
Un personnage
original :
Ancien officier
aux Gardes-Françaises

Chevalier
de l'ordre
de Saint-Louis

et physiocrate forézien

qui s'intéressait aussi
à la guerre...

Planche 3
du Grand oeuvre de l'agricultture
:
"Les soldats en carton"
Notes
(1) François
Quesnay, chirurgien du roi (1694-1174), né à
Saint-Méré (Seine-et-Oise), mort à
Versailles. Ses écrits ont été rassemblés
par Dupont de Nemours sous le titre : Physiocatie ou constitution
naturelle du gouvernement le plus avantageux au genre humain.
(2) Corps d'élite de la Maison du roi, les deux compagnie
à cheval de mousquetaires (les Gris et les Noirs)
forment une sorte d'école militaire pour les jeunes
nobles.
(3) L'exempt est un officier qui, dans certaines compagnies,
assure le commandement en l'absence du capitaine et du lieutenant.
Il est exempté du service ordinaire.
(4) Monsieur, titre du frère puîné du
roi.
(5) Cf. l'Assemblée de la noblesse du bailliage
de Forez en 1789, Henri de Jouvencel, Lyon, 1911.
(6) Jean-Hector de Montagne de Poncins, Le grand oeuvre
de l'agriculture ou l'art de régénérer
les surfaces et les très-fonds, Paris, 1779,
p. 355.
(7) Un arpent : environ 50 ares ; une métérée
: environ 1 000 m2 ou 10 ares.
(8) Le grand oeuvre..., op.
cit. p. 19 et 20.
(9) Chaarles XII (1682-1718) :
il s'agit d'un roi de Suède réputé
pour son caractère belliqueux.
(10) Le grand oeuvre..., op.
cit. p. 21
(11) Au début du livre de M. de Poncins figure la
lettre de remerciements de Frédéric le Grand,
l'ami des philosophes, datée du 21 mars 1779 et écrite
à Breslaw.
(12) Le grand oeuvre..., op. cit. p. 28-29.
(13) Le grand oeuvre..., op.
cit. p. 225-226.
(14) Le grand oeuvre..., op.
cit. p. 231.
(15) Le grand oeuvre..., op.
cit. préface, p.. XXXI
(16) Le grand oeuvre..., op.
cit. p. 231. Cette idée sera reprise au XIXe
siècle avec le "service médical gratuit
en faveur des habitants des camagnes".
(17) Le grand oeuvre..., op.
cit. p.366-367.
(18) Le grand oeuvre..., op.
cit. p. 88.
(19) Le grand oeuvre..., op.
cit. p. 88.
(20) Le grand oeuvre..., op.
cit. p. 106.
(21) Le grand oeuvre..., op.
cit. p. 118.
(22) Le grand oeuvre..., op.
cit. p. 57.
(23) Abraham de Thélis,
fils de Gaspard de Thélis, lui aussi officier aux
gardes-françaises.
(24) Le grand oeuvre..., op.
cit. p. 165.
(25) Le grand oeuvre..., op.
cit. p. 357.
(26) Une once : environ 30 grammes.
(27) Le grand oeuvre..., op.
cit. p. 357.
(28) Le grand oeuvre..., op.
cit. p. 258.
(29) Le grand oeuvre..., op.
cit. p. 361.
(30) Le grand oeuvre..., op.
cit. préface, p. XX.
(31) Le grand oeuvre..., op.
cit. p. 391.
(32) Fil de laiton.
(33) LLe grand oeuvre..., op.
cit. p. 396-397.

Eglise de Feurs
(19e siècle)

