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En ligne :

Madone du Pic de la Roue
(Marguerite Fournier)

Concernant le sculpteur


Régis Poyet

voir l'article de Monique-Damon Bonnefond,

La Dépêche- le Progrès
du 20 mars 1978

Les statues de plein
vent de Régis Poyet

pour écouter
Régis Poyet
qui parle
en patois de son métier

pour écouter cliquer ci-dessous

(4 min)

Traduction

Mon père travaillait la pierre,
et moi j'allais aussi pour l'aider
et apprendre en même temps.
Mais comme il faisait froid en hiver
à 900 mètres d'altitude,
je me suis plaint à ma mère
que j'avais trop froid.
Et ils ont décidé de me faire apprendre
à fabriquer des sabots,
les trois mois d'hiver.

Mais c'était surtout la pierre
qui me plaisait.
J'aimais la travailler.
Je ne me contentais pas
de la faire "marcher"
mais de la faire "parler"

Pour faire cette Vierge,
il faut commencer
par le nez, les yeux.
Mais il faut trouver une pierre
qui convienne.
Alors je suis allé voir
dans les carrières,
je n'ai pas trouvé.
Et puis je me suis rappelé
qu'il y en avait une à Bard.

La pierre de la Vierge d'Essertines
pèse 750 kg, finie, taillée,
Elle est toute en granit.
C'est un ancien linteau
de porte de grange.
Elle a 2,40 m au-dessus du socle,
et le petit bénitier qu'il y a,
je l'ai trouvé
dans une carrière de pierre noire.

J'ai 74 ans, j'ai commencé en 1921
à travailler la pierre.
J'ai fait la Vierge d'Essertines,
celle de Valensanges.
J'en ai fait une pour Verrières,
sous la cure.
J'ai fait l'autel de Chazelles,
le bénitier.
J'ai fait des croix, une dizaine.
La dernière, j'y ai travaillé plus d'un an,
mais maintenant
je n'en peux plus,
je suis au bout,
il me faut une canne
pour marcher.

(Propos de Régis Poyet
interrogé par Marie Chèze-Fay
en 1979)
Patois Vivant, n° 14, juin 1984

21 octobre 2007
au matin

Clichés : J. Barou

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 


 

La Madone

du Pic de la Roue

commune d'Essertines-en-Châtelneuf

paroisse

de Sainte-Thérèse-des-Montagnes-du-Soir

une des dernières statues de la Vierge

érigée en Forez

statue monolithique,

taillée dans un bloc de granit

érigée en mai 1966

auteurs :

Père Mazenod, curé d'Essertines,
Régis Poyet, maçon, Chazelles-sur-Lavieu.

 


dessin d'Andrée Liaud-Barou,
Patois Vivant, n° 14, juin 1984


Bénédiction le jour de Pentecôte 1966

Compte rendu de

Marguerite Fournier-Néel :

Œuvre communautaire et œuvre d'art

La Madone du Pic de la Roue

a été bénite dimanche

[Pentecôte 1966]

Montbrison - Au soir d'une lumineuse journée de Pentecôte, toute dorée de soleil et de genêts en fleur, les habitants d'Essertines-en-Châtelneuf et de toute la montagne avoisinante, ont assisté à une bien belle cérémonie : la bénédiction de la statue de la Vierge, érigée au Pic de la Roue, grâce à une mise en commun d'efforts, de moyens et de bonnes volontés.

Ce n'est pas une Madone quelconque comme on en trouve en série, mais une œuvre originale, unique, due à l'inspiration de l'artiste qui en réalisa la maquette (M. l'abbé Mazenod, curé de la paroisse) et taillée dans la pierre par un simple artisan maçon (M. Régis Poyet, de Chazelles-sur-Lavieu). Très élancée, cette Vierge, haute de 3,70 mètres, serre contre elle son enfant, tout en le présentant au monde. Son style est à la fois moderne et primitif. Sa matière ?… Un bloc de granit, qui fut autrefois linteau de porte de grange… une pierre dure, sans une faille, à l'image du pays.

Une autre pierre de la montagne (une roche volcanique trouvée sur place) orne le piédestal, formant une sorte de curieux bénitier.

Le soleil qui frappe la statue de dos rend la photo difficile : elle ne peut donner qu'une idée imparfaite de sa réelle beauté. Mais ce n'est pas seulement de beauté artistique qu'il s'agit… La Vierge du Pic de la Roue a une valeur de symbole, ainsi que tiendra à le souligner le Père Mazenod, en rappelant l'historique de sa création :

"Une dame de 80 ans, Mme Delacellery, voulant faire un cadeau durable à sa paroisse, proposa le financement d'une statue. Une autre dame âgée, Mme Chavanay, offrit le terrain. La municipalité accomplit les démarches nécessaires pour qu'il soit classé terrain public".

Le maire de la commune de Bard, offrit un imposant bloc de granit, pesant plus de deux tonnes dont le transport fut effectué par les agriculteurs d'Essertines. Puis ce fut au tour des artistes de tirer le chef-d'œuvre de la pierre ; travail difficile en raison de la forme du bloc et de la dureté du grain. S'aidant mutuellement de la pensée et du ciseau, le Père Mazenod et le "Père" Poyet firent merveille.

Aujourd'hui, la Vierge est là (et pour longtemps, car le granit du Forez défie les siècles !). Son inauguration a un caractère plus champêtre que religieux ; c'est comme une fête familiale rassemblant les enfants autour de leur mère. M. le curé d'Essertines est entouré de prêtres amis : M. l'abbé Bruyat, archiprêtre de Saint-Jean-Soleymieux, M. l'abbé Faucoup, curé de Verrières, M. l'abbé Palmier, curé de Gumières, M. l'abbé Ducros, curé de Moingt, M. l'abbé Pacote de Boisset-Saint-Priest.

Après l'allocution du Père Mazenod, une détente est consacrée aux chants, entraînés par le chœur des jeunes filles d'Essertines : l'assistance applaudit aussi M. Charles Barthélemy qui s'accompagne à la guitare. Le sculpteur, M. Régis Poyet est interviewé au micro, à la grande joie du public.

Le temps s'écoule gaiement sur ce pic de la Roue à 800 m d'altitude, d'où l'on découvre, par-delà les collines verdoyantes, l'immense plaine, bleue comme la mer, sillonnée des voiles blanches qui sont les maisons tout au loin…

Le Père Palmier félicite les réalisateurs de la statue et le Père Faucoup en dégage le sens profond en parlant des vertus de la Vierge Marie.
La cérémonie se terminait par la bénédiction de la Madone donnée par M. l'Archiprêtre et par un dernier cantique.

Réussite artistique, la Vierge d'Essertines-en-Châtelneuf demeurera sur son pic, face à un panorama splendide, comme la plus belle réussite de l'amitié entre habitants d'une commune et de communes voisines.

Marguerite Fournier

[La Dépêche du 31 mai 1966]


(photo de Marguerite Fournier, archives de la Diana)

 

Régis Poyet

[Marguerite Fournier-Néel, La Dépêche du 3 juin 1966]

voir aussi

les pages spéciales :


Essertines :
Maurice Brunel

 


Madone du pic
de Champdieu

 

conception : David Barou
textes et documentation : Joseph Barou
questions, remarques ou suggestions s'adresser :