La Saint-Aubrin

Fête patronale de Montbrison d'hier

et d'aujourd'hui

(Notes d'histoire locale)


Parmi les fêtes qui ponctuent l'année, la fête patronale de Montbrison, la Saint-Aubrin est certainement l'une des plus anciennes de la région.

Elle est organisée en l'honneur de l'évêque Aubrin, saint patron de la ville.
Son rayonnement sur la région montbrisonnaise reste important même si ce genre de manifestation a perdu de son importance depuis les années 50.


Ouverture de la fête

Comme toute fête, son programme est caractérisé par le bruit, la lumière, le mouvement et l'inattendu, autant de symboles de vie à l'opposé du silence, de l'obscurité, de immobilité, de la monotonie, qui sont eux le plus souvent associés à la mort.

L'explosion de boîtes (tards) et des coups de canon tirés de la colline du Calvaire marquent traditionnellement le début de la période de fête. A ces bruits violents et belliqueux succèdent la musique martiale, quand défilent les cliques et les fanfares, ou plus raffinée au cours des bals et des concerts.

La lumière, ce sont les illuminations et surtout le feu d'artifice constamment organisé depuis l'époque la plus lointaine. Les fournisseurs sont les maisons Ruggieri, Berthier ou Fabre de Monteux, Bérastégui d'Angoulème. Bruit, mouvement et lumière sont alors associés :

- Réveil en fanfare. Le dimanche, aux aurores, tambours et clairons circulent dans la ville pavoisée.

- Retraite aux flambeaux avec participation des pompiers et de groupes musicaux locaux qui alternent (P'tits fifres montbrisonnais et Amicale laïque…)

Primitivement une messe solennelle était dite dans la collégiale Notre-Dame mais assez vite elle disparaît du programme officiel.,


De la cavalcade au corso

Calvacade ou corso constituent le summum de la fête.

Le programme de 1890 annonce une Grande cavalcade de bienfaisance. Des groupes de cavaliers alternent avec des chars. Il y a concours et des primes sont attribuées aux plus belles réalisations ; les professions sont largement associées à la manifestation.

En 1926, le palmarès des chars s'établit ainsi :

- Char des pompiers ( prime de 215 F) ;
- Char des jardiniers (215 F), les horticulteurs forment une importante corporation à Montbrison :
- Char de M. Chatain, mécanicien "dont l'auto est habilement camouflée en avion" (100 F) ;
- Char de Paul Dupayrat (50 F) ; il s'agit d'un commerçant qui tient un grand bazar ;
- Char de M. Bardel, garagiste ;
- Char des boulangers ;
- Char de M. Grange, "mèches et tenailles" ; M. Grange est un petit industriel établi au Pré-la-Croix ;
- Char de la Diane montbrisonnaise (une société de tir) ;
Cette année-là figurent aussi le char de M.Perroton, teinturier,celui de M. Bourgier, garagiste, et celui de la corporation des couturières…

En 1928, Mlle Alice Barrieux est élue reine des fêtes, Mlles Morel et Volle, demoiselles d'honneur…

Le corso comprend notamment le char des boulangers, des horticulteurs, des cousettes, des dactylos, des libellules, du Concert-jazz, des belles-mères... et un défilé de voitures où se remarque la calèche fleurie de M. Prioux. "Toutes ces autos faisaient ressortir la grâce peu banale d'un charmant petit âne qui, de son allure paisible, menait deux superbes bébés sous une tonnelle fleurie de glycine…"

La reine des fêtes (on ne dit pas encore Miss) est couronnée par le maire…

En 1933 a lieu un gymkana motocycliste, en 1939, un défilé cycliste et humoristique

Epreuves sportives :

Elles sont de plus en plus présentes du début du siècle à Seconde Guerre mondiale : courses à pied, athlétisme, gymnastique, vélo, boules... Elles prennent progressivement la place des vieux jeux traditionnels notamment des courses très variées...
Les concours de tir ont une place à part. Ils sont organisés par les pompiers de la ville. La compagnie est d'ailleurs très active au cours des festivités. Les sapeurs participent à la retraite aux flambeaux, font un char s'il y a une cavalcade ou un corso. En 1905, ils organisent même une attraction spectaculaire qui leur sert de thème de manœuvres : simulacre d'incendie avec embrasement et extinction d'un quartier

Concerts et bals

Les concerts, très appréciés, sont donnés par les deux sociétés musicales locales (et concurrentes) : l'Harmonie et la Philharmonique. Plus tard elles s'unissent pour former la Lyre montbrisonnaise. Parfois il y a participation de la musique militaire de la garnison (le 38e R.I. en 1936).

