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Joseph Barou
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Forez
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Que la montagne est belle !
1904 :
Les conquérants
de Pierre-sur-Haute
Début
du 20e siècle : le tourisme est balbutiant en Forez. Rares
sont les " étrangers " qui souhaitent découvrir
les curiosités locales, sauf quelques originaux. Pour les
habitants du pays, cette activité est réservée
à ceux - rares - qui ont du temps et de l'argent.
Pierre-sur-Haute constitue pourtant
un bel atout pour la région de Montbrison.
Avec 1640 m
d'altitude, le point culminant de la Loire
offre une nature sauvage, des landes, des rochers, un panorama superbe.
Un certain E. Alexandre a compris le
parti qu'on pourrait tirer de la montagne En 1904,
il entreprend d'organiser des excursions dans les monts
du Forez. Tout commence par une campagne de " réclame
" dans l'Avenir Montbrisonnais
. Il s'agit d'abord de mettre en valeur le pittoresque des villages
montagnards qui sont visités en voiture hippomobile :
Essertines, Roche, Lérigneux, Bard. Un modeste circuit
qui prend toute une journée.
Puis il s'enhardit à organiser une expédition vers
Pierre-sur-Haute. Et se met de vanter
aux amateurs les bienfaits d'une telle randonnée :
Monter à Pierre-sur-Haute, c'est aérer son esprit,
rafraîchir ses bronches des senteurs parfumées du printemps,
faire provision de santé et d'énergie .
Et tout ça, sans trop grande fatigue
et dépense excessive. On ira en voiture puis à
pied pour les hommes, à dos d'âne pour les femmes et
les enfants
Coût : 12 F pour l'ascension, la voiture,
la chambre et deux repas.
La première
excursion : la pluie, la pluie
Après plusieurs reports, la première
excursion a lieu le dimanche 27 juin.
Rendez-vous est pris à 4 heures de l'après-midi à
l'hôtel Barailler à Montbrison.
Seulement la moitié des excursionnistes, une petite dizaine,
est là car il pleut à seaux : un temps affreux, digne
du déluge. Qu'à cela ne tienne ! Le départ
a lieu dans la joie, paraît-il. Le trajet est long pour atteindre
Saint-Bonnet-le-Courreau. Mais on chante et on plaisante dans la
carriole. Et les trois heures semblent
trois minutes !
A Saint-Bonnet-le-Courreau, un copieux
et succulent festin est
servi à l'hôtel de Jean-Marie
Massacrier. A la fin du repas un convive ouvre la fenêtre.
Le journaliste-touriste raconte : Merveille
! Pluie, vent, nuages, tout avait disparu. Au ciel la pleine lune
souriait à notre excursion et répandait à profusion
sa pâle et poétique lumière sur les monts et
la plaine
Aussitôt les voyageurs crient hourrah
! et avant d'aller se coucher jettent quelques feux
de Bengale sur la place de l'église. Comportement qui montre
d'ailleurs un certain sans-gêne vis-à-vis des habitants
du bourg endormi.
Départ à 1 heure du matin
A une heure du matin, départ en voiture
pour Sauvain. Un guide prend ensuite
en charge la troupe. Un ânon d'un
bon caractère admirable est chargé des
provisions, des parapluies, des pardessus et de l'appareil photo.
L'ascension commence. Le lever de soleil surprend
la caravane avant le passage à Colleigne. Dans une jasserie,
les voyageurs goûtent le lait de la montagne. Enfin c'est
Pierre-sur-Haute dont une croix marque alors le lieu le plus élevé.
Et tous d'admirer : Dans cette solitude
élevée ce spectacle solennel et silencieux est très
impressionnant.
Après un copieux déjeuner sur les rochers et
quelques essais photographiques le retour commence par la vallée
abrupte de Chorsin où nous ne
conseillerions à personne de se risquer sans guide
. A Sauvain un bon repas est servi. Enfin c'est le retour
en voiture par une route très agréable à
Montbrison-la-coquette. Ouf ! Ils sont sauvés.
Ces premières tentatives sont restées sans suite.
C'était assez cher, le trajet n'était pas facile,
le mauvais temps pouvait tout gâcher. Et surtout le temps
des loisirs n'était pas encore arrivé. Tant mieux
pour Pierre-sur-Haute.
Joseph Barou
Sources : " L'Avenir Montbrisonnais
" de mai et juin 1904.
[La Gazette
du 21 septembre 2007]
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