"De
gueules à trois bandes dentelées d'or"
L'agriculture,
les chevaux...
Une
tradition familiale
respectée
Jean-Hecor
de Montaigne,
marquis de Poncins
est
le père de
Jean-Pierre
de Poncins
marquis de Poncins
(1875-1842)
promoteur en Forez
de la charrue Dombasle
et
le grand-père
d'Emmanuel de Montaigne,
marquis de Poncins
(1830-1902),
maire de Saint-Cyr-les-Vignes (Loire),
président fondateur
de la Société hippique de la Loire, président
fondateur
du Comice agricole de Feurs, premier importateur en France
de la charrue à vapeur
(1861)
et
l'arrière-grand-père de
Maurice
de Montaigne,
marquis de Poncins,
né le 8 juin 1863
à Valeilles (Loire),
chevalier de la Légion d'honneur, vice-président
de la Chambre d'agriculture de la Loire,
président de la Société hippique
de la Loire,
président du Comice agricole
de Feurs.
Sources :
Souvenir de deux familles
et d'une société unies par le même
amour de leur petite patrie du Forez
et deux siècles de dévouement
et de travail à la cause agricole,
imprimerie Golzio, 1935
Jean Tibi, Les
semailles de la pensée, imp. Reboul,
1998, Saint-Etienne
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Jean-Hector de Montaigne, Marquis
de Poncins
1738-1793
Chevalier de l'ordre de Saint-Louis,
Officier aux Gardes-Françaises
L'un des premiers propriétaires foréziens de la Plaine
ayant entrepris d'exploiter directement ses terres
Un
physiocrate forézien
Jean-Hector
de Montaigne
marquis de Poncins
(1738-1793)
Au 18e siècle, dans
la classe aisée, se développe un grand intérêt
pour l'agriculture. La terre apparaît comme la seule source
de richesse et l'agriculture comme la base de toute l'économie.
Dans la Physiocratie, l'économiste François Quesnay
(1) formule cette nouvelle doctrine.
Dans le pays, on se passionne pour tout ce qui peut améliorer
les techniques et les rendements agricoles. Le Forez compte aussi
des physiocrates comme en témoigne le petit ouvrage d'un
gentilhomme forézien publié en 1779 : Le grand oeuvre
de l'agriculture, de Monsieur de Montagne, marquis de Poncins.
Jean-Hector de
Montagne de Poncins (1738-1793)
Le militaire
Jean-Hector de Montagne (ou Montaigne), fils de Jean-Pierre de Montaigne
et de Louise Ramey de la Salle, est baptisé à Montbrison
le 17 mars 1738. Chevalier, marquis de Poncins, seigneur de Magnieu-Hauterive,
la Maison-Fort, Saint-Didier-sous-Rochefort, Jas, la Salle, le Coignet,
Sury-le-Bois et autres lieux, il embrasse la carrière des
armes.
Il entre, en 1751, à l'âge de 13 ans, aux mousquetaires
du roi (2) et y sert jusqu'en 1760.
En 1760-1761, il participe à la guerre de Sept ans en faisant
la campagne d'Allemagne en qualité d'enseigne à drapeau
au régiment des gardes-françaises. On le retrouve
ensuite gendarme de la garde du roi (1765) puis exempt (3)
de la compagnie des Suisses de Monsieur (4)
en 1787. Chevalier de Saint-Louis, en récompense de
trente années de service et de deux campagnes, il est encore
auprès de Louis XVI en 1789.
En 1792, Jean-Hector de Poncins fait partie des troupes foréziennes
qui se rallient au comte de Précy pour défendre Lyon
que les armées de la Convention assiègent. Il est
tué le 4 octobre 1793 pendant le siège de la ville
(5).
Le gentilhomme-agriculteur
Malgré ces états de service, Montagne de Poncins qui
est un grand propriétaire foncier a le temps de s'intéresser
de près à ses terres. Pour lui, d'ailleurs, la noblesse
doit servir le roi autant en développant l'agriculture qu'en
portant l'épée : l'agriculture et la guerre sont les
deux colonnes sur lesquelles est assis le grand édifice de
l'Etat ; et ces deux colonnes sont confiées à la noblesse
aux champs de Mars et aux champs ruraux... (6)
Le marquis montre l'exemple. Homme de terrain,
s'il en est, il conduit ses gens comme une armée en campagne
: ordre et célérité, voilà le mot de
passe. N'écrit-il pas lui-même :
Nous avons cultivé et exploité
à notre main jusqu'à deux cents arpents ou mille méterées
(7) de
Forez avec succès... ; nous avons toujours été
nous-mêmes toute l'année à la tête des
