Borne de pierre
de la place Bouvier
où se trouvait
le marché aux chevaux
Quand
Montbrison
avait son champ de courses
La place Bouvier, à Montbrison,
possède encore un rang de belles bornes de pierre surmontées
d'un anneau. Elles rappellent que la ville a eu jadis de grandes
foires aux chevaux.
Montbrison joue alors son rôle de capitale d'une petite
région agricole. Car depuis le milieu du 19e siècle
la plaine du Forez se tourne vers l'élevage du cheval. Le
vétérinaire et éleveur Joseph
Ory y contribue grandement avec son fameux étalon
anglo-percheron "Espoir du Forez".
En 1857, le marquis Emmanuel de Poncins fonde
une société d'encouragement. L'hippodrome de Feurs,
situé à Civens, est inauguré
le 1" septembre 1858. Et, en 1899,
deux autres sociétés des courses sont fondées
: celle dite du Forez, à Montbrison,
l'autre à Saint-Galmier...
Plusieurs facteurs favorisent cette nouvelle activité : la
plaine assainie grâce au canal, l'action de grands propriétaires
terriens et les besoins de l'armée. Avant la Grande Guerre,
les dépôts de remonte - celui d'Aurillac pour notre
région - sont les principaux clients. Dragons et hussards
ont besoin de chevaux vifs et vigoureux. Beaucoup d'émulation
s'installe entre Feurs, Saint-Galmier
et Montbrison.
Les manifestations hippiques
de 1901
L'heure de gloire pour les manifestations hippiques foréziennes
arrive à la Belle Epoque. Montbrison n'est pas en reste.
Les 4 et 5 août 1901, la fête
patronale de la Saint-Aubrin coïncide
pour la première fois avec courses et concours hippiques.
Ce sont d'ailleurs les principales attractions. Et qui ont leur
succès.: "Les avenues de la
gare étaient envahies et aux alentours du feu d'artifice
et du bal, la foule était plus compacte qu'elle ne le fut
jamais". Il y a, selon la presse locale, affluence
de Stéphanois La compagnie P.L.M.
organise même, le 4 août, un train supplémentaire
vers Saint-Etienne.
Quant à l'hippodrome, on ne saurait trouver mieux : "spacieux
très bien drainé, un site merveilleux..." Même
s'il s'agit d'un vaste champ de la commune de Savigneux. De plus
le ciel est avec les Montbrisonnais : "deux journées
de soleil resplendissant".
Demandez le programme
des courses !
Un supplément du Journal de Montbrison affiche un riche programme.
Chaque classe sociale aura sa manifestation. Le dimanche matin est
réservé aux divers concours : "chevaux
de 3 ans sans dressage" (53 bêtes), "chevaux
de selle de 3 ans", "chevaux
de selle de 4 ans", etc. Le baron
de Vazelhes, le marquis de Poncins,
Francisque Balaÿ et les
grands propriétaires de la plaine remportent presque tous
les lauriers.
L'après-midi, la première course, le "Prix
de Montbrison" (trot) est réservé
aux débutants avec des prix modestes. Suit l'épreuve
des sauts d'obstacles réservés aux officiers avec
des prix, en uvres d'art. Puis c'est l'épreuve reine
: le "Prix de Saint-Aubrin",
trot attelé, 3 000 m, course "internationale" avec
400 F de prix et un billet d'entrée de 20 F. Voilà
pour le gratin. Vient ensuite le "prix
du Forez" : "course du pays" au galop,
2 000 m. L'épreuve pour chevaux de tout âge et de tout
sexe est réservée aux propriétaires de la Loire
"cultivant eux-mêmes"
leur terre. Dotation modique : 180 F et entrée à 10
F seulement. C'est le tout venant.
Enfin, comme il faut bien amuser le populaire, une "Course
des ânes montés", de toute taille et
de tout sexe, clôt la réunion. 1 000 m, 55 F de prix
et entrée libre pour tous ! Il y en a pour tous les goûts
et toutes les bourses.
Résultats des courses : Feurs
et Saint-Galmier en tête
L'élevage des chevaux prospère encore en Forez. Mais
aujourd'hui l'hippodrome de Savigneux est
redevenu champ, ou plutôt a été loti. Les foires
de Montbrison ont perdu de leur lustre.
Les haras quittent Montbrison pour Saint-Gamier
qui comme Feurs a mieux tiré
son épingle du jeu. Montbrison ne sera pas le Chantilly
du Forez.
Il reste les bornes de la place Bouvier...