Marie Grange


Un autre lieu
de pèlerinage



Abbé Camin
N.-D. de l'Hermitage

 

 

 

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Bonson, pèlerinage
à la vénérée Madone du Forez

de Marie Grange

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cette statuette a été volée
dans la nuit du dimanche
au lundi 27 mai 2002.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Conception : David Barou
textes et documentation : Joseph Barou
questions, remarques ou suggestions :
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Chapelle de Bonson
(dessin de Roger Faure)

Bonson


PÈLERINAGE A LA VÉNÉRÉE MADONE DU FOREZ

 

par Marie Grange

Petite cité neuve au carrefour des routes de Saint-Marcellin, Saint-Just-Saint-Rambert, Andrézieux, Sury-le-Comtal, Bonson étale ses quartiers neufs, ses villas, ses lotissements et le centre commercial autour de la gare de la ligne Saint-Etienne-Clermont-Ferrand. La mairie toute neuve, les nombreuses associations, tout rayonne la vie. L'église moderne dédiée à Sainte-Thérèse-de-l'Enfant-Jésus dessert cette agglomération aux visages multiples. Elle porte encore les traces du bombardement du 18 juin 1940 où les avions de chasse italiens semèrent la mort dans le village. Soixante-six personnes furent tuées par les rafales de balles et les bombes.

Le Bonson est aussi le nom de la fraîche et capricieuse rivière qui descend en cascades de Saint-Bonnet-le-Château. Vous pourrez y pêcher la truite. Le Bonson porte ses eaux à la Loire, sur la rive gauche, dans la commune de Saint-Cyprien.

Bonson, c'est Bonczons en 1224, parrochia Bonczonis ou Bonisonis, Ecclezia de Bonczo en 1225, Parrochia Béate Marie de Bonczonis en 1261, Notre Dame de Bonson en 1606 et en 1672 paroisse de Notre-Dame de Bonson (registre de Saint-Cyprien). Voilà donc le nom de l'église de la paroisse du village.

Autrefois la paroisse de Bonson - une quinzaine de maisons d'agriculteurs, deux propriétés bourgeoises - avait son église où se trouve la chapelle dédiée à Notre-Dame.

Si vous désirez connaître cet endroit, c'est tout près des rives du Bonson, proche de Saint-Cyprien et du pont du diable sur la rivière que vous la trouverez. Cachée dans les arbres, entourée de grands bâtiments de ferme et proche d'une propriété d'industriels... au bout d'un chemin herbeux... tout d'un coup vous verrez surgir cette chapelle !

Rénovée depuis peu, surmontée d'un délicieux campanile, elle offre aux visiteurs la pureté de son architecture du Xle siècle. Ici tout est silence et paix. Seuls les oiseaux et les abeilles se font entendre. Le doux vol d'un pigeon qui vient se percher sur le clocheton anime cette oasis de verdure. Entrez. La porte est toujours ouverte. Vous descendez deux degrés de pierre et vous êtes dans la pénombre fraîche de l'oratoire de la Bonne Mère des Foréziens.

LA LEGENDE DORÉE

Un jeune berger faisant paître son troupeau sur les bords du Bonson s'amusait avec son chien à l'ombre d'un gros arbre touffu dont le tronc avait été meurtri profondément par la foudre. Le regard de l'enfant fut attiré par un objet insolite gisant dans le creux de l'arbre, derrière des ronces et des herbes. Il écarta les tiges avec son bâton et vit une statuette en bois noir posée là. Vite il courut au hameau et quelques personnes l'accompagnèrent pour voir la trouvaille. Avec précaution ils saisirent l'objet et reconnurent une vierge à l'enfant, sculptée dans un bois dur. Dans le socle, une petite cavité fermée par une vitre contenait un morceau de tissu. On emporta religieusement la statue au hameau en récitant le chapelet.

Le lendemain, surprise ! plus de vierge. Fort décontenancés, les gens du lieu retournèrent vers l'arbre creux. La statuette était là ! Oh, bonne Mère ! Ils se mirent à genoux, humblement, étonnés de ce prodige. Avec grande dévotion, chants et prières, les habitants de Bonson emportèrent ce mystérieux cadeau. Ils le déposèrent sur un trône fleuri, dans une maisonnette, à la garde d'une vénérable grand-mère et de sa petite-fille. Le lendemain matin, une délégation de fidèles arriva pour prier la Sainte Mère de Dieu... Plus de statue. Qui aperçurent-ils au bout du sentier arriver en courant ? Le petit pâtre qui les appelait : 'Venez, venez, la Sainte Vierge est dans l'arbre !"

Tous les habitants de Bonson comprirent vite que c'était là le lieu choisi par leur madone pour y rester et y être vénérée. Ils commencèrent tout de suite à édifier une demeure digne de la Reine du Ciel. Des villages proches les gens accoururent aux accents des cantiques. La nouvelle se propageant, toute une foule vint vénérer la mère de Dieu sous un des ses vocables les plus répandus : "Secours des Chrétiens, Consolatrice des Affligés".

