In'ôvorgna
bian mo plosso
Dyïn mon poyi yo tudzour odyu kokun d'obilu po tyua lou
coyou ô z'olintour de Tsolande. De kô tin ère
le Botyiste. Zô foje ovec pléji, sin se faire preya
; son trovè ère tudzour bian fai. Mankève
ma de le prèvegni kokou dzour dovan. Botyiste ère
tudzour d'ocôr.
Y oye no vë, deye la sogna lo caille de tché Yodu.
Eken'ère fixo in to dzour. Molèrusomin Botyiste
oye prë in'orgna que le dzénève fran. L'oye
oropo dyïn lo rêche. Lou journalistes dô Tour
de Franço opèlon ekin : "un furoncle mal
place". Eken'é fran dzénan. Yo ma se bita
o lo plache.
Lo veille de lo cérémoni le botyiste chintai que
pouye pa faire po le lindemouo. Y soye bian ma, posse que mankorie
in bon dyina. Enfin sorye po n'otro vë. Ma churtu, coumo
ère in'ouomou bian sorviablu è de parouolo, omève
pa se dédyere (1).
In fozan ékin, fouye la ovortyi tché Yodu que
pouye pa faire po le lindemouo. Ô sunè son petye
le Nès qu'ère bian omitou è bian volontou.
Y expliquai lo veya : "Dyera o tché Yodu : mon père
pô pa vegni demouo tyua vôtro caille. So veya vê
pa. O in'orgna dyin lo rèche".
Le Nès filai coumo n'eyossu. In ruto repetève
lo consigne : "mon père so veya vè pa, o
in'orgna dyin lo rèche
mon père so veya
vè pa,
" Inche de chuetye
Orivè tché Yodu ovec le pou cour. "Bondzour,
mon père vindro pa tyua vôtro caille : so veya
vè pa
" - "Vouo, ké ko ton père
mon gro ?" y demandai lo Tônia tché Yodu.
Oguè bian dyu tôr de l'intérompre. Ekin
y'oye fran coupo se n'élan. Reprenai sa respirochon,
ma se ropelève plus bian de lo chuëtye. Y répondai
: " No, so veya vè pa : o in ôvargna dyïn
lo rèche".
Oye confondyu l'orgna avec l'ôvorgna. Eke n'ère
pourtan pa fran lo mémo veya. Ma ke vouyé-ti é
t'éjo se trompa dyin lo vio.
Coumo que sëze tché Yodu comprenèron dô
prumé couo. Ere de mondu bian rèsunable, y fezèron
dji de rèflekchon, è se gordèron bian de
ye rire ô na.
Dou trë dzour opré, lo Tônia olai prindre
de nuvelle de Botyiste. So veya (2) olève mi. Le Nès
ère o l'écouolo, lou comtai l'ofaire de l'orgna
é de l'ôvorgna. N'in fozèron ma no riza.
Lo semano d'opré lo caille fuguè sogna.
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Un
Auvergnat bien mal placé
Dans mon pays il y a toujours eu quelqu'un d'habile pour tuer
les cochons aux alentours de décembre. En ce temps-là
c'était le Baptiste. Il le faisait avec plaisir, sans
se faire prier. Son travail était toujours bien fait.
Il suffisait de le prévenir quelques jours avant. Baptiste
était toujours d'accord.
Une fois, il devait aller saigner la truie de "chez Yodu".
C'était fixé un tel jour. Malheureusement Baptiste
avait pris un furoncle qui le gênait beaucoup. Il l'avait
attrapé dans le pli. Les journalistes du Tour de France
appellent ça : "un furoncle mal placé".
C'était très gênant. Il suffit de se mettre
à la place.
La veille de la cérémonie le Baptiste sentait
que ça ne pouvait pas faire pour le lendemain. Il le
regrettait bien (il lui en savait mal) parce qu'il manquerait
un bon dîner. Enfin ce serait pour une autre fois. Mais
surtout, comme il était un homme bien serviable et
de parole, il n'aimait pas se dédire.
En conséquence il fallait aller avertir chez Yodu que
ça ne pouvait pas faire pour le lendemain. Il appela
son fils, le Nès, qui était bien aimable et
bien prêt à rendre service. Il lui expliqua la
chose. "Tu diras à chez Yodu, mon père
ne peut pas venir demain tuer votre truie. Ca ne va pas bien.
Il a un furoncle dans le pli".
Le Nès fila comme un éclair. En route il répétait
la consigne : "Mon père ne va pas bien, il a un
furoncle dans le pli
Mon père ne va pas bien
Ainsi de suite
Il arrive chez Yodu essoufflé. "Bonjour, mon père
ne viendra pas tuer votre truie, il ne va pas bien
"
- "Oh
Qu'est-ce qu'il a ton père mon gros
?", lui demanda la Tonia chez Yodu. Elle eut bien tort
de l'interrompre. Ca lui avait complètement coupé
son élan. Il reprit sa respiration, mais ne se souvenait
plus bien de la suite. Il répondit : "Non, ça
ne va pas bien, il a un Auvergnat dans le pli."
Il avait confondu le furoncle avec l'Auvergnat. Ce n'est pourtant
pas tout à fait la même chose. Mais que voulez-vous,
c'est facile de se tromper dans la vie.
En tout cas chez Yodu comprirent du premier coup. C'étaient
des gens bien raisonnables, ils ne lui firent aucune réflexion
et se gardèrent bien de lui rire au nez.
Deux ou trois jours plus tard, la Tonia alla prendre des nouvelles
de Baptiste. Il allait mieux. Le Nès était à
l'école, elle leur raconta l'affaire du furoncle et
de l'Auvergnat. Ils n'en firent qu'une rigolade.
La semaine suivante la truie fut saignée.
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