Un dolmen
près
de la croix
de
l'Homme-Mort ?
(Notes
d'histoire locale)
Réunion du 10 novembre 1884
de la Diana (société historique du Forez, Montbrison)
Lors de la réunion du 10 novembre 1884, un
membre de la Diana M. Gabriel Morel présente un
excellent dessin fait par lui d'un groupe mégalithique existant
sur le bord de la route de Montbrison à Ambert, à la limite
des communes de Verrières et de Gumières, non loin de
la croix dite de l'Homme-Mort.
Cet assemblage de pierres
se compose de plusieurs blocs debout, soutenant une grande dalle horizontale
de 2 m 70 de longueur sur 2 m 18 de largeur ; le tout offrant beaucoup
de ressemblance avec un dolmen.
Une discussion suit entre les dianistes. M. Vincent
Durand, secrétaire de la société d'histoire,
affirme que la découverte de ce dolmen, s'il était authentique,
serait très importante. Ce genre de monuments est de la plus
grande rareté en Forez.
Quatre membres de la Diana sont désignés
pour étudier la question. MM. Morel, de
Meaux, Gonnard et Joulin iront sur les lieux. Ils essaieront
d'en savoir plus en pratiquant une fouille à l'intérieur
et autour du dolmen présumé.
[Tome 3, Bulletin de la
Diana, 1885-1886, p. 19-20]
Réunion du
29 janvier 1885 à la Diana
La question revient à l'ordre du jour de la
Diana. On y traite de dolmens présumés près de
la croix de l'Homme-Mort et à Luriecq.
M. Gonnard dit que depuis
la dernière séance, il a vu, avec MM. Joulin, de Meaux
et Morel, le dolmen présumé dont ce dernier a présenté
un dessin à la Societé. Cette première visite ne
leur a pas permis de se faire une opinion bien nette sur le caractère
de cet assemblage de pierres. On observe dans le voisinage beaucoup
d'autres blocs de grande dimension groupés ou épars, et
il y a lieu de se demander si l'on est bien en présence d'un
ouvrage de la main de l'homme, ou d'un arrangement accidentel reconnaissant
une cause purement géologique.
Une fouille méthodique
sera nécessaire pour s'en rendre compte. La durée et la
rigueur exceptionnel de l'hiver de cette année n'ont pas permis
jusqu'à présent de l'entreprendre.
Le groupe mégalithique
dont il s'agit s'appelle la roche des
Fades ou des fées : nom remarquable,
qui prouve, sinon l'authenticité du dolmen présumé,
du moins l'attention que les gens du pays prêtent à l'arrangement
singulier des pierres dont il se compose.
M. Vincent Durand présente
à son tour des dessins d'un autre groupe mégalithique
qu'il a vu, peu avant, à Luriecq, près du chemin de fer,
à 700 mètres environ à l'est du clocher. Il est
formé d'une énorme dalle de granit, longue de 2 m 70,
large d'environ 2 m 40, épaisse de 0 m 30 en moyenne qui repose
horizontalement sur trois autres dalles
[Tome 3, Bulletin de la Diana, 1885-1886,
p. 62]
Congrès archéologique de France :
52e session tenue à Montbrison
le 26 juin 1885.
Les dolmens foréziens sont
évoqués par Vincent Durand
qui a étudié la Pierre-Cubertelle
à Luriecq.
Les dolmens y sont fort
rares. Jusqu'à ces derniers temps, on ne connaissait avec une
entière certitude que celui de Balbigny, aujourd'hui détruit,
mais dont il reste un excellent dessin. M. Morel a signalé, près
de la croix de l'Homme-mort, sur le chemin de Montbrison à Saint-Anthème,
un groupe de pierre qui pourrait avoir eu la même destination.
Le rapport publié dans le Bulletin
de la Diana conclut :
On ne doit qualifier qu'à
bon escient de dolmen certains assemblages fortuits ou même intentionnels
de grands blocs de pierre brute : il est tel abri rustique, construit
de nos jours, qui pourrait être aisément rapporté
par un observateur non averti à l'époque préhistorique.
Les menhirs proprement dits
sont aussi assez malaisés à distinguer parmi la multitude
de blocs dressés plus ou moins verticalement , que l'on rencontre
dans certaines parties de nos montagnes. Les textes anciens font connaître
néanmoins un certain nombre de Pierres Fittes. Le Forez est surtout
riche en pierres à bassins, cavités naturelles ou artificielles
appropriées à un usage religieux. M. Durand cite comme
exemples les Pierres de Saint-Martin,
commune de Saint-Georges-sur-Cousan et de Bussy.