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Le
département de Rhône-et-Loire
Le colonel du Rozier,
commandant en chef de la cavalerie forézienne
(gravure
extraite de A. Balleydier,
Histoire politique
et militaire du peuple de Lyon
pendant la révolution française, tome III,
Paris, 1846
Lyon contre la Convention
Le
29 mai 1793, après une journée de combats,
la municipalité jacobine de Lyon est renversée
par des éléments plus modérés
soutenus par les sections de la ville. Chalier, président
du district et principal animateur du club des jacobins
de la ville est arrêté. Dès lors Lyon
glisse vers la contre-révolution. Plusieurs faits
marquent ensuite la rupture complète avec la Convention
montagnarde :
- le 1er juillet 1793, installation à l'hôtel
de ville d'une "Commission populaire et républicaine
et de salut public". Si cette assemblée commence
toujours ses actes par la formule : République une
et indivisible. Résistance à l'oppression.
Représentation nationale, libre et entière
elle n'en a pas moins des sympathies de plus en plus marquées
pour le mouvement "fédéraliste"
et bien vite à Lyon se concentrent beaucoup d'adversaires
de la Convention : girondins, royalistes, prêtres
réfractaires
-
le 9 juillet, nomination à la tête de la force
armée départementale du comte de Précy
(1), officier notoirement connu pour ses convictions royalistes.
- les 15 et 16 juillet,
procès et exécution de Joseph Chalier.
Lyon se rebelle ouvertement contre la Convention et va,
pendant trois mois, soutenir une lutte sans merci contre
les armées de la République.
L'armée
départementale de Rhône-et-Loire et la campagne
de Forez
La campagne de Forez
Au début de juillet (2),
les Lyonnais organisent leur armée départementale.
Elle doit être formée à partir de l'ancienne
garde nationale du département : 9 600 hommes répartis
en 4 brigades, 8 régiments, 17 bataillons. 7 200
hommes seront fournis par la ville de Lyon et 2 400 par
les autres districts de Rhône-et-Loire. Chaque district
- il y en a cinq qui correspondent à un arrondissement
actuel ; Lyon-campagne, Villefranche, Montbrison, Saint-Etienne
et Roanne - doit en principe constituer un bataillon de
10 compagnies soit 480 hommes.
Très vite les Lyonnais éprouvent le besoin
de contrôler militairement le Forez qui forme la marche
occidentale de ville. Cela permet d'assurer les approvisionnements
en vivres grâce à Montbrison et à la
plaine du Forez et en armes avec les fusils de Saint-Etienne.
Le 9 juillet un corps de 1 200 lyonnais de la force départementale
part de Lyon afin d'aller occuper Saint-Etienne. Dans le
même temps 800 hommes sont envoyés à
Montbrison. La campagne du Forez commence. Elle va durer
deux mois, du 9 juillet au 15 septembre 1793.
Les opérations sont marquées par de nombreux
déplacements entre les principales localités
du sud du Forez. Si Montbrison fait bon accueil aux "Muscadins"
la région stéphanoise et la plaine du Forez
se montrent hostiles. Finalement il n'y a que peu de véritables
engagements - combat des Grandes-Flaches près de
Rive-de-Gier (24 août) (3), "bataille" de
Salvizinet (3 septembre) (4), actions à Montrond
et Chazelles (12 septembre) - mais une suite d'escarmouches
et de coups de mains comme celui qui est exécuté
le 31 août pour capturer le général
de brigade Léon Nicolas à Saint-Anthème
(5).
Les effectifs
Elle met en uvre quelques
centaines de fantassins, quelques dizaines de cavaliers
et moins de dix pièces d'artillerie. Ces effectifs
ne peuvent être d'ailleurs que très approximatifs
et fluctuants. Il s'agit de volontaires qui, dans un premier
temps, ne sont pas soldés et qui vont et viennent
suivant les circonstances. Parmi les Lyonnais, certains
rentrent assez rapidement à Lyon.
On fait appel aux volontaires foréziens pour renforcer
l'armée départementale. Certains partent pour
Lyon : Saint-Etienne fournit un contingent de 110 hommes,
Saint-Chamond et Montbrison 50 hommes pour chaque ville,
chiffres certainement approximatifs (6).