laboureurs et des moissonneurs... ; ayant eu, dans certains jours
pressants de semaille, jusqu'à quatre-vingts paires de bufs
et autant de laboureurs à nos ordres... ; aux moissons, nous
avons commandé en personne jusqu'à deux cents moissonneurs...
; les ayant divisés par détachements, sous des chefs
à qui nous donnions la haute paie, nous avons exécuté
nos labourages, nos moissons et nos semailles avec un ordre et une
célérité qui approchaient des manuvres
militaires... avec beaucoup plus de précision et de rapidité
que celles de nos voisins (8).
Quand il fait effectuer des charrois, alors que
se trouvent ensemble quinze paroisses, M. de Poncins ne dort que
d'un il, et se couche huit jours
de suite tout habillé et botté comme Charles XII (9),
afin d'être rendu de plus grand matin à la tête
de la manuvre (10).
En 1779, M. de Poncins consigne son expérience d'exploitant
agricole et ses idées - parfois saugrenues - dans un ouvrage
qu'il dédie au roi et qu'il adresse à plusieurs ministres
et... au roi de Prusse (11). Le
grand oeuvre de l'agriculture est intéressant
à plus d'un titre. Il décrit l'état de la plaine
du Forez juste avant 1789, nous montre un physiocrate de province
à l'uvre et a, quelquefois, le mérite d'être
amusant.
Le grand uvre de l'agriculture
La plaine du Forez avant 1789
M. de Poncins décrit avec réalisme la difficile condition
du journalier de la plaine. Le manuvre habite dans des
cahutes où cinq ou six familles sont confondues avec les
animaux , et où il y a à peine des soupiraux pour
renouveler l'air pestiféré d'un marécage qui
environne d'ordinaire ces maisons... son sort est quelquefois plus
malheureux que celui des esclaves de Tunis et d'Alger
(12).
Les étangs sont la cause du déplorable état
sanitaire de la population : les cultivateurs
de cette plaine portent sur le visage la pâleur de la mort,
ne sont autre chose que des squelettes ambulants dont les bras se
refusent à la culture... Dans ces pays infortunés
la vieillesse commence à quarante-cinq ans, la décrépitude
à cinquante-cinq, et très peu vont à soixante...
L'espèce des cultivateurs est donc moissonnée de très
bonne heure ; et si d'autres races, attirées par la bonté
de notre sol, ne descendaient à tous moments des montagnes
pour remplir ce vuide de population, il y a longtemps que cette
plaine ne seroit qu'un désert (13).
La fièvre sévit de façon endémique :
Dans les mois d'août, de septembre
et d'octobre, la fièvre est une véritable peste dans
le Forez ; les villes de Montbrison et de Feurs ne sont alors que
deux grands hôpitaux, car on auroit peine d'y trouver une
maison qui ne soit infectée de fiévreux...
M. de Poncins, homme aguerri et dans la force de l'âge, avoue
avoir été, lui-même, frappé : J'ai
eu la fièvre trois années consécutives, tantôt
quarte, tantôt tierce, et ce n'a été que par
le traitement le plus long et le plus suivi, par le régime
le plus austère, et en désertant la plaine pour habiter
la montagne tout l'automne, que J'ai pu m'en délivrer
(14).
La description des cités foréziennes n'est pas plus
engageante : Les villes de Montbrison et
de Feurs sont des cloaques capables non-seulement d'entretenir la
fièvre, mais même d'introduire la peste dans le pays
: en effet, tout au tour de la ville de Montbrison, entre ses murs
et les maisons, il y règne un passage étroit comme
une gaine, qui sert de réceptacle aux fumiers, aux animaux
crevée et à tous les immondices qu'on y met en dépôt...
On continue d'enterrer dans les enceintes des villes.
Le cimetière de Saint-Pierre, à Montbrison est
si petit que le fossoyeur ne sait plus où mettre les cadavres
(15).
Pour améliorer cette situation, M. de Poncins suggère
de boire un peu de vin, à titre préventif, pour les
fièvres. Il faudrait aussi établir les cimetières
hors des villes, fonder un bureau de médecine
charitable, gratuite, préservative et curative pour les fièvres
(16) et surtout réduire le nombre des étangs.
L'art de régénérer
les surfaces et les très-fonds
Le grand oeuvre contient une foule de notions intéressantes