Il y a toujours un grand bal champêtre ( c'est-à-dire organisé sur la place de l'Hôtel-de-Ville) à la lumière des lampions.

Les fêtes à thème :

De temps à autre, la fête patronale est organisée avec un thème dominant :

- Le sport : grandes courses vélocipédiques en 1898, en 1905, grande fête sportive...

- Les ballons et les avions : en 1895 grande fête d'aérostatique ; en 1936 départ de ballons pilotes multicolores et sujets grotesques, lâcher d'un parachute à surprise...

- La musique : en 1903, 27 sociétés musicales participent à la fête ; pour le "retour" de 1929 a lieu une fête fédérale musicale.

- Les boules : concours en 1928 ; concours régional de boules pour le "retour" de 1931

- Grand concours hippique en 1901.

Manifestations exceptionnelles :

- La mutualité : 1932, 20e congrès mutualiste de la Loire.

- Les pompiers : en 1927, le 31 juillet la Saint-Aubrin est l'occasion de réunir à Montbrison le 15e congrès des sapeurs-pompiers de la Loire (avec concours de pompes à incendie, concours de sauvetage…). Participation de nombreux corps.

- Les inaugurations :

Le 26 juillet 1931, inauguration par M. Gaston Girard, sous-secrétaire d'Etat au ministères des Travaux publics et du Tourisme de la piste automobile de Pierre-sur-Haute (1640 m) sous les auspices du Syndicat d'initiative de Montbrison.

Le même jour, par le même dignitaire de la République, à 16 h 30, inauguration de la nouvelle adduction de l'eau minérale square des Cordeliers (place Eugène-Baune) .

Les jeux traditionnels :

Ils sont traditionnellement organisés par la jeunesse pour le "retour" de la fête (le lundi). Ce sont , sans doute, les manifestations les plus anciennes de la Saint-Aubrin. Elles perdent beaucoup d'importance après la Seconde Guerre mondiale et disparaissent tout à fait dans les années 50.

La fête foraine :

Les attractions foraines sont toujours présentes :
En 1904, figurent les chevaux de bois (animés par un vrai cheval), les gondoles russes et le calke-wack (ou cake-walk), sorte de balançoire...
En 1937, la fête foraine comporte des manèges, des autodromes, des baraques de tir et de loterie.

Organisateurs et participants :

Ce sont suivant les époques : la municipalité, le comité de fêtes, un groupement permanent commercial des fêtes ( en 1935). La compagnie des sapeurs-pompiers, les sociétés musicales et sportives de la ville participent activement...

Aspects culturels :

Le musée d'Allard et la salle de la Diana sont ouverts au public.


Aspects sociaux :

Traditionnellement les festivités sont l'occasion d'une action en faveur des défavorisés :

- Organisation d'une tombola,

- En 1928 pendant le défilé du corso, vente de la chanson "Concerto-marche" au profit du bureau de bienfaisance

Les évolutions de 1850 à nos jours :

On note assez tôt (avant 1900) la disparition de la messe. De même ont disparu les actions de bienfaisance liées aux festivités.

Tout au long des décennies la fête patronale est sensible aux modes et assimile les nouveautés. Les nouveaux sports font leur apparition. Le progrès y est célébré avec présentation d'aérostats, vélocipèdes, premières automobiles, motocyclettes... et évocation de la fée électricité (le feu d'artifice de 1924 de la maison Ruggieri présente une féérie électrique).

En revanche les jeux traditionnels et populaires perdent de leur importance... Ils ont complètement disparu aujourd'hui.