D'autres
renforcent les garnisons laissées par les Lyonnais.
A la fin de juillet 300 Muscadins commandés par l'adjudant
général Servan sont casernés à
Saint-Etienne, 300 à Montbrison sous les ordres du
capitaine Roche et 100 à Saint-Chamond avec le capitaine
Roux. Enfin quelques-uns ne participent qu'à quelques
opérations telles que le coup de main de Saint-Anthème
puis rentrent chez eux. C'est à ce moment que se
forme à Montbrison la cavalerie forézienne,
un escadron d'une soixantaine de chasseurs à cheval
commandé par un gentilhomme, ancien capitaine de
dragons, Théodore du Rozier (7)(voir illustration
ci-contre).
Quand
les Lyonnais se replient de Saint-Etienne sur Montbrison,
à la fin d'août, leurs forces s'élèvent
à 513 hommes ; 268 de la section de Saint-Etienne,
100 de celle de Saint-Chamond, 145 de Montbrison soit pour
cette dernière : 77 cavaliers, 20 chasseurs à
pied, 24 canonniers et 24 hommes de la compagnie Rimbert.
Cette compagnie Rimbert, du pseudonyme de son chef, le chevalier
de la Roche-Négly (8) , était une sorte de
corps franc formé de paysans du Velay qui étaient
habillés de noir et que l'on prenait pour des prêtres
(9)
La retraite vers Lyon
Au début de septembre un vent
de panique souffle sur le Forez. On redoute l'arrivée
des soldats auvergnats levés par la Convention pour
combattre la rébellion de Lyon. De Montbrison, le 9
septembre, une procession de voitures
chargées de citoyens de Montbrison de tout sexe arriva
à Feurs. Ils y répandirent l'effroi et la terreur
en annonçant qu'une troupe de gens du Puy-de-Dôme
les poursuivait, que peut-être ils étaient déjà
à Montbrison, qu'ils seraient bientôt à
Feurs, qu'on allait être pillé
(10)
Après beaucoup de difficultés et des pertes
sensibles à Montrond et à Chazelles-sur-Lyon,
les débris de l'armée départementale
arrivent à Lyon le 15 septembre. C'est une force de
800 combattants dont 300 Foréziens répartis
ainsi :
de
Saint-Etienne :
41 fantassins
7 cavaliers
10 canonniers au total 58 hommes
de
Montbrison :
90 fantassins
60 cavaliers
20 canonniers au total 170 hommes
de
Feurs :
45 fantassins
15 cavaliers
12 canonniers au total 72 hommes (11)
Ces soldats accompagnés de deux cents chariots et d'une
foule de civils qui cherchent à se réfugier
à Lyon forment une colonne de quatre kilomètres.
L'accueil de Lyon est enthousiaste. Le général
Précy vient les accueillir, toutes les cloches de la
ville sonnent : Le puissant renfort
des Foréziens, le retour de leurs frères d'armes,
les approvisionnement de toute nature qu'ils avaient amenés
avec eux auraient ranimé le courage des Lyonnais, s'il
eût faibli au milieu des privations et de l'isolement
auxquels ils étaient en proie depuis longtemps
(12).
Les Foréziens apportent un
renfort surtout moral car l'étau se resserre autour
de Lyon où le nombre des assiégeants ne cesse
d'augmenter. Malgré des combats courageux où
les Foréziens se distinguent - attaque à la
loge du Change, engagement de la chaussée de Perrache
(13) - la ville est prise le 9 octobre après un siège
de deux mois.
Gravure
extraite de A. Balleydier, Histoire politique et militaire
du peuple de Lyon
pendant la Révolution française, Paris,
1845
Les
volontaires foréziens
Qui étaient donc ces Foréziens qui avaient
combattu avec les Lyonnais ? Qu'est-ce qui les avait amenés
à faire ce choix certes malheureux mais plein de
courage ?
Il est bien difficile de dire précisément
combien de volontaires foréziens a compté
l'armée départementale de Rhône-et-Loire
mais, en prenant comme base les divers effectifs qui sont
annoncés, on peut estimer leur nombre à 600.
