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Le quartier de Charlieu
vue du boulevard
Gambetta (entrée du parking)

 

Immeuble "Le Charlieu",
rue Emile-Reymond

Résidence "Les Acacias",
rue de Charlieu

Château Lachèze,
avenue Alsace-Lorraine.
Construit au 19e siècle
sa silhouette rappelle
un peu celle du château
de Charlieu disparu.

 



Immeuble de la rue de Charlieu,
à gauche de l'emplacement
du château disparu.

 

 

 

 

Conception
David Barou

textes et documentation
Joseph Barou


questions, remarques ou suggestions

s'adresser :
 




Le château de Charlieu à Montbrison
d'après la gravure de Martellange (1611)


Un quartier de Montbrison :

Charlieu


"Charlieu a perdu
son Bois d'Amour"


Le château de Charlieu était très ancien. Il est cité dès le 15e siècle, près du Vizézy, à deux cents pas de l'enceinte de ville. Son nom vient de ses premiers propriétaires, une famille dite de Charlieu, originaire justement de cette région du Roannais. Les vieilles chroniques mentionnent un certain Hugues de Charlieu cité en 1402 qui portait "écartelé d'argent et de sable".

D'autres familles se succèdent : les Henrys au 16e siècle, les Puy du Perrier, les Chappuis de la Goutte. Gaston Jourda de Vaux dans le bel ouvrage d'Emile Salomon sur les châteaux historiques a tenté une reconstitution de ce castel d'après un plan de 1615. Son dessin représente une petite maison forte (ci-dessus).

Au pays de Charlieu

En 1751, Charlieu est vendu à Alexandre de Vertamy pour 29 000 livres. L'acte précise qu'il s'agit d' "un bien, enclos, tènement, situé près de la ville de Montbrison, paroisse de Sainte-Anne, joignant les fossés d'icelle, consistant en un château, jardin, prés, terres, vignes et arbres fruitiers, bois, allées, maisons, cabarets, cuviers, cuves, pigeonniers et autres appartenant audit Charlieu…" Figurent encore les prés appelés "Doyen", une prise d'eau et un bois nommé joliment Bois d'Amour… En somme tout un petit pays, grand comme un mouchoir de poche mais varié et enchanteur.

Le château paraît modeste. A défaut d'une vue précise, un plan de 1775 permet de l'imaginer. L'enceinte presque carrée était à l'origine cantonnée de tours et cernée de fossés. Un bief - qui existe encore - part du Vizézy, traverse l'hôtel-Dieu Sainte-Anne et amène l'eau dans les douves. La cour intérieure est partagée en deux par un corps de logis rectangulaire, façade vers le sud-est. Au nord, le logis comporte deux ailes en retour et se trouve renforcé d'une tour engagée.

La triste fin du petit château

Reconstruit au 18e siècle, Charlieu se présente comme une grosse maison bourgeoise entourée de jardins et de pièces d'eau. Une large allée bordée d'une double rangée de marronniers débouchait près des Casernes. Elle est devenue aujourd'hui la rue de Charlieu. Les communs du château, quelques vieux bâtiments, subsistent encore en 1860. Le château a alors disparu, remplacé par une vigne. Car Charlieu a fait les frais de la Révolution.

Claudius Rochigneux a bien raconté les malheurs du castelet : "Sous cet aspect assez banal, le château de Charlieu ne pouvait inspirer aucune crainte ou rappeler quelque fâcheux souvenir. En 1793, son possesseur, Lattard du Chevalard, était un homme débonnaire. Pourtant, afin d'attiser les passions des exaltés et de terrifier les honnêtes gens, Javogues devait faire de lui le sujet d'une grande démonstration révolutionnaire.
Pour fêter l'anniversaire de la prise de la Bastille et de l'occupation de Toulon, la garde nationale fit le simulacre de l'attaque du château, tandis que les deux petits canons de la ville, braqués sur les murailles, les éventraient et réduisaient en cendres cette construction pacifique
" (Le Forez de nos ancêtres). L'inoffensive bastille laissa donc la place à une vigne.

En 1904, la municipalité de Montbrison souhaite une expansion de la ville vers la toute nouvelle gare de chemin de fer. Il faut lotir le quartier de Charlieu, entre l'avenue de la Gare et la route de Lyon. Le conseil délibère longtemps pour savoir quelles rues il faut ouvrir. Doivent-elles avoir 10, 12 ou 15 m de largeur ? Seront-elles considérées comme des chemins vicinaux ? En fin de compte, le plan actuel est adopté. Maisons et immeubles remplacent vignes et jardins. Le canal coule encore mais il n'y a plus ni Bois d'Amour, ni de Pré-Doyen. De Charlieu il ne reste qu'un nom.

Joseph Barou

[La Gazette du 2 février 2007]

Plan du quartier de Charlieu (1775)

Une grande allée partant de la caserne conduit au château
Au bas du plan couvent des Capucins
(aujourd'hui monastère Sainte-Claire)



Charlieu, dessin de Gaston Jourda de Vaux,
Salomon, Châteaux historiques du Forez

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