Célestin
Masson
raconte (en patois de Roche) des anecdotes autour du conseil
de révision et de la célébration de la
"classe". Il s'adresse particulièrement à
Jean Chambon qui vient de dire comment la classe se déroulait
à Saint-Bonnet-le-Courreau
[voir Les
conscrits de Saint-Bonnet
].
Il évoque le passage du "croûton" entre
anciens et nouveaux conscrits, un rite symbolique, avec du pain
et du vin... qui rappelle la communion.
Alors,
nous aussi, à Roche, alors le matin, la veille du conseil
de révision, il y avait une messe, une messe pour les
conscrits. On allait tous à la messe. Puis le curé
payait un petit rhum pour leur remonter le moral.
Alors le maire - en ce moment c'était Catchine(1) - il
disait comme ça : Il ne faut pas avoir peur. Tant
pis s'ils vous mettent tout nus. Les autres sont pareils. On
est tous fait pareils.
En
ce moment, moi, Jean l'..., nous étions huit [conscrits],
nous étions assez nombreux. Il y avait l'ami Jean
Solleyzel, Griot, quoi... Et naturellement pour regarder
le... Il ne voulait pas du tout se faire voir. Et quand
il a eu quitté toutes
ces vestes, il se tenait les mains au milieu... Que faire ?
Bon guigne ! Avec Jean l'Alimpe (1), nous l'avons pris chacun
par un bras et vous voici partis... comme ça. "Sacrés
polissons !..."
Et
après, nous aussi, comme vous [à
Saint-Bonnet],
avec notre quête, avec ce que nous avions versé
pendant un an, on payait le dîner au maire, au garde
[champêtre].
Et parfois il y avait des parents qui venaient assister au banquet
mais si le père [du
conscrit] venait
il payait, il payait son ...
[en
français]
Eh
bien c'était la tradition. Nous, je crois que le budget
municipal versait 50 F pour les conscrits. C'était inscrit
au budget. il y avait une petite ristourne qui... 50 F
c'était quand même énorme.
Vous [à
Saint-Bonnet] vous
donniez le bouquet aux conscrites. Nous on appelait ça
le croûton. Et bien c'était une petite miche de
pain. Alors ça se passait sur la place publique. La classe
descendante, ceux qui avaient fini, qui avaient passé
le conseil de révision. Mettons la 28 [classe
1928] donnait
le croûton à la 29 [classe
1929]. Et alors, il fallait tous, conscrits, conscrites...
Et je crois que c'était arrosé d'un petit
canon de vin blanc, mais [pour] chacun il fallait mordre
une bouchée de pain, un morceau de miche, voilà...
Et ça se terminait toujours par... La nouvelle classe
rentrante portait son drapeau. Les autres cachaient le leur.
C'était fini pour cette classe.
(1) Surnom d'une famille de Roche.