La fête foraine, très commerciale, avec ses manèges variés, est devenue l'élément essentiel de la Saint-Aubrin qui a perdu une part de son ancien éclat et de son rayonnement régional malgré les efforts des édiles.

La Saint-Aubrin de 2005

Typologie des jeux traditionnels pratiqués à Montbrison


Jeux d'adresse :


Mât de cocagne (lutte aérienne) en 1871-1921-1923-1924-1926-1931-1932-1933-1934
Mât horizontal (exercice d'équilibre sur le "lac" du jardin d'Allard), 1871-1939
Jeu du tourniquet 1899
Jeu des pots cassés 1924-1926-1932-1933-1934-1935-1936-1937-1939
Jeu des ficelles 1935
Jeu des bougies 1929
Jeu de la pomme 1937
Jeu de la boucle 1928
Jeu des tartines 1928
Jeu de l'œuf et de la bascule 1929
Jeu des échelles et du ballonnet 1929
Joutes montbrisonnaises 1906
Joutes terrestres 1909
Jeux de dragées et de quintaine 1852

La brouette excentrique 1909
Football aux quilles 1929
Tir à l'oiseau 1852

Jeux avec l'eau :

Jeu du baquet renversé 1852-1898-1927
Courses hydrauliques 1909 1911
Douches montbrisonnaises 1899
Le doucheur enragé 1905
Grande pêche miraculeuse 1911
Pêche aux pommes de terre 1929
Jeux nautiques 1939

La rapidité et le burlesque :

Course à pied 1851
Grande course d'ânes, 1871
Course d'ânes attelés (le tour des boulevards), 1893-1898-1899-1911-1937
Course de quadrupèdes montés (on ne précise pas lesquels)1904
Course en sac 1851-1896-1897-1902-1904-1908-1919-1923-1924-1935-1936-1937
Course internationale de porteurs (75 kg, tour des boulevards), 1893
Course de lenteur à bicyclette 1904 1905
Championnat de cerceaux (enfants de 6 à 12 ans) 1905
Course aux tonneaux 1908-1926-1936
Course aux baquets 1937
Course aux barrières 1928
Course aux oranges 1928
Course à la valise 1923-1935
Course aux œufs 1935-1936-1937
Course à la bougie 1936 1937
Course aux canards 1939
Course des mille-pattes 1927
Jeu des grenouilles 1898-1923-1935

Le burlesque et l'inattendu

Jeu des aveugles 1871-1893-1896-1897-1899-1904
Repas des aveugles 1896-1899-1935-1936

Grand concours de grimaces 1902
Exhibition des Monstres, 1871

(Texte, documentation et clichés : Joseph Barou)


Le mât de cocagne, l'un des jeux
les plus populaires


Jeu du baquet renversé,
une variante du jeu des biches

Jeu du tourniquet

Les manèges
des chevaux de bois




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Documents

Articles, affiches et programmes des fêtes
de la Saint-Aubrin d'autrefois

1834

En 1834, la fête patronale est marquée à Montbrison par des célébrations religieuses (office et procession), mais les festivités civiles se résument à peu de chose si l'on en croit le laconique communiqué du journal local : une parade de la garde nationale et un concours de tir.

Le bal populaire et les jeux traditionnels qui l'accompagnaient habituellement n'ont pas été organisés depuis longtemps, peut-être depuis la période révolutionnaire.

(extrait du Journal de Montbrison du 12 juillet 1834)

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1851

En 1851, les Montbrisonnais reprennent une vieille tradition qui semblait perdue avec les encouragements de Michel Bernard, rédacteur du Journal de Montbrison.

(extrait du Journal de Montbrison du 10 juillet 1851)

Un programme de réjouissances populaires est établi :

(extrait du Journal de Montbrison du 13 juillet 1851)

(extrait du Journal de Montbrison du 17 juillet 1851)

Il s'agit d'un nouveau départ pour la fête patronale. Cette initiative est vivement encouragée par Michel Bernard, le rédacteur du Journal de Montbrison :

(extrait du Journal de Montbrison du 24 juillet 1851)

1852

En 1852, le programme s'étoffe avec de nouveaux jeux.