pouvant, effectivement, faire progresser l'agriculture. M. de Poncins
propose le développement des prairies artificielles, l'établissement
de clôtures, le reboisement, le remembrement des terres, une
bonne utilisation des fumiers, l'aménagement des berges des
cours d'eau...
Il insiste tout particulièrement sur l'enseignement
agricole qu'il voudrait voir dispenser dans les collèges
et... au prône de la messe dominicale : Nous
serions d'avis que les curés des campagnes fissent entrer
dans leurs instructions pastorales une teinture d'agriculture pratique
et expérimentale propre à leur paroisse, et tirée
des meilleures auteurs, et quelques notions générales
de médecine curative et préservative, le tout rédigé
par les soins du gouvernement (17).
La bêche de dix-huit pouces
Il consacre un chapitre entier de son ouvrage à vanter les
mérites d'un outil de son invention, la bêche de dix-huit
pouces : quoiqu'elle ait un demi-pied de
plus en longueur que la bêche ordinaire d'un pied, cependant
elle n'est guère plus pesante, et est aussi maniable, parce
que si elle est plus longue, on lui donne moins de largeur...
(18)
On doit, après de multiples expériences, considérer
cet outil comme l'instrument le plus parfait
et la base de la meilleure agriculture (19). M. de Poncins
ne craint pas d'affirmer que la bêche
de dix-huit pouces est plus économique et plus fertilisante
qu'aucune charrue connue (20). Un seul inconvénient
: comment la faire fabriquer ? Le premier artisan a qui le marquis
commande sa bêche-miracle se trouve fort effrayé et
construit un outil si lourd qu'il est inutilisable. Il
fallut donc changer quatre fois de maréchal, jusqu'à
ce qu'enfin le nommé Relave, dit Petit-Jullien, de la ville
de Feurs, ancien soldat d'infanterie, rencontra le point de perfection
de l'outil... La bêche longue de Petit-Jullien
réunit, pour la modique somme de trois livres, la force,
la légèreté et la solidité. Il est juste,
écrit Montagne de Poncins, pour
l'encouragement des arts et des artistes, de faire connaître
son nom (21). C'est chose faite.
L'exportation des terres
Dans le chapitre intitulé De la
création et transformation des sols par exportation des terres
M. de Poncins décrit l'expérience qu'il a tenté
à Magnieu-Hauterive. Par de multiples charrois, il fait recouvrir
une varenne légère d'un pied de terre pris dans un
chambon. C'est concluant mais coûteux en main- d'uvre.
Jean-Hector envisage des moyens plus expéditifs, le transport
de la terre par bateau ou l'artillerie :
Aucune exportation de terre ne seroit plus
rapide que de lancer à coup de canon des globes de terre
pétris en forme de boulets et comprimés dans le canon,
si toutefois on pouvoit rendre la poudre moins chère
(22).
Hélas, il y a toujours des si !
L'utilisation de la troupe
Pour ces grands travaux, il conviendrait d'utiliser la troupe. Les
paysans seraient enrégimentés dans des corps de
soldats et d'orphelins et prendraient
ainsi l'esprit militaire. Autre
avantage, les soldats entretenus et endurcis
à la fatigue par ces travaux pendant la paix, ne seroient
point amollis par les délices de Capoue ou de la garnison,
et n'en seroient que plus en haleine pour entrer en campagne, et
plus infatigables à la guerre...
M. de Poncins donne l'exemple du comte de Thélis qui, vers
1778, a fait construire par un corps de soldats, de
pionniers et d'orphelins la route de Montbrison à
Feurs, en trois mois et à beaucoup
meilleur marché que par corvée (24).
Quelques idées saugrenues
Diététique
: l'austérité
M. de Poncins s'intéresse aussi à la médecine.
Il a son idée sur la diététique. Rien ne vaut
un régime spartiate : La sobriété
est le secret d'agrandir la sphère de notre vie, en conservant
l'esprit et le corps sain jusqu'à la fin : un des principaux
moyens d'y parvenir, est de peser et mesurer la somme des aliments
qui convient à chaque individu... (25) Il s'appuie
sur les écrits d'un noble vénitien, Louis Cornaro,
qui, quoique d'une complexion délicate,
ayant été très infirme, même en danger
de mort jusqu'à quarante ans, parvint à rétablir
