas un mot de français. Et comme la demoiselle qui nous faisait l'école ne comprenait pas le patois – parce qu'elle n'était pas de la région – alors c'est nous, les élèves, qui traduisions, quoi. Elle ne comprenait pas ce que la petite disait. Et, petit à petit, elle s'est habituée avec nous à parler français, la petite. Et [pour] ses frères, [ce fut] la même [chose]…                      


Nuit de noël à la Valette

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(3 min 2 s)

 


Quand j'étais petite mon grand-père aimait bien raconter un conte. Il disait que ça s'était passé à La Valette. Alors c'était pour la messe de minuit. Et ils descendaient tous, à l'époque, à pied, de là-haut. Ils descendaient à l'église de Marcoux avec des lampions, des lampes tempête, des lanternes. Et avant de partir, dans une maison, il y avait une vieille personne. Alors, elle, elle ne pouvait pas descendre à la messe. Alors, avant de partir, ils avaient mis la bûche dans la grande cheminée.

Et puis ils avaient dit : "Va te coucher, tu n'as qu'à rester tranquille". C'est bien. Et ils partirent. Et puis, ils s'appelèrent les uns les autres, les voisins parce que - tu sais bien - pour ne pas descendre tout seul.

Et pendant ce temps - la vieille était un peu sourde - dans son lit, elle entendit, tout à coup… Et elle dit : "Qu'est-ce qu'il y a ? Il y en a qui ne sont pas partis ? Ils appellent : hou ! hou ! hou ! "Alors elle dit : "Mais ils sont partis, je te dis : la Marguerite, la Jeannette et la Jeanneton". Alors ça continuait : hou ! hou ! hou !
Et ça continuait. Mais enfin, elle dit, cette vieille : "Comment ça se fait, ils sont bien partis, il y a bien déjà longtemps qu'ils sont venus vous appeler, les voisins". Alors elle répétait toujours : "Ils sont partis, la Paquette, la Marguerite et la Jeanneton".

Cela dura longtemps, longtemps, une partie de la nuit. Finalement, elle n'entendit plus rien. Et quand ils arrivèrent de la messe de minuit, le vieille dit : "hou ! la, la ! Il y en a qui vous ont appelés longtemps.

J'avais beau leur dire que vous étiez partis, ils ne comprenaient pas, ils continuaient".

Ils dirent : "Qu'est-ce qu'elle raconte, la vieille ? Elle radote". Bon, il y en a une qui dit :"Il faut aller ranimer la bûche qui est dans la cheminée, elle est éteinte". Alors, elle découvrit la bûche. Et qu'est-ce qu'elle trouve sur la bûche ? Le chat-huant qui était tombé dans la cheminée et qui s'était brûlé.

La jument et le petit homme rouge

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(45 s)

Mon grand-père racontait qu'ils avaient, autrefois, une jument. Et, cette "cavale" [jument], un jour, une nuit, elle n'était plus à l'écurie [le mot étable est toujours utilisé en patois]. Et ils la trouvèrent. Elle était montée sur le toit [le couvert] de la maison. Et elle était montée par un petit bonhomme rouge.

Alors ils dirent : ça ne peut être que le diable qui a emmené notre jument. Et puis, un moment après, ils retournèrent à l'écurie et ils trouvèrent leur jument qui était bien tranquille. Et le petit bonhomme rouge avait disparu.

 

Les deux béliers

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(24 s)


Chez nous, j'étais "en champ" [en train de garder les bêtes au pré] et j'avais parmi les brebis… il y avait un bélier (1). Et puis, à côté, il y avait d'autres [gens] qui étaient "en champ" à côté qui avaient aussi un bélier. Et les deux béliers se battirent. Eh bien, il y a en un qui tua l'autre.

(1) Bélier, arët, ce mot figure dans le Dictionnaire du patois forézien de Louis-Pierre Gras publié en 1865.



Madame Gourbeyre et son mari, de Reigneux,
C'est la dernière habitante de Marcoux à porter la coiffe.
Photo prise vers 1935

extrait de Noël et Jeanne Durand, "Marcoux, notes et souvenirs",
Cahiers de Village de Forez
, 2010

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