(extrait du Journal de Montbrison du 11 juillet 1852)

Mais la pluie perturbe un peu les réjouissances populaires. Mais tout le monde semble content !

(extrait du Journal de Montbrison du 22 juillet 1852)

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1871

Affiche pour la Saint-Aubrin

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Document 1

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1883

En marge de la Saint-Aubrin, une fête de quartier,
celui de la Madeleine


Journal de Montbrison
, juillet 1883


Sainte Marie-Madeleine est fêtée le 22 juillet par l'Eglise
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1890

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1894


Affiche pour la Saint-Aubrin de 1894

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Document 2

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1898

Affiche pour la Saint-Aubrin de 1898

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Document 3

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1899

Affiche pour la Saint-Aubrin de 1899

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Document 4

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1902


Affiche pour la Saint-Aubrin de 1902

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Document 5

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1905


Affiche pour la Saint-Aubrin de 1905

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Document 6

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Un siècle plus tard... en 2005



Affiche pour la Saint-Aubrin de 2005

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Document 7

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1906



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1908

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1912

Fête de la Route Nouvelle


En marge de la fête patronale, une fête de quartier,
"la fête de la Route Nouvelle"
(Journal de Montbrison, juillet 1912)

Il s'agit d'une initiative privée à but essentiellement commercial.
Les organisateurs sont les deux cafetiers du hameau de Chez le Gras :
Joanny Junet (né en 1871 à Saint-Georges-de-Baroille)
et Antoine Solle (né en 1883 à Essertines-en-Châtelneuf).

1919

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1924

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La fête à Curtieux

1927



Fête à Curtieux (le hameau est qualifié de "commune")

(affiche d'août 1927, imprimerie du Journal de Montbrison, archives de la Diana)

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En juillet 1936

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1947

 

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Fête de quartier à Pierre-à-Chaux

1956

Fête dans le quartier de Pierre-à-Chaux

(photo de presse du 6 mai 1956, cliché de Marguerite Fournier, archives de la Diana)

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Eté 1959



27 juillet 1959
(cliché Marguerite Fournier, archives de la Diana)

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Eté 1961



30
juillet 1961
(cliché Marguerite Fournier, archives de la Diana)

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La Saint-Aubrin

de l'été 1965


 

Montbrison, juillet 2011


(cliché J. Barou, 14 juillet 2011)

tranquilles peluches



(cliché J. Barou, 14 juillet 2011)

chenille endiablée


(cliché J. Barou, 14 juillet 2011)


jeux sur l'eau sans se mouiller

 


(cliché J. Barou, 14 juillet 2011)


Le palais des glaces

 


(cliché J. Barou, 14 juillet 2011)

et celui de l'horreur...

 


(cliché J. Barou, 14 juillet 2011)

"Tropic Dance", le manège géant...

Montbrison, juillet 2012


(cliché J. Barou)

"Le palais du rire"


(cliché J. Barou)

XTREM :
le grand balancement


(cliché J. Barou)

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Textes en ligne

Chroniques :

Fête du 14 juillet 1884 à Montbrison
(format pdf, 1 p.)
La fête patronale de Saint-Aubrin en 1895
(format pdf, 1 p.)

En ville :

Marguerite Fournier raconte :

Les belles traditions perdues : le coton de saint Aubrin (format pdf, 2 p.)
Fêtes et spectacles à Montbrison au début du 20e siècle
(format pdf, 2 p.)


Joseph Barou

La Saint-Aubrin, fête patronale de Montbrison (notes d'histoire)

Fête au village :

par deux conteurs :

Jean Chambon

A la Saint-Barthélemy de Saint-Bonnet-le-Courreau
(format pdf, 2 p.)
La fête à Saint-Bonnet
(page sonorisée, 7 min 30 s)

Thérèse Guillot

La Saint-Barthélemy
(format pdf, 2 p.)
La fête à Saint-Bonnet-le-Courreau (page sonorisée, 4 min 30 s)

 

                          

Conception : David Barou
gestion du site : Joseph Barou
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                                                                                     Mis à jour le 13 octobre 2015