Lé
sézou
D'obôr
bitin nou d'ocôr chu ce qu'olin dyere. Le mou potué
: sézu o dou sens. Kan nan dye : setin tou dou de lo
mémo sézu, vo dyere : oyin le mém'yadzu.
Lo sézu é t'in n'an. Kan n'an dye : ôro
y o plu de sézou, vo dyere que le tin é dérandso,
fai tso in n'uvar, frë in n'étyi. Lo sézu
é lé quatre portyë de l'an. Etye dyin kle
z'ortyeclu, lo sézu soro ékin : lé quatre
sézou de lo sézu, che vouyé
Lo prumëre qu'orive é le prïntin. Mé
t'évi que dyin le tin oyan de dzantyi prïntin.
Le z'uvar èron lon, ma kan lé glace oyon fondyu
le prïntin ère vitu étye. Y oye de z'uzio,
le z'éyonde orivèvon, le z'abru couminsèvon
de fouilla, l'arbo poussève, y oye de flur de tou
lou la. Ôro nan dyerye qu'oyin plu de prïntin
: fai frë ou brouyasse djuko lo Sin Dzouan.
Ô prïntin olèvan poua, menèvan
le foumouré po lé tare, bessèvan le
dzordye, fojan lo recôrdo obourivo : lè trufe
le centièmou dzour de l'an. Lé fene fojon
lo buya. Ne z'otru, lu petyi, coupèvan de z'ologné
po faire lou fiôlè. Chu lo couëche lou
topèvan dechu ô le mantsu dô coutê
in tsantan : "Savo, savo mon fiolè"...
L'étyi orivève, lo bèlo sézu,
coumo dyon le mondu. Ma po ne z'otru ère lo sézu
lo plu pegneblo. Le trovè tombève tut'o lo
vë. Fouille la trovoilla lo vigne, somena lo cheva,
faire lé trufe. O lo Sin-Dzouan lé fenérozou
èron etye. Tyun trovè ! Fouye tu faire o bra
; zö dyerë. Lè fene orétèvon
pa : mouze lé vatse, pinsa lo gna de coyou, bita
coua, latsa le bètya, faire lou repa, trovailla le
fe... mè que d'uno. Le z'ouomou seyèvon, rintrèvon
è détsordzèvon le fe, suvin ô
lé fene. Nan z'ère recreyu lou së. Intye,
kan le tin ocourdève, lo veya olève ; ma de
sézou que yo, pluye tu le tin. Fouye coure po kö
garyu de fe. Ere coumo que le robe.
Tsa
couo léssèvan lé fenérozou :
lou blo évouérèvon. Fouye truva de
monôre po mëre, ya è cutsa lé dzarbe.
Intre tin y oye lou fogouo o faire vé lou boué.
Tut' ékin ère churetu le trovè dô
z'ouomou. Lé fene pouyon la omassa le z'ampouèbru
po faire de confityuro ô lou petyi.
L'in doré ère vitu étye. No bèlo
sezu, ovec lé fouoille que dzôgnon. Lou boué
de fo èron ti dzantye ovec lourè coulou dzone,
ruye, mourune ! Olèvan omossa de fouoille po gorgni
lè poyasse de lou petyi : pouyon pissa ô lë
sin domadzu !
Ma y oye de trovè : lé trufe o orantsa, o
omossa, o rintra vé lo cavo ou o incrusa. Zö
fojan ô lo piötche a quatre bê, olève
bian, ma lou rïn nou fojon ma. Fouye ôche cuyi
lou colevér, lé corote, lou tsö, lé
rave, lé rintra è le z'étsavissa. Yoye
lou cutsou o rintra, couminsa d'ékour po somena,
mena le foumouré po tsorula... Sin échebla
lé vindëme è le trovè dô
vïn. Vou contorë tut'ékin...
Lou dzour vegnon cour ovec lé gnôle que montèvon
din ba de l'Ëre, ou le movè tin que devolève
dö tyu purye de Dyumëre. Nan chïntye vitu
que lo bouno sézu ère otsoba.
E pë nan veye ma oriva l'uvar. Etye mê fojé
otinchon. Le mou : uvar vö dyere lo sézu qu'orive
ou l'uvar que tombe è que fai de conzëre kan
chire. Nan pö dyere : "in uvar fai d'uvar .
Dyin lo montagne le movè tin vegne d'uro. Opré
lo Toussin fouye s'otindre o vëre tomba koke bouza
d'uvar. Tsa couo nin foje no bouno coutche que vouye pa
fondre. Ô conzérève, fouye faire lo
tsola, coure l'égo po obiöra le bétya
dedyin. Ere bian le mouman que le z'ouomou ékouyon
vé lo grandge. S'orétèvon dyin le dzour
po faire lo mécla, poussa, pinsa le betya. Tsa vë
pregnon in dzour ou dou po coupa è findre le boué.
Nan z'obondève pa de poussa le z'étèle
ô coufïn dö fuo.
Tsolande orivève, fouye sondsa o tyua, in dzour de
frë de préferanche, lo viando coyorye mi. Lou
petyi, yelou, se piolitèvon, s'écoulantsèvon
in olan o l'écouolo, crognon pa l'uvar gne lo frë,
mémou ch'oyon de z'indzolëre. Yoye dji de tsôfodsu
dyïn lé tsambre : nan se bourève su lé
cubarte avec no briko tsodo dyïn in journal. Tsa couo
dzolève lontin, nan veye po la taro djukö më
d'obri. E be que ?
