
Le
chef-d'oeuvre d'Onésime-Aristide Croisy
Quel beau nid !
Tous
les Montbrisonnais l'ont, un jour ou l'autre, aperçue. Mais
combien l'on regardée et admirée ? Pourtant l'oeuvre
en vaut la peine.
Il s'agit "du nid", une sculpture qui orne le hall du
musée d'Allard de Montbrison.
En marbre blanc délicatement poli, ce groupe sculpté
est plein de charme et de douceur. Deux petits enfants, le frère
et la soeur, dorment l'un près de l'autre au creux d'un confortable
fauteuil à capitons. Même dans son sommeil la fillette
semble veiller sur le petit frère, un bambin potelé
lové contre l'accoudoir. Tout respire l'innocence et la confiance.
Le meuble cossu évoque le bien-être matériel.
La pose des deux enfants l'amour qui les baigne. Les pieds nus de
la fillette apportent une touche bohème à l'atmosphère
d'un intérieur bourgeois. Rien ne manque aux chérubins.
Ils sont bien dans un nid douillet où ils trouvent sécurité
et tendresse.
L'auteur de cet ouvrage est un sculpteur ardennais assez peu connu.
Onésime-Aristide Croisy est
né à Fagnon, un village
des Ardennes, le 31
mars 1840. Elève de l'Ecole des Beaux- Arts, il obtient
le second prix de Rome en 1863.
Mais il débute vraiment avec le salon de 1867.
Des réalisations martiales
Après la guerre franco-prussienne de 1870,
il reçoit des commandes pour glorifier les héros de
ce malheureux conflit. Il sculpte ainsi le "Monument
à l'armée de la Loire et au général
Chanzy" d'Orléans,
les bas-reliefs de la "statue de Chanzy"
au Mans (en 1885),
la statue du "Mobile" de
Sainte-Anne-d'Auray...
Des oeuvres martiales, expressives et pleines de vigueur. Il excelle
dans le travail du bronze, le métal du canon ! Il sculpte
aussi le général Boulanger,
le chevalier Bayard, et la statue de
Méhul pour Givet,
la ville natale de l'auteur du "Chant
du départ..." Bref beaucoup d'épées,
de sabres et de fusils.
Croisy n'a pas, heureusement, réalisé que des figures
guerrières. Il travaille en 1877 à la restauration
de la chapelle du palais de Versailles. Il réalise aussi
des statues allégoriques pour les monuments parisiens telle
"l'Architecture" pour
la Bourse de Paris.
Le chef-d'oeuvre de Croisy
En 1882, il sculpte "le nid".
Et exprime alors une autre facette de son talent : délicatesse
et sensibilité. "Le nid"
obtient la 2e médaille au Salon de
1882.
Appartenant aux oeuvres des collections nationales, il séjourne
d'abord au musée du Luxembourg.
A partir de 1901, il est placé en dépôt à
Montbrison. C'est aujourd'hui, avec
raison, l'une des oeuvres les plus connues de Croisy.
D'abord logé dans la gloriette du jardin
d'Allard, vers la piste routière, Le nid passe ensuite
quelque temps dans le hall de l'hôpital de
Beauregard avant de trouver une place - peut-être définitive
? - dans la maison de M. d'Allard.
Il y est bien logé.
Joseph Barou