sa santé, et à vivre jusqu'à cent ans...
La méthode est simple : manger de moins en moins. Le Vénitien
ne prenait pour nourriture que douze onces
(26) de solide, et seize onces de fluide
par jour : à mesure qu'il avançoit en âge, il
diminuait par degré cette somme d'aliments, au point qu'il
en vint à ne manger qu'un jaune d'uf, et même
la dernière année la moitié d'un jaune d'uf
par jour (27). En appliquant ce sage principe un homme
faible et délicat peut
vivre cent ans et un homme fortement constitué, cent vingt
ans (28).
Maux de dent : prendre le mal à
sa racine
Pour soigner les maux de dents M. de Poncins a une méthode
qui fait frémir. Plutôt que d'arracher la dent, ce
qui est lucratif mais expéditif, on
peut toujours couper avec la lime les racines mêmes de la
dent ; pour cela, il n'est question que de déchausser sa
racine avec une lancette par une scarification faite à la
gencive, tout autour de la racine...comme la gencive est une partie
peu sensible, il est facile par ce moyen de couper la dent dans
sa racine sans procurer que très-peu de douleurs et d'inquiétude
(29). On voudrait le croire !
Quelques inventions utiles
pour la guerre :
des tranchées aux soldats
de carton
Pour finir, le marquis de Poncins, militaire avant tout, veut bien
nous divulguer quelques inventions utiles
pour la guerre. C'est l'occasion : comme
la guerre paroit ouverte avec les Anglois, j'ai pensé qu'il
n'y avoit pas un moment à perdre, et qu'il étoit de
mon devoir de déposer au pied du trône des secrets
capables d'augmenter la gloire de ses armes... (30) écrit-il
dans sa préface.
Il propose de creuser des fosses souterraines de sept à huit
pieds de profondeur, pour y cacher des détachements, des
régiments, et même des divisions entières d'infanterie
: ces fosses ne devront avoir que la largeur
nécessaire pour la tenir en bataille, sur trois de hauteur,
en leur ménageant néanmoins l'espace nécessaire
pour s'asseoir et se coucher (31) afin qu'on puisse y
séjourner assez longtemps. Bien avant le "Chemin des
Dames" et Verdun, l'officier des gardes-françaises vient
d'inventer les tranchées !
Il a également conçu une sorte de pont de cordes très
léger et très portatif permettant de passer
sans peine et vivement une grande rivière ou un fleuve.
Enfin, il nous confie un dernier secret :
Une autre [invention] qui
peut devenir très intéressante, quand les armées
sont éloignées, sur-tout dans les postes fixes, dans
les places de guerre, et sur les vaisseaux en mer, ce sont des tapisseries
de pantins militaires, pour tromper l'ennemi...
Pour cela il faut seulement une grande
quantité de soldats de différents uniformes, découpés
et peints sur carton, comme étoient autrefois les pantins,
avec cette différence que ceux-ci doivent être de toute
hauteur et de la même taille que les soldats vivants ; ces
troupes postiches seront rangées en bataille, et fixées
sur trois rangs parallèles de longs fils d'archal , ou même
de cordes, qui seront tenues aux deux extrémités par
deux soldats, ayant le même uniforme que ceux de la tapisserie
; ces deux soldats, de cette manière, feront mouvoir fort
à l'aise une compagnie d'infanterie en peinture...
(33)
M. de Poncins ne dit pas ce qu'il faut faire en cas de pluie mais
illustre son propos avec un beau dessin (ci-contre).
Longue bêche,
transport des terres, tentes militaires pour abriter les moutons,
tranchées, soldats de papier... Jean-Hector de Montagne a
vraiment beaucoup d'imagination.
Son Grand uvre de l'agriculture
donne de lui l'image d'un solide seigneur campagnard, autant militaire
qu'agriculteur, un peu rustique, parfois naïf mais à
l'esprit curieux et inventif. Il témoigne surtout de l'intérêt
que toute une classe sociale porte alors à l'agriculture.
Joseph Barou
Village de Forez,
n° 16, octobre 1983

Emmanuel de Montaigne de Poncins


Labourage au moyen de la vapeur
(gravure tirée de l'Album de la Science, Jouvet
et Cie, Paris, 1906)

Maurice de Montaigne de Poncins
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