Place
de l'hôtel-de-Ville de Montbrison, devant le théâtre.
On remarque un tombereau attelé de vaches et,
au centre de la place, un réverbère
Route
de Lyon :
une
véritable usine
à gaz !
Jusqu'à
la Belle Epoque, les rues de notre bonne ville et même certains
particuliers, étaient éclairés au gaz. De la
poésie auprès du réverbère et aussi...
quelques inconvénients.
Inventé par les Anglais au
18e siècle, l'éclairage au gaz ne se répand
en France qu'à partir de 1820.
Et bien sûr, arrive beaucoup plus tard à Montbrison.
La compagnie du gaz fondée en 1845
assure l'éclairage public à
partir du 10 août 1848. La ville
possède alors une usine à gaz installée route
de Lyon. Dans les années 1950,
l'énorme cloche noire d'un gazomètre était
encore visible tout près des actuels bâtiments de l'E.
d. F., rue de la République.
Explosion
au théâtre municipal
En 1852,
le théâtre de la ville est éclairé au
gaz. Et, quelquefois, ça fait boum ! Le 28 avril, à
cinq heures de l'après-midi, le sieur Besson
ferblantier-lampiste raccorde des tuyaux près du compteur
à gaz sous l'escalier du théâtre. Il s'éclaire
à la bougie. Première explosion, sans gravité.
Deuxième, plus grave. Besson
est gravement brûlé au visage, aux bras et à
la poitrine. Deux autres personnes sont touchées. Le compteur
prend feu. L'incendie est vite éteint. L'artisan transporté
chez lui reçoit les premiers soins grâce aux docteurs
Dulac et Briard.
Finalement, conclut le chroniqueur du Journal
de Montbrison : " Cet accident
n'aura donc pas les suites qu'on avait pu craindre d'abord
" . La représentation a même lieu
le lendemain. Ouf !
Et de recommander de ne pas chercher
les fuites de gaz avec une " lumière
". En cas de problème, il faut aussitôt alerter
le directeur de la compagnie du gaz car " il doit savoir mieux
que personne ce qu'il convient de faire ".
Une véritable
usine à gaz !
A la fin du 19e siècle, l'usine
à gaz est très vétuste. La presse locale s'en
inquiète. En 1897 le
Montbrisonnais fait l'état des lieux. Et ce n'est
guère rassurant : " L'usine
était tombée dans un véritable dénuement...
Le matériel est très incomplet ".
Elle ne permet pas une production correcte. Il faut faire des travaux
" de toute urgence ".
Le four principal, par exemple, a " ses
cornues crevassées qui laissent filtrer le gaz
"
Le gaz d'éclairage, surtout
composé d'hydrogène bicarboné, est fabriqué
en chauffant fortement du charbon. Le résidu donne du coke,
combustible alors très apprécié. Les gaz produits
doivent être séparés et purifiés. A Montbrison,
le système d'épuration est " à
peu près hors d'usage". Le gaz traverse une
couche de sciure, de la terre de Saint-Bel puis de l'eau. Mais celle-ci,
non renouvelée, est déjà saturée d'impuretés.
En 1897, on pare au plus urgent. Un
compteur de fabrication est installé afin de ne plus "
marcher à l'aveuglette " ainsi qu'un système
pour renouveler l'eau sans arrêt. Pour cela, il faut soulever,
- à grand-peine -, la cloche des gazomètres. Opération
qui se déroule devant de nombreux badauds. Est-ce suffisant
? Il y a toujours de nombreuses plaintes : nombreuses fuites signalées
en ville, lumière faible, odeur désagréable...
Et coût trop élevé pour l'usager.
L'éclairage
public
En 1902,
la ville dépense 11 000 F pour
les 160 réverbères qui
éclairent - assez mal - les rues. En 1903 les becs à
incandescence Auer apportent un léger
progrès. Mais déjà l'éclairage au gaz
est menacé. En 1903 MM. Laplace
et Gavelle de Sail-sous-Couzan
ont en projet la construction d'une centrale électrique sur
le Lignon. Avant même sa réalisation,
ils proposent leurs services à Montbrison pour éclairer
à bon marché "voies
publiques et édifices particulier". La fée
électricité arrive à petits pas... Et, en 1912,
l'éclairage des rues devient électrique. Adieu l'allumeur
de réverbères...
Joseph Barou
Sources :
délibérations du conseil municipal de Montbrison,
presse locale.