Pochïntèvan...
Kèron-ti
lon klou z'uvar !
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Les
saisons
D'abord
mettons-nous d'accord sur ce que nous allons dire. Le mot
patois : saison à deux sens. Quand on dit : nous sommes
tous les deux de la même "saison", ça
veut dire on a le même âge. La "saison"
c'est l'année. Quand on dit maintenant il n'y a plus
de saisons, ça veut dire que le temps est dérangé,
il fait chaud en hiver et froid en été. La saison
c'est les quatre parties de l'année. Ici, dans ces
articles la "saison" ce sera ça : les quatre
saisons de la "saison", si vous voulez...
La
première qui arrive c'est le printemps. Il me semble
qu'autrefois nous avions de jolis printemps. Les hivers étaient
longs, mais quand les glaces avaient fondu le printemps était
vite là. Il y avait des oiseaux, les hirondelles arrivaient,
les arbres commençaient à feuiller, l'herbe
poussait, il y avait des fleurs de tous les côtés.
Maintenant on dirait qu'il n'y a plus de printemps, il fait
froid ou il pleuvine jusqu'à la Saint-Jean (24 juin).
Au printemps nous allions tailler la vigne, nous menions
le fumier dans les terres, nous plantions la récolte
précoce : les pommes de terre le centième jour
de l'année. Les femmes faisaient la lessive. Nous autres,
les enfants, nous coupions des noisetiers pour faire des sifflets.
Sur la cuisse nous leur tapions dessus avec le manche du couteau
en chantant : "Monte sève, monte sève de
mon sifflet".
L'été
arrivait, la belle saison, comme disent les gens. Mais pour
nous autres c'était la saison la plus pénible.
Le travail tombait tout à la fois. Il fallait travailler
la vigne, semer l'avoine, planter les pommes de terre. A la
Saint-Jean les fenaisons étaient vite là. Quel
travail ! Il fallait tout faire "à bras",
je le dirai. Les femmes n'arrêtaient pas : traire les
vaches, panser la nichée de cochons, mettre couver,
lâcher le bétail, faire les repas, travailler
le foin, etc. Les hommes fauchaient, rentraient et déchargeaient
le foin, souvent avec les femmes. On était fatigué
le soir. Et encore quand le temps accordait, les choses allaient
bien. Mais certaines années il pleuvait tout le temps.
il fallait courir pour cette espèce de foin. C'était
comme si on le volait...
Parfois
nous laissions les fenaisons : le blé se perdait. Il
fallait trouver de la main d'oeuvre pour moissonner, lier
et "cucher" les gerbes. Entre temps il y avait les
fagots à faire dans les bois. Tout ça était
surtout le travail des hommes. Les femmes pouvaient aller
ramasser les framboises pour faire la confiture avec les enfants.
L'automne était vite là. Une belle saison avec
les feuilles qui jaunissaient. Les bois de fayards étaient-ils
jolis avec leurs couleurs : jaunes, rouges, marron ! Nous
allions ramasser des feuilles pour garnir les paillasses des
enfants. Ils pourraient faire pipi au lit sans dommage !
Mais il y avait du travail : les pommes de terre à
arracher, à ramasser, à rentrer à la
cave ou à mettre en silo. Nous le faisions à
la pioche à quatre becs. Ca allait bien mais les reins
nous faisaient mal. Il fallait aussi cueillir les collets
verts, les betteraves, les choux, les raves, les rentrer et
leur couper les fanes. Il y avait les plongeons (de gerbes)
à rentrer, commencer à battre pour semer, transporter
le fumier pour labourer. sans oublier les vendanges et le
travail du vin. Je vous raconterai tout ça.
Les jours devenaient courts, avec les brumes qui montent d'en
bas, de la Loire, ou le mauvais temps qui descendait du "derrière
pourri" de Gumières. On sentait vite que la bonne
saison était finie.
Et puis on ne voyait qu'arriver l'hiver. Là aussi,
faites attention. Le mot "uvar" veut dire la saison
qui arrive, ou la neige qui tombe et fait des congères
quand "ça sibère". On peut dire :
en hiver il fait de la neige.
Dans la montagne le mauvais temps arrivait tôt. Après
la toussaint il fallait s'attendre à voir tomber quelques
chutes de neige. Parfois il en faisait une bonne couche qui
ne voulait pas fondre. Il y avait des congères, il
fallait faire la trace, courir l'eau pour abreuver le bétail
à l'étable. C'était bien l'époque
où les hommes battaient au fléau à la
grange. Ils s'arrêtaient dans la journée pour
faire le mélange foin-paille, le faire passer (à
l'étable), panser le bétail. Parfois ils prenaient
un jour ou deux pour couper et fendre le bois. On n'arrêtait
pas de pousser les bûches dans l'âtre.
Décembre arrivait, il fallait penser à tuer
(le cochon) un jour froid de préférence, la
viande caillerait mieux. Les enfants, eux, jouaient aux boules
de neige ou faisaient des glissades en allant à l'école.
Ils ne craignaient pas l'hiver ni le froid, même s'ils
avaient des engelures. Il n'y avait pas de chauffage dans
les chambres. On se camouflait sous les couvertures avec une
brique chaude dans un journal. Parfois il gelait longtemps,
on ne voyait pas la terre jusqu'en avril. Et bien quoi ?
On patientait...
Qu'est-ce
qu'ils étaient longs ces hivers !
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