Et de jour en jour, de siècle en siècle, aujourd'hui comme hier, la petite Vierge à l'Enfant attire des pèlerins. Si vous allez à Bonson, vous verrez le défilé, presque ininterrompu des familles, des jeunes, des couples, des anciens au rendez-vous de la Madone du Forez. Les ex-voto naïfs qui recouvrent les murs, témoignent de la confiante fidélité des Foréziens. Tout le mois de mai et surtout le huit septembre, l'affluence y est importante et continue.

Mais ne cherchez pas aux alentours une boutique de souvenirs, ou un bar pour vous désaltérer. Mais à la ferme proche on peut acheter des cierges. Pour vous rafraîchir, les eaux limpides du Bonson feront bien l'affaire.

LA CHAPELLE DE NOTRE-DAME DE BONSON

L'édifice est très simple. Il est composé d'une seule nef avec de part et d'autre trois chapelles latérales et un chevet plus étroit reconstruit en 1866. La chapelle date de la fin du Xle siècle. Comme beaucoup d'édifices romans elle se présente sous la forme la plus simple : un rectangle, une nef voûtée. A travers les siècles, divers événements historiques et l'affluence toujours croissante des pèlerins nécessitèrent des transformations et des agrandissements.

Le mur de droite a été reconstruit aux XVe et XVIe siècles (le dessin ci-dessous laisse bien apparaître l'agrandissement du mur de façade). Le mur de gauche est d'origine. Crépis à la chaux, les murs sont terminés par une simple corniche de pierre. Le portail d'entrée en plein cintre est très simple avec des piédroits sans décoration, en cubes de granit, recouverts par crépissage.

La nef est longue de 12,15 m, large de 6,80 m. Le chœur reconstruit en 1516 formait une abside en cul-de-four ; en 1886 un glissement de terrain y fit une crevasse jusque dans la voûte. La reconstruction a été faite en style "renaissance". L'abside est plus grande de 45 cm pris dans l'épaisseur du mur qui mesurait presque 2 m.

Sur le sol, une croix tracée en creux sur une dalle de pierre indique le lieu où reposent les restes de plusieurs anciens curés de la paroisse.
A gauche, entre le chœur et la chapelle de saint Joseph, contre le pilier, se trouve la châsse où est placée l'antique statuette dont nous avons évoqué la trouvaille.

La façade de la chapelle est surmontée d'un campanile. Sa forme triangulaire à rampants est caractéristique de l'art du roman forézien aux Xle et XIIIe siècles. Les colonnettes accouplées avec leurs fûts droits à astragale, leurs chapiteaux à tailloir double, ornés de têtes de mascaron cornus et à physionomie barbare sont l'œuvre de cette époque.

L'ornementation des chapiteaux avec les aigles aux ailes déployées montre dans les quatre volutes correspondant aux angles du tailloir la disposition qui rappelle celle des feuilles d'acanthe des chapiteaux antiques.
A l'intérieur de la chapelle Renaissance, le visiteur peut découvrir sur un chapiteau daté de 1565 la présence d'un monstre. Mi-dragon, mi-salamandre il est tenu par une laisse reliée à un boulet.

La cloche vient des ateliers Burdin de Lyon. Lorsque les filles désirent savoir combien de temps doit s'écouler jusqu'à leur mariage, elles tirent la corde ; le nombre de coups qui va tinter donne le compte des années qui les séparent de cet événement !

L'autel qui a disparu pour faire place à un maître-autel de bois surmonté d'anges adorateurs portait un christ en relief au milieu d'arcatures gothiques. Un fragment de ce travail est encastré dans le mur extérieur nord de l'église. Le christ est appliqué contre le mur qui clôt le jardin de la propriété voisine.


LE PÈLERINAGE

II est impossible de dater l'origine du pèlerinage et de la Madone miraculeuse de Bonson ; on peut penser qu'il est contemporain de l'édification de la chapelle. Traditionnellement les jeunes épouses se rendaient à Bonson pour consacrer à la mère de Jésus l'enfant qu'elles allaient mettre au monde. On déposait aux pieds de la Madone les petits enfants malades. Les adultes se hâtaient aussi vers la chapelle pour demander leur guérison. Les cultivateurs priaient pour obtenir la fertilité des champs et la cessation des fléaux qui s'abattaient sur les récoltes. Pour la guérison des malades les pèlerins recherchaient la robe portée par la statuette. Précieuse et belle, cette robe de soierie blanche brodée et parée de galons et de franges dorées était portée au domicile des malades et des infirmes. Elle leur était appliquée sur le corps. Beaucoup avaient l'impression qu'une vie nouvelle coulait en eux.

Les ex-voto couvrirent les murs de la petite église. Jusqu'en 1793, tout Forézien, quelle que soit sa condition, venait faire un pèlerinage à Notre-Dame de Bonson. Des legs pieux vinrent alimenter les fonds nécessaires à son entretien. Lors de la Terreur, les Bonsonnais confièrent leur trésor à Jean Chavagneux qui enferma la précieuse statue dans un coffre de bois qu'il enfouit au pied d'un arbre dans son champ. La tourmente passée, la Madone fut retirée de sa cachette et replacée à l'endroit où on la voit encore aujourd'hui.

LA STATUE DE NOTRE-DAME DE BONSON

C'est dans un morceau de bois dur et noir, poirier ou tilleul, qu'est sculptée cette vierge à l'enfant qui mesure 0,29 m de hauteur. Elle est réhaussée par un socle de bois. La couronne simplement dentelée avec un bandeau en relief est sculptée, faisant corps avec la statue. Cette vierge est debout, vêtue d'une robe à encolure carrée très ajustée au corsage ; elle tombe ensuite en plis pressés recouvrant complètement les pieds. Elle ne porte pas de voile. Le manteau retombant un peu sur les épaules la revêt de ses larges plis ; il enveloppe le bas du corps de l'Enfant Jésus assis dans la main gauche de sa mère. Les cheveux coiffés en petites tresses nombreuses tombent sur les épaules en encadrant le visage de leurs gracieuses ondulations.

La Madone tient dans sa main droite les deux pans relevés de son manteau pour bien laisser voir le petit reliquaire vitré où, sur un mince tissu fin et blanc, on peut lire, écrit à l'encre noire : "du suairt de Nostre-Dame". L'Enfant Jésus pose, d'un geste affectueux, sa main sur l'épaule de sa mère, dans sa main gauche il tient un fruit. La tête de l'enfant - qui a été remplacée - tient sur le cou par un simple pivot de bois. Le sculpteur bien intentionné qui a procédé à cette réparation n'était pas habile. Son ciseau a esquissé à peine des traits frustes qui donne à l'enfant l'air vieillot.

Le visage de la vierge est assez terne. Les paupières à demi-baissées donnent une certaine noblesse alliée de bonté, à l'expression banale de l'œuvre ici présente. A l'origine, la statue devait être peinte. Des fragments de vernis rosé vif apparaissent sur les joues et du noir dans la chevelure.
Elle est revêtue, dans la châsse, de la précieuse robe de soierie brodée d'or et de passementerie. Couronnée de pierreries ainsi que l'Enfant Jésus, Notre-Dame de Bonson resplendit. Le manteau plus court sur le devant laisse voir le reliquaire. Ainsi, parée de lumière, elle est présentée à la dévotion des fidèles. Seule l'éternité dira le secret de cette petite mystérieuse Vierge à l'Enfant (1).

Marie GRANGE

(1) Malheureusement cette statuette a été volée dans la nuit du dimanche au lundi 27 mai 2002.


Nous joignons à cette petite étude sur la chapelle de Bonson le texte de la prière qui était traditionnellement récitée à l'occasion du pèlerinage.


PRIERE
à Notre-Dame de Bonson

(XVIe siècle)

L'Etoile du ciel, qui a nourri de son lait le Christ Nôtre-Seigneur, a détruit la mort contagieuse implantée par le premier père des hommes.

Que cette même Etoile daigne donc comprimer ces astres dont l'influence néfaste allume les guerres si meurtrières pour le peuple.

0 très salutaire Etoile des mers, délivrez-nous de tout fléau, écoutez-nous, ô notre Souveraine.

Car votre Fils ne vous refuse rien. Il vous honore ; sauvez-nous, ô Jésus, nous pour qui votre Mère ne cesse de prier.

Priez pour nous Sainte Mère de Dieu. Afin que nous soyons dignes des promesses de Jésus-Christ.

Oraison

Dieu de miséricorde, Dieu de piété, Dieu d'indulgence, qui avez toujours compassion de votre peuple affligé, et qui avez dit à l'ange qui le frappait
de ne plus appesantir sa main sur lui, accordez-nous le secours de votre grâce, afin que nous soyons délivrés sûrement et miséricordieusement
de toute épidémie, de la mort subite et de l'invasion
de toute calamité publique, par vous, Seigneur Jésus, Roi de gloire,
qui vivez et régnez dans tous les siècles.
Ainsi soit-il.

Bibliographie

Abbé Charles Signerin. "Notre-Dame de Bonson et son pèle(rinage", imp. Théolier, Saint-Etienne, 1903.


[Village de Forez, n° 66, avril 1996

 

]Illustrations tirées de l'ouvrage de l'abbé Charles Signerin

 


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Dessin tiré de Félix Thiollier, Le Forez pittoresque et monumental



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Carte postale ancienne

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(cliché Joseph Barou)

Façade (15 août 2017)


(cliché Joseph Barou)

Intérieur
(15 août 2017)


(cliché Joseph Barou)

Notre-Dame de Bonson (15 août 2017)


(cliché Joseph Barou)

Vitrine (15 août 2017)


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