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Une dentellière
(vitrail de Saint-François-Régis,
dans la collégiale
de Saint-Bonnet-le-Château)

La maison de la béate
à Gachat
(hameau de la commune d'Apinac)

En ligne :

La petite école de la Béate
à Gachat (Apinac)

Antoinette Montet,
la fondatrice du petit séminaire
de Verrières, était-elle
une béate forézienne ?

voir aussi les pages


Enseignement


Apinac
et son église
a

Vitrail de la collégiale
de Saint-Bonnet-le-Château

Saint François Régis
patron des dentellières

Né le 31 janvier 1597
à Fontcouverte, diocèse
de Narbonne, Francois Régis étudie la théologie à Toulouse et devient Jésuite. Il catéchise les habitants du Velay
et du Vivarais en supportant
de grandes fatigues. Il meurt d'épuisement le 31 décembre 1640 au village de la Louvesc, en Ardèche.
Fêté par l'Eglise
le 31 décembre.

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Un carreau de dentellière

 

Aux confins du Forez et du Velay

Les béates


Le pays de Saint-Bonnet, tout près du Velay, a eu ses béates. Gachat, le hameau d'Apinac, possède encore, tout près de la chapelle, sa maison de la béate. Et le mot de béate, "la biate" en patois, a encore un écho dans la mémoire collective des gens de notre région.

Car elle est vraiment atypique, pittoresque et émouvante, cette fille du peuple qui a les traits d'une simple femme de la campagne et qui vit comme une religieuse. Elle ne prononce pas de vœux mais respecte fidèlement pauvreté, chasteté et obéissance. Son costume, simple et digne, est celui de tous et pourtant ressemble à celui de la sœur.

Elle ne vit pas dans un couvent, sa communauté est l'assemblée : les habitants du hameau qu'elle rassemble régulièrement dans sa maison. Elle ne chante pas l'office mais enseigne le catéchisme et fait réciter la prière. Elle seconde ainsi avec ferveur le clergé local. La communauté du hameau, qui a bâti sa maison, est allée la chercher au Puy. Et chacun, selon ses moyens, prend en charge son entretien. Mais elle n'aura ni retraite ni pension. Tant de générosité lui donne en retour une vraie autorité, le respect et l'affection de tous.


Son couvent est une maison semblable à celle des pauvres. Le seul ornement en est un clocheton pour annoncer la classe, le cours de dentelle, la prière. Car son logis sert aussi d'école, d'atelier, de lieu de réunion. On peut toujours s'y rendre en cas de besoin. Rien de ce qui concerne la vie quotidienne des gens du lieu ne laisse la béate indifférente. Elle s'occupe des tout-petits, instruit un peu les enfants, apprend la dentelle aux jeunes filles, s'occupe des malades, habille et veille les morts. Toute l'année, elle conseille et soutient les habitants des hameaux oubliés du Velay quand souffle la burle…



Notes de lecture :

Voyage au pays des béates


Un beau livre édité chez
De Borée vient d'être consacré aux béates par quatre auteurs vellaves : Auguste Rivet, Philippe Moret, Pierre Burger et André Crémillieux, tous gens érudits et connaissant parfaitement leur province.

Auguste Rivet, retrace d'abord deux siècles de leur histoire. Elles apparurent au 17e siècle dans le sillage de la
Congrégation des Dames de l'Instruction de l'Enfant-Jésus, créée au Puy-en-Velay par Anne-Marie Martel. L'attachement de la population fit qu'elles souffrirent peu de la Révolution.

Au 19e siècle, avec l'organisation progressive de l'école par l'Etat, les autorités académiques trouvèrent en Haute-Loire une situation particulière. Il existait déjà une sorte d'enseignement, notamment pour les filles, dans l'ensemble de la région. Cependant il ne répondait pas aux normes. La béate savait mieux la dentelle que l'orthographe. Le catéchisme et les prières lui étaient plus familiers que l'histoire et la géographie. Sa proximité du peuple et son bon sens remplaçaient les diplômes.

Mais elle ne coûtait rien à l'Etat. Les pauvres pouvaient compter sur elle. Et, contrairement à beaucoup d'autres lieux, la plupart des femmes du Velay, savaient lire et parler un bon français. La béate s'effaça progressivement pour laisser la place à l'institutrice.


Bien sûr, de beaux esprits trouvèrent intelligent de se moquer d'elles. Philippe Moret, dans une remarquable deuxième partie intitulée L'inspecteur et la béate, a cherché, lui, à les comprendre. En s'appuyant sur les rapports officiels des inspecteurs de Jules Ferry, il montre qu'il y a eu un véritable "choc des cultures" (c'est son expression), entre le Monsieur à redingote et lorgnon qui venait de la ville et la maîtresse du hameau portant la coiffe et la croix d'argent. L'administration hésite longtemps. Il y a eu parfois bienveillance, tolérance, souvent dédain et même un peu de persécution. La distance est toujours restée. Finalement les béates ont été évincées du service de l'enseignement. Philippe Moret se pose la question : "Elles-mêmes, souhaitaient-elle y être intégrées, enrégimentées ?"

Au chapitre suivant André Crémilleux va à la rencontre de la béate. "Il faut chercher la béate, il faut l'aborder et sa maison aussi, l'assemblée, sur la pointe des pieds, sans faire de bruit…" écrit-il. Il a, en effet, parcouru la Haute-Loire, dans ses moindres hameaux, à la recherche de la maison au frêle campanile.

Il nous présente la béate, dans ses meubles, dans la salle d'assemblée, entre l'horloge et la statuette de la Vierge. Le carreau à dentelle et les fuseaux ne sont pas loin. C'est la partie la plus pittoresque et, disons-le, la plus émouvante de l'ouvrage. Les illustrations, pleines de poésie et très abondantes, sont dues au talent et aux recherches d'André Crémillieux.

Enfin, en annexe, figurent une série de documents : rapports officiels, articles, extraits de roman qui ont nourri les controverses au temps où Jules Ferry parlait des béates devant Messieurs les parlementaires.

Les auteurs parlent des béates avec tendresse et humour, des belles qualités qui étaient les leurs : abnégation, fidélité, modestie. Et surtout ils insistent sur leur rôle méconnu et les difficultés qu'elles ont rencontrées. Plus qu'une réhabilitation, le Voyage au pays des Béates est une véritable reconnaissance pour le travail accompli. Peut-être même s'agit-il d'un hommage ?


Les auteurs du
Voyage au pays des Béates

Auguste Rivet, ancien professeur au lycée du Puy et ancien maître de conférence à l'université de Saint-Etienne, docteur ès lettres, responsable du Centre culturel départemental de Haute-Loire.

Philippe Moret a commencé sa carrière professionnelle à l'Ecole normale supérieure et l'a terminée à l'inspection générale de l'Education nationale, historien du Velay, président de la société d'histoire de Monistrol.

Pierre Burger
, photographe illustrateur d'ouvrages sur l'art religieux.

André Crémillieux, retraité de l'enseignement, s'intéresse notamment à l'ethnologie régionale, animateur du musée des Arts et Traditions Populaires du Monastier-sur-Gazeille.

 



carreau à dentelle

vitrail de la collégiale de Saint-Bonnet-le-Château,
Dufètre, Lyon, 1883