Le lu è le rénar (1)
Yoye
no vë, le lu è le rénar oyon fai n'éssar.
Kant'oguèron tsobo, se dyezèron :
- kék'olin bita éke t'an ?
- Che fojan de trufe dyezai le rénar ?
- La mémo (1), répondai le lu.
è lou vetyo portye o planta louré trufe.
Sourtèron bian, poussèron bian. Le tin le z'ocourdai.
Lé piotzèron ô bon mouman, flurièron
bian, è tu !... Jomai n'oyon veyu no che bèlo
trufëre.
"E be, d'obôr (2), nou foudro cuyi nôtro
recôrdo", dyezai le rénar kan venai l'in
doré ; kéke vouolé, te, demandai ô
lu, le dedyïn ou le defô ?
Le lu, qu'oye veyu de che dzantyi trufié, dyezai :
- Me, prènu le defô, te prin le dedyïn che
vouolé.
- Intendyu, repondai le rénar in reyan dyïn so
barbo.
Orantzèron louré trufe. Le rénar cuyai
no bravo cova de trufe è le lu oguai ma lo rafouoille,
lou trufié que fuguèron vitu purye. Fuguai dégourdye,
ma ère bian de so foto.
Lo sézu d'opré, dyezèron :
- Fo tsandza, fozin ye in blouo.
- La mémo, répondai le lu, ma keto vë me
léssoré pa dégourdyi. Me, prindrë
le dedyïn, te gordora le defô.
- D'occôr, dyezai ma le rénar.
Kan lou bla fuguèron mouë, meilleron tou dou louro
recôdo. Le rénar fozai in bravou cutsu de dzarbe
tandye que le lu oguai ma le z'étroublou. Fuguai dégourdye(3)
notro vë, le pore dyablu. Que vouyè-ti ? In rénar
è tudzour le plu fïn.
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Une
fois, le loup et le renard avaient fait un "essart"
[ils avaient défriché un pré]. Quand
ils eurent achevé ils se dirent :
- Qu'est-ce qu'on va mettre cette année ?
- Si nous mettions des pommes de terre, dit le renard ?
- D'accord, répondit le loup.
Et les voilà partis à planter leurs pommes de
terre.
Elles sortirent bien, elles poussèrent bien. Le temps
leur fut propice. Ils les piochèrent au bon moment,
elles fleurirent bien, et tout... Jamais ils n'avaient vu
un aussi beau champ de pommes de terre.
Eh bien, il nous faudra bientôt cueillir notre récolte,
dit le renard, lorsque vint l'automne. Que veux-tu, demanda-t-il
au loup, le dedans ou le dehors ?
Le loup qui avait vu de si jolis plants de pommes de terre
lui dit :
- Moi, je prends le dehors, toi prends le dedans, si tu veux.
- Entendu, répondit le renard riant dans sa barbe.
Ils arrachèrent leurs pommes de terre. Le renard cueillit
une belle "cavée" de pommes de terre et le
loup n'eut que les fanes, les tiges qui furent vite pourries.
Il fut attrapé, mais c'était bien de sa faute.
L'année suivante, ils dirent :
- Il faut changer, semons-y du seigle.
- D'accord, répondit le loup, mais cette fois-ci je
ne me laisserai pas avoir. Moi je prendrai le dedans, tu garderas
le dehors.
- D'accord, dit seulement le renard.
Quand
les blés [les seigles]
furent mûrs, ils moissonnèrent tous deux leur
récolte. Le renard fit un beau plongeon de gerbes tandis
que le loup n'eut que les chaumes. Il se fit avoir une autre
fois, le pauvre diable. Que voulez-vous ? Un renard est toujours
le plus malin.
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