Lo
cujeno de Moscou
Soyé-ti
qu'ai no cujeno o Moscou ? Lo cougnusso pa ma m'an bian porlo
de yèlo : è lo grôsso clouotche que se
trouove dyïn lou dzordyi dö Kremlin. Vou vo dyere
coum'ékin s'é fai.
Dyin lo fomille Mosnier de mo gran mère lo Glaudine,
s'ère dye qu'in cuje de vé Vérö,
in fondeur de clouotse, in Mosnier ôche, ère
olo fondre no clouotche o dyé lè, yo kokou bravou
tin. Ma n'in soyon pa mè. Djuk'ö dzour vont'in
cuje de vé Yon olai in Russie. Ere ingénieur
dyin n'ujeno è fugai invouyo o Moscou po son trovè.
Lé demourai kokou më.
Dö
tin qu'ère élè foje kokou tour kan t'ère
de repô, d'in la de l'otru. E no vë tombai chu
lo grôsso clouotche dö Kremlin è orivai
o se ransogna. klo clouotche fugai coumanda pa lo tsarine
Anna Ivanovna. Klo feno deye be étre koke pouo chimplotuno
po ové odyu l'idë de faire no che grôsso
clouotche : dou sin tone, che vou plai ! Dou sin milo kilô.
Fugai fondyuo in dye set sin trinto trë è plossa
in dye set sin trinto së. Ma oyon pa monto no pru fôrto
tsorpanto. Ekin s'ébouyai tu è s'in cossai in
moursé que pèse vonze tone.
Lé sézou possèron. Lou Russe oyon lésso
tuto lo veyo chu plache porë
In dyeje vui sin duze
Napoléon orivai o Moscou, ma lou Russe foutèron
le fuo o louro vilo. Tu brulai ; è lo clouotche, sin
söbë (1)deyai étre
combla dyin le z'eflour. Y demourai mè de cen t'an.
Fugai ma dégodza kan lou Russe démorunèron
le quortié bian de tin oprè su le tsar Nicolas
prumé.. Ôro, porë que nan lo pö vëre
ovec son moursé cosso de vonze tone. Dindyu o risque
pa de le rôba. Dedyin, o se que dyon y o n'inscripchon.
Ô ne z'oprin qu'é t'éta fondyuo po l'Italien
Mathieu Martorini qu'ère édo po dou z'incougnu
: d'ozar (2) kö Mosnier
de vé Verö. Ma n'é pa lo pouovo.
Jean Anglade o roconto kl'istoire dyin in roman : "Le
Saintier" (3), qu'é
bian écreyu, ma fran tristu o lire o lo fye. No vë
que l'oyin rencontro o lo dzourna dô Yubre vé
Setétienne, y demandö vont'on oye prë tut'ékin.
Fozai ma koke pouo le tche ètsopo (4)
n'in sôbö pa mè
Ma leyé son
yubre, vo le couo.
Ch'ola o Moscou ola vëre mo cujeno. Boya ye le bondzour
de mo par. Ma inchista pa trouo passe que nou cougnussin pa.
L'ai jomai rencontro in yuo. Coumo nan dye po rire in porlan
de klé porinteye éloignê è dutuse
: cuje-cujôlo ! (5)
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La
cousine de Moscou
Savez-vous
que j'ai une cousine à Moscou ? Je ne la connais pas
mais on m'a beaaucoup parlé d'elle : c'est la grosse
cloche qui se trouve dans les jardins du Kremlin. Je vais
vous dire comment cela s'est fait.
Dans la famille Mosnier de ma grand-mère la Glaudine,
il s'était dit qu'un cousin de Viverols, un fondeur
de cloches, un Mosnier aussi, était allé fondre
une cloche là-bas au loin, il y a assez longtemps.
Mais ils n'en savaient pas davantage jusqu'au jour où
un cousin de Lyon alla en Russie. Il était ingénieur
dans une usine et il fut envoyé à Moscou pour
son travail. Il y resta quelques mois.
Pendant qu'il était là-bas, il faisait quelques
tours quand il était de repos, d'un côté
ou de l'autre. Et une fois, il tomba sur la grosse cloche
du Kremlin et il arriva à se renseigner. Cette cloche
fut commandée par la Tsarine Anna Ivanovna. Cette femme
devait bien être quelque peu folle pour avoir eu l'idée
de faire une aussi grosse cloche : deux cents tonnes s'il
vous plaît. Deux cent mille kilos.
Elle fut fondue en 1735 et placé en 1736. Mais ils
n'avaient pas monté une assez forte charpente. Tout
s'éboula et il s'en cassa un morceau de onze tonnes.
Les années passèrent. Les Russes avaient laissé
toutes les choses en place, paraît-il. En 1812 Napoléon
arriva à Moscou. Mais les Russes mirent le feu à
leur ville. Tout brûla. Et la cloche, sans doute, dut
être ensevelie sous les cendres. Elle y resta plus de
100 ans.
Elle ne fut dégagée que lorsque les Russes nettoyèrent
le quartier bien longtemps après sous le tsar Nicolas
1er. Maintenant on peut la voir avec son morceau cassé
de onze tonnes. Personne ne risque de le voler. A l'intérieur
dit-on, il y a une inscription. Elle nous apprend qu'elle
fut fondue par l'Italien Mathieu Martorini qui était
aidé par deux inconnus, sans doute ce Mosnier de Viverols.
Mais je n'en ai pas la preuve.
Jean
Langlade a raconté cette histoire dans un roman : "Le
Saintier" qui est bien écrit, mais très
triste à lire à la fin. Un jour où je
l'avais rencontré à la journée du livre
à Saint-Etienne, je lui ai demandé où
il avait pris tout ça. Il resta assez évasif
et je n'en sus pas plus. Mais lisez son livre, ça vaut
le coup.
Si vous allez à Moscou, allez voir ma cousine. Donnez-lui
bien le bonjour de ma part mais n'insistez pas trop parce
que nous ne nous connaissons pas. Je ne l'ai jamais rencontrée
nulle part. Comme on dit avec humour en parlant de ces parentés
éloignées et douteuses : "cuje-cujôlo
!"
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