Pour mieux les connaître nous avons relevé
les noms de ceux dont on peut être certain qu'ils
ont combattu les armes à la main pour la cause des
Lyonnais en recoupant les listes de victimes données
par trois auteurs :
- Antonin Portallier, Tableau général
des victimes et martyrs de la Révolution en Lyonnais,
Forez et Beaujolais, Saint-Etienne, imp. Théolier,
1911.
- Alphonse Balleydier, Histoire
politique et militaire du peuple de Lyon pendant la Révolution
française, Paris, 1845, tome III.
- E. Fayard, Histoire des tribunaux
révolutionnaires de Lyon et de Feurs,
Paris et Lyon, 1888.
Nous avons recueilli 143 noms, échantillon assez
représentatif puisqu'il correspond à peu près
au quart de l'effectif total. Il s'agit des gens les plus
engagés - presque tous ont été arrêtés
et condamnés, beaucoup ont été exécutés
- et les plus notables. Les simples soldats ont, évidemment,
plus facilement échappé à la répression.
Ces 143 volontaires foréziens se répartissaient
ainsi dans l'armée départementale :
- 18 officiers (14),
- 17 chasseurs à cheval,
- 25 fusiliers,
- 5 grenadiers,
- 12 canonniers,
- 3 ingénieurs,
- 63 autres combattants dont on ne connaît pas la
spécialisation.
Lieu
d'origine des volontaires foréziens :
- Région de Montbrison 103
71 %
dont Montbrison 56 40
%
- Région de Saint-Etienne 27 19
%
dont
Saint-Etienne 13 9
%
- Région de Roanne 9
6
%
- Non déterminé 4
Lieux
d'origine des volontaires foréziens
de l'armée départementale de Rhône-et-Loire
(carte extraite des Cahiers du Bicentenaire
de la Révolution française,
n°
16, Village de Forez, 1990)
Premier
constat : importance de la participation montbrisonnaise,
56 hommes, et dans une moindre mesure de celle des villes
de la plaine du Forez :
Feurs 12 ; Saint-Galmier 5 ; Saint-Rambert 5 ; Sury-le-Comtal
2 ; Boën 2 ; Saint-Bonnet-le-Château est la seule
localité des monts du Forez à fournir un contingent
: 7 hommes.
Deuxième constat : faiblesse du contingent stéphanois
: 13 noms pour Saint-Etienne, 5 pour Saint-Chamond, 2 pour
Firminy, 2 pour Rive-de-Gier, 2 pour Saint-Paul-en-Jarez.
Enfin le Roannais semble très peu concerné.
Age des volontaires foréziens
20 ans ou moins 15 cas (15)
de 21 à 25 ans 16 cas
de 26 à 30 ans 24 cas
de 31 à 35 ans 14 cas
de 36 à 40 ans 15 cas
de 41 à 45 ans 15 cas
de 46 à 50 ans 10 cas
de 51 à 60 ans 16
cas
plus de 60 ans 6
cas (16)
âge non connu 12
cas
On est frappé par la variété des âges
et c'est là aussi une donnée intéressante.
Il y a de très jeunes et de jeunes hommes mais aussi
des hommes mûrs et même âgés. 60
ans est à cette époque un âge de la
vieillesse. Ceci montre que parmi les volontaires se trouvent
des gens installés, souvent des notables, qui n'ont
pas agi sur un coup de tête. Beaucoup, au risque de
tout perdre, ont suivi un élan qui tenait du devoir.
Ces écarts entre les âges s'expliquent aussi
par les engagements familiaux ; pères et fils combattent
souvent ensemble.
Origine sociale des volontaires
Professions
- artisans, commerçants : 32
cas 29 %
- hommes de loi : 28
cas 25 %
- officiers et gendarmes : 25
cas 23 %
- agriculteurs, propriétaires : 10
cas 9
%
- médecins, chirurgien : 3
cas
- rentiers : 3
cas
- domestiques : 2
cas
- divers :
7 cas
- professions non connues : 33
cas
Nobles
: 37
cas 25,4 %
La noblesse
La noblesse, bien évidemment,
est abondamment représentée avec le quart
de l'effectif total. C'est elle qui fournit les cadres de
l'armée départementale. En effet, beaucoup
de ces nobles sont des professionnels de la guerre, officiers
à la retraite comme les frères Chapuis de
Maubou (17), Camille de Meaux (18), Pierre Lattard du Chevalard
(19), Camille de Rochefort (20)... ou démissionnaires
pour ne pas cautionner le nouveau régime comme Jacques
Duguet du Bullion (21), Hugues de Saint-Didier (22) ou François
de Boubée (23)...
Cette aristocratie forézienne, qui compte un nombre
assez restreint de familles a fait de Montbrison sa capitale.
Elle est unie par de multiples liens :
- Presque toutes ces familles sont parentes ou alliées.
- Les fils ont souvent été condisciples dans
les mêmes collèges, chez les Oratoriens de
Montbrison ou à Juilly comme plusieurs des chefs
de l'armée forézienne : Jacques Duguet du
Bullion, Théodore du Rozier de Magneux, Denis Gémier
des Périchons (24).
- Beaucoup deviennent ensuite officiers et appartiennent
donc à la même caste militaire.
Les volontaires nobles se connaissent et se reçoivent.
Ils sont du même monde, presque du même salon.
Il n'y a rien d'étonnant à voir la plupart
d'entre eux se regrouper spontanément et joyeusement
dans le fameux escadron des chasseurs du Forez :
La cavalerie forézienne
se forma aussi et eut pour digne chef M. du Rozier. On se
procura deux canons et des approvisionnements. Ces préparatifs
se faisaient au milieu de fêtes nombreuses dont l'intéressante
maison de Meaubou était en quelque sorte le centre
; préludes riants de la catastrophe affreuse dont
cette estimable famille devait être bientôt
la victime (25).
Cette formation était composée de
soixante hommes d'élite parfaitement équipés
et montés qui formèrent un escadron remarquable
par sa brillante tenue autant que par son courage
(26) . Seule la cavalerie avait un véritable uniforme
ce qui ajoutait à son prestige et augmentait, s'il
en était besoin, son attrait : un
surtout bleu de roi à passe-poil rouge, boutonné
jusqu'au cou ; une ceinture en filet rouge et blanc, un
pantalon de Nankin, de grosses bottes et un chapeau à
la française, dont la calotte garnie d'une croix
plaquée et formée de deux lames de fortes
tôles, pouvaient garantir d'un coup de sabre
Chaque cavalier avait un sabre, une carabine sur l'épaule,
un poignard, et une paire de pistolets à la ceinture
(27).
La cavalerie forézienne, par sa cohésion,
son expérience des combats et son intrépidité,
se révèle d'une redoutable efficacité
(combat de Salvizinet).
Aux côtés des nobles anciens officiers on note
la présence de sept gendarmes. Il semble bien naturel
que ces défenseurs traditionnels de l'ordre se soient
majoritairement ralliés aux Lyonnais qui paraissaient
un recours contre les extrémistes.
Les gens de loi
Un deuxième groupe important
est constitué par les gens de loi : 7 notaires, 4
anciens procureurs, 3 avoués,
3 clercs d'avoué, 2 avocats, 2 conseillers du roi...
C'est la catégorie sociale qui est la plus engagée
et la plus divisée par les événements
de la période révolutionnaire. Deux sentiments
contradictoires la partagent :
- d'une part les gens de justice sont l'élite du
tiers état, sa tête pensante. Beaucoup adhérent
aux idées nouvelles.
- d'autre part la notoriété, l'aisance, les
alliances avec la petite noblesse auxquelles ils aspirent,
le fait qu'ils détiennent souvent des offices font
que d'autres sont plus conservateurs ou franchement contre-révolutionnaires.
Des familles même sont divisées (28).
On trouve aussi une dizaine d'agriculteurs-propriétaires
(en majorité nobles), deux médecins, un chirurgien,
deux rentiers, deux domestiques, et divers métiers
; un ingénieur, un géomètre, un teneur
de livres, un instituteur, un écrivain, un étudiant
et un diacre.
Les commerçants et artisans
Les commerçants et artisans
constituent le groupe numériquement le plus important.
Mais il est très hétérogène
quant aux situations. Il y a loin des bourgeois cossus comme
les fabricants de rubans Praire de Neyzieu (29) aux simples
tisserands ou du marchand de chevaux aisé au petit
commis de magasin. Les travailleurs manuels ne sont pas
rares : charpentiers, armuriers, tonnelier, ferblantier,
"clincailler", horloger... ainsi que les petits
commerçants : boulangers, épiciers, pâtissier,
chapelier, perruquier... Ils servent dans l'infanterie et
pour les artisans dans le corps des canonniers, l'artillerie
étant l'arme "technique".
Pourquoi ces gens du peuple se sont-ils laissés entraîner
dans cette aventure ? Il semble qu'aient joué des
relations de voisinage et de clientèle, surtout à
Montbrison petite ville où la noblesse tenait le
haut du pavé. Ainsi les Siaume, le père et
les deux fils tous charpentiers, sont-ils, au cours de leur
procès, accusés d'être des amis des
Girard de Vaugirard qui habitent le même quartier.
D'autres ont simplement suivi leurs maîtres comme
Denis Jean Marie Gros, de Coutouvre, domestique d'un noble
ou François Mongarel, cuisinier du marquis de Nicolay.
Enfin peut-on penser que quelques-uns ont été
abusés et croyaient sincèrement défendre
la République ou tout au moins leur patrie ? Ils
ont suivi des gens distingués, influents pour aller
combattre dans cette armée départementale
qui marchait, il faut s'en souvenir, sous des drapeaux tricolores
portant comme devise "Liberté, Egalité,
Fraternité". Cependant certains volontaires
s'abstenaient soigneusement de porter la cocarde tricolore.
Un détail vestimentaire, "la ganse blanche",
est l'insigne particulier ou du moins considéré
comme tel, des royalistes de l'armée départementale.
Ainsi le docteur Gény, chirurgien, 50 ans, est arrêté
pour avoir fait
le service dans les chasseurs à cheval avec les Muscadins,
il s'est caserné avec eux et a porté la ganse
blanche (30) .
Le
destin des volontaires foréziens
Nobles
ou roturiers, bourgeois ou petites gens, les volontaires
foréziens paient très cher leur engagement
; parmi les 143 foréziens dont nous avons relevé
le nom :
- 82 sont condamnés et exécutés à
Lyon (57 %)
- 22 sont condamnés et exécutés à
Feurs (15 %)
- 9 sont tués au cours du siège.
Un quart seulement échappe à la répression
; 11 sont condamnés à une peine de détention,
9 sont acquittés, 6 s'évadent ou émigrent...
Les rescapés, s'ils sont nobles, bénéficient
à la Restauration de quelques honneurs. Jacques Duguet
du Bullion qui parvient à s'échapper en se
cachant dans une charrette de paille et continue à
combattre jusqu'en 1796 dans l'armée de Condé
est fait chevalier de Saint-Louis en 1814. Denis Gémier
des Périchons (31)qui parvient à s'enfuir
revient après Thermidor et fait carrière sous
tous les régimes : député en 1805,
officier de la Légion d'honneur en 1811, baron de
Ier empire (1813), rallié à Louis XVIII, élu
à la chambre des Cent-Jours, conseiller général
de la Loire...
S'ils appartiennent au peuple comme les frères Siaume,
charpentiers, ou le ferblantier Collardet, ils reprennent
simplement leur ancien métier. La campagne de Forez
et le siège de Lyon n'a été qu'un bref
et malheureux épisode dans leur existence, un moment
où ils ont cru accomplir leur devoir.
Notes
(1) Louis-François Perrin de Précy (14 janvier
1742, Ancy-le-Duc, Saône-et-Loire ; 25 août
1820, Marcigny, Saône-et-Loire) ; ancien officier
de l'armée royale. Pour sa biographie cf. A. Portallier,
Tableau général des victimes et martyrs de
la Révolution en Lyonnais, Forez et Beaujolais, Saint-Etienne,
imp. Théolier, 1911.
(2) Arrêté du 5 juillet 1793 et procès-verbal
des délibérations de la Commission populaire
du 13 juillet 1793, cités par A. Balleydier, Histoire
politique et militaire du peuple de Lyon pendant la Révolution
française, Paris, 1845, t. I, p. 286-292.
(3) Engagement meurtrier entre les Muscadins en garnison
à Saint-Etienne commandés par l'adjudant général
Servan et un escadron de dragons de Lorraine renforcé
de paysans de la région. Servan est fait prisonnier
et les Lyonnais ont 27 morts. Ce combat donne lieu à
des atrocités relatées par Edouard Perrin,
Le tombeau des Muscadins, imp. Eleuthère Brassart,
Montbrison, 1918. Cf. aussi A. Balleydier, op. cit. t. II,
p. 55-56 et C. Joachim Puy, Expédition des Lyonnais
dans le Forez, Saint-Etienne, imp. Théolier, 1889.
(4) Combat marqué aussi par des atrocités,
de la part, cette fois, des Muscadins qui ont un seul tué
alors que leurs adversaires, une foule de paysans inorganisés,
comptent une centaine de tués. Cf. Balleydier, op.
cit., t. II, p. 85-87
(5) Coup de main effectué à partir de Montbrison
avec 204 fantassins et 48 chasseurs à cheval de l'armée
départementale commandés par de La Roche-Négly.
Il permet la capture d'une centaine d'hommes, de 50 chevaux
et de deux chariots de fusils qui, avec le général
Nicolas, sont transférés à Lyon. Cf.
Puy, op. cit., p. 142 et Balleydier, op. cit., t. II, p.
51-54.
(6) Selon C. Joachim Puy, Expédition des Lyonnais
dans le Forez, Saint-Etienne, imp. Théolier,
1889.
(7) Jean-Baptiste-François-Théodore du Rozier
de Magneux, fils de Marie-Guillaume et de Benoîte
Bernou de Rochetaillée, ancien élève
de Juilly, ancien capitaine de dragons, blessé le
29 septembre 1793 au siège de Lyon et décédé
le 30.
(8)Gabriel-François de La Roche-Négly, né
le 4 octobre 1757 à Chamblas-en- -Velay, ancien élève
de Juilly, capitaine au Royal-Auvergne, chevalier de Saint-Louis,
démissionnaire en 1792. C'est lui qui commande l'Armée
départementale dans sa retraite vers Lyon. Condamné
et fusillé à Lyon le 25 octobre 1793.
(9) Cf. Puy, op. cit. p. 71.
(10) Pétition de Relogue, père et fils, A.D.
Rhône, 42 L 187, cité par Colin Lucas, "Actes
du colloque Gilbert Romme", Revue d'Auvergne,
tome 79, 1965, p. 273-291.
(11) A. Balleydier, op. cit.
(12) A. Balleydier, op. cit.
(13) C'est là qu'est mortellement blessé le
colonel du Rozier.
(14) Tous les officiers sont des nobles à deux exceptions
près : Fleury Gras, né à Montbrison,
38 ans, écrivain, lieutenant des grenadiers et Thomas
Vallin dit Desjardins, demeurant à Saint-Etienne,
40 ans, teneur de livres, commandant de bataillon.
(15) Pierre Bergeron, de Roanne, cultivateur, 20 ans,
Jérôme Bourg, chapelier, né à
Saint-Chamond, 18 ans, sert dans les fusiliers,
Jean-Marie-Louis Dervieux, de Saint-Etienne, "clincaillier",
20 ans,
Pierre Groselier, de Montbrison, surnuméraire de
l'enregistrement, 18 ans.
Abraham Plasson de Lacombe, né à Valeilles,
17 ans, chasseur.
Pierre Lattard du Chevallard des Audinets fils, né
à Montbrison, 18 ans.
Pierre-Etienne de Lesgallery, fils cadet, demeurant à
Montbrison, 18 ans.
Jean Magdinier, tonnelier, né à Sainte-Agathe-en-Donzy,
19 ans ; c'est lui qui conduisit en Forez et sauva le général
Précy.
Martin-Despomey, de Montbrison, 19 ans.
Joseph Mathevon, fils du maire de Rive-de-Gier, commis-toilier,
18 ans,
Antoine Relogue fils, né à Feurs, 17 ans.
Joseph-Marie de Rochefort, né à Feurs, officier
de marine, 19 ans.
Pierre Sibeau, né à Boën, demeurant à
Montbrison, cultivateur, 18 ans.
Jacques Turquet fils, de Montbrison, garçon perruquier,
20 ans.
Jean-Pierre Girard de Vaugirard, né à Champdieu,
officier, 20 ans.
(16) Jean-Thomas d'Aboin de Cordes, de Firminy, noble, 61
ans,
Etienne Basset, demeurant à Saint-Chamond, commissaire
à terrier, 62 ans.
Jean-François Buys, venu de Saint-Etienne à
Lyon, officier de gendarmerie, 66 ans,
Louis de Lafont, de Saint-Paul-en-Jarez, marchand de soie,
noble, 69 ans.
Marcellin de Lesgallery-Dutaillou, de Montbrison, ancien
officier, 63 ans.
Antoine Joseph Relogue, de Feurs, rentier, ancien procureur,
65 ans.
(17)
Quatre frères de la famille de Maubou combattent
avec les Lyonnais :
- Jean-Pierre Chappuis de Maubou, de Montbrison, ancien
capitaine au régiment de dragons de Lanau, chevalier
de Saint-Louis, 49 ans.
- Pierre Chappuis de Maubou, ancien lieutenant-colonel d'artillerie,
45 ans.
- Pierre-Antoine Chappuis de Maubou de Saint-Julien, ancien
major au régiment d'Orléans, 44 ans.
- Pierre-François Chappuis de Maubou de Saint-Julien,
ancien officier d'artillerie, 41 ans.
(18)
Camille de Meaux, dit Merlieux, né à Montbrison,
57 ans, ancien capitaine au régiment de Bourbon.
(19)
Pierre Lattard du Chevalard des Audinets, père,
né à Montbrison, 53 ans, ancien capitaine.
(20) Comte Camille de Rochefort, né à Feurs,
demeurant à Arthun, 50 ans, ancien officier.
(21) Hugues Genestel de Saint-Didier, né à
Aurec, demeurant à Cleppé, 30 ans, ancien
élève de Juilly, lieutenant, démissionnaire
en septembre 1752.
(22) Jacques Duguet du Bullion, écuyer, né
en 1756, capitaine au régiment d'Angoulême,
quitte l'armée le ler mars 1791 quand on exige
le serment.
(23) François de Boubée, né à
Montbrison, demeurant à Peurs, 46 ans, capitaine
de dragons, démissionnaire au moment de l'organisation
des armées de la République.
(24) Le collège de Juilly, près de Meaux,
était tenu par les Oratoriens et jouissait d'une
renommée nationale. Le comte de Grésolles,
député aux états généraux
de 1789 pour la noblesse de Forez ainsi que le chevalier
de La Roche-Négly étaient aussi d'anciens
élèves. L'influence de Juilly a été
étudiée par l'abbé E. Bonnardet,
Les Lyonnais au collège de Juilly.
(25)Manuscrit de M. de Poncins cité par C. Puy,
op. cit., p. 33.
(26) A. Balleydier, op. cit., t. I, p. 270.
(27) A. Balleydier, op. cit., t. I , p. 326.
(28) Cf. les travaux de Claude Latta, notamment Trois
conventionnels montbrisonnais : J. B. Dupuy, Pierre Dubouchet
et Claude Javogues, Cercle généalogique
et héraldique de l'Education nationale, n°
14, déc. 1987, p. 10-31.
(29) Deux frères :
- Louis Joseph Praire-Royet, maire de Saint-Etienne, 37
ans, négociant en rubans.
- Claude-Antoine Praire de Neyzieu, de Saint-Etienne,
35 ans, fabricant de rubans, chef de bataillon de la garde
nationale de la ville.
(30) A.D. du Rhône, Feurs L VIII, cité par
Portailler, op. cit.
(31) Denis Gémier des Périchons né
en 1758 à Montbrison, élève à
Juilly, sous-lieutenant aux dragons de Penthièvre,
décédé en 1835.
Bribes
d'histoire
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