Patois vivant



Patois de Chalmazel



Xavier Marcoux
(1911-1992)

 


Florentine

poème lu par l'auteur

au cours d'une veillée du groupe Patois Vivant
au Centre social de Montbrison en 1978

pour écouter cliquer ci-dessous

(1 min 57 s)

Où il est, Florentine
Le temps de dans le temps ?
Le temps de la baratte,
Le temps du char à bancs,
Le temps de la maie, des paillats (1), du four à pain,
Le temps du rouet,
De la faux, du volant (2).

Nous avions le temps de tout faire
Tout tranquillement
[bellement] :
De se fréquenter,
De se marier,
De bien s'aimer
Et de faire beaucoup d'enfants.

Tu avais le temps
De faire le feu, la soupe,
Garder le bétail,
Chercher de l'eau,
De temps en temps faire la lessive.
Et avec ça tu avais le temps de bavarder.

On avait le temps d'atteler, de dételer.
Entre temps, il y avait le long temps d'une "liée" (3)
Et par-devant
La latte dans la main
Le petit valet (4) tout content
"Tirait par-devant" (5
).

Tu avais le temps de traire
Les vaches, les chèvres,
Faire le beurre, la fourme
Et le temps de donner
[le sein] au p'tit
Et d'attendre qu'il ait de l'appétit.

J'avais le temps de semer,
Faire les fenaisons,
Aiguiser le volant, faire les moissons
Ecouter les cailles
[des blés]
Et avec un brin
[une chandelle] de lune
Regarder les étoiles qui s'amusent.

Où il est, où il est Florentine,
Le temps passé
A la veillée, au coin du feu ?
Où il est, ma Titine,
Le temps de derrière les broussailles,
Passé à garder, tous les deux, les moutons ?

 

(1) Corbeilles rondes, en paille, pour tenir le pain.
(2) Grande faucille pour moissonner.
(3) Liée ou déliée : durée d'un labourage (Louis-Pierre Gras indique : délia : deux ou quatre heures de travail dans son Dictionnaire du patois forézien, 1865).
(4) En patois le baro.
(5) Tirer par-devant : conduire les bœufs en se plaçant devant l'attelage.

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