Lou ponié dô
curo
Dyïn le tin tu le mondu ère ô couran dô
curo de vé lo Tso. Le cougnuchon pa tou, o par éklou
de lo coumuno, mo oyon tou intindyo porla de se no vë
ou l'otro. Ere se que se manquai dégourdyi le dzour
que s'ère gutzo tu drë chu son tsovè po
cuyi lé fouéne su lou grô fo de vé
Fori. Y ère be orivo d'otrou tour coum'ékin.
Ma enfin basto !
Ere curo vé lo Tso dupé lontin. Y vikie pityetomin
coumo tou de kö mouman. Le mondu y édèvon
o viöre in ye pourtan koke tchôrotu, no dyemë
yöro de bur, dou trë zi, kokou sôchessu d'arbo
ô de boudin kan tyuèvon ; mé que d'uno
Foje bian son sorvissu. Le mondu n'èron bian contin.
È po oriva o boutuna sin crova de fan, oye truvo in
mouyan. Ô foje de ponié è de ponëre
que se vindyon detye ne lè, chu plache ou ô mortso
de Setantegne. Tsa couo o de kö de Sin Boune.
Oye bian colculo so veya. Po faire in ponié bitève
in dzour. Po no ponëre y fouye dou dzour. Ma n'in foje
pa suvin. Coumo oye dji de relouodzu gne de colandré,
ère éjo conta lou dzour. Trovoyève së
dzour po semano, le sètiémou qu'ère lo
dyomindje trovoyève pa, bian chur, è dyeje lo
mësso o sou mondu coumo de djusto résu.
O couminsève so semano le yu, foje in ponié
; le mar (1) in'otru ponié,
inche de chuëtye
Kan t'oye fai sou së ponié,
soye que se fouye oréta, le lindemouo ère dyomindje,
y fouye la dyere lo mësso vé le yëje. Y oye
ma o l'étyi qu'orétève de faire lou ponié
po la vëre le mondu ou le z'otrou curo d'un la de l'otru.
Yoye no vë, oye couminso lo semano le yu. E le mar kokun
y coumandai no ponëre que pressève. Ere pa lo
sézu, lo fozai kan mémou. Ma bitai dou dzour
E s'in ropelai plu
Lo dyomindje dé modye contai
so veya è s'otyolai o son doré ponié
po ke fozëze le contu.
Dô tin le mondu orivèvon o lo mësso. Dji
de curo. "Fo opéta, l'an opelo vé kokou
moladu ; olin biöre in couo in otindan, coumo fai pa
tso". Le sunö oye be suno lo mouodo, ma le curo
ère koke pouo sour, oye re intindyu.
Ô bou d'in mouman le mondu couminssèron o se
faire de métsin san. "Ch'ère moladu
ch'oye tombo dô bon ma ?" O lo fye dô contu
le gardo è le maire olèron démeno le
yeke vé lo curo (2). "Che
tsa couo oye prë n'otako" Fouye be zö sôbë
Kan t'oguèron yeketo loure n'èzu, topèron
plu fôr. Le curo bodai tut'étuno
"Vouo
! por ozar, è lo plu bèlo, me së bian trompo.
Me së écheblo, onë é dyomindje. E
make ôro é trouo tar : è mindzo mo supo,
së plu o djon, pouoyu pa dyere lo mësso. Ma é
bian, dyerin de vépru in plache. No bouno véprado
vo bian ne mëss'in bado".
Vetyo no répliko, no dzinto réflèkchon
que le mondu d'ochu an pa écheblo. O demouro in dyere
dyin le poyi : "no bouno véprado vo bian no mëss'in
bado". Nan lo dye kan nan zo écheblo koko veya
d'impourtan è que nan lo ranplasse po in'otro.
|
Les
paniers du curé
Jadis tout le monde était au courant du curé de
la Chaulme. Ils ne le connaissaient pas tous, à part
ceux de la commune, mais ils avaient tous entendu parler de
lui une fois ou l'autre. C'était lui qui avait failli
se faire mal le jour où il s'était juché
tout droit sur son cheval pour cueillir les faînes sous
les gros fayards de Ferréol. Il lui était arrivé
d'autres tours comme ça. Mais enfin, peu importe !
Il était curé à la Chaulme depuis longtemps.
Il y vivait petitement, comme tous à ce moment. Les gens
l'aidaient à vivre en lui portant quelque chèvreton,
une demi-livre de beurre, deux ou trois ufs, quelque saucisse
d'herbe avec du boudin, quand ils tuaient (le cochon) ; ou autre
chose
Il faisait bien son service. Les gens étaient bien contents.
Et pour arriver à joindre les deux bouts sans mourir
de faim il avait trouvé un moyen. Il fabriquait des paniers
et des corbeilles qui se vendaient ici et là, sur place
ou au marché de Saint-Anthème. Parfois à
celui de Saint-Bonnet [le-Château].
Il avait bien calculé son affaire. Pour fabriquer un
panier il mettait un jour. Pour une corbeille il lui fallait
deux jours. Mais il n'en faisait pas souvent. Comme il n'avait
ni horloge ni calendrier, c'était facile de compter les
jours. Il travaillait six jours par semaine, le septième
qui était le dimanche, il ne travaillait pas bien sûr
et il disait la messe pour ses gens comme il convient.
Il commençait sa semaine le lundi et faisait un panier
; le mardi un autre panier, ainsi de suite. Quand il avait fait
six paniers, il savait qu'il fallait s'arrêter, le lendemain
était dimanche, il lui fallait aller dire la messe à
l'église. Il n'y avait qu'en été où
il arrêtait de faire des paniers pour aller voir les gens
ou les autres curés, ici ou là.
Une fois, il avait commencé sa semaine le lundi. Et le
mardi quelqu'un lui commanda une corbeille qui pressait. Ce
n'était pas la saison, il la fit quand même. Mais
il mit deux jours et ne s'en souvint plus. Le dimanche matin
il compta son affaire et se mit à son dernier panier
pour faire le compte.
Pendant ce temps les gens arrivaient à la messe. Pas
de curé. "Il faut attendre, on l'a appelé
chez quelque malade ; allons boire un coup en attendant, comme
il ne fait pas chaud". Le sonneur avait bien sonné
la "mode"(3), mais comme
le curé était un peu sourd, il n'avait rien entendu.
Au bout d'un moment les gens commencèrent à se
faire du souci (du méchant sang). "S'il était
malade
s'il était tombé du bon mal
(4)?" En fin de compte le garde et le maire allèrent
remuer le loquet à la cure. "Si parfois il avait
pris une attaque". Il fallait bien le savoir.
Quand ils eurent loqueté leur aise ils tapèrent
plus fort. Le curé ouvrit tout étonné
"Oh, par hasard, voilà bien la plus belle. Je me
suis oublié, aujourd'hui c'est dimanche. Seulement voilà
: c'est trop tard, j'ai mangé ma soupe, je ne suis plus
à jeun, je ne peux pas aller dire la messe. Mais ça
ne fait rien, nous dirons des vêpres à la place
: une bonne vêprade vaut bien une messe en bade [qui
a sauté].
Voilà une réplique, une jolie réflexion
que les gens de là-haut n'ont pas oubliée. C'est
resté un dicton dans le pays : "Une bonne vêprade
vaut bien une messe qui a sauté". On la dit quand
on a oublié une chose importante et qu'on la remplace
